Les Royaumes d'Eredjan 1 - La...

Door marinecrivain

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Saillans et Elenith, Nord et Sud de l'Île d'Eredjan, deux royaumes qui s'affontrent depuis cinq siècles, deux... Meer

Avant tout
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Partie 34
Partie 35
Partie 36

Partie 25

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Door marinecrivain

Désone reprit la route de Londemare deux jours plus tard, avec un très mauvais pressentiment. Eliam lui avait laissé une étrange impression. Désone le connaissait suffisamment pour remarquer que son habituelle nonchalance était feinte, surtout en présence de Garance d'Elenith. Quand le Prince et sa captive étaient dans la même pièce, ils semblaient se déplacer l'un par rapport à l'autre comme si une alchimie s'installait. Le regard d'Eliam s'attardait trop longuement sur la silhouette de la Princesse. Il n'avait pas osé parler à son ami, mais il repartait en mer avec de lourds soupçons.

Estran attendait avec morosité le printemps et le retour de l'armée tandis que le dégel s'amorçait. Chaque famille espérait revoir un père, un frère ou un fils, mais sans aucune certitude. La guerre, tout comme l'hiver, n'en finissait plus.

Eliam dont la patience n'avait jamais été le fort, arpentait Estran jour après jour, tel un lion en cage. Le fait de savoir que la guerre avait une chance de prendre fin ajoutait encore à sa fébrilité. Galahaad parviendrait-il à faire plier son père et Cyrius ? Trouveraient-ils un accord ? Combien des braves guerriers de Saillans rentreraient sains et saufs ? Le Roi accepterait-il que Garance devienne sa femme, ou devrait-il l'affronter à nouveau ? Garance, quant à elle, l'inquiétait énormément. Elle semblait ne pas se remettre de la mort de son père, elle s'enferrait sous un monceau de culpabilité, restait des journées entières prostrée dans sa chambre. Chaque nuit, il la retrouvait et chaque nuit elle lui demandait de lui faire l'amour. Même s'il lui était de plus en plus difficile de lui résister, il ne parvenait pas à se résoudre à lui céder, car il y avait dans sa supplique un désespoir immense qui le terrorisait. Chaque baiser passionné qu'elle lui donnait ou lui rendait était empli de tristesse, comme s'il était le dernier.

L'après-midi touchait à sa fin quand il descendit de cheval dans la cour du château. Il vit la silhouette de Garance disparaître dans le bois. Il remit les rênes de sa monture à l'écuyer et suivit la jeune femme. Une fine couche de neige recouvrait la verdure, il n'eut aucun mal à suivre ses pas. Il savait pertinemment qu'elle n'était pas chaussée pour affronter ce froid. Il accéléra l'allure le long de la pente jusqu'à parvenir à l'étang qui marquait la fin du bois et jouxtait l'enceinte du château. Le crépuscule et l'acoustique hivernale donnait à cet écrin de verdure, l'impression d'être hors du temps, tant il dénotait avec l'architecture massive et grise d'Estran et son activité constante.

Eliam trouva la jeune femme blottie contre arbre, le regard perdu sur l'étendue gelée. Eliam s'approcha d'elle, sans qu'elle ne l'entende. Il avait la capacité, malgré sa carrure et sa musculature impressionnante de se mouvoir avec souplesse et discrétion.

 C'était ici que je venais me cacher quand j'étais enfant.

Garance eut un sursaut de surprise, puis se retourna et lui sourit.

 Je ne t'avais pas entendu, lui répondit-elle alors qu'il s'approcha pour lui voler un baiser.

Leurs lèvres se scellèrent avec une passion dévastatrice, ils leur suffisaient de se trouver à quelques centimètres pour que l'air ambiant se charge d'électricité. Le parfum de sa peau, la douceur de ses lèvres, suffirent à enflammer Eliam. Il saisit la taille de la jeune femme et la pressa contre lui. Son corps souple et chaud lui rappela immédiatement la nuit précédente, et le désir qu'il muselait depuis des semaines se déversa dans les veines. Son sang se mit à bouillir et il perdit toute notion de lieu ou de temps. Garance répondait à chacun de ses baisers, à chacune de ses caresses par des gémissements.

 E...liam, haleta-t-elle contre ses lèvres.

 ...

 Eliam...quelqu'un pourrait...nous voir.

Le jeune homme répondit par un grognement sans même ouvrir les yeux et s'empara de nouveau des lèvres de la jeune femme. Garance tenta de le repousser, car si elle n'agissait pas tout de suite, elle savait qu'elle ne parviendrait plus à l'arrêter. Peut-être serait-ce elle qui ne pourrait plus interrompre l'embrasement de ses sens. Elle posa ses deux mains sur le torse viril d'Eliam et le repoussa fermement. C'est en quittant la chaleur du corps de la jeune femme, que le prince reprit enfin ses esprits. Ses yeux brillaient d'une lueur intense, d'un désir qui le poussait aux limites de la folie. Garance comprit alors à quel point il avait du se maîtriser toutes ces nuits où elle lui demandait quelque chose qu'il rêvait de prendre. Ce désir brutal, extrême attirait la jeune femme comme un papillon fasciné par la flamme d'une bougie tout autant qu'il l'apeurait.

 Pardonnes-moi, j'ai perdu la tête, lui glissa-t-il à l'oreille alors qu'il la tenait de nouveau contre lui.

Il serrait les dents à les briser, tant il voulait la prendre autrement que si chastement.

 Je ne souhaite que cela, mais pas ici, alors que n'importe qui pourrait nous surprendre.

 Je sais, répondit-il d'une voix rendue rauque par le désir.

Eliam se détacha de la jeune femme et figea son regard fiévreux dans ses prunelles troublées.

 Je t'aime, Eliam, je suis tienne quelque soient les desseins de notre destin.

 Oui... Tu es mienne, comme je t'appartiens, la fatalité en laquelle tu sembles croire ne m'empêchera pas de t'épouser.

Garance se blottit contre son immense torse. Elle voulait tellement être aussi confiante qu'Eliam. Rien ne semblait pouvoir aller contre sa volonté et sa détermination. Il était tellement immense, il dégageait une telle force, un tel charisme. Elle se sentait si paisible au creux de ses bras. Pourtant, une angoisse indéfinissable ne quittait plus son coeur et rongeait son âme.

Un bruit de cor parvint aux oreilles de la jeune femme au travers de ses sombres pensées. Le son retentit à nouveau. Eliam tressaillit, se raidit et se détacha de la jeune femme, gardant ses mains le long de ses bras couverts de fourrure.

 Nom de Dieu ! s'exclama-t-il ses yeux figés dans ceux de Garance.

Il saisit la paume de la Princesse et fit volte-face en l'entraînant à sa suite. Ils remontèrent le bois au pas de course, la jeune femme luttant pour garder le rythme. Quand ils parvinrent à la limite du couvert des arbres. Eliam se retourna de nouveau, il eut un sourire en voyant les joues de Garance rosies par l'effort et déposa un baiser sur ses lèvres.

 Rentres-vite au château.

 Que se passe-t-il Eliam ?

 Notre destin est en route, lui répondit-il dans un sourire radieux et mystérieux.

Il s'élança en courant dans la cour du château jusqu'à la porte d'enceinte. Puis il s'engouffra dans les rues d'Estran. Au fur et mesure qu'il descendait, la foule s'amassait. Il fut obligé de ralentir sa course, même si l'on s'écartait en apercevant le Prince cadet de Saillans courir comme un dératé. Quand il parvint au dernier étage de la ville avant le pont-levis et l'entrée de la cité, les rues étaient bondées. Une foule en liesse déferlait vers l'entrée d'Estran. Eliam sauta d'un bond sur le muret. La vue s'étendait jusqu'à l'horizon. Le coeur du jeune Prince se mit à battre bien plus vite quand il vit les troupes de Saillans s'y déployant à l'infini.

Les bannières aux couleurs émeraude et or du royaume claquaient au-dessus des milliers d'hommes qui retrouvaient enfin leur foyer. Toujours perché sur le muret, Eliam tentait d'apercevoir son père et son frère dans la marée de cavaliers. Il lui fallut plusieurs minutes avant d'apercevoir l'étendard royal, puis de distinguer la silhouette massive de son père. Les mois de guerre ne semblaient pas l'avoir affaibli. Il dégageait toujours cette autorité naturelle qui avait si longtemps intimidé Eliam. Les prunelles agate de son regard toisaient la foule avec bienveillance. Cependant, outre le bonheur manifeste d'être rentré au pays, le Prince vit immédiatement que son père tentait de masquer une profonde amertume. Eliam avait trop souvent vu cette expression sur le visage du Roi lors de leurs nombreuses disputes. C'est ce moment que choisit Acôme de Saillans pour lever les yeux vers les remparts de sa cité et croiser le regard si semblable au sien de son cadet. Le père et le fils eurent un hochement de tête simultané. Ils se jaugèrent un instant. Ces deux êtres qui semblaient s'opposer sur tout ou presque, avaient pourtant tant en commun qu'avec ce seul regard Eliam comprit que quelque chose n'allait pas.

Le Prince fit volte-face en sautant du muret. Puis fendit la foule au pas de course. Mais il devait bousculer une véritable marée humaine pour parvenir à avancer. Après de longues minutes, il atteignit enfin la place d'Estran. Seule la cavalerie était entrée dans la cité, les fantassins passaient seulement le pont-levis. Les larmes et les cris de joie de la foule retentissaient contre les murailles. Plusieurs guerriers étaient descendus de cheval et serraient dans leurs bras des femmes, des enfants, les leurs ou peut-être des inconnus. Un bonheur immense se lisait sur les visages harassés et hirsutes de ces hommes. Le bonheur de pouvoir fouler leur terre, alors que les dépouilles de leurs camarades pourriraient à jamais en pays ennemi. Le chant mélancolique d'une cornemuse retentit couvrant un instant le vacarme et figeant le peuple de Saillans. Une immense vague de tristesse et de fierté sembla déferler sur la ville. La voix grave du roi retentit :

 A la gloire de chacun des grands guerriers de Saillans, ils sont tous rentrés sur notre terre bien-aimée dans nos cœurs lourds de chagrin.

Chaque visage que croisa Eliam ruisselait de larmes. La plupart des femmes, enfants, père ou mère qui se tenaient à ses côtés ne savaient pas encore si leurs parents étaient sains et saufs. L'agitation avait repris, Eliam avait pu repérer l'oriflamme royale. Après de longues minutes, il atteignit enfin la tête de la cavalerie. Deux guerriers à pied qui flanquaient le Roi eurent un geste d'arrêt, avant de reconnaître le Prince cadet. Dans la bousculade, Eliam fut projeté contre le cheval d'Acôme de Saillans. Quand le jeune homme releva la tête, il croisa la large paume de la main de son père puis son regard empli de bienveillance. Une sensation étrange traversa le Prince quand il réalisa que le Roi semblait réellement content de le voir.

 Fils.

 Père, répondit le jeune homme en saisissant la main qu'il lui tendait.

Ils restèrent un instant figés, sans mot dire, gênés, heureux ?

 Où est Gal ? demanda Eliam brusquement en réalisant qu'il n'avait toujours pas aperçu son frère aîné.

Il vit les prunelles agate de son père se voiler. Une sueur froide lui parcourut l'échine, tandis qu'il suivait le geste et tendait son immense silhouette pour voir ce que le roi lui montrait. Une bannière bougea et il vit Galahaad. Le Prince tenait à peine sur sa monture. La tête effondrée sur son torse, Eliam ne distinguait que sa chevelure blonde, trempée de sueur, et la main tremblante qui tentait de se retenir au garrot du cheval.

 Nom de Dieu, Gal ! s'exclama-t-il en s'élançant vers son frère. Mais il fut brutalement retenu par la main de son père.

Il se retourna vers Acôme de Saillans, furieux. Le pire semblait s'être produit, si son entêté de père ne l'avait pas renvoyé à Estran, il aurait pu protéger son héritier. Le regard du Roi l'arrêta net. Il y avait une telle souffrance sur le visage de l'homme, qu'il semblait avoir vieilli de dix ans en quelques secondes.

 Emmène-le jusqu'au château...vite Eliam, dit-il dans un souffle.

Eliam fut stupéfait, pour la première fois de son existence ce n'était pas un ordre mais une supplique que lui adressait le Roi de Saillans. Mais il avait déjà bondi sur la monture de son frère, il le plaqua contre lui pour lui donner une certaine stabilité et s'empara des rênes. Galahaad eut un sursaut, puis reconnut la poigne puissante de son frère.

 Content de te voir Liam, murmura-t-il.

 Je n'en dirais pas autant. Répondit le jeune Prince en se forçant à sourire. Je vais te sortir de là, prends appui sur moi.

Puis Eliam hurla :

 Faites place !

Il éperonna sa monture et l'élança, la foule s'écartant sur son passage. Il gravit la cité aussi vite que possible. Une main enserrant les côtes de son frère pour le maintenir en selle. Ses talons enfoncés dans les flans du cheval. Il franchit les portes de l'enceinte du château au galop. Il ne s'arrêta que devant l'immense porte de la bâtisse. Eliam sauta immédiatement de cheval. A peine eut-il mis un pied à terre que Galahaad glissait de la monture, inconscient. Le jeune prince retint son frère et le hissa sur son épaule. Un écuyer avait déjà saisi les rênes. Eliam parvint jusqu'au pallier et enfonça brutalement la porte sous le regard stupéfait des servantes. Il se figea un instant.

 Trouvez-moi le panseur au plus vite et faites monter de l'eau et des linges propres, s'écria-t-il avant de s'engouffrer dans l'escalier avec son lourd colis.

Galahaad pesait de tout son poids sur son épaule, mais cela de l'empêchait pas de parvenir à l'étage en quelques secondes. Il entra dans la chambre du Prince, se guida malgré l'obscurité jusqu'à l'immense lit aux lourdes boiseries de sapin. Eliam y déposa Galahaad avec le plus de délicatesse possible, mais il l'entendit tout de même gémir de douleur. Il se précipita vers les deux hautes fenêtres et écarta les lourdes tentures de velours vert, faisant ainsi entrer un peu de lumière. Puis il se hâta d'allumer un feu dans la cheminée, avant de revenir au chevet de son frère. Il tressaillit. Le visage de Galahaad avait pris une teinte cendre, son front luisait de sueur, tous son corps frissonnait violemment. Il le redressa pour lui ôter son manteau de fourrure humide et crasseux puis le rallongea et le couvrit de sa propre pelisse. Alors il se précipita sur le palier de l'étage.

 Nom de Dieu ! Ça vient cette eau ! s'écria-t-il.

Il entra à nouveau dans la chambre de Galahaad tandis que son hurlement résonnait dans tout le château et referma la porte pour garder la chaleur qui commençait à se diffuser dans la pièce. Il revint auprès de son frère. Celui-ci avait repris connaissance, mais son regard hagard et vitreux terrorisa Eliam. Comment avait-il pu l'abandonner sur le champ de bataille ? Il aurait du insister, contrer son père, s'opposer à ses ordres et veiller sur Galahaad. Il était ce qu'il pouvait arriver de mieux pour Saillans. Il était son absolu contraire. Il était le bien, le bon dont lui-même était dénué.

 Liam, me regarde pas comme ça...j'ai l'impression d'être déjà mort, dit Galahaad dans un sourire forcé.

Eliam prit la main brûlante de son frère.

 Ne me fais pas ce coup-là, Gal.

 Non, pas avant que je ne t'ai annoncé la nouvelle, dit-il avant de sombrer de nouveau dans l'inconscience.

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