ÉTRANGÈRE | Jon Snow [traduction française]

DIX-SEPT

CHAPITRE 17 | ADIEU

TREMBLANT de froid, Maia et les frères de la Garde de Nuit entourait le corps de Mestre Aemon. Les flocons de neige tombaient du ciel, flottant jusqu'au visage découvert qui gisait sur le sol en face d'eux.

Maia était à l'arrière alors que les frères rendaient leurs derniers hommages à l'avant. Sam préparait un discours, mais n'était pas certain s'il allait être capable de la faire. Maia pensait la même chose, même si elle ne faisait que l'écouter. 

«Son nom était Aemon Targaryen,» dit fortement Sam en tenant la torche allumé. «Il est venu à nous de Port-Réal. Un mestre de la citadelle, pourvue de chaines et assermenté  frère de la Garde de Nuit, toujours loyal. Aucun homme n'était plus sage ... ou plus noble... plus aimable. Au Mur, une douzaine de Lord Commandant se sont succédé durant ses années de service, mais il était toujours là pour les conseiller.»

Il fit une pause, lui permettant de se donner le temps de ravaler ses sanglots. «Il était le sang du dragon, mais son feu l'a maintenant abandonné. Et voici que sa veille est terminé.»

«Et voici que sa veille est terminé,» les hommes autour de lui répétèrent. 

Gilly, tout en tenant son bébé, entrecroisa son bras avec celui de Maia. Ses yeux disaient:Je suis là.

Il abaissa sa torche et alluma une partie de la tombe du mestre. Il la remit à Ser Allister qui était près de lui et il fit la même chose. Les frères continuèrent de se remettre entre eux la torche jusqu'à ce que toute les obsèques soient en flammes. Même la neige ne pouvait plus l'éteindre. 

Allister chuchota à l'oreille de Sam alors que personne d'autre ne regardait. «Vous perdez tous vos amis, Tarly.»

Maia, qui avait tout entendu, regarda dans la direction d'Allister et lui jeta un regard noir. 

Au moment où Sam faisait de même, elle regarda autour. Quelque chose avait changé chez les hommes pendant la cérémonie. Ils semblaient tous différents: en colère, emplie de vengeance. C'était comme s'ils avaient un plan.

...

Maia avait appris a aimé la bibliothèque de Château Noir. Non seulement était-ce une bonne (et la seule) source de distraction, mais la lecture interrompue pendant des heures était aussi un moyen de ne pas être triste. Gilly avait commencé à le comprendre, alors lorsqu'elle cherchait la blonde le jour suivant, elle savait exactement où la trouver. 

Elle était assise dans une vieille chaise de bois et pencher au-dessus de la table en face d'Elle alors qu'un livre y était ouvert. Maia avait lu le livre sur le Nord que Jon lui avait donné trop de fois et elle pensait que pendant qu'il lui manquait, cela aiderait.Honnêtement, cela empirait les choses. 

Gilly descendit rapidement les escaliers jusqu'à la bibliothèque, ses pieds frappant la pierre. «Te voila,» elle soupira. «Je te cherche depuis la nuit dernière! Sam a été blessé par d'autres frères, car ils essayaient de...» L'ancienne Sauvageonne s'arrêta, refusant de penser à cela.

«C'était probablement Ser Robin et Paolo.» Maia assuma en prenant les mains de son amie pour la consoler. «Comment m'as-tu trouvé?»

«Je suis peut-être illettrée, mais je ne suis pas stupide.»

Maia rit et leva les yeux, mais regarda attentivement son amie. «Je connais ce regard,» elle dit en pointant le visage de la jeune femme. Gilly rougit. «Est-ce que Sam et toi-?»

«Shh!» Gilly rit doucement, courant vers la chaise près de son amie. «Personne ne doit savoir.»

«À qui le dirais-je? Mon meilleur ami, Ser Allister?»

La Sauvageonne secoua la tête. «C'est arrivé la nuit dernière, après qu'il m'ait sauvé.» Elle s'adossa au dos de la chaise avec un sourire. «Je ne sais pas, ça semblait bien. Je me sentais bien.»

«C'est merveilleux, Gilly,» Maia sourit, mais n'importe quelle personne saine pouvait voir que c'était faux. 

Gilly secoua la tête, ses yeux allant du livre en face de son amie à son visage. «Maia, tu n'es pas heureuse.»

Maia resta bouche bée. «Je-»

«Ce n'est pas un drame d'être attrister à propos de Mestre Aemon.» Elle caressa l'épaule de son amie. Gilly l'avait vue le jour d'avant; elle savait à quel point le cœur de Maia était brisé. Le mestre avait été une des premières personnes à Château Noir à la traiter avec gentillesse. 

Maia plaça un marque-page dans le roman qu'elle lisait. «Ce n'est pas que cela. Je crois, je...m'ennuie de-»

«Est-ce à propos des sentiments que tu as pour Jon?»

Elle plissa les yeux et prit un moment avant de répondre. «Je n'ai pas de-»

«Tu ne trompes personne, Maia,» Gilly rit. «Bien, peut-être quelques-uns, mais je savais depuis le moment que Ser Allister a accusé Jon de fraternisé avec une femme de Château Noir. Plusieurs étaient convaincus que c'était Mélisandre, mais je savais que c'était faux. Tu avais ce... regard bizarre dans tes yeux, puis tu n'es pas une bonne menteuse. Ne le vois pas comme une mauvaise chose, car tu es réellement une source de joie dans sa vie.»

Maia posa son menton sur son poing. «Tu ne comprends pas.» Elle expira bruyamment. «Je ne comprends même pas. Pas seulement à cause de son vœux à la Garde, mais je ne peux pas avoir de sentiment pour lui. Même si j'en ai et je ne peux plus les arrêter.»

«Qu'est-ce qui t'arrêtes?»

Elle ne savait pas comment répondre. Maia sentit ses joues se réchauffer. Est-ce que c'était le moment? Elle avait le sentiment que Gilly était sa véritable amie au Château. Surement, comprendrait-elle ... peut-être. Elle avait besoin de quelqu'un - n'importe qui - pour comprendre. Et les répercussions? Clairement, c'était un immense sujet à assimiler, spécialement pour les gens de ce monde.Oh Dieu, elle prenait trop de temps avant de répondre. Les mots allaient jaillir de sa bouche-

 «Gilly,» elle prit une grande respiration, «si je te dévoile un secret, peux-tu promettre de ne le dire à personne?»

La Sauvageonne haussa un sourcil. «Je promets.»

Maia inspira lentement. Elle devait rester calme, car si elle ne le restait pas, cela allait tourner au chaos. Elle prit la main de Gilly dans la sienne. Son amie la regardait profondément dans les yeux, la pressant de continuer. Maia savait qu'elle lui faisait peur, mais les secrets comme celui-là prenait du temps et elle savait que Gilly était la seule à qui elle pouvait faire confiance avec cette information.

«Je ne suis pas de Westeros. Je ne suis pas d'ici.» Elle fit une pause. «Je pense que je suis tombé au travers du temps.»