Chapitre 03 :

3K 398 5
                                    

(DANS LA PEAU DE PENDA)

Cela va bientôt faire 6 mois que j'habite en colocation avec Bintou et son petit ami, Mansour.
L'idée est venue d'elle. Le jour de ses 18 ans, je n'ai pas pu lui offrir de cadeau, puisque mon moral était complètement à 0, et elle m'a demandé à ce que je sois son « cadeau », dans un sens strictement propre.

D'après elle, c'est pour qu'on n'ai plus à se séparer, mais je sais pertinemment que c'est par pitié...et parce qu'elle cherche à me rendre heureuse loin de tous mes problèmes et de mon passé avec Djigo.
Sa mort m'a gravement atteinte, et mes séjours aux hôpitaux furent tellement fréquents que, désormais, tous les employés me connaissent. Je ne m'y attendais tellement pas...je ne m'attendais tellement pas à le perdre...et à perdre tout ce qui allais avec...notre maison, nos chats, sa voiture...notre enfant.

Il ne faut pas que j'y pense, je le sais, mais je ne peux m'y empêcher ! Il est là, il est toujours là, avec moi, je le sais, je le sens ! Même mort, il est présent ! Et puis, il m'est impossible de l'oublier alors que chaque année, je fête mon anniversaire deux jours avant le sien, qui n'est autre que le jour de sa mort ! Et je suis la fautive dans tout ça ! Il est mort par ma faute ! Je suis coupable de sa perte et de la perte de tout ce qui m'entourait, excepté notre fille Hawa et ma famille. D'ailleurs, je ne l'ai pas revu depuis quelques mois, Hawa.

Après la mort de Djigo, elle est plusieurs fois venue me rendre visite à l'hôpital, et après ça, plus rien. Quoique, c'est plus moi qui ai disparu qu'elle. Je n'ai pas supporté de rester là-bas, où tout me rappelait Djigo, et j'ai finis par venir vivre ici, chez Rosalie. C'est après que Bintou et Mansour m'ont proposé de vivre à trois...à trois, comme qu'on aurait pu être, notre enfant, Djigo et moi. Si je lui avais parlé du coup de fil de la base militaire pour qu'il quitte Ziguinchor pour la permission d'une semaine avant l'attaque des rebelles du MFDC, je ne serais pas ici et il serait encore à mes côtés, autant lui que notre enfant. Mais j'ai fais la conne, j'ai voulu jouer à la femme qui n'en a rien à foutre de la vie et qui ne craint rien ! Et j'ai perdu...j'ai tout perdu !! Si seulement j'en avais parlé à Djigo, je suppose que j'aurais été plus heureuse ! Mais je ne le suis pas...je ne le mérite pas ! Je ne mérite pas de vivre heureuse, après tout ce que je lui ai fais !

D'accord, il m'a souvent blessée, lui aussi, comme lors de nos débats sur le conflit casamançais, ou des conditions des migrants subsahariens en France mais s'il n'avait pas fait de moi sa femme, si je m'étais enfuis avant même de tomber amoureuse de lui, et je n'étais pas tombée enceinte de lui, il n'aurait pas eu tous ces problèmes et serait gentiment retourné dans son monde ! Mais j'ai préféré me taire et le garder pour moi...j'ai été égoïste et ça lui a coûté la vie et mon bonheur...je ne mérite donc pas d'être heureuse...je ne le mérite pas...

« Fermes-la un peu, veux-tu ? »

Je suis en ce moment-même en train de discuter avec Bintou et Mansour, et c'est ce dernier qui vient de me rétorquer ces derniers mots.

Mansour : - "Tu n'es pas responsable des faits qui ont troublé ton passé et tes sentiments. Tu es en la victime.

Bintou : - "Mansour a raison. Tu te crois coupable de tout, mais au final, qui souffre le plus, toi ou lui ? Ressaisis-toi un peu ! Cela ne sers à rien de revenir sur le passé, il te faut désormais avancer et faire en sortes de rattraper ton bonheur perdu. Tu comprends ?

Penda : - "Oui...

Oui, je comprends, mais cela m'est impossible. Je ne crois plus au bonheur, alors tout ce que je peux faire, c'est faire mine d'être heureuse.

Mansour : - Bon, allez, casse-toi maintenant. J'ai quelques histoires à arranger avec Bintou.

Bintou : - "Mansour !

ÉPERDUMENT | Tome 2.☆Terminée☆Место, где живут истории. Откройте их для себя