Chapitre 43 - Un rayon de lune

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ALDRIC

Respire putain.

Mon casque sur la tête, mon cœur menace de s'arrêter tant son rythme est rapide et désordonné.

Je l'ai abandonné alors qu'il est venu pour moi.

Mes mains sur le guidon, je n'arrive pas à gérer le poids et la vitesse de la moto. J'ai vu Cole conduire des milliers de fois depuis notre enfance, mais je n'ai jamais voulu apprendre.

Et je regrette quand je manque d'atterrir dans le décor.

J'ai aucune putain d'idée d'où je suis. Je ne vais jamais dans cette partie de la ville, et tout a changé depuis la dernière fois.

Je n'arrive pas à lire les panneaux quand je m'arrête à cause de la panique, et j'ai besoin d'être concentré pour déchiffrer les lettres, mais l'angoisse qui continue d'augmenter me vrille les tripes.

Je dois me dépêcher putain !

J'essaie de regagner le centre, de rejoindre la maison de mes pères, mais la panique me rend inattentif et les mots de Cole résonnent dans mon crâne.

" - Parce que je t'aime plus que tout au monde, depuis ce fameux soir de la danse aux lucioles."

Je ne sais pas combien de temps je roule, mais je perds un putain de temps précieux en ayant le sentiment que je tourne en rond.

J'accélère en serrant mes jambes sur l'engin, et fonce à travers les rues inanimées de la ville en maudissant mon incapacité à savoir où je vais.

" - Je n'en étais pas sûr avant de t'avoir offert mon plus beau secret. Il n'était pas le premier, mais il est le seul qui ait toujours compté."

Je n'ai plus de téléphone, j'essaie de repérer les bâtiments, les couleurs que j'ai mémorisées et qui ont tant bougé.

Je freine comme un malade en me ramassant cette fois-ci, mais la moto se couche alors que j'essaie de me stabiliser. Mon corps tombe au sol avec elle en grognant quand je sens mon jean se déchirer, pour laisser ma peau frotter le bitume sur quelques mètres.

" - Je t'aime depuis sept longues années, toi, tes silences et tes murmures qui dansent autour de mon âme."

Je relève la tête sur un magasin que je reconnais. Des murs en brique, une écriture rouge, et un gros sticker d'imprimante sur la vitre.

Je redresse la moto, mais cette connasse ne démarre plus. Si mes souvenirs sont bons, je suis à une bonne trentaine de minutes à pied de la maison de mes pères.

Alors je cours en jetant le casque par terre, m'allégeant pour aller plus vite.

Je peine à m'élancer, la sensation de brûlure le long de ma cuisse et de mon bras gauche est difficile à ignorer, mais les dernières paroles de Cole sont l'allumette qui embrase les flammes de ma détermination.

" - Ça a toujours été toi, du plus loin que je me souvienne. Et je ne laisserais jamais rien t'arriver mon Secret."

Je repousse mes limites physiques, j'exclue de ma tête la sensation de mes poumons qui vont éclater, de mes muscles qui hurlent de douleur face à l'exercice d'endurance que je leur impose.

Je te sauverai Cole, je te le promets.

Je lui dirai à nouveau que je l'aime, droit dans les yeux, sans bégayer ou me concentrer pour prononcer ces mots à voix haute.

Ma cage thoracique est en feu quand j'aperçois le quartier pavillonnaire où vit ma famille. Je franchis les derniers mètres avec difficultés, mais je finis par débouler comme un taré dans la cuisine, faisant sursauter mon père Dante qui fait tomber une pile d'assiette.

Our Little SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant