Recroquevillé dans un coin de la pièce, je laisse l'obscurité m'envelopper. Mon dos est collé à un mur de béton froid alors que mon esprit vagabonde à travers le silence de la pièce. Les seuls bruits qui se font entendre proviennent de mon estomac qui crie famine. Tant bien que mal, j'essaie de ne pas me laisser guider par la faim qui me m'envahie. Je lutte contre le sommeil pour ne pas sombrer par peur qu'il m'arrive quelque chose durant mon sommeil et que je ne puisse anticiper une défense.
J'ignore depuis combien de temps je suis dans cette pièce. Entre la faim et le sommeil, j'ai rapidement perdu le fil.
Mon regard est fixé sur un halo de lumière qui passe sous la porte, traversant la pièce pour venir s'écraser sur le mur qui se trouve en face de cette dernière.
Des bruits lourds et réguliers de pas se font entendre dans le couloir avant que ces bruits soient remplacés par le bruit d'une clef qui tourne dans la serrure. Le rouage de la porte se met à grincer avant que celle-ci ne s'ouvre subitement et ne vienne s'écraser sur le mur adjacent. Avant que je n'ai eu le temps de me remettre sur mes jambes, la lumière de la pièce se met à rayonner, m'aveuglant par la même occasion. Clignant plusieurs fois des yeux, mes rétines tentent de s'habituer à ce nouvel environnement après avoir passé plusieurs heures dans le noir.
Les bruits de pas se rapprochent. Rapidement, de puissantes mains m'enveloppent les bras, tirant dessus pour m'obliger à me lever. Leurs emprises sont si serrée qu'une douleur saillante commence à s'emparer de mes membres et ma peau se colore peu à peu d'une couleur rouge. Mes rétines s'étant habitué à la luminosité de la pièce, je peux enfin ouvrir les yeux pour voir qui m'entoure. Tournant la tête, mon regard rencontre celui de l'homme au crâne tatoué tandis que de l'autre côté, un homme aux cheveux blonds et aux épaules puissantes me maintient en place alors que j'essaie de me dégager de leur emprise. Voyant qu'ils ne lâchent pas prise, j'expire à bout de souffle.
Un raclement de gorge me fat brusquement relever la tête. Les bras croisés et serrés contre son buste, Ash me détaille de bas en haut avant de venir fixer son regard sur mon visage. Son regard est si sombre que j'ai l'impression qu'il traverse chaque pore de ma peau pour venir installer une peur atroce en moi.
Laissant ses bras retomber le long de son corps, il tourne les talons et s'engage dans le couloir. Les deux hommes ne perdent pas de temps et lui emboite le pas. Leurs forces sonttelle que mes pieds ne touchent même pas le sol. Capitulant, je les laisse me trainer. Qu'est-ce que je peux faire contre deux colosses de leur envergure de toute façon? Je ne vais pas aller loin avec mes bras aussi fins que des brindilles.
Mon regard vagabonde à travers le couloir. De massives portes en béton longent les murs tandis que de puissants spots illuminent les lieux. Mes yeux se reposent sur Ash. Dos à nous, il porte un tee-shirt noir qui laisse apparaître l'encre noire sur ses bras. Les muscles de son dos se contactent et se décontractent, mouvants au rythme de ses pas.
Sans prévenir, Ash s'arrête au milieu du couloir. Les hommes qui me maintiennent l'imitent sans poser de questions. Venant volt face, il me fait face et parcourt les quelques mètres qui nous séparent. Penchant la tête sur le côté, sa pulpe de son pouce vient caresser ma joue. Je tressaillis à ce toucher, sa peau est si froide sur la mienne. Le rouge que je sens me monter aux joues ne doit pas passer inaperçu voir le sourire narquois qui vient se loger aux coins de ses lèvres.
Sa langue vient lentement passer ses lèvres alors qu'il ne me quitte pas des yeux.
— Quel dommage de devoir cacher un aussi beau visage.
Lorsque ses mots me parviennent aux oreilles, il est déjà trop tard. Son doigt a quitté ma peau et l'image de son visage à céder place à l'obscurité. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, un tissu foncé me recouvre le crâne. Rassemblant toutes mes forces, je tente de me débattre et de hurler dans l'espoir que quiconque pourrait me venir en aide. Mais rien. Il ne se passe rien. Si ce n'est que des doigts viennent m'encercler la mâchoire. Les doigts s'enfoncent dans ma peau, m'obligeant à me calmer. Le souffle court, je tente de garder mon calme. Mon souffle chaud ricoche sur le tissu pour revenir s'abattre sur mon visage. L'adrénaline laisse place à la peur et à la chaleur qui se disperse à travers mon corps.
— Reste tranquille. Je te le dirais pas deux fois.
La voix rauque et autoritaire de Ash est rempli de menace inavouée, me dissuadant de continuer à me débattre. Ses doigts lâchent prise, libérant ma mâchoire que je m'empresse d'ouvrir et de refermer pour dissoudre la sensation de ses doigts dans ma peau au plus vite.
Silencieusement, je les laisse me guider.
Être privé d'un sens bouleverse les autres. Cette phrase n'a jamais eu autant de sens qu'en cet instant. Privé de la vue, mes autres sens sont aux aguets. Je n'ai jamais eu l'ouïe aussi développée. À mesure que nous progressons dans notre parcours, je tente de reconnaître tous les sons que je peux entendre. Dans un coin de ma tête, je tente de les enregistrer en me disant encore une fois qu'ils pourraient s'avérer utiles.
Entre marche et voiture, je n'ai rien discerné d'intéressant à part quelques éclats de voix lointains et le bruit du moteur. Lorsque nous sommes arrivés à destination, les hommes quittent l'habitacle de la voiture sans oublier de me trainer par le bras au passage. J'ai vraiment l'impression d'être un pantin qu'on trimballe de droite à gauche.
Nos bruits de pas qui claquaient contre le béton résonnent, désormais, sur une surface lisse. Prenant en compte ce détail, en plus du fait que le vent qui chatouillait mes jambes a disparu, j'en conclus que nous sommes entré à l'intérieur.
Stoppé, mon dos atterri brusquement contre une surface rugueuse. Deux lourdes mains m'obligent à me glisser le long de ce dernier jusqu'à ce que mon fessier rencontre le sol. Sans protester, je tourne la tête d'un côté à l'autre comme si le tissu qui m'empêche de voir allait subitement disparaitre.
Des doigts attrapent mon poignet pour le redresser. Un anneau métallique vient entourer mon poignet. Un bruit de rouage se fait entendre avant que l'anneau ne se referme sur mon poignet et qu'un second bruit, semblable au premier, ne retendît de nouveau. Les doigts lâchent mon poignet. Instinctivement, je tente de tirer sur ce dernier mais une force le retiens. Et merde. Plus je tire dessus pour essayer de me libérer, plus je sens le métal m'irriter la peau.
Après ce qui me semble être une éternité, je laisse mon dos buter contre la surface qui se trouve derrière moi. À bout de forces, je suis presque en train de me laisser tomber à mon propre sort quand subitement, le tissu glisse le long de ma peau. Mes yeux s'écarquillent lorsque le tissu atterrit sur le sol en face de moi.
Libre de ma vue, je laisse mon regard se balader sur ce qui m'entoure. À ma grande surprise, je suis dans une pièce lumineuse, bordée de grandes portes-fenêtres qui mènent à ce qui semblent être une terrasse. Le sol est en béton ciré tandis que les murs sont tous d'un blanc immaculé. Des meubles sobres et modernes décorent la pièce. Fronçant les sourcils, je tente de me lever mais une douleur au poignet me ramène à la réalité. Posant mon regard sur ce dernier, je déglutis en voyant que je suis menotté. Attaché à un radiateur, je suis incapable de quitter ma place. Un grognement m'échappe alors que je tente une nouvelle fois de tirer sur les menottes. Un rire me sort brusquement de ma tentative. Sursautant mon regard cherche d'où il provient. Parcourant la pièce, mes yeux se posent sur le corps d'Ash qui est accoudé avec nonchalancecontre l'une des portes-fenêtres.
Plissant des yeux, il s'approche de moi. Saisissant une chaise en chemin, il vient la poser à un mètre de moi avant de venir s'y installer. Je m'attends à ce qu'il dise quelque chose mais il n'en fait rien. À la place, il prend le temps de glisser une énième cigarette entre ses lèvres et d'en bruler le bout en aspirant une bouffée de fumer tout en me regardant.
— Qu'est-ce que je fais là? finis-je par oser demander.
Appuyant son dos contre le dossier de sa chaise, il continue de fumer en silence. Cette scène me laisse un goût de déjà vu amer sur la langue.
Nos regards ne se quittent pas. Lui comme moi ne voulant pas baisser le regard. Malgré la peur qui me tiraille, je ne veux rien laisser paraître.
Le silence retombe sur la pièce avant que sa voix vienne briser le silence :
— J'ai perdu un paquet de fric à cause de toi.
La scène de la veille défile devant mes yeux et je sens la chair de poule venir perlée ma peau à ce souvenir.
— Je...
— Laisse-moi parler, me coupe-t-il d'une voix sûre de lui.
À contre coeur, je le laisse poursuivre.
Penché en avant, il pose ses avant-bras sur ses cuisses en m'observant tout en portant sa cigarette à ses lèvres de temps en temps.
— Par contre, mes hommes sont venus me dire que tu savais te battre.
Riant, il se laisse de nouveau retomber contre le dossier de sa chaise.
— Apparemment, le coup que tu lui as donné en pleine gueule était mémorable, poursuit-il.
Mémorable? Mais il se fout de moi là? J'ai juste failli me faire violer devant une salle remplie sans que personne ne vienne à mon aide mais mise à part ça, c'était super mémorable !
Serrant la mâchoire pour me retenir de ne pas lui hurler dessus, je finis par lui demander :
— Je vois pas où vous voulez en venir.
De la fumée s'échappe lentement d'entre ses lèvres pulpeuses alors qu'un sourire qui me glace le sang s'installe sur ses lèvres. Le mégot de sa cigarette vient s'écraser sur le sol alors que le corps d'Ash se penche de nouveau en avant. Ses iris d'un noir profond rencontrent les miens.
— Princesse, tu me dois de l'argent. D'une manière ou d'une autre, tu vas me rembourser et j'ai une petite idée de comment. À toi de me montrer de quoi tu es capable.
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Après une longue pause, c'est vraiment compliquer de reprendre cette histoire haha.
J'espère que le chapitre vous aura plu tout de même.
J'attends vos avis.
On se retrouve vite. ❤️
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