Born of Sea, Iron and Blood (•House Greyjoy•)

THEON

Le jeune garçon marchait dans les couloirs du château sans réel but. Les bourrasques de vents faisaient presque vibrer la pierre tant elles étaient violentes. Il faisait nuit et le Donjon Sanglant, qui tenait son nom du massacre des princes du Conflans il y a maintenant des siècles, était plongé dans la pénombre. Ce qui inquiétait le petit prince était qu'il n'y avait absolument personne à l'horizon. Même l'intendant du château, Sylas, n'était pas dans sa tour, lui qui veillait toujours très tard marmonnant dans sa barbe et laissant s'échapper de sa bouche son haleine fétide jusqu'à pas d'heure. Il se mit à entrer dans toutes les pièces, espérant trouver quelqu'un. Ou était-ils tous passés ? Il sentait l'angoisse le posséder petit à petit. Il se mit soudainement à courir, luttant pour respirer comme si l'air se dissipait progressivement, étouffant le petit prince.

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- Il y a quelqu'un ? S'écria t-il, mais il n'eut en guise de réponse que le silence.

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Il courait à présent sans s'arrêter, accélérant toujours plus à chaque enjambée.
Pourquoi n'y a t-il personne bon sang ?!
Soudain, un bruit retentit de l'une des pièces. Il se stoppa et dressa l'oreille : cela venait de la grande salle où Père avait banqueté avec ses vassaux la veille. Doucement, il se rapprocha de la grande porte en bois sur laquelle l'on pouvait admirer la seiche de la maison Greyjoy. Très délicatement, il poussa la porte et jeta un œil à l'intérieur de la pièce. Son père se tenait, les mains croisées derrière le dos devant la cheminée, seul. Il hésita quelques secondes avant d'entrer silencieusement dans la salle.

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- Père ? Désolé de vous déranger... où sont tous les autres ? Le château est vide je ne comprend pas...

Le roi des Fer-nés ne réagit pas. Il restait immobile comme s'il n'avait rien entendu.

- Tout le monde semble avoir disparu et je m'inquiétais, je... j'ai eu peur que l'on se soit fait attaquer...

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Lentement, Balon Greyjoy se tourna vers son fils, le fixant de son regard dur, et tout aussi lentement, il leva son bras et le tendit dans sa direction. L'on aurait dit que ce geste lui coûtait un effort incroyable. C'est alors que, de façon très vive cette fois et sans que Theon n'eut le temps de comprendre ce qu'il se passait, le bras de son père s'était transformé en un immense tentacule. Le petit garçon recula pris de panique et tomba en arrière. Le seigneur de Pyk venait de se métamorphoser en un monstre géant, plein de tentacules. La créature ressemblait à ce que Theon imaginait être un kraken.
Ses hideuses tentacules vinrent se rapprocher de lui. Celui-ci avait voulu crier mais aucun son n'était sorti de sa bouche. Il sentit la peur le consumer, prenant possession de l'intégralité de son corps. Il aurait du se relever et courir, s'éloignant le plus possible de la créature mais à la place il restait la, immobile et sous le choc, suivant les mouvements du monstre de ses yeux paniqués.

La créature s'apprêtait à s'en prendre à lui quand il fut enfin capable de hurler, et il hurla avec une telle force que sa voix se brisa après cet effort. Mais quand il ouvrît les yeux, il n'y avait plus de monstre tentaculaire. Rien que sa chambre plongée dans le noir. Lui se trouvait dans son lit, trempé de sueur. Des serviteurs s'empressèrent d'entrer dans la chambre, aveuglant le garçon de la lumière des torches présente dans le couloir.

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- Mon prince ! Tout va bien ? S'écria l'une d'entre eux.

Ouf... Tout ceci n'était qu'un rêve... Je vais bien.

- Je... oui juste un mauvais rêve. Je vais me rendormir et tout ira bien, vous pouvez partir maintenant.

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Hésitants, les trois serviteurs sortirent de la chambre sans un mot et refermèrent la porte, laissant à nouveau Theon en tête à tête avec l'obscurité. Il reposa sa tête sur l'oreiller et rabattit ses lainages sur lui. Cependant, il gardait les yeux grands ouverts, fixant un coin de la pièce. Bien que la peur qu'il avait ressenti était passé, il était incapable de se détendre. Ce n'était rien qu'un cauchemar ! S'efforçait-il de se dire, en vain. Il prît soudain conscience de sa lâcheté, c'était indigne de son peuple. Le rouge vint lui monter aux joues en songeant au lendemain, lorsque les trois serviteurs iraient raconter ce qu'il s'était passé dans tout le château. Quelle honte pour lui, le fils d'un roi, le fils de Lord Ravage de Pyk a hurlé comme une fillette à cause d'un mauvais rêve. Asha ne perdrait pas une minute pour se moquer de lui...

Quand il était plus petit, Theon ne pouvait s'empêcher de se montrer trouillard, timide et pleurnicheur. Père faisait à peine attention à lui et quand il le faisait, le petit garçon voyait à quel point son père le haïssait. Il devait sûrement se demander comment le grand Balon Greyjoy, l'homme qui, à l'âge de dix ans avait dit-on, escaladé les Falaises de Flint, celui qui, à peine cinq ans plus tard était déjà perçu comme un grand et valeureux guerrier pouvait avoir donné la vie à un enfant tel que lui, toujours fourré dans les bras de sa mère. Quand il s'en était rendu compte il y a environ deux ans, Theon s'était juré de changer pour qu'un jour, son père soit fier de lui. Il fera tout pour cela, il s'en était fait la promesse. Alors, repensant à tout cela il se força à fermer les yeux et finit par s'endormir.

***

Ce sont les rayons du soleil qui vinrent sortir Theon du sommeil, caressant son visage de sa douce chaleur. La seconde moitié de la nuit, il avait été plongé dans un sommeil profond, sans rêve cette fois et sa frayeur de la veille était à présent derrière lui. Il ne tarda pas à se lever et à se préparer pour sortir. Ce matin-là, il déjeuna de pain, de hareng et d'œufs frais aux côtés de sa mère, de sa sœur et de Donnel Timbal, le pupille de Père. Celui-ci avait attrapé il ne savait quelle maladie qui l'avait cloué au lit durant plusieurs jours où il n'avait droit qu'aux visites de mestre Qalen, ce qui n'avait laissé d'autre compagnie à Theon que sa sœur. Il était content de retrouver son camarade de jeu, c'était avec lui qu'il s'amusait le plus lorsqu'ils jouaient au jeu du traqueur ou aux guerriers sans peur. Il n'y avait pas énormément d'enfants avec qui il pouvait s'amuser à Pyk et en plus de cela, Donnel n'avait qu'un an de plus que lui ce qui contribuait au fait qu'ils s'entendaient aussi bien. C'était un petit garçon un peu costaud qui ne manquait pas de courage malgré son jeune âge. Il n'aspirait qu'à être aussi grand et fort que son seigneur de père.

Ils se chamaillèrent amicalement pendant qu'Asha mangeait en faisant la conversation à Mère. Au bout d'un moment, Theon laissa son ami de côté après que celui-ci l'ai quelque peu irrité en lui contant à quel point il était mal en point à cause de la fièvre et qu'il s'en était sorti grâce au Dieu Noyé. Celui-ci l'aurait sauvé afin qu'il renaisse et devienne plus fort. Comme si le Dieu Noyé se préoccuperait de toi se disait-il. Donnel avait dix ans et n'était même pas l'héritier de sa maison. Il n'était rien. Lui au moins possédait le titre de prince des îles de Fer, il était fils de roi et un jour, il partirait à l'aventure avec quelques marins au delà de l'île de la Lumière Solitaire, dernière terre connue et habitée par l'homme en quête des terres de l'Ouest, comme Alton Greyjoy, bien que son ancêtre n'avait jamais réapparu.

Lassé de voir Donnel se vanter, il  tourna la tête et posa son regard sur la fine et élégante dame qu'était sa mère. De toute l'île, Theon ne connaissant pas de femmes qui dégageaient ne serait-ce qu'un quart de son charme. Elle était une femme d'une douceur et d'une sympathie qui symbolisait tout le contraire de ce que Père représentait. Elle surprit son regard et lui adressa un sourire triste. Depuis l'annonce quant à la rébellion des îles, elle semblait ailleurs, comme plongée dans une profonde mélancolie. Elle devait être inquiète. Theon ne comprenait pas cela, ils allaient gagner cette guerre, Père en était convaincu. De plus, les Fer-nés avaient toujours l'avantage lorsqu'ils étaient en mer et ils étaient bien plus forts que le reste des gens de Westeros. Il n'y avait pas de raison que quelque chose se passe mal, c'était impossible.