Warnings : Non-con.
Blanche-Neige haïssait Regina depuis au moins aussi longtemps qu'elle s'en souvenait.
(Ce qui ne voulait pas dire grand-chose dans ce monde où les souvenirs de tout le monde étaient plus ou moins brouillés à différents niveaux.)
Peu importe que ce ne soit pas le cas, que ce soit en réalité l'inverse, que ce soit Blanche-Neige qui ait autrefois dit quelque chose qu'elle ne devait pas dire, et que les rôles aient été échangés.
Peu importe qu'elle soit devenue ce qu'elle haïssait tant par le passé.
Isaac Heller avait fait du mensonge la vérité.
Il avait réussi, en seulement quelques heures, à souiller pour de bon et de façon définitive ce qui était devenu une des relations d'amitié les plus invraisemblables et pourtant les plus vrais de tout Storybrooke.
Il était également parvenu à briser pour sans doute toujours la relation mère-fille faite de confiance, d'amour et de complicité qui existait autrefois entre Blanche-Neige et Emma Swan.
Et enfin, il avait changé la relation de véritable amour à l'épreuve de tout entre la princesse et son prince, réduisant cette histoire à un ersatz de ce qu'avait été autrefois celle entre la reine Regina et le Chasseur, peut-être même en plus malsain, puisque aucun d'entre eux ne savait ce qu'ils étaient en train de faire.
Il avait fait d'elle un tyran, avait perverti son cœur, son âme, tout son être, et rien ne pourrait effacer ou réparer ça, ni le temps, ni la magie, non rien ne serait jamais suffisant pour oublier ce qu'il s'était passé ou allait se passer.
L'Auteur avait réussi ce que ni Cora ni qui ce soit d'autre n'avait jamais réussi à faire auparavant.
Il avait changé Blanche-Neige en monstre.
Pire que Regina l'avait été autrefois, dans le sens où elle était maintenant conditionnée à agir en méchante, maudite comme elle l'était et qu'elle était bien plus incontrôlable que son ancienne belle-mère ne l'était avant, même dans ses pires moments.
Dont l'obsession première n'était que de tuer une femme qui dans ce monde était innocente, tout comme la vraie Regina l'était autrefois avant que les Ténèbres ne la submergent complètement, tandis que la douce Blanche-Neige n'était maintenant plus qu'une folle qui ne trouvait la joie que dans le massacre d'innocents.
C'était presque drôle la manière dont les choses pouvaient sembler changer de nature dès lors que la magie s'en mêlait...
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La Sauveuse...
Cette femme blonde inconnue se faisait appeler ainsi, et la reine Blanche-Neige avait uniquement envie d'en rire.
Les Sauveurs n'existaient pas, plus que les fins heureuses.
Blanche-Neige le savait désormais.
Et personne ne viendrait chercher cette soit-disant Sauveuse et la sauver de la tour dans laquelle elle était enfermée.
Après tout, personne n'était venue la sauver lorsque James était mort, non ?
Cette femme n'était rien d'autre qu'une folle, raisonna-t-elle.
Elle ignorait encore que d'elles deux, celle qui était le plus à la lisière de la folie (voire qui y avait déjà sombré), c'était elle.
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Emma Swan était loin d'être la seule personne à avoir été enfermée par la reine, on ne comptait plus le nombre de fées et autres habitants du royaume à s'être retrouvés en prison (et à y être encore) simplement parce que cela plaisait à la souveraine, et il ne se passait pas un seul jour sans que la sorcière n'entende les plaintes ou les hurlements de douleurs désespérés des autres prisonniers.
À croire que la reine tenait à bien lui faire comprendre qu'elle n'était définitivement pas une bonne personne.
Merci bien, elle avait déjà compris depuis le temps...
Torture, meurtre et autre joyeuses cruautés étaient le lot quotidien des autres pauvres prisonniers aux alentours, et Emma commençait à avoir une vague idée d'à quoi ressemblait la Forêt Enchantée à l'époque où Regina y était encore la Méchante Reine.
Puis Blanche-Neige l'avait transférée dans la tour, et elle ne les avait plus entendus, mais ça n'avait en aucun cas permis à Emma de les oublier.
Sa mère n'était plus sa mère, et ça lui brisait le cœur.
Blanche-Neige, quant à elle, était confiante quant à l'avenir qui s'offrait à elle, cette usurpatrice de Sauveuse était en prison, hors d'état de nuire, et d'ici peu, Regina serait à elle, à sa merci, elle pourrait enfin la tuer et ainsi accomplir sa vengeance.
Et elle serait enfin heureuse.
§§§§
Emma pensait qu'elle était en train de perdre la raison.
Blanche-Neige, elle, l'avait perdue depuis bien longtemps.
Ce n'était pas pour rien si, en plus d'être surnommée la méchante reine, elle était aussi appelée la reine folle par bon nombre de ses sujets (mais toujours derrière son dos, ils n'étaient pas suicidaires non plus...).
Qu'arriverait-il donc à son esprit une fois qu'elle aurait retrouvé la mémoire ?
Encore fallait-il, songeait Emma, qu'elle se souvienne un jour.
(Plus son séjour dans la tour s'éternisait, plus elle avait du mal à se dire que cette femme, c'était sa mère.
Emma Swan, seule et enfermée dans sa tour solitaire et froide, si froide, fermait alors les yeux et tentait d'oublier où elle était vraiment et de prétendre qu'elle était toujours à Storybrooke, avec sa famille.
Sa vraie famille, pas cette bande de pantins sans émotions, sans âme et au rire cruel et froid que ses parents avaient fini par devenir.)
Parfois, la reine venait la voir, et Emma avait envie de lui demander pourquoi.
Pourquoi ne pouvait-elle pas se souvenir ?
Blanche voyait la tristesse dans ses yeux, et elle en riait, follement amusée.
(Plus tard, oh, plus tard, bien plus tard, elle en pleurerait.
Et elle hurlerait, elle aussi.)
§§§§
Lorsqu'elle avait appris l'évasion de la Sauveuse, la reine était entrée dans une colère noire.
Et ce qu'Emma ne savait pas, et ne saurait pas avant longtemps, c'est que quelqu'un d'autre qu'elle en avait pâti dans cette histoire, peu après sa fuite loin de la tour.
Celle-là même qui n'avait pas réussi à l'arrêter.
Lily.
La dragonne, son amie d'autrefois, celle qui avait été séparée de Maléfique à cause de Blanche-Neige et de David... était morte.
Elle s'était faite arracher le cœur par la reine folle.
À croire que l'histoire était condamnée à se répéter sans cesse...
Le regard froid, le visage vide de toute expression, elle s'était rendue jusqu'à la tour quand on lui avait annoncé ce qu'il s'était passé et elle avait regardé la soldate-dragonne droit dans les yeux.
« Ainsi donc, avait-elle sifflé d'un ton beaucoup trop calme pour ne pas être terrifiant, vous l'avez laissée filer.
Lily tremblait.
La dragonne, la soldate sans peur et sans reproche, la sorcière puissante était en train de trembler de peur.
Ça en disait long sur le degré de terreur que la reine pouvait inspirer.
- Votre majesté... avait-elle commencé.
La reine avait fait un geste de la main pour l'inciter à se taire, sans même avoir besoin d'utiliser sa magie pour ce faire, et la femme s'était immédiatement tue.
- Je ne veux rien entendre ! Vous étiez sa gardienne, vous étiez supposée l'empêcher de sortir, de s'évader, il s'agit de la prisonnière la plus dangereuse de toute la Forêt Enchantée ! Et aujourd'hui, qu'est-ce que j'entends ? Que vous l'avez laissée partir !
- Ma reine, elle... elle n'était pas seule.
- Et alors ? Que m'importe qui l'accompagnait quand elle s'est échappée, ou même qui lui a permis de s'évader ? Ce qui compte, c'est qu'elle s'est enfuie ! Et que c'est de votre faute.
- Je le sais votre grâce... Ils... ils m'ont attaquée, ils m'ont prise par surprise, je n'ai rien pu faire. C'est... c'est une erreur de ma part, et je m'en excuse, je vous supplie de me pardonner.
Blanche-Neige la regarda attentivement, puis se mit à sourire poliment, avant que ce dernier ne se transforme finalement en rictus amusé et cruel.
- Ne t'en fait pas Lily... je ferai en sorte que tu ne commettes plus jamais cette... regrettable erreur, fit-elle en laissant son sourire mauvais et malsain s'épanouir totalement sur son visage. Sa main droite se faufila alors jusqu'à la poitrine de son interlocutrice et s'enfonça directement dedans, sans perdre une seule seconde. »
La jeune femme se figea, puis son souffle se coupa, alors qu'elle sentait les doigts de sa reine trifouiller dans sa cage thoracique, la main posée sur son cœur, prête à l'arracher.
Une seconde plus tard, c'était fait, et le cœur rouge vif et battant à tout rompre de la garde se trouvait dans la main de la terrible reine.
Encore une seconde, et c'était fini, la main de Blanche-Neige s'était refermée sur son cœur, et l'avait écrasé sans la moindre pitié.
Et il n'en restait plus que des cendres désormais.
Lily s'écroula sur le sol, morte.
C'était Blanche et son époux qui l'avaient autrefois cruellement arrachée à sa mère.
Que ce soit elle qui la tue en ce jour fatidique n'était en un sens qu'une suite logique et cruelle des choses, une bonne façon de mettre fin à cette histoire, avec un sens de l'ironie et de la tragédie comme l'aurait très certainement apprécié Isaac.
La reine regarda le cadavre de la dragonne et ne ressentit rien.
À croire qu'elle-même s'était arraché son propre cœur...
Ça aurait peut-être mieux valu.
Elle s'était tournée vers les autres soldats, pétrifiés par la terreur et l'horreur.
« Allez ! Leur avait-elle ordonné avec autorité. Brûlez-moi ça ! »
§§§§
David avait tué le pirate.
Rumplestiltskin avait tué Regina (et peut-être que si elle avait eu toute sa raison et son bon sens, elle se serait sûrement demandé ce qui avait bien pu pousser le Lumineux à tuer sans aucune raison valable une femme innocente), et si, quelque chose dans son esprit avait quelque peu vacillé en voyant son corps sans vie, l'impression s'était rapidement évanouie.
Une bouffée de joie malsaine et d'excitation mauvaise s'était alors saisie d'elle, et sans attendre, sans même demander son consentement à Charmant (mais pourquoi diable se serait-elle embêtée à le faire ? Après tout, elle avait son cœur, même s'il ne le lui avait pas donné de son plein gré. Pas cette fois ci...), elle l'avait embrassé avec la passion dont tout son cœur mort était encore capable.
Il avait répondu au baiser, n'ayant guère d'autres choix, et, quand elle avait commencé à le déshabiller et à se déshabiller elle-même pour pouvoir le baiser sur le sol même à seulement quelques mètres du cadavre de son ennemie honnie, elle avait oublié tout le reste.
Elle avait oublié la femme au cœur brisé qu'elle appelait autrefois sa fille.
Elle avait oublié la dragonne qu'elle avait froidement assassiné.
Elle avait oublié le pirate.
Elle avait même déjà oublié la femme morte étendue non loin d'eux...
Elle avait tout oublié, et plus important, elle avait oublié qui elle était, elle s'était perdue elle-même.
Même si, quand elle avait atteint l'orgasme, elle avait eu le sentiment que quelque chose était étrange (pas en rapport avec son prince sans cœur, cela faisait longtemps qu'elle n'éprouvait plus de remords quant à son sort, en fait, elle n'en avait jamais éprouvés tout court si elle était honnête avec elle-même...), et n'était pas normal.
Le sexe avec Charmant (dire faire l'amour n'aurait pas eu grand sens pour elle vu qu'elle n'y croyait de toute façon plus) était toujours très satisfaisant et plaisant, mais cette fois-ci...
Les choses étaient différentes.
Comme si... quelque chose sonnait faux dans son tout nouveau bonheur.
Alors qu'elle les téléportait tout deux dans son château, directement dans sa chambre, elle prit la décision de ne tout simplement plus y penser.
Elle croyait encore que c'était parce que la Sauveuse était toujours libre.
Naïve n'était pas vraiment le mot qu'on pouvait utiliser pour qualifier la méchante reine, mais ironiquement, il était actuellement plutôt adéquat.
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Elle n'avait pas pu lui arracher le cœur...
Pourquoi ?
Pourquoi n'y était-elle pas parvenu ?
Elle était.. elle était Blanche-Neige bon sang !
Elle était la reine de la Forêt Enchantée, la méchante reine – la reine folle – et la souveraine crainte par tous ceux qui vivaient dans ce monde, elle était une sorcière, une meurtrière, elle avait tué des centaines de gens, en avait torturés encore plus !
Et pourtant... elle n'avait pas réussi à arracher son cœur !
Elle avait planté sa main dans la poitrine de cette femme, avait essayé de le lui prendre, avait tiré sans succès, avant de regarder Emma avec un air abasourdi, choqué, estomaqué.
Qu'est-ce que...
Comment ?
Emma s'était mis alors à sourire tristement.
« Tu as tort maman... L'amour n'est pas une faiblesse. C'est une force. »
Qu'est-ce que c'était que ça ?
Voilà une autre question dont on pourra s'occuper quand on sera rentrées à la maison.
Elle avait cligné des yeux, et la vision s'était effacée.
Puis une vague de magie avait traversé Emma pour se diriger vers elle, et elle s'était retrouvée sur le sol, à plusieurs mètres de la jeune femme.
Avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, la Sauveuse s'était déjà évaporée dans l'air.
Un doute atroce s'était saisi de la reine.
Et si celle-ci avait eu raison ?
Et si... et si elle était vraiment sa fille ?
Non, ce n'était pas possible...
Ce n'était pas vrai !
Emma Swan n'était qu'une horrible menteuse.
Elle l'aurait su si ça n'avait pas été le cas...
Après cela, quelque chose avait changé dans son ennemie.
Regarder Emma Swan en face maintenant, c'était comme regarder droit dans un miroir.
Elle y voyait la même folie que celle qui se reflétait dans ses propres yeux.
§§§§
Maintenant, quand elle regardait ses mains, Blanche-Neige ne voyait que du sang.
Le sang de ceux qu'elle appelait autrefois ses ennemis.
Elle y voyait des cendres aussi, elle ne voyait que cela, elle voyait tout les cœurs qu'elle avait arrachés – à commencer par celui de Charmant, de son propre mari, du père de sa fille – serrés dans ses mains, puis écrasés, brisés en mille morceaux jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.
Elle y voyait la mort.
Elle y voyait les traces de tout ce qu'elle avait fait, de toutes les atrocités qu'elle avait pu commettre, ce qu'elle avait fait subir à Emma, à Lily, sans compter toutes les autres horreurs commises en son nom ou par sa faute, Killian transpercé par la lame de David, Regina assassinée par Rumplestiltskin parce qu'elle luttait contre la reine et indirectement contre ce monde qui n'aurait jamais dû être créé.
Tout cela... tout ça, c'était la faute de la reine folle.
Mais... mais la reine folle, ce n'était pas elle, n'est-ce pas ?
Ça n'avait jamais été elle.
Tout comme David n'avait jamais été le prince sans cœur.
Et pourtant...
C'était bien arrivé.
C'était elle qui avait les mains sales.
Elle n'était pas responsable, mais elle ne pouvait s'empêcher malgré tout de penser que c'était de sa faute.
Et elle n'était pas sure de pouvoir réussir un jour à se débarrasser de cette impression que la noirceur qui était autrefois dans la reine folle ne l'avait pas contaminée elle aussi.