Quelque chose s'achève, quelq...

By Zachanariel

54.8K 7.3K 2.3K

Après sa mort, Hitomi se réveilla dans un monde où les conflits se règlaient à torrents de feu et mers de bou... More

Une nouvelle ère
Onde de choc
Le sens du sacrifice
Leurs plus profondes blessures
Jusqu'à la trame
Un manteau de silence
Discussions à coeurs ouverts
Le dilemme du Jônin en Chef
Un exercice enfantin, vraiment ?
De la douceur dans sa colère
Embrasser ses responsabilités
Une âme à protéger
De retour au sanctuaire
Les bonheurs simples
Nuages à l'horizon
Le cœur derrière l'acier
Le pire ennemi du shinobi
Les ponts brisés et ceux qu'elle bâtit
Le Pays des Vagues appelle à l'aide
Le vent embrasse la vague embrasse le sable
Leur plus profond abandon
Guerre d'informations
Le Cerf et l'acier
Au Pays des Rizières
Un dieu de feu et de haine
Le sang sur leurs mains
Les nouveaux Genin
Dans la cour des grands
Coeurs à couteaux tirés
Un habile jeu d'ombres et de lumière
Aime comme tu l'entends
De l'art de se donner en spectacle
Comme un air de fête
La nouvelle génération s'épanouit
Arcanes interdits
Ce qui peut mal tourner
Le Murmure et l'après
Ode aux coeurs brisés
Une mort lourde de sens
Les services secrets
L'animal acculé
Les lames les plus affûtées de Konoha
Les sources chaudes de Nakajima
Amegakure
L'Ermite, le Murmure et le dieu dupé
Le sang du père
Nagato passe à l'attaque
Que chante le Murmure
Enveloppée dans les Limbes
Dans les yeux d'un père
La décision
Retomber sur ses pattes
Maîtresse des Sceaux
Le cauchemar
Sinistres présages
Au Pays du Fer
Le Gokage
Une terre oubliée des dieux
Perce-neige
Torrents écarlates
Obito
Contemple l'abîme
Baumes insoupçonnés
Ce qu'elle ignorait pouvoir perdre
Quelque chose s'achève, quelque chose commence
Épilogue - Trois ans plus tard

Douloureux adieux

826 115 21
By Zachanariel

Hitomi se réveilla bien après le lever du soleil, son esprit se rebiffant à l'idée de tout à fait quitter le sommeil. Le fantôme de la présence d'Itachi l'entourait encore, piégé contre elle par le poids de la couverture, mais elle savait qu'il était sorti du lit depuis des heures. Elle se leva avec un petit grognement, s'étira puis descendit, les cheveux encore tout emmêlés de sommeil. Elle trouva Sasuke et Itachi à table : l'aîné posa un bol de riz devant son cadet tout en lui parlant d'une voix trop basse pour qu'elle entende ce qu'il lui disait exactement. Elle prit soin de laisser ses vêtements se froisser pour les avertir de son approche.

— Tu n'aurais pas dû me laisser dormir autant, bouda-t-elle.

Itachi sourit en réponse, alla l'embrasser sur les lèvres puis sur le front, sa main trouvant toute seule le creux de son dos.

— Tu avais désespérément besoin de sommeil. Et c'est toujours le cas. De toute façon, c'était une mission de rang A... Avec un combat. Tu as une nouvelle cicatrice ici.

Il posa son pouce sur la petite marque parfaitement ronde qui se trouvait sur son avant-bras.

— C'est Sasori qui t'a fait ça, pas vrai ? Sasuke m'a raconté, hier. Je suis vraiment heureux de sa mort.

— Moi... aussi. Je dormirai plus tranquille, désormais.

Ils savaient tous les deux qu'il s'agissait d'un mensonge. Jamais elle ne dormirait tranquille. Ses cauchemars ne disparaîtraient pas, peu importait le temps ou l'intensité de sa thérapie. Elle mentait, oui, mais il était acceptable de mentir quand tous ceux qui entendaient ses mots connaissaient la vérité, quand personne ne se voilait la face.

— Mission de rang A avec un combat contre un nukenin classé S au Bingo Book, donc. Selon les règles instaurées par Tsunade-sama, tu as droit à une semaine de congés totaux et, j'ai vérifié avec ton oncle ce matin, ça inclut tes responsabilités à ses côtés. Je t'aurais réveillée, sinon.

Avec un petit soupir, Hitomi alla s'asseoir à table. Elle savait qu'il ne servait à rien de lutter contre Itachi quand il avait raison. Il prenait soin d'elle et elle devait apprendre à accepter cette prévenance de sa part. Tant qu'il n'interférait pas avec ses plans, elle devrait bien s'y faire. Mais il ne se serait jamais dressé sur sa route concernant ses plans – il savait qu'elle en avait mais ignorait parfois sur quoi ils portaient.

— Est-ce que j'ai quand même le droit de travailler sur mon fûinjutsu, taichô ? demanda-t-elle d'un ton joueur quand il déposa un bol de riz devant elle.

Il s'affairait déjà avec la poêle qui contenait le reste de leur petit-déjeuner, des légumes sautés à la sauce soja, mais répondit d'un petit bruit affirmatif.

— M'interposer entre une artiste et son médium d'expression ? Je ne suis pas fou, Hitomi. Crée et travaille tous les sceaux que ton cœur désire, tant que tu dors au moins huit heures par nuit.

Elle renifla mais ne commenta pas. Parfois, dans certains aspects de son comportement, elle se disait qu'Itachi avait dû consulter Ensui. Ce n'était pas possible autrement. Non pas qu'ils agissent de manière réellement semblable – et elle en remerciait l'Ermite, elle ne voulait pas associer son époux à son père, merci bien – mais ils semblaient de connivence, parfois.

— Je me reposerai avec Sasuke, puisque c'est comme ça. Il en a besoin aussi, et tes tendances mère-poule seront parfaitement satisfaites.

— Je suis peut-être une mère-poule, mais dans ce cas je fais la paire avec la mère-louve que j'ai épousée, hm ? J'ai entendu parler de ce que tu as fait aux derniers shinobi assez fous pour s'en prendre à tes petits élèves.

— Tu vas avoir des élèves, Hitomi-nee ? intervint Sasuke d'une voix remplie d'une joie réservée. C'est fantastique ! Tu parlais toujours de ton pacte avec Kibaki...

La vieille chatte faisait partie des aînés du clan félin auquel Hitomi s'était liée. Elle avait accepté de lui enseigner la maîtrise du Murmure, son Kekkei Genkai tout juste découvert, à condition que la jeune Yûhi transmette son savoir à des élèves et aux enfants qu'elle aurait un jour, si elle choisissait d'en avoir. Elle avait été plus que ravie d'accepter ce marché. Elle aimait enseigner, après tout, même si elle n'aurait jamais tenu plus d'une journée devant une classe. Elle avait besoin de plus d'action que ça.

— Tu te souviens d'Anosuke et de ses deux amis, pas vrai ? Ils vont devenir mes élèves, dans deux semaines.

— Mais attends, une des amies d'Anosuke-kun, c'est Hanabi Hyûga, pas vrai ? Hiashi Hyûga te déteste. Qui est-ce que tu as tué pour qu'il accepte de te confier sa garde ?

— Hum, voyons voir... Tout une équipe de ce qui restait de la Racine, et qui menaçait sa fille. Hiashi me déteste, c'est vrai, mais il me respecte. En quelque sorte. À contre-cœur.

Itachi renifla d'amusement en l'entendant utiliser le prénom du chef de clan sans l'accoler d'une marque honorifique. Même elle n'oserait pas faire ça en public, bien des gens ne s'y aventuraient même pas en privé.

— Je n'ose même pas imaginer dans quel état ton équipe et toi allez mettre le village, commenta Sasuke avec un soupçon de raillerie dans la voix. J'imagine que tu as choisi les gamins les plus redoutables du lot ?

Hitomi haussa les épaules.

— Je ne les ai pas choisis, je les ai forgés pour qu'ils le deviennent, c'est différent. Il y aura cinq équipes autorisées à conserver leurs Jônin-sensei, cette fois. Tsunade-sama les a déjà choisies, donc, sauf imprévu... Mes gamins auront de la compétition.

— Et qui sont les heureux élus qui garderont leur équipe ? demanda Itachi.

— Voyons voir... Ebisu, mais ça n'a rien de surprenant. Il a Konohamaru dans son équipe. Le dernier Sarutobi. Et moi, bien entendu, parce qu'Hiashi essayerait de s'en prendre à notre Hokage si sa précieuse petite fille devait se tourner vers les Forces Générales. Kiba, Lee et Tenten seront aussi sensei cette année, et ils devraient garder leurs équipes. Leurs anciens sensei veilleront à ce qu'ils enseignent correctement à leur tour.

— Et toi tu auras Ensui derrière toi, pas vrai ? intervint Sasuke.

— Hm hm. Il le cache à peu près bien, mais je vois qu'il est impatient. L'idée de transmission de la Flamme de la Volonté l'a toujours séduit. Et nos parents, nos familles, nos clans seront derrière nous aussi, bien entendu. Les rangs se resserrent à Konoha. Tsunade-sama a fait un excellent travail en la matière.

Les traits de Sasuke s'attristèrent. S'il était resté à Konoha, si sa mission n'avait pas été si essentielle pour le monde shinobi tout entier – Kabuto menaçait toutes les nations sans exception – il deviendrait sensei cette année, lui aussi. Il avait le bon âge, la puissance d'un Jônin... Mais aux yeux de tous, il était un déserteur. Hitomi couvrit sa main de la sienne mais ne lui servit pas de mensonge. Elle espérait de tout son cœur qu'il connaîtrait un jour la joie d'enseigner, de partager son savoir... Mais ce n'était pas son rôle de le lui promettre. Ce n'était le rôle de personne, vraiment. Personne ne savait. Pas même Tsunade. Pas même Sasuke lui-même.

Après le petit-déjeuner, Hitomi alla s'installer dans le salon. Elle préférait travailler dans son bureau ou sa chambre, mais pour Sasuke qui ne pourrait pas enlever le bandeau sur ses yeux avant trois jours, il était plus facile de rester au rez-de-chaussée. Elle voulait se trouver en sa compagnie. Elle se souvenait de laisser régulièrement son petit frère seul avec Itachi – ils en avaient bien plus besoin qu'elle – mais à son avis il était bien plus facile pour eux d'entrecouper leurs périodes seul à seul de petites pauses à ses côtés.

Le pardon ne faisait pas tout.

Une routine s'installa dans la maisonnée après le premier jour. Hitomi expliquait des concepts de fûinjutsu extrêmement développés aux deux Uchiha tout en les appliquant à ses travaux en cours. Elle avait décidé de se plonger dans un projet de variation sur le Dieu de la Foudre pour marquer Hoshihi, son familier. Elle voulait que la balise puisse le suivre dans le Monde Spirituel... Et fonctionner dans les deux sens, le fragment le plus complexe du sceau à n'en point douter. Se téléporter soi-même ou en emportant quelqu'un, c'était une chose, mais octroyer à un autre être vivant la capacité d'utiliser l'une de ses balises ? Du jamais vu selon Tobirama, qui s'arrachait les cheveux.

— Je veux aussi continuer de me préparer pour le prochain assaut de l'Akatsuki, marmonna-t-elle à l'oreille d'Itachi un soir, dans leur lit.

Ils venaient de faire l'amour, mais même les phéromones ne détournaient jamais tout à fait l'esprit d'Hitomi des problèmes qui pesaient sur ses épaules. Les traits soucieux, Itachi posa une main sur son ventre, traçant une cicatrice du bout des doigts. Elle savait à quoi il pensait quand il la touchait à cet endroit, et il adorait la toucher à cet endroit. Elle n'aurait pas d'enfant tant que cette histoire ne serait pas terminée et l'Akatsuki de l'histoire ancienne. Ils avaient tous les deux conscience du danger auquel ils exposeraient un enfant doté de leurs gènes tant que l'organisation renégate polluerait le monde de son influence. Rien qu'en étant la descendance d'Itachi, ce bambin aurait une cible gravée sur le dos – ou plutôt sur les yeux. Mais Hitomi était devenue une priorité aux yeux des nukenin, elle aussi. Et dans tous les cas, ils ne pouvaient pas se créer un tel point faible, leurs ennemis sauteraient sur l'occasion. Mais plus tard...

— On a encore le temps, Hitomi. Un an ou deux... Tu as encore le temps de trouver quelque chose. Quoi qu'il arrive, on affrontera ces problèmes ensemble. Je ne te laisserai pas seule face à eux, et si c'est en mon pouvoir, tu ne te trouveras jamais en face de Kakuzu. Je veux son sang sur mes mains.

La voix d'Itachi était devenue un grondement sourd dans l'air immobile de la chambre. Hitomi sourit, incapable de réprimer tout à fait la bouffée d'affection qui l'envahissait. Son brave guerrier. Elle pouvait accepter qu'il la venge... Mais pas seul. Elle connaissait sa force, chacun de ses atouts, son talent presque surdimensionné, mais Kakuzu était un adversaire redoutable. Elle ne voulait pas qu'il meure par excès de témérité et de confiance en lui-même. Enfin... De toute façon, elle ne pouvait rien faire à ce niveau-là, pour l'instant.

Avec un petit soupir satisfait, elle se blottit contre Itachi, le laissant resserrer son étreinte autour d'elle. Elle aurait pu le croire possessif si elle l'avait moins bien connu. Dans l'esprit du Uchiha, quand il l'étreignait aussi fort, il la protégeait. Elle conservait sa liberté. Elle pouvait s'endormir en paix tant qu'il veillait, son Sharingan déjà saturé de chakra : elle ne resterait pas piégée plus de quelques minutes dans ses cauchemars avant qu'il intervienne et l'emmène ailleurs.

Le temps passa trop vite après cela. Sasuke fut bientôt débarrassé de son bandeau, mais contraint de rester dans une pièce plongée en permanence dans une semi-obscurité. Il n'essaya pas de tester ses yeux, au moins. En cela, il se montrait plus sage que Sai. Elle se surprenait à penser souvent à l'ancien membre de la Racine, si occupé avec ses projets de réforme des autres combattants déchus qu'elle ne pouvait plus le voir qu'entre deux missions, en coup de vent. Itachi savait qu'ils étaient parents – Sasuke aussi, par la force des choses et de leur dernière rencontre – mais n'était jamais allé le voir. Hitomi soupçonnait un élan de timidité à l'origine de cette retenue.

— Je vais devoir m'en aller demain, soupira Sasuke au dîner, un soir. Tsunade-sama a besoin que je retourne sur le terrain. Je prétendrai à Kabuto que je suis tombé sur Sasori en mission et qu'il a essayé de m'enlever... Que j'ai dû me remettre de son poison avant de rentrer. Vous trouvez ça plausible ?

Hitomi et Itachi s'entreregardèrent et haussèrent les épaules. L'ancien déserteur prit la parole en premier :

— C'est le genre de Sasori. Il aurait voulu te transformer en pantin. Je pense que Kabuto croira cette excuse.

— Je pense aussi. Ils se sont souvent fréquentés tous les deux d'après les archives trouvées dans les repères d'Orochimaru, mais je ne pense pas qu'ils se soient fait confiance pour autant. Entre serpents, après tout...

— Ou serpents et scorpions, hm ?

— Tout ça pour dire que je pense aussi que ça fonctionnera. Est-ce que tu as besoin de blessures pour prouver que tu as combattu ? Si oui, je peux te ramener à Tsunade. Elle seule serait capable de vieillir des blessures pour donner l'impression qu'elles se sont produites il y a plus longtemps qu'en réalité.

— Non, je pense que ça ira. J'ai beaucoup progressé depuis notre dernière rencontre, Hitomi-nee. Rien qu'avec Susanoo...

— Susanoo, oui, intervint Itachi. Il se manifeste et se développe quand le propriétaire d'un Sharingan ressent une haine assez profonde et viscérale pour lui donner du pouvoir. Sasuke...

Le jeune Uchiha coupa la parole à son aîné, les traits soudain fermés.

— Essaye d'aller travailler à la solde de Kabuto, de le voir fomenter des plans pour détruire tous ceux que tu aimes, et ensuite essaye d'empêcher Susanoo de se développer, Itachi-nii. Crois-moi, j'ai tout tenté et j'ai échoué.

Hitomi savait qu'elle ratait quelque chose dans cet échange. N'était-il pas positif de développer un nouveau pouvoir ? Certes, les conditions n'étaient pas idéales, mais... Itachi intercepta son regard perdu et décida de lui fournir des explications supplémentaires :

— Susanoo est une technique formidable, divine, si on en croit certains de nos ancêtres. Une défense absolue et, quand il s'est suffisamment développé, un atout offensif pratiquement imparable. Comme toujours avec un pouvoir pareil, il y a un contrecoup.

— Et dans ce cas-ci ?

— Fatigue oculaire, douleur, migraines... C'était déjà horrible pour moi quand je l'ai éveillé, alors que je possédais mon Kaléidoscope depuis des années. Mais toi, Sasuke ? Quand est-ce que tu as développé les côtes de Susanoo exactement ?

Le jeune homme baissa la tête sur ses gyôza, les traits fermés. Hitomi discernait sans peine la tension qui le parcourait à la manière dont il serrait ses doigts minces autour de ses baguettes. Un peu plus et il les aurait brisées net.

— Les premières côtes quand je suis entré au service de Kabuto, quelques heures après l'éveil du Kaléidoscope. J'ai acquis toute la cage thoracique au fur et à mesure ces dernières années... Et le bras droit quand Hitomi-nee est venue me chercher. J-je n'ai pas su résister.

Hitomi baissa la tête, les yeux mi-clos. Elle avait causé une douleur physique à Sasuke, maintenant, comme si la douleur émotionnelle qu'elle lui avait infligée le jour de sa désertion ne suffisait pas. Une voix froide et douce à l'intérieur de son esprit commença à déverser son poison dans ses pensées, un mot après l'autre. Elle devait l'ignorer. Elle n'avait pas le choix. Ce n'était pas le moment de se laisser aller à un accès de faiblesse.

— Les douleurs devraient s'atténuer avec le Kaléidoscope éternel, affirma Itachi d'une voix qui se voulait rassurante. C'est ce que dit le document que j'ai lu à ce sujet, en tout cas.

Les yeux de Sasuke s'écarquillèrent légèrement.

— Tu ne l'as pas... Tu ne l'as pas utilisé une seule fois depuis que tu as reçu ta greffe ? Mais...

— Je n'ai pas combattu une seule fois depuis que je suis de retour à Konoha, sauf pour m'entraîner avec Hitomi et son père. Je n'en ai pas besoin. Je ne veux pas... Hum, je ne veux pas continuer d'être un ninja. J'irai au combat quand Hitomi aura besoin de moi, quand tu auras besoin de moi, Sasuke, parce que je l'aurai choisi. Ma force n'appartient qu'à moi, désormais.

Sasuke savait, bien entendu, que son frère s'était définitivement retiré du service actif. Hitomi le lui avait dit dans une grotte oubliée du monde, à la frontière du Pays des Rizières. Mais c'était tout autre chose de l'entendre de la bouche du premier concerné. Il semblait tellement apaisé par cette décision... Et heureux, Sasuke devait bien l'admettre après l'avoir observé et côtoyé ces dernières jours. Pas une seule fois il n'avait vu de pression courber ses épaules, comme cela avait pu être le cas quand ils n'étaient encore tous deux que des enfants. Itachi avait trouvé une forme de liberté que son cadet ne comprendrait jamais vraiment, lui qui entretenait pour les arts shinobi un amour distant mais infaillible.

— Tu feras attention à toi, fit soudain Hitomi d'un ton presque suppliant. Sasuke, ne relâche pas tes efforts, d'accord ? Je sais que c'est difficile avec Kabuto, mais...

Sasuke posa une main sur le bras de sa sœur aîné, ses yeux noirs adoucis par une tendresse et une affection au-delà des mots. Partir serait sans doute l'un des actes les plus éprouvants de sa vie. Tuer quand Kabuto l'ordonnait, même des innocents, ne provoquait qu'une faible douleur à côté du sacrifice de laisser derrière lui la paix, le foyer et le confort qu'il avait toujours désirés sans savoir l'admettre. Il le devait toutefois, ne fut-ce que pour protéger ces valeurs, pour qu'elles l'attendent encore quand il en aurait fini avec l'un des plus terribles ennemis de Konoha.

— Ne t'en fais pas, Hitomi-nee, je ferai attention. Je suis devenu un bon agent dormant, tu sais ? J'ai déjà demandé à Itachi-nii de poser une illusion sur mes yeux pour que Kabuto ne remarque aucun changement. Je reviendrai en un seul morceau, tu verras.

Il n'avait aucun droit de faire une telle promesse. La bouffée de colère qui serra la gorge d'Hitomi en l'entendant s'éteignit aussitôt. Ce n'était pas le moment de ressentir de la colère, et encore moins d'en témoigner. Elle força un sourire triste sur ses lèvres et inclina la tête. Le repas se poursuivit dans un silence pas vraiment confortable, empli de non-dits et de prières. Tous s'appuyaient sur l'espoir pour tenir le coup. Ils étaient des ninjas, après tout ; si eux perdaient toute volonté de se battre, qui resterait-il ?

Cette nuit-là, Hitomi se glissa hors de l'étreinte d'Itachi avec mille précautions, s'enveloppa dans un gilet trop large et se glissa dans la chambre d'amis. Les rideaux tirés privaient la pièce de toute lumière ; une étincelle de chakra dans ses yeux suffit pourtant à la jeune femme pour y voir clair. Sasuke dormait, les membres en désordre au travers du lit, comme quand il était enfant. Si vulnérable, si pur. Elle s'assit contre la porte et le contempla tout son soûl, gravant dans sa mémoire le rythme apaisé et profond de sa respiration, les petits grognements et murmures indistincts qui troublaient son sommeil. Elle aurait besoin de ces souvenirs pour apaiser sa douleur quand il serait parti.

Il leur dit au revoir à l'aube, incapable de dissimuler tout à fait ses regrets, le manque qui le dévorait déjà de l'intérieur. Hitomi posa pour la dernière fois une main sur ses épaules, attira jusqu'à elle une balise gravée le long de la frontière avec le Pays des Rizières, posée là juste avant leur départ, et autorisa le Dieu de la Foudre à les transporter loin de la maison. Une fois remis du malaise que provoquait la technique, il lui prit le visage en coupe, déposa un baiser léger comme un soupir sur son front et s'enfonça dans les fourrés.

Pas une seule fois il ne regarda en arrière.

Des larmes roulaient sur les joues d'Hitomi quand elle rentra à la maison. Itachi l'accueillit dans ses bras, lui caressa les cheveux d'une main lourde, réconfortante. Elle avait l'impression d'étouffer. Le lendemain serait le dernier jour de l'Académie. Elle devrait se reprendre d'ici-là, ses élèves le méritaient. Juste ce soir, elle s'autorisa une dernière faiblesse, un dernier abandon. Elle laissa Itachi la bercer contre lui comme une enfant au cœur brisé, accorda le droit à ses paroles rassurantes et vides de sens de lui envahir les oreilles ; en un mot, elle s'abandonna.

Cette nuit-là, ils furent plus proches que de coutume, réunis par le deuil de Sasuke – il n'était pas mort, mais s'avançait vers un péril mortel, après tout. Ils se réconfortèrent l'un l'autre, mieux accordés aux émotions de leur partenaire qu'ils ne l'avaient jamais été. Cette nuit-là, pour la première fois, Hitomi crut ressentir quelque chose qui ressemblait véritablement à de l'amour pour son époux. Elle n'en était pas sûre, elle n'en était jamais sûre... Mais la douceur de son étreinte et sa présence constante à ses côtés pendant cette épreuve lui firent songer qu'un jour, oui, elle tomberait irrémédiablement et profondément amoureuse de lui.

Continue Reading

You'll Also Like

1.8K 76 23
"Si tu devais te réincarner dans un animé et choisir un personnage, lequels seraient-ce?" Voici la question que j'ai entendue après avoir été tué par...
3.9K 88 33
Nous suivons l'histoire d'Alicia qui et la grande sœur de Anya Forger , c'est deux sœurs inséparables ont dû être séparé pendant plus de 4 ans et Loï...
67.7K 3.2K 54
Parmi les flammes, alors que l'air se raréfie, une enfant se débat pour survivre. Et ce cauchemar revient la hanter chaque nuit, sans qu'elle ne poss...
387K 20.6K 194
J'ai eu besoin d'un 3eme tome,j'assume pas.