Sirotant son vin, Moron ne lâchait pas la jeune femme des yeux. Cela faisait plus d'une heure qu'elle était entrée dans cette taverne, La dent de requin et qu'il l'a dévorait du regard, pensant qu'elle s'en rendrait rapidement compte et relèverait les yeux vers lui avec une mine interloquée, intimidée ou intéressée peu importe, il voulait qu'elle le regarde. Mais la jeune femme l'avait tout bonnement ignoré, alors qu'elle s'était rendue compte du regard insistant sur elle, il en était persuadé. Elle faisait exprès de l'ignorer comprit- il. Peut-être ne savait t-elle pas qui il était ? Peut-être était-ce une étrangère ? Car fiancée ou pas, Moron considérait que c'était un privilège d'être regardée par un prince. Après avoir bu une dernière gorgée, il posa son verre de vin sur la table d'un coup sec et se leva, bien décider à l'aborder. Ce n'est alors que lorsqu'il se trouva debout, immobile devant la table qu'occupait seule la jeune femme qu'elle leva ses iris brunes vers lui.
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- C'est pour quoi ? Demanda t-elle.
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À première vue elle n'était pas particulièrement belle ; ses cheveux, entre Le brun et le roux étaient si emmêlés que Moron l'avait d'abord prise pour une sauvageonne et sa tenue, une tunique de tissu mêlant vert, bleu et gris était loin de la mettre en valeur. Elle ne portait aucun bijoux hormis un premier collier de coquillage pendu à son cou qui descendait sur sa poitrine et un second qu'elle avait fait passer autour de sa taille, l'accrochant à sa ceinture. En soi, rien de très attirant. Mais quand vous la regardiez bien, elle était assez plaisante avec son visage rond, ses yeux transcendants et ses sublimes lèvres rosées. Elle détenait quelque chose qui lui conférait un certain charme sans que Moron ne réussisse à mettre la main sur ce que c'était. Il lui donnait la vingtaine, vingt-deux tout au plus.
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- Tu n'es pas d'ici je me trompe ?
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Après quelques secondes de silence, la jeune femme répondit, non sans maintenir le regard du prince.
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- Si parfaitement. Je viens de Grand Wyk. Pourquoi cela vous intéresse t-il ?
- Ne sais-tu donc pas qui je suis ? Demanda Moron, un léger sourire au coin des lèvres.
- Vous êtes le fils de Balon Greyjoy. Finit-elle par répondre.
- Le roi Balon Greyjoy ! Rectifia t-il en frappant la table de son point. Et moi je suis son héritier.
- Je ne savais pas que Rodrik Greyjoy était aussi jeune, vous avez plus l'air d'un adolescent qu'un homme fait. Avoua t-elle en ingurgitant bruyamment une cuillerée de soupe de poisson qu'on lui avait apporté.
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Cela, outre le fait qu'il ne s'y attendait pas le mis dans une rage folle mais il s'efforça de ne rien laisser paraître. Cette garce était en train de l'insulter, de le traiter de gamin, devant lui ! Il n'avait pas quitté la rousse des yeux mais son sourire s'était effacé.
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- Fais attention à ce que tu dis. En effet je ne suis pas Rodrik mais cela ne change rien, ce sera moi qui succéderai à mon père.
- Vraiment ? Pourtant il me semble que votre frère est en parfaite santé et dans la possibilité de régner dès que son tour viendra, non ? Cette fois c'était elle qui arborait un petit sourire titilleur.
- Mon frère n'est qu'un ivrogne ! S'emporta t-il. Père lui accorde toute confiance pour ce qui est de se battre et de se montrer brave mais il n'a aucune idée de comment diriger des hommes !
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S'il avait été fils unique, cela n'aurait pour rien au monde dérangé Moron. Malheureusement pour lui son frère était né avant lui et de ce fait, bénéficiait de nombreux privilèges. Depuis qu'il était tout petit il avait vu son père former ce dernier pour être son digne héritier. Alors que lui se destinait à quoi ? Il n'en savait rien. Et voilà qu'on lui interdisait de participer à la bataille à venir. Il allait avoir dix-sept ans dans moins d'un mois, il ne rêvait que d'une chose : faire ses preuves. À la place, on lui avait pris son navire, le Serpent des mers car l'on avait besoin de bateaux supplémentaires pour l'attaque et on lui avait dit de rester à Pyk avec les femmes et les plus jeunes. Il n'avait jamais connu pareille honte. Bien sûr, sa blessure à la main qu'il s'était faite durant une danse du doigt non-contrôlée n'y était pas pour rien, celle-ci l'empêchait complètement de manier son épée et son père avait jugé préférable qu'il reste. Il le savait, Balon Greyjoy n'avait pas l'air bien affligé de cette nouvelle. Il s'en moque bien que je vienne ou pas, que je me montre brave et fort, je ne suis pas son héritier. S'était il dit.
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- En attendant, c'est vous que je vois dans une taverne en train de s'enivrer.
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C'était la phrase de trop. Il saisit le poignet de la jeune femme avec fermeté. Pour qui se prenait-elle ? Ce n'était qu'une putain, elle mériterait qu'il la prenne, là maintenant sur la table aux yeux de tous pour cet outrage. Mais même cela il ne se sentait pas de le faire. Peut-être était-il trop lâche ? Non. C'était simplement un homme de parole et non une brute qui n'agissait que par la violence, il était plus malin que cela. Il n'était pas Rodrik qui, quand ils étaient plus petits n'hésitait pas à rosser son frère lorsqu'il s'autorisait à lui faire une petite blague innocente. Il devait se reprendre, se montrer imperturbable. Il lui lâcha le bras, celle-ci n'avait cependant eu aucune réaction.
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- Puisque tu as l'air de tant admirer mon frère, je pourrais te recommander à lui. Tu deviendrais la femme-sel d'un futur roi, ce serait un honneur pour une aussi vulgaire et insignifiante créature que toi tu ne crois pas ? Mais il me faut te prévenir, Rodrik se montre brusque au lit et il aime partager.
- Vous le jalousez tellement, c'est amusant. Ceci dit, non Rodrik ne m'intéresse pas plus que cela. Mon seul et unique maître est et restera le Dieu Noyé. Répondit-elle.
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Et Moron réalisa alors. Il n'avait pas fait plus attention que cela aux couleurs de sa tunique ; vert, bleu et gris.
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- Vous êtes un... une prêtresse du Dieu Noyé...?
Elle s'essuya les lèvres du dos de la main et hocha la tête.
- Mon nom est Nylah Merlyn, fille de Lord Meldred sire de Pebbleton. Et si je suis ici c'est pour offrir mes rêves aux habitants de Pyk.
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Cela, Moron ne l'avait pas prévu. Il avait d'abord tenté de séduire une prêtresse, une femme qui vouait sa vie au Dieu Noyé. Les prêtres de la divinité protectrice des Fer-nés étaient sensés être traités avec le plus grand respect. C'était principalement des hommes qui tenaient ce rôle, mais ce n'était pas défendu aux femmes de faire de même. Mais en plus de cela, elle était la fille de Lord Merlyn, l'un des plus puissants seigneurs des îles de Fer et lui, il l'avait insulté. Il ne sût quoi répondre. Une voix dans sa tête lui chuchota de s'excuser auprès de la jeune femme mais il avait trop de fierté pour cela.
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- Il est dommage qu'une femme aussi ravissante renonce à prendre un époux pour passer sa vie à répéter des prières, il m'est avis.
- Tiens, il me semblait qu'il y a quelques secondes encore vous ne me voyiez que comme une... vulgaire et insignifiante créature c'était cela ?
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Soit maudite ! Elle ne manquait pas de répartie. Il semblerait qu'il n'avait d'autre choix que de s'excuser à présent.
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- Ce n'est pas ce que je voulais dire...
- J'ai cru comprendre que votre frère était un sujet sensible...
- Alors comme ça vous offrez vos rêves ? Il s'était empressé de changer de sujet.
- Le Dieu Noyé communique avec moi par le biais de rêves prophétiques effectivement, je partage donc ce don avec qui le souhaite. Il y a quelque chose que vous voudriez savoir mon prince ? Elle souriait.
- Du tout, je tiens mon destin bien en main figurez-vous.
C'était un mensonge bien sûr, mais il n'était pas utile qu'elle le sache.
- Comme il vous plaira. Mais vous savez mon cher prince, le destin est parfois cruel. Il serait regrettable que cette guerre entre votre frère et vous soit veine et qu'aucun de vous deux n'héritent du trône. Je crois me rappeler que vous avez une sœur ainsi qu'un frère plus jeune non ?
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Sur ce, Nylah acheva de boire sa coupe d'hydromel, se leva et disparue dans la nuit noire sans que Moron n'ai eu le temps de faire quoi que ce soit.