- Ok maman c'est plus drôle arrête, dit Aaron, d'une voix tremblante.
- Chéri... je suis tellement désolée...
J'ai compris. Mon cerveau qui c'était arrêté à l'entente de ce mot vient de m'envoyer la réalité en pleine figure. Ma mère a un cancer.
- Deux... mois ? je demande, les larmes aux yeux.
Elle me prend dans ses bras en me chuchotant un « oui » presque inaudible, mais qui restera à vie dans ma mémoire. J'ai la preuve que je n'invente rien, ma mère est bien malade.
On est resté sur ce canapé pendant des heures, à essayer de digérer cette mauvaise nouvelle. Aaron a directement appelé son université, annonçant qu'il ne reviendrait plus, il voulait rester au près de notre mère le plus rapidement possible, alors il l'a fait. Il ira sûrement chercher ses affaires demain, car comme il l'a dit, au plus vite il sera là, au plus vite il pourra profiter de maman et de ses derniers mois. Cette phrase m'a littéralement détruite, me ramenant encore plus à la réalité. Alors elle va mourrir ? Moi, je suis resté assise toute la soirée, le visage inondé de larmes, et le regard vide de toutes émotions.
*****
Après un réveil bien dur et une discussion avec ma mère ( ou plutôt un monologue de sa part ) ce matin, ou elle m'a expliqué qu'il ne fallait pas que j'arrête de vivre, et que je devait retourner à la faculté, car « Je ne veux pas t'empêcher de vivre, et détruire ton futur », m'a-t-elle dit. Alors c'est comme ça qu'avec des cernes qui me sont encore inconnues, une nuit sans sommeil, et un total look noir, que je me dirige en marchant vers le bus. Arrivée sur le parking, je sors du bus, et je n'ai pas le temps de faire un seul
pas qu'une main m'amène vers un endroit isolé.
- Qu'est-ce que... Rebeca ? je dis, avec un ton d'incompréhension.
- Salut, dit-elle simplement, le sourire aux lèvres, hier tu ne m'as pas répondue... mais avec ta réaction, j'ai déjà ma réponse, dit-elle en riant. Alors, je voulais...
- Rebeca, j'ai vraiment pas la tête à ça aujourd'hui, une autre fois, je la coupe, alors qu'elle ne m'écoute pas.
- Laisse moi finir, souffle-t-elle, ton ami, ou copain je sais pas, Jason, il est plutôt pas mal hein...
- Donc, toi tu as Stevan et tu veux Jason... ok...
- Donc... si tu me laisse Jason je...
- Rebeca, stop. J'ai pas envie de parler de ça, et tu va pas me donner des ordres pour pouvoir augmenter tes conquêtes.
Je me retourne et me dirige vers l'entrée de l'établissement. Rebeca, elle, bien décidée à arriver à ses fin, ne se doutant pas une seule seconde de ce qui se passe dans ma vie, crie une dernière phrase, voulant créer une réaction chez moi :
- Même pas pour retrouver Stevan ?
Je me stop, me battant avec moi-même pour ne pas me retourner. Après quelques secondes, j'enlève toutes pensées de ma tête et me remet à marcher en direction de l'entrée. Peut-être que je viens de laisser passer une chance pour retrouver Stevan, mais il c'est passé tellement de choses que j'en ai plus énormément envie.
- Très bien, alors je me débrouillerai toute seule avec les deux, dit Rebeca, avant de disparaître à l'autre bout de la rue.
*****
Il est maintenant midi, et j'ai demandé à Mel de dire à Jules et Nick que je voulais être seule ce midi. J'ai eu un rapide flashback de ma soirée d'hier en plein cours de mathématiques, et les larmes sont vite venues. J'ai dû sortir de la classe en courant sous les cris du professeur et sous les regards des autres élèves. J'ai juste besoin de me calmer et d'être seule avec moi-même. Alors c'est comme ça que je me retrouve seule autour d'une table du réfectoire avec un plateau rempli que je ne toucherais pas, devant moi.
« J'ai un cancer.... et il me reste deux mois... »
Cette phrase tourne en rond dans ma tête depuis ce matin, et à force, j'ai craqué. J'en ai marre, et j'y arrive plus. Je souffle en faisant de l'air avec mes mains devant mes yeux. Aisha, tu as promis à maman de ne pas pleurer aujourd'hui, et tu ne respectes pas ta promesse.
- Salut Aisha ! Ça fait longtemps ! Ça va ?
Je sursaute, et essuie rapidement mes yeux en un cou de manche avec d'installer rapidement un sourire sur mes lèvres. Je relève ma tête, et découvre quatre plateaux sur la table, à mes côtés. Je lève les yeux au ciel avant de regarder qui vient de me parler, et de prendre une voix enjouée.
- Oh salut Gab !
Je l'apprécie peut être, mais j'ai vraiment envie d'être seule.
- Oui, oui ça va super, je dis en riant, et toi ? j'ajoute, un grand sourire aux lèvres.
- Ça va, me répond-il en s'asseyant.
Je fronce les sourcils en le regardant. Il n'a pas compris que si j'étais seule c'est qu'il y a une raison.
- Euh... qu'est-ce que tu fais ?
- Bah... je m'assois, pour manger.
- Oui, sauf que ton plateau est vide Gab.
Il secoue la tête avant de faire signe à ses trois coéquipiers qui s'assoient eux aussi. Un à ma gauche, et les deux autres à côté de Gab. Je relève la tête, et sans surprise, c'est bien Brick et Steve qui sont à côté de Gab, et Stevan, qui est à ma gauche. Je fais un signe de tête aux garçons avant de reporter mon regard sur Gab.
- Et que me vaut ta visite alors ?
- Mmh, t'es perspicace, dit-il en riant, je te propose de venir chez moi, ce week-end, pour une soirée.
- Euh... je... non, je peux pas, je dois rester chez moi, je bafouille pendant qu'il fronce les sourcils.
- Tu refuses une fête ?
- C'est bien t'es perspicace.
- Tu peux emmener tes potes si c'est ça le problème hein.
- C'est pas ça le problème... je commence, alors que ma voix est en train de se briser.
Je sens de suite le regard du garçon à ma gauche se poser sur moi, plus qu'insistant. Je me bats avec mon cerveau pour ne pas laisser les larmes couler devant eux, et, comme si ils avaient compris, les trois garçons devant moi se lèvent.
- Aisha, on va te laisser, mais n'oublies pas la proposition, ça te ferait sûrement du bien, me dit Brick, avant de partir avec Steve qui lui me lance juste un sourire.
J'hoche la tête en souriant un peu, alors que Gab s'approche de moi.
- Hé, je sais pas ce qu'il se passe mais repose toi ok ? Si t'as besoin de parler je suis là, dit-il avant de me faire un bisou sur le front et de frotter sa main sur mes cheveux.
Je rigole doucement avant de le remercier, il me sourit et s'en va rapidement. Je me replace contre le dossier de ma chaise en soufflant et passant mes mains sur mon visage. Mais quelque chose me stop. Ils sont partis, sauf que seulement trois garçons sont partis, ce qui veut dire que maintenant, je me retrouve seule avec Stevan.