< Syna POV >
J'étais assise sur un rocher devant la brèche pour surveiller que rien d'autre n'en sortait, en attendant que Lisa et Anilah arrive. Je me demande à quoi ressemble le monde qui se trouve de l'autre côté, même si je sais très bien qu'y aller serait une perte de temps vu que ce n'est pas le mien. Je lève la tête vers le ciel, les nuages sont roses et oranges, il va bientôt faire nuit. Une lumière m'aveugle un court instant et je distingue Midas, le faucon d'Anilah. Il descend jusqu'à mon niveau et se pose sur une branche qui se trouve au niveau de mon épaule : "J'en déduis qu'elles ne sont pas loin." Il a hoché la tête et j'ai entendu des branches craquer et des bruissement de feuilles derrière moi. Anilah et Lisa sont apparues les bras chargés avec des caisses en carton. Anilah a attaché ses boucles rousses avant de sortir un balai et de commencer à déblayer la zone qui entourait la brèche. Lisa a sorti des bougies blanches et s'est mise à les disposer en cercle avant de se tourner vers moi :
" Bah qu'est-ce que tu attends ? File moi un coup de main, elles vont pas se placer toutes seules.
Je me suis exécutée.
- Et du coup ? Qu'est-ce qu'on fait là ?
- Anilah déblaie la zone d'ondes négatives et nous on met les bougies en place pour le cercle.
- Y en a besoin de tant que ça ?
- Normalement non, mais normalement y a aussi pas de brèche interdimensionnelle matérielle et bien visibe qui s'ouvre, alors on préfère être prudente.
- Je vois... Et le papillon ?
- Il est dans le bocal là-bas, on le relâchera pour sceller le sort.
- Et pour la formule, j'ai un truc à apprendre ou quelque chose ?
- C'est Anilah qui récitera tout, on est juste là en soutien.
- Tu penses que ça va marcher ?
- Aucune idée, j'ai jamais vraiment fait ça avant.
- Et moi je suis arrivée ici comment hein ?
- C'est pas pareil. C'était pas prévu ça. Et puis tout les trucs interdimmensionnels ça varie beaucoup d'une fiction à l'autre. Voire même dans une seule et même fiction, il peut y avoir pleins de façon différentes de s'y prendre.
- T'aurais des trucs à me conseiller pour éviter de retomber accidentellement dans un portail ?
- Tes gènes te permettent de passer à travers un portail qu'il soit ouvert ou non, mais ça ne veut pas dire que tu passes à travers tout les portails que tu croises. C'est une capacité que tu as et que tu devrais pouvoir maitriser. Je dirais que tu devrais te convaincre que tu ne peux pas passer à travers un portail, constamment, et quand tu veux utiliser un portail tu te convaincs de pouvoir le traverser.
- Oui mais quand Hayden m'a poussé, j'ignorais même que j'étais capable de traverser ce genre de trucs, donc comment j'aurais pu activer ma capacité ?
- Faux, il venait de te dire que t'en étais capable. Donc ton cerveau a assimilé l'information, et n'a pas eu le temps de l'associer à une vérité ou un mensonge que t'étais déjà passé à travers le miroir, confirmant donc que c'était vrai.
Anilah a fait un signe de main.
- C'est pas pour vous déranger mais on a une brèche à fermer.
- Oui pardon."
Elle avait le bocal qui contenait le papillon dans les mains. Lisa a allumé un bâton d'encens et m'a lancé le briquet. Anilah s'est mise à réciter une incantation dans une langue que je ne connaissais pas tandis que j'allumais les bougies dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et que Lisa formait une spirale avec la fumée de l'encens. Une fois nos tâches respectives terminées, on s'est placées derrière Anilah, formant un triangle. Celle-ci a pris une profonde inspiration avant d'ouvrir le bocal. Le papillon s'est envolé, les ailes toujours aussi brillante, et à la seconde où il a atteint la brèche, un flash de lumière nous a aveuglé et une énorme vague d'énergie nous a propulsé en arrière.
J'ai cligné des yeux plusieurs fois avant de pouvoir de nouveau distinguer ce qui se trouvait autour de moi. Les bougies étaient toutes éteintes et la brèche avait disparu. Anilah et Lisa étaient elles-aussi par terre et avaient probablement eu la même conclusion que moi. On avait réussi. On s'est mises à ramasser tout ce qu'on avait amené, et tandis que je soulevais une caisse pleine de bougies, Lisa m'a tapé sur l'épaule et m'a montré une espèce de pierre plate violette :
" C'est une des écailles du dragon, je viens de la trouver là où était la brèche.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Ça veut dire qu'avec quelque chose qui ne vient pas de mon monde, ce sera plus facile de créer un portail vers un autre. On n'aura pas à le créer à partir de rien.
- C'est génial mais... Comment le dragon savait ?
Elle a haussé les épaules.
- Télépathie, divination, simple conclusion, qui sait ? Le plus important c'est que t'es sûre de pouvoir rentrer maintenant."
- 4 jours après -
Je pose ma valise sur le carrelage de l'appartement. On est rentrées de notre séjour en montagne. Ce n'est plus qu'une question de temps maintenant. Lisa a déjà appelé Alikan et Nyxy pour tout organiser le 31. Je sors les affaires et les range dans les placards. Sachant très bien qu'on ne va pas bouger, je me mets en pyjama et allume la télé.
Je n'arrive pas à me concentrer sur ce qui se passe à l'écran. Je ne sais même pas ce que je regarde. Je me lève, éteint la télé, attrape un livre en passant dans le couloir avant de me laisser retomber sur le lit. Même problème. Je n'arrive pas à me concentrer, je lis un mot en ayant déjà oublié quel était le précédent. Je le repose, et finalement retourne m'habiller.
J'enfile une paire de chaussures, dit à Lisa que je sors sans vraiment écouter ce qu'elle m'a répondu mais je suppose qu'elle est d'accord vu qu'elle ne m'a pas empêché de franchir la porte. Je marche jusqu'à l'arrêt de bus, et mets des écouteurs. Je n'ai pas à attendre longtemps, je monte et reste debout. Je réalise que je n'avais pas mis de musique et ouvre Musique avant de sélectionner le premier truc qui apparait. Pas trop mal.
Je descends et me met à marcher dans les ruelles de la vieille ville. De temps à autres, mon pied glisse sur le pavé lissé par la pluie et le temps. Un chat noir traverse la rue, je m'arrête et m'accroupie en tendant le bras. Il s'approche doucement et se laisse caresser avant de repartir et monter sur un balcon. Je reprends mon chemin.
J'arrive aux remparts et décide de monter voir la mer. Les marches sont toutes petites. Une fois en haut, je m'assois face à la mer. L'eau est calme et l'horizon parfaitement droit. Deux mouettes se battant pour un morceau de pain à quelques mètres de moi ont attiré mon attention. L'une d'elle a poussé l'autre du haut du rempart d'un coup d'aile ce qui m'a légèrement fait rire. Cependant elle avait emporté le bout de pain avec elle et la mouette qui était toujours sur le rempart n'avait plus que des miettes.
Je repose le regard sur l'eau, en bas, les vagues frappent violemment contre les rochers comme si elles engageaient un combat. Je m'allonge sur la pierre chauffée par le soleil et observe le ciel. Il n'y a qu'un seul nuage. Il n'est pas vraiment cottoneux, je ne sais pas pourquoi les gens disent que les nuages ressemblent à du coton. On dirait plutôt un mélange de neige et de barbe-à-papa. Malheuresement il n'a pas de forme particulière que je pourrais essayer de deviner. Ou alors je ne fais juste pas assez d'efforts. C'est juste un nuage quoi. Un nuage tout seul. Il fait tellement tâche sur l'immensité bleue du ciel qu'on pourrait se demander comment il a atteri là.
Sans le faire exprès je me concentre sur ma respiration. Les poumons qui se gonfle et se vide à chaque souffle. Maintenant je n'arrive plus à repasser en mode automatique. Je suis obligée de demander à mes poumons de respirer car si je ne pense pas ils ne le font plus. Il faut que je fasse quelque chose pour ne plus y penser. Je me redresse et décide de repartir.
Je descends des remparts. Regarde autour de moi, et me met à courir. Je cours sans vraiment savoir où. Je tourne ici, puis là, maintenant je vais tout droit. Je m'arrête au port et m'appuie sur une barrière pour que les battements de mon coeur reprennent un rythme normal. Pour l'instant c'est juste un orchestre composé uniquement de percussions qui joue une cacophonie résonnant jusque dans mon crâne. Je tourne la tête vers les bâteaux.
On peut dire ce qu'on veut, les bâteaux d'aujourd'hui n'ont quand même pas le charme des vaisseaux d'autrefois. D'accord ils sont peut être plus sûr et simple à diriger, mais les trois mats ont quand même la classe. Je continue mon chemin et remarque que le ciel commence à prendre une teinte orangée. Le soleil est en train de se coucher, je hausse les épaule et fait demi-tour. Je reprends le chemin mais ne recroise pas les mouettes, le chat ou même le nuage. Par contre mon pied glisse et cette fois-ci je me vautre par terre. Je me relève en faisant comme s'il ne s'était rien passé alors qu'en réalité j'ai super mal à la jambe.
Je reprends le bus et décide de m'assoir mais il n'y a pas de place. Je sors mon téléphone pour mettre de la musique car je n'entends plus rien mais il est mort. Plus de batterie. Génial. J'arrive à la résidence après un long trajet dans le silence. Je passe la porte de l'appartement et vais directement dans la salle de bain.
Je prends une douche et remarque que j'ai un bleu sur le tibia, probablement dû à la chute de tout à l'heure. En sortant je m'essore les cheveux et me rends compte qu'ils ont beaucoup poussé depuis la dernière fois. D'ailleurs, ils repoussent en gardant la même couleur que la teinture que j'avais faite dans la dimension d'Amy. Amy... Je me demande comment elle s'en sort. J'irais lui rendre visite quand tout ça sera terminé. Je fini de me sécher et enfile un pyjama, pour du bon cette fois. Je me pose sur le canapé à côté de Lisa qui regardait Kuzco. Elle a tourné la tête vers moi :
"Alors ta balade?
- Il ne s'est rien passé d'important."