Regrets

By mishastaa

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L'amour résiste aux épreuves, à l'espace....et au temps More

prologue
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Ceci n'est pas une partie.
Epilogue
Re- salut
hello

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By mishastaa

P.d.v. de Souadou

Je fixais l'écran de mon portable, plus précisément un numéro de l'extérieur enregistré sans nom qui s'affichait dessus, de sûre un numéro de Jules.

La seule fois que j'ai eu son appel, c'était le soir qui devait coïncider avec son arrivé dans sa nouvelle ville où il devait commencer sa nouvelle vie.

L'appel m'avait trouvé en pleine route, rentrant du travail.
Je ne reconnaissais certes pas le numéro mais j'avais vite fais le rapprochement.

Je n'y croyais certes pas totalement: Jules voulait tourner la page et je faisais partie de cette page du coup, j'avais préféré essayer de me leurrer à me dire que je faisais peut être erreur: que ce ne pouvait être lui, toutefois dans ma vieille habitude de ne pas prendre des appels de numéros inconnus, j'ai pas décroché.

Seulement, j'ai eu la certitude quand j'ai reçu plutard un message de ce même numéro qui me disait qu'il était bien arrivé: j'avais la confirmation que c'était lui et j'étais soulagée et malgré tout heureuse pour lui.

L'envie de le rappeler m'avait pris. Cette envie folle d'entendre sa voix, qu'il me parle de son voyage, de l'endroit où il a atterri et surtout, de comment ce nouveau départ s'annonçait pour lui, si bien que j'étais à deux doigts de recomposer son numéro mais je n'avais nul courage d'appuyer sur la touche appel encore moins de répondre à son texto: on devait s'oublier...et l'ayant sûrement compris, il n'a plus réessayé d'entrer en contact avec moi.

Il me manque et c'en devient insupportable.

Qu'est ce que je m'en veux de vouloir coûte que coûte le revoir ou simplement entendre sa voix: rien que sa voix m'aurait suffit et pourtant, c'est pas comme si on avait de ces relations!

Nos rapports ont toujours été légèrement ambiguë, passant de la peur à la haine pour atterrir en amour...

J'esquisse un rire amer à cet instant, qu'est ce que je suis sotte d'être tombée amoureuse de lui!

Pourquoi de tous, il a fallu que ce sois lui! Pourquoi je ne pouvais pas aimer une personne dont la vie était plus simple? Quelqu'un qui n'avait pas de lourd passé encore moins de parents psychopathe qui le pousseraient à l'exil, pourquoi a t-il simplement fallu que je tombe amoureuse de Souleymane Diop!

Notre mariage ne devait aboutir à rien du tout! Je devais simplement le quitter et l'oublier, lui et toute sa famille comme par enchantement, faire comme s'ils n'avaient jamais existé encore moins fait partie de mon existence qu'ils ont troublé de la pire des manières! Je devais simplement arracher leur page de ma vie mais non!  Non, Souadou en parfaite idiote en sort amoureuse!

Je serrai à cet instant le pendentif qu'il m'avait offert le jour de notre divorce, je sens sous mes doigts les petits œufs dorés qui me rappelle sa mauvaise cuisine et encore une fois un sourire triste vint se dessiner sur mes lèvres.

Je lâchai un long soupire en levant les yeux au ciel pour empêcher à mes larmes de couler, manquerai plus que ça...

-Docteur!

Extirpée de mes pensées, je lève le regard vers la personne qui apparemment se tenait devant moi depuis assez longtemps pour m'interpeller plusieurs fois.
J'avais complètement oublié que je n'étais pas dans ma chambre et par conséquent, pas seule, au contraire, je suis à quelques mètres de mon lieu de travail que j'ai quitté pour prendre un verre et profiter de ma pause afin de me changer un peu les idées: ça n'a visiblement pas marché et sentant toujours le regard de cet inconnu sur moi, je hausse les sourcils comme pour lui demander ce qu'il voulait et il me sourit aussitôt:

-Excusez-moi, je ne vous avez pas entendu.

- Je comprends! Sinon comment vous allez? Vous vous souvenez de moi, j'espère?

Enchaîne t-il sûrement vu la manière dont je le regardais.
Je secoue la tête, mine de réfléchir alors qu'il sourit:

-C'est Daouda Sidibé, je suis le père de Laliya, vous...

-Ah! Monsieur Sidibé!

Fis-je son visage me revenant d'un coup: comment ai-je pu l'oublier!

- Je vous en prie, appelez-moi Daouda! Je peux?

Demande t-il en indiquant la place de libre de ma table.

- Oh oui, bien sûr! Et Laliya? Comment elle va maintenant?

Lui posai-je une fois installé et avec beaucoup d'intérêt d'ailleurs.

Laliya est l'une de ces patients qu'on n'oublie pas facilement. Elle était non seulement adorable comme tout mais ce qui la rendais plus spéciale à mes yeux c'est le fait qu'elle ait été l'une de mes premiers patients dans notre centre et dont le traitement a été d'un franc succès.
La petite est en fait resté plusieurs mois sans prononcer ne serait ce qu'un mot à cause d'un traumatisme vécu: elle avait une petite sœur dont elle était très attachée et qui s'est malheureusement noyée dans leur piscine sous ses yeux ce qui a été un grand choc pour elle.

-Vous avez fait un miracle avec cette petite docteur. On avait perdu tout espoir mais grâce à Dieu, aujourd'hui elle va super bien, et c'est devenu une vraie pipelette en même temps!

Rigole t-il me faisant sourire par la même occasion:

- Oh vous avez aussi été d'une grande aide, Monsieur et parce que vous avez été des parents prévenants; elle a réussi à s'en sortir.

-En tout cas vous y avez été pour quelque chose. Merci!

- Je n'ai fait que mon travail!

Lui dis-je avec un sourire franc.
Après ce que j'ai vécu chez jules, je m'étais convaincue que j'étais la pire psy de la profession alors imaginez ce que ça me fait d'entendre ces mots: c'est comme si une lueur de confiance en moi se rallumait et comme à chaque fois que ce genre de situation se présente, mon amour pour ce métier augmente et c'est un réel plaisir.

- Et ça m'aurait réellement fait plaisir de la revoir!

Dis-je à son père regrettant qu'il ne soit pas avec elle et j'aperçois alors une lueur de tristesse lui voiler le regard:

- Elle est actuellement en Suisse avec sa mère.

Me dit-il et à un ton assez explicite sur les raisons de leur départ et voyant sûrement que j'avais compris, il me dit:

-Notre couple n'a pas survécu aux épreuves.

- Je suis désolée.

- Ne vous en faites pas! Ce sont des choses qui arrivent et puis, on ne peut retenir une personne qui veut partir.

Me dit-il.

Oui, les séparations sont des choses qui arrivent!

Et elles peuvent être tellement dure à vivre!

Et comme j'ai l'impression qu'il me parlait, je hochai religieusement la tête, en parfaitement d'accord  avec ce qu'il vient de dire: on ne peut retenir une personne qui veut partir, pour ma part, je n'ai même pas essayé, après tout, ç'aurait été égoïste de ma part de le faire...

Un message de mon collègue me fait remarquer l'heure qu'il fait à cet instant et je dû me dépêcher en m'excusant avec un semblant de sourire:

- Je dois y aller, passez le bonjour à Laliya de ma part.

- Elle sera là le mois prochain pour les vacances. Vous pouvez me laisser votre numéro...pour quand elle viendra. Elle parle souvent de vous vous savez!

-Euh...oui...bien sur.

Fis-je en sortant ma carte pour la lui remettre et c'est avec un grand sourire qu'il la prend au moment où je me levai.

- Ce fut un plaisir...

-Tout le plaisir est pour moi, Souadou. Je peux vous appeler Souadou?

Demande t-il haussant les sourcils d'un air suggestif après avoir lu la carte alors que pour toute réponse, je lui sers un hochement de tête avant de m'éclipser.

P.d.v. de Mously

- Je n'avais nul droit de te révéler tout ceci, tenue par le secret professionnel. Toute ma carrière durant, je me suis efforcée à ne jamais transgresser les règles, mais pour toi, aujourd'hui, Mously, je le fais car j'ai trop longtemps mis mon travail au dessus de ma vie, au dessus de toi et j'espère de tout mon cœur que ce geste compte à tes yeux...

-J'ai conscience de ce que ça représente pour toi, Maman alors oui; ça compte énormément pour moi, merci beaucoup!

Lui dis-je sentant ma vue être brouillée par mes larmes et aussitôt, elle ébauche un petit sourire avant de me prendre dans ses bras.

-Cette pourriture saura qu'on ne s'en prend pas impunément à Zahra encore moins à sa fille, ça sois en sûre.

Me rassure t-elle et rien qu'au ton employé, je sais qu'elle ne blague pas.

Ma mère a toujours été revancharde et aujourd'hui, elle semble plus que décidée à détruire cet homme pour tout le mal qu'il a pu causer à sa fille unique mais également pour pouvoir se racheter auprès de moi donc pas besoin de vous dire combien ça lui tient à cœur.

Déjà qu'elle a toujours été assez redoutable comme avocate, aujourd'hui avec cette affaire qu'elle prend très personnellement, et bien pas besoin de vous dire comment il est mal barré notre cher Ely: je peux même dire que je le plains déjà le pauvre.

- Maintenant que nous avons toutes ces informations, il nous faut trouver un moyen de les exploiter sans exposer ta mère, Mously et à ce propos, j'ai une idée que je compte te faire parvenir plutard.

Me dit Hyacinthe qui assistait à cette petite réunion depuis son bureau. Quand ma mère m'a fait part de toutes les informations qu'elle avait, je l'ai appelé pour qu'il puisse tout entendre lui aussi car ce combat à toujours été le nôtre.

- Mais ça ne voudra pas dire que je serais totalement évincée de l'affaire. J'ai un collègue très compétent qui je mettrai en contact avec vous et avec qui je travaillerai vu que je ne pourrai pas être officiellement sur le dossier.

-D'accord ça me va. Encore merci maman, tu n'as pas idée de tout ce que ceci représente pour moi.

Elle me répond par un hochement de tête toute souriante et quelques minutes plutard, Hyacinthe avait raccroché et je raccompagnai ma mère à sa voiture avec Mael: elle avait d'autres affaires à traiter donc pas le temps de rester plus longtemps avec nous comme je le voulais.

-Seriez vous libre ce week-end papa et toi?

Lui demandai-je une fois devant sa voiture.

-Pourquoi?

-J'aimerai que vous rencontriez papa Karim.

Dis-je l'idée m'étant venu la dernière fois que j'ai parlé à ce dernier qui était très heureux d'apprendre que j'étais de nouveau en contact avec mes parents. Il m'avait demandé leur adresse pour faire le déplacement et personnellement les rencontrer mais on sait tous qu'il a beau être actif, sa santé est encore très fragile chose qu'il refuse d'admettre refusant toujours ma proposition de partir, il n'écoute vraiment personne celui là.

Ma mère qui semblait en pleine réflexion fini par me dire:

- Ce nom me dit quelque chose.

-Le père de mon défunt mari, il était chez vous pour demander ma main... il a juste beaucoup fait pour moi alors ça m'aurait vraiment fait plaisir de vous voir ensemble.

- Oh! J'aurai vraiment aimé, crois-moi mais...pas ce week-end, j'ai beaucoup de travail. J'en parlerai par contre à ton père pour voir s'il sera disponible, d'accord?

- D'accord! Encore une fois merci.

-C'est tout à fait naturel. Allez, à plus. Je te recontacterai d'accord?

Me dit-elle avant de s'engouffrer dans sa bagnole avec son protégé qui l'attendait sagement au siège conducteur.

Je regardais sa voiture s'éloigner en secouant tristement la tête: comme on dit: chassez le naturel il reviendra au galop: elle sera toujours prise par son travail celle-là et je n'arrive pas à lui en vouloir: j'ai juste hâte qu'elle prenne enfin sa retraite qui ne semble plus être aussi lointaine.

A mon tour, je retourne à la maison où je n'ai pas trop duré pour retourner au bureau où Hyacinthe m'attendait avec son fameux plan.

                      ********




Deux jours plutard, je terminai la prière du matin, et ai préféré me détendre dans un long bain relaxant. J'avais préféré sentir mes muscles se détendre sous l'eau plutôt que retourner sur ce lit qui, sans Bachir me paraissait juste vide et froid....

Oui, je sais, j'ai dormi seule pendant bien des années mais maintenant, c'est devenue une vraie torture. Les deux jours qu'il passe chez l'autre m'insupportent et ce qui est dommage, c'est que je ne peux lui en empêcher.
Il arrive que j'aie tout simplement envie de péter les plombs tellement c'est dur et je ne parle même pas du fait de devoir me réveiller sans lui; sans sentir son odeur et entendre sa voix me taquiner dès le matin mais l'imaginer avec cette...cette...

Je lâchai un léger grognement de colère et décidai de penser à autre chose au risque de me pourrir la journée dès le matin.

J'étais toujours stressée par mon travail mais depuis la petite discussion avec ma mère, mon angoisse a légèrement diminué, certaine que le délai imposé par Ely n'allait simplement pas être respecté simplement parce que d'ici là, il sera contraint à capituler.

A cette pensée, un petit sourire se dessine sur mes lèvres et j'eu sur le coup l'énergie de quitter la salle de bain pour me préparer.

Je terminai de m'habiller confortablement et m'attachai les cheveux quand on toque timidement à ma porte.
Je n'ai pu cacher mon expression à la fois surprise et inquiéte à la vue de Fadel, dans ma chambre de si bonne heure et ayant lu l'angoisse sur mon visage,  il ne me laisse même pas prononcer un mot pour me dire:

-Rassure-toi, personne n'est mort. Je trainais juste dans la cours et j'ai vu ta lampe allumée.

- Et bien me voilà rassurée. Allez entre!

L'invitai-je et sans se faire prier, il s'exécute en venant me coller une bise en guise de salutation avant de me demander:

- Tu vas bosser?

-Non! J'ai pris cette journée et toi? Qu'est ce que tu as à traîner dans la cours à cette heure-ci?

Lui demandai-je en le voyant s'installer et croiser hautainement ses pieds sur la table rase:

- Et bien je devais courir avec Bach mais il n'est pas encore revenu de la mosquée.

-Vous n'y étais pas ensemble?

- Si mais on l'a laissé en train de discuter avec l'imam. Il fait exprès de trainer pour ne pas courir, il se fait vieux ton mari!

- Il va te tuer s'il t'entends!

-Admets qu'il a fait son temps toi aussi! Ça te dirait de le quitter et m'épouser?

-Quitter Bachir pour toi? C'est envisageable dé!

-Bah ouais, jeune, beau, riche, célibataire et cerise sur le gâteau: excellent cuisinier qui sait faire le ménage, ne suis-je pas parfait Mously?

Me demande t-il en s'autodésignant d'un geste théâtrale qui m'a direct ramené à son père et vu que ça ne lui suffisait pas, j'ai eu droit à cinq autres minutes pendant lesquelles il n'a pas arrêté à me vanter ses mérites celui là!

Fadel est de ces personnes avec qui on ne s'ennuie jamais: en somme; c'est Bachir en plus jeune. Il est drôle, ouvert et surtout sensible surtout quand il s'agit de son entourage et comme son père, il n'hésite pas à tout donner quand c'est nécessaire, raison pour laquelle en grand Idiot, il n'a pas hésité à plaquer son travail qu'il avait en France quand on lui a refusé une autorisation pour assister au mariage de son frère et ayant vu la tournure tragique que celui-ci avait pris, il a préféré rester auprès des siens pour partager ces moments sombres avec eux et leur transmettre de sa bonne humeur.

Il faut croire qu'après son divorce, il a converti tout l'amour qu'il avait pour sa femme en une grande attention vouée à chaque membre de cette famille.

C'est vrai qu'il ne parle jamais de ce divorce, d'ailleurs; enfin; si ce n'est pour en rigoler.

En fait, il avait épousé une franco-togolaise, une certaine Malicka avec qui il a partagé la même université. Il l'aimait beaucoup d'après ce que m'a raconté Maréme mais il semblerai que leur personnalité aient été trop opposées pour qu'ils puissent rester ensemble. Fadel a beau être rigolo, il est également impulsif, très jaloux et possessif, tout le fils à son père celui là et sa femme, trop extravertie n'a pas pu davantage supporter ce trait de caractère de sa part, d'où leur séparation...

-Bah dis donc, il est juste parfait mon bébé! Et cette fille qui t'a quitté elle ne devait pas avoir toute sa tête, une vraie idiote!

Finis-je par lui faire remarquer quand il a terminer de se lancer des fleurs ce qui le fait rire avant de me répondre:

-Parfaitement d'accord avec toi! D'ailleurs je lui passerai le message!

- Vous avez gardé le contact?

Lui demandai-je suite à sa réponse dont je ne m'attendais pas.

- Oui, on est resté amis.

-Amis?

Demandai-je un sourcil haussé.

-Oui, amis! Même que je lui parle tellement de toi qu'elle a très hâte de te rencontrer.

-Anhanh!

Fis-je un sourire empli de sous entendu au coin: intéressant!

-C'est quoi ce anhanh? On est tous les deux passé à autre chose Mously, ne te fais pas d'illusions!

- Et elle est où ton autre chose à toi?

Lui demandai-je main sur la hanche après avoir mimé des guillemets avec mes doigts et comme on peut s'y attendre, il ne m'a rien sorti de concret signe qu'il ne s'est toujours pas totalement remis de cette histoire: une affaire à suivre...

Avec sa compagnie, j'ai terminé de me préparer et comme son père tardait à rentrer, il m'a aidé à faire le petit déjeuner quoiqu'il ne m'a pas été d'une grande utilité...

Bien-sûr tout le monde était un peu surpris de nous voir en cuisine, s'étant sûrement attendu à ce que je sois au bureau et Fadel dans son lit.

J'ai pris beaucoup se plaisir à leur servir leur premier repas de la journée prise dans une ambiance joviale avec un Fadel vantard de ses talents de cuisiniers devant les railleries de ses frères et quand je parle de ses frères, j'y inclus son père qui se prend pour son égal, ils sont exaspérant ces deux là!

Deux heures plutard, je m'apprêtais à sortir et me suis rendue dans la chambre de Mael où ce dernier était justement sur le point de venir me voir avec les documents que je lui avais demandé de me fournir.

Je m'étais assise sur son lit pour vérifier et voir qu'il a parfaitement rédigé ce que je lui avais demandé et c'est avec un sourire à la fois fier et satisfait que je lui dis:

- Merci mon bébé! C'est exactement ce qu'il me fallait.

- Je t'en prie!

Sourit-il en me regardant avec une lueur d'inquiétude pour me proposer:

- Dis, et si je venais avec toi?

- Non! Surtout pas, j'irai avec Zack D'ailleurs il ne va pas tarder.

- Tu en es sûre?

-Certaine. Je serai vite rentrée, ne t'en fais pas.

-Sois prudente Mously, je t'aime tu sais?

-Je t'aime encore plus et surtout pas un mot à Bachir, d'accord?

Il soupire avant de hocher la tête et à mon tour, je me lève après avoir tout rangé dans mon sac et sortir: Zack s'était déjà pointé.

Au cours du trajet, j'ai pu contacter Hyacinthe pour le prévenir de ce que j'allais faire et plutard, nous étions arrivés devant un grand immeuble.

Nous sommes passés devant le concierge qui m'a vite reconnu et après près de cinq minutes de salutations, je suis entrée pour me trouver plutard devant son appart à appuyer sur la sonnette près de quatre fois avant qu'elle ne vienne m'ouvrir...

Mi-éveillée et toujours en pyjama, Sophia n'a pas du tout manqué à me faire réaliser combien elle était surprise de me voir en écarquillant ses yeux avant de me sortir:

- Mously! Mais quelle surprise!

-Bonjour Sophia!

Lui souris-je en enlevant mes lunettes de soleil pour mieux la regarder et à elle de se précipiter pour m'inviter:

-Ne restez pas là, entrez je vous prie!

Dit-elle à notre encontre, Zack et moi; ce que nous n'avons pas tardé à faire.
Je m'étais mis sur la première place disponible et à mon accompagnant de se tenir debout derrière moi, les bras croisés.

- Tu veux boire quelque chose?

-Non merci!

-Ça te dérangerait d'attendre un peu que je m'habille...

-Mais non! Je n'en ai pas pour longtemps tu sais! Allez assieds-toi!

L'invitai-je à mon tour en indiquant la place en face de moi alors qu'elle n'a pu s'empêcher de nous lancer des regards nerveux avant de s'exécuter et de me servir un sourire angoissé:

-Ça fait un bail, non?

Lui demandai-je toujours souriante alors qu'elle hoche la tête.

-J'avoue oui!

- Et le travail? Je sais que j'abuse de ta gentillesse en te confiant mon poste aussi longtemps...

-Oh non, je le fais bien par plaisir Mously!

-Hum...si tu le dis!

Fis-je en prenant un long moment pour la regarder silencieusement dans les yeux et elle, comme si elle avait du mal à soutenir mon regard, baissait les siens ou les portais juste vers un autre sens.

J'ai fini par secouer la tête avant de soupirer pour reprendre:

-J'ai vu que tu te débrouilles super bien, même que tu es faites pour ce poste d'après les rapports que j'ai eu à signer!

-Oh!

Rigole t-elle encore plus nerveusement quand j'ai évoqué ces rapports et je profite de ce moment pour fouiller dans mon sac afin d'y trouver les documents que mon fils m'a remis tantôt.

-D'ailleurs à ce propos; c'est pour ça que je suis venue. Prends, c'est pour toi.

Lui dis-je en lui tendant les feuilles et elle fronce aussitôt les sourcils en s'en saisissant pour me demander:

-Qu'est ce que c'est?

-Lis rek!

Fis-je mon sourire laissant place à une mine légèrement plus ferme.
Je la regarde y jeter un coup d'œil son expression faciale laissant progressivement place à une grande inquiétude.

-M..mais qu'est ce que...détournement? Abus de confiance? Mais qu'est ce que c'est que ça Mously?

Sans un mot, j'arque un sourcil et elle reprend:

-Je n'ai jamais détourné un centime de ta boîte Mously, c'est quoi cette histoire?

Demande t-elle d'une voix tremblante de peur me poussant à lui dire très calmement:

-Ose me regarder dans les yeux et me dire que tu n'as jamais détourné un centime de ma boite, Sophia.

- Je n'ai jamais détourné un centime de ta boîte, Mously, je te le jure!

-Très bien! Maintenant ose me regarder droit dans les yeux et me jurer que tu n'as pas abusé de ma confiance.

Ses yeux s'emplissent aussitôt de larmes et je la vois secouer la tête pour me demander la voix toujours tremblante:

-Qu'est ce que tu es en train de raconter, Mously!

- Tu ne sais pas?

-Non, je...

Elle n'a pas eu le temps de terminer son mensonge car je lui ai donné une gifle si forte qu'elle en avait la tête tournée.

Surprise, elle fini par me regarder, les larmes coulant et la main sur la joue.

- Tu ne sais toujours pas de quoi je parle?

Elle me regarde sans rien dire et je sors de mon sac les copies des documents avec lesquels elle voulait me piéger pour les poser sur ses cuisses et reprendre:

- Tu ne sais pas de quoi je parle? Hein Sophia? Tu ne sais pas?

Je la vois enfouir son visage dans ses mains lâchant un fort sanglot qui en temps normal m'aurait fait le même effet que de voir Souadou ou Maréme en larmes mais là, actuellement, tout ce que je ressens, c'est une immense vague de colère.

- Je suis désolée Mously, je ne voulais pas...

Lâche t-elle entre deux sanglots alors que je continuais de la fixer, calme de l'extérieur.

- Je ne voulais pas...

Continue t-elle de dire en pleurant alors que je lâche un petit rire :

- Tu as entendu, Zack? Elle ne voulait pas, ma douce Sophia, si gentille ne voulait pas me trahir! Normal, je l'ai prise sous mon aile, tu sais.

M'adressai-je à Zack qui assistait à la scène, silencieux.
Je me tourne alors vers une Sophia qui pleurait de chaudes larmes pour reprendre:

-Dire que je l'ai ramassé dans la rue alors qu'elle n'avait nul part où aller.
Je l'ai ramassé en une nuit sombre, très sombre pour elle et automatiquement je me suis identifiée à elle car moi aussi j'ai dormi dans la rue, sans amis ni famille, seule au monde avec comme unique compagnie un bébé dans mon ventre.
Quand je t'ai vu dans le même état que moi, je me suis sentie obligée de t'aider, Sophia. Tu m'as raconté être fille aînée qui avait d'énormes responsabilités pesant sur elle l'ayant poussé à abandonner ses études pour travailler comme femme de ménage sur Dakar où elle n'avait aucune famille. Tu m'as dit être renvoyée par la personne pour qui tu travaillais et comme tu n'avais nul part où aller, tu avais décidé de passer cette nuit dans la rue attendant le lendemain pour trouver une solution.
J'ai eu pitié de toi et t'ai donné un toit. Je t'ai par la suite pris cet appartement, ai pris ta famille en charge, t'ai trouvé une école de formation et quand tu as terminé celle-ci, je t'ai donné un poste à mes côtés parce qu'à cet instant, ce n'était plus moi que je voyais en toi mais ma fille, ma propre fille! 

Dis-je pas du tout fière d'exposer tout ce que j'ai fait pour elle, mais c'est comme si j'avais besoin de les lui rappeler, de me les rappeler également pour comprendre là où j'ai fauté, ce que j'ai pu lui faire de mal pour qu'elle puisse m'en vouloir à point de me faire ça.

Quand Hyacinthe m'a confirmé son implication dans les tentatives d'Ely, j'ai vraiment eu du mal à y croire, beaucoup de mal.

Je la regardais pleurer comme si elle ressentait des remords et ai fini par lâcher d'un ton dur:

-Et toi pauvre ingrate, tu n'as rien trouvé de mieux que d'essayer de me poignarder dans le dos...

- Mously, je t'en prie, il faut que tu me crois, j'ai voulu tout abandonner, je te le jure car j'ai su un peu trop tard que tu ne méritais pas ça, je...crois-moi, je suis désolée.

Je la regardais avec une mine dégoutée alors qu'elle continue de pleurer à chaudes larmes.

- Je...je pensais qu'il m'aimait, qu'il tenait à moi...il m'avait promis tant de choses, le mariage entre autre, la notoriété, la richesse, ta place...il m'avait dit tellement de mal de toi et...

A cet instant, j'ai ris, amèrement. Oui, j'ai ri comme quand Hyacinthe m'a confirmé son aventure avec Ely: c'était lui l'amant mystérieux dont elle me parlait...

-Est ce que tu connais Ely? Tu m'as fait ça pour Ely, parce que tu as cru qu'il t'aimait, toi? Un homme qui n'est même pas fichu d'aimer son propre fils...

-Je n'en savais rien ce n'est que trop tard que j'ai compris qu'il...qu'il était obsédé par toi, que tout ce qui l'intéressait c'était t'atteindre toi, qu'il en avait rien à faire de moi ...pardonne-moi, j'ai été idiote, Mously...tellement idiote.

Sanglote t-elle se cachant toujours le visage avec ses deux mains tremblantes.
Elle a l'air toute secouée et à cet instant, j'ai lancé un regard à Zack comme pour lui demander quoi faire et m'ayant compris, il m'a répondu en secouant la tête pour me demander de ne pas baisser la garde: ce n'est pas dans mes habitudes, ça n'a jamais été dans mes habitudes de me laisser prendre par les sentiments, mais aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie de lui pardonner ce qu'il ne faut surtout pas que je fasse.

J'ai alors longuement inspiré avant de lui dire d'une voix contenue:

- Tu m'as déçu Sophia!

-Pardon! Je suis tellement désolée! Je t'en prie! Pardonne-moi...

Sanglote t-elle à nouveau en se jetant à mes pieds.
Je lui ai laissé le temps de pleurer un bon coup me retenant pour ne pas la consoler.

J'ai attendu qu'elle se soit un peu calmée pour lui avouer:

- J'avais prévue trois choses pour me venger de toi: la première, était de te renvoyer, la seconde te mettre en prison et la troisième, couper la pension que j'envoyais à tes parents et en l'occurrence, suspendre le traitement de ta mère...

Je la vois aussitôt lever son regard vers moi pour me supplier:

- Je t'en prie ne fais pas ça, ne coupe pas les vivres à mes parents, s'il te plait, Mously.
Je t'en conjure, fais de moi tout ce que tu veux mais n'abandonne pas mes parents, pas ma mère, elle a besoin de ce traitement, elle doit survivre, elle ne doit pas payer de mes erreurs, s'il te plait...

Je la regarde impassible enchaîner près d'une minute de supplications qui ne me sont bien entendu pas indifférentes.

Je me demande encore ce qui a bien pu la prendre, ma Sophia! Je ne suis pas du genre à mesurer ce que je fais pour les autre, mais avec Sophia, je...Je ne sais même pas quoi dire, tellement j'ai tout fait pour elle, qu'est ce qu'elle me voulait bon sang, qu'est ce qui lui a pris...

- Je peux te donner une occasion de te racheter...

Commençai-je.
Elle sait maintenant qui est Ely car j'ai eu la confirmation de la manière dont il l'a quitté, je sais également qu'elle tient énormément à sa mère et ces deux facteurs font qu'elle pourra faire ce que je veux qu'elle fasse.

-Merci Mously! Je savais que tu allais me pardonner. Dis moi ce que je dois faire et je te promets que je le ferai, pourvu que tu me pardonne.

Me supplie t-elle à nouveau et là, je lui expose le plan convenu avec Hyacinthe en lui demandant en premier:

- Tu vas retourner auprès d'Ely, et tu feras tout ce que je te demanderai de faire.

- Je...c'est impossible il, il m'a plaqué quand j'avais échoué dans ma mission...celle de te faire signer...

Dit-elle honteuse en baissant la tête ce qui me fait faire sortir les documents déjà signé de mon sac pour les lui tendre sous son regard offusqué:

-Débrouille-toi pour qu'il croit que je n'ai jamais été au courant de ses manigances, je peux compter sur toi?

Elle les regarde puis me lance à nouveau un regard empli d'incompréhension.

- Tu...Tu les a signé? Mously ça veut dire...

- Je sais ce que je fais, reste plus qu'à savoir si oui ou non je peux compter sur toi en dépit de tout ce qu'il s'est passé.

- Je...Oui, bien-sûr, je te jure que tu peux compter sur moi. Dis moi tout ce que j'aurai à faire et je le ferai.

- Je te le dirai le moment venu. Pour l'instant, infiltre le et laisse-moi te prévenir d'une chose: si la mission échoue, tu en écoperas les conséquences. On est d'accord?

Elle hoche frénétiquement la tête et je me saisi à ce moment de mon portable pour appeler Hyacinthe et lui dire que tout est en place.

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