Une Descendante - Tome 3 (terminé)

Chapitre 6

Mercredi 8 avril 2020

3h du matin 

< Lisa POV >

"NON PAS ÇA"

Je suis réveillé en sursaut par Syna qui hurle. Je me précipite vers elle, elle est tétanisé et des larmes coulent sur ses joues. Elle marmonne en boucle :

"C'est ma faute. C'est ma faute. C'est ma faute. C'est ma faute. C'est ma faute. 

Je m'assois à côté d'elle et la prends dans mes bras. 

- Hey... Calme toi, inspire un grand coup... C'était juste un cauchemar, rien de plus. 

- Je n'en peux plus... C'est toutes les nuits pareil. Comment ça se fait que je fais autant de cauchemar ? Ça ne m'arrivait pas avant. J'en ai eu un dans la dimension d'Amy mais à part celui-là je n'en avais jamais fait avant d'arriver ici. Je ne rêvais même pas. Je dormais c'est tout.

- J'avoue que j'en sais rien mais je suppose que c'est parce qu'avant, à moins que je ne t'en écrive un, tu n'en faisais pas. Ici c'est différent, tu es entièrement autonome et je suppose que tu as besoin d'extérioriser tout les traumatismes que tu as eu. 

- Je ne veux pas vivre ça toutes les nuits jusqu'à la fin de ma vie. C'est trop dur. 

- Je n'y connais pas grand chose mais je sais qu'en général ça fait du bien d'en parler. Si tu le veux bien sûr, sinon je te laisse tranquille.

- ...

Elle acquiesce doucement. 

- Je vais faire deux camomilles. 

Je me rends dans la cuisine et commence à faire chauffer l'eau. Quand je retourne dans la chambre, Syna est assise en tailleur sur le lit, la couette sur les épaules. Je lui tends sa tasse et me met en face d'elle. 

- C'est flou...

- C'est normal, c'est un rêve. Tu n'es pas obligée de te forcer à te souvenir de ce que tu as oublié, dis moi plutôt au contraire ce qui te marque.

- La mort est présente partout. Je la sens tout autour de moi. Je suis dans un endroit sombre, comme l'endroit où se trouve tout les portails, mais sans les portails qui éclairent la pénombre. Comme si j'étais dans du vide, mais pourtant il y a un sol. Pour le reste c'est...

Elle boit une gorgée et soupire.

Étouffant. 

- Étouffant ? 

- Tout s'enchaine très rapidement, je n'ai pas le temps de réagir que c'est déjà fini et ça recommence. 

- Qu'est-ce qui recommence ? 

- Je ne suis pas vraiment seule dans cet endroit vide. Il y a des gens qui apparaissent. Toujours un par un, il reste pour une seconde peut être même moins avant qu'un autre prenne la relève. Ce sont des gens que je connais, parfois des gens très proches ou des gens qui le sont moins. Mais ils font tous la même chose. Ils crient, ils m'appellent à l'aide, et tendent la main vers moi dans l'espoir que je les sorte de la noirceur qui est train de le envelopper, car une fois qu'il n'y a plus que du noir, c'est qu'ils sont morts. Je le sais, je le sens.

- Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ? 

-  Moi je suis incapable de bouger. Incapable de crier. Incapable de pleurer. Je suis condamné à tous les voir m'appeler à l'aide et à les regarder mourir sans pouvoir rien faire jusqu'à ce que je finisse éventuellement par me réveiller. 

- Tu sais ce qui fait que tu te réveilles ? Il y a une raison ou c'est aléatoire ?

Elle a détourné le regard. 

- Il y a... Un élément qui... Revient juste avant que je me réveille...

- Tu peux me le dire ? 

- Tu promets de ne pas penser moins de moi ? 

- Jamais je ne penserais moins de toi, peu importe ce que tu fais parce que je sais que tu veux toujours faire au mieux.

- C'est moi...

- Toi ?

- Parmi tout ces gens que je vois mourir, l'un d'entre eux est moi. Mais ce n'est pas toujours le même moi, et ce n'est jamais le moi actuel. C'est parfois le moi de quand je m'amusais à aller sur l'ile de l'oubli, le moi qui vient de rencontrer Amy, le moi qui a pris le contrôle d'Auradon ou encore le moi qui vient de perdre la vue. Et c'est en me voyant mourir que je me réveille. Toujours, toujours en ME voyant mourir que je me réveille.

Elle baisse la tête.

 Et c'est horrible parce que je me rends compte d'à quel point je suis égoïste et égocentrique. J'ai beau voir des gens que j'aime mourir sous mes yeux, ça ne me secoue pas suffisamment pour me réveiller, alors que si je me vois mourir je me réveille instantanément. J'ai pas de traumatismes à extérioriser comme tu dis, c'est juste mon cerveau qui me montre que j'en ai rien à foutre des autres et que je pense qu'à moi !

Elle recommence à pleurer de plus belle.

- Hey, hey, hey... Je t'interdis de dire ça. Premièrement, on a beau tous faire semblant d'agir comme des anges, on agit forcément dans notre propre intérêt. Les gens qui font des choses bien le font parce que ça les rend heureux, et donc par intérêt personnel. Donc si on part dans ce débat, tout le monde ne pense qu'à sa pomme. Ensuite, réfléchis à tout ce que tu as fait jusqu'à présent, est-ce que ça te semble égoïste ? Oui tu as pris le contrôle d'un royaume de force et c'est pas joli, mais tu étais naive et ton but était d'unir tout le monde. Quand tu as vu que tu avais fait une bêtise et que Hayden était en liberté, ta première réaction a été de mettre les habitants à l'abri. Quand tu as été vaincue et propulsé dans cette autre dimension, tu as eu l'opportunité de démarrer une nouvelle vie en laissant Auradon et ses problèmes derrière toi. Mais non, depuis ce jour tu essayes de rentrer pour réparer le tort causé par les conséquence de tes actions passées. Quand vous avez été attaquées avec Amy dans ce motel, tu as décidé d'affronter les bots seule pour la protéger. Alors maintenant dis moi, est-ce que c'est le comportement d'une personne qui n'en a rien à foutre des autres ? Je ne dis pas que ça excuse les erreurs que tu as faites, tu as quand même mal agi sur plein de point, mais je veux juste te montrer que tu n'es pas le monstre sans coeur que tu crois être. 

- Tu le penses vraiment ?

- Je ne le pense pas, je le sais. Et puis ne te tracasse pas autant parce que tu te réveilles au moment où tu meurs. C'est la règle de base des cauchemars. Vois-tu si l'on meurt dans un rêve on meurt également dans la vraie vie c'est pour cela que le cerveau nous fait toujours nous réveiller à ce moment-là. Je sais plus où j'ai lu ça mais part du principe que je suis une source sûre.

Elle a eu un petit rire léger. 

- Et tu pouvais pas commencer par l'explication scientifique au lieu de me faire ton discours sur l'égoïsme.

- Le discours était indispensable car tu tenais des propos te concernant qui ne me plaisait pas du tout. 

Elle m'a fait un sourire puis a baillé. 

- Merci pour la camomille, et le discours. Je pense que je vais pas tarder à me rendormir, tout mes muscles me hurlent de me reposer et je commence à avoir du mal à garder les yeux ouverts. 

- Evidemment, repose-toi. Ah attends...

J'ai attrapé une peluche dans mon lit. 

Tiens prends ce nounours. C'est pas vraiment un effaceur de traumatismes mais pour ce qui est du réconfort pour dormir ça fait le taff. 

- J'ai pas 5 ans tu sais.

- Donc tu ne le veux pas ?

- J'ai pas dit ça, donne le moi."

Elle a pris la peluche blanche et s'est mise sous la couette. J'ai poussé un soupir et suis également allé me coucher. Je devrais peut être être plus tendre avec elle dans le prochain tome... Mais que tout le monde soit sympa avec elle ne serait pas réaliste... Dilemme, dilemme...