PDV Matia :
Cassie m'observe le regard plein de questions comme si j'avais toutes les réponses à lui offrir.
C'est à elle de décider ce qu'elle doit dire aux autres. Oui on parlait d'espoir mais cet espoir est-il réel ?
Tout à coup mon idée de plan me parrait bien absurde. J'en rougirais presque de honte si je n'étais pas persuadé que c'est la seule option qui s'offre à nous !
Cassie fini par inspirer longuement, semblant chercher ses mots avec soin.
- Nous pensons..., commence-t-elle, qu'il faudrait nous utiliser, Tyler et moi, en tant qu'appâts, termine-t-elle.
Tout le monde semble la regarder comme si elle était devenue dingue. Puis les regards changent, comme si l'idée devenait moins mauvaise qu'en apparences.
- En fait, inervins-je au grand soulagement de ma soeur, c'est mon idée. Je pense qu'il faudrait mettre à profit l'idée que les blancs ne savent potentiellement pas que Tyler est en fait redevenu lui-même !
- On pourrait donc prétexter que je me rends pour le sauver..., reprends Cassie.
- Mais en fait elle s'infiltrerait en plein coeur du camp ennemi avec lui !, continué-je.
- On pourrait réussir à prendre le contrôle de l'intérieur, complète Cassie.
- Et en même temps intégrer les petits groupes adverses qui sont basés partout dans les secteurs !, terminé-je complètement embarqué dans notre explication.
Nos amis nous dévisagent totalement perdus.
- Vous êtes vraiment flippant vous les jumeaux, fini par commenter Liam qui nous observe les paupières plissées.
Cassie esquisse un léger sourire mi-amusé, mi-crispé. Je me contente de rire légèrement gêné, en rougissant, détournant le regard.
- Et vous comptez vous y prendre comment ? Je veux dire s'entraîner ici ok, mais entraîner les résistances alliées ?, demande Ambre qui prend enfin la parole.
Je regarde Cassie hausser les épaules.
- Honnêtement on a que l'idée de base pour le moment, avoue cette dernière.
Ambre hoche la tête d'un air pensif. Sûrement déjà en train de réfléchir à sa propre question.
- On a pensé à faire infiltrer les camps ennemis par nos membres, le soucis reste les possibles psychos postés dans ces camps. Il faudrait pouvoir entraîner les autres à la résistance psychique, dis-je mal à l'aise dans ce silence.
Je me lève et arpente la pièce vide si ce n'est notre présence. Slalomant entre tables, chaises et fauteuils.
- Tyler a utilisé la technique du "mur", dit Cassie assise en tailleur entre Ambre et Josh', quand il m'aidait à développer ma force et ma portée je lui demandais de résister et il a trouver cette technique.
Tout en tournant en rond je rumine cette information dans ma tête.
- En quoi elle consiste exactement ?, demandé-je.
J'en oublierais presque la présence des autres si leurs regards ne pesaient pas si lourds sur nous.
- Construire un mur mental brique par brique, c'est très abstrait mais apparemment ça a marché, même trop bien vu que Tyler s'est enfermé dans son propre esprit, nous explique ma soeur.
Je me stoppe et me tourne vers elle, une idée germant dans mon cerveau.
- Si on venait à enseigner cette technique à toute notre résistance, commencé-je fixé par six paires d'yeux.
Cassie hoche la tête, m'incitant à continuer.
- En se basant sur le fait que les psychos ne sont pas tous aussi expérimentés que toi, poursuis-je
Cassie lève les yeux au ciel.
- Il a pas tort t'es doué, renchérit Ambre à ma grande surprise.
- Le soucis c'est qu'ils pourraient se protéger mais il seraient quand même grillés par les psychos des blancs, fit remarquer Marine, je veux dire, ils pourraient défendre leur mémoire et éviter l'effacement, mais les blancs sauraient qu'ils sont des taupes. Ça éviterait juste de révéler notre plan, mais ils seraient prisonniers.
Un silence s'installe face à ce nouveau problème. Soudain, Cassie capte mon regard.
- Sauf si on fait de la sélection mémorielle, me souffle ma jumelle en me tirant un sourire complice.
- Il pourrait montrer des souvenirs laissant croire qu'ils sont de leur côté, continué-je.
- On pourrait leur implanter carrément des souvenirs de vrais gardes, renchérit Cassie en se levant.
- Et les psychos tomberaient dans le panneau !, m'éxclamé-je.
- Il suffit juste qu'on rende ces souvenirs le plus convainquant possible !, complète ma soeur en me sautant presque dessus.
Quelqu'un se racle la gorge, nous rappellant que nous ne sommes pas seuls.
- Hyper flippant, commente à nouveau Liam.
Je me calme rapidement et me gratte l'arrière du crâne pour me donner contenance.
- Va falloir nous expliquer tout ça, nous dit Lyze.
Nous hochons la tête en coeur puis Cassie retourne à sa place.
- Je pense que le mieux c'est que Cassie enseigne à tous les psycho d'ici comment faire, pour qu'ensuite on apprenne nous aussi aux non psychos, dis Ambre, comme ça je pourrai passer le mot chez moi.
- Le soucis c'est pour la résistance du secteur I, celle où je suis allé avec mon groupe, ils n'ont pas de psycho, il faudrait que je m'y rende pour les entraîner, dis-je.
Cassie acquiesce puis frappe dans ses mains. Elle se lève d'un bon et nous lance un regard circulaire.
- Je vais proposer cette idée à Tyler puis à sa mère et ensuite on s'organisera, il reste encore le soucis des autres résistances, et aussi des très gros risques comme par exemple qu'un d'entre nous se fasse prendre et nous dénonce sans le vouloir à cause de ses souvenirs.
Elle semble montée sur ressorts, pleine d'énergie. Elle ne nous laisse même pas le temps de répondre et part sans attendre au pas de course. Avoir un vouveau but doit lui faire beaucoup de bien.
"Soeurette pense à respirer aussi de temps en temps !", lui lancé-je.
"No stress", répond-t-elle.
Je souris amusé et croise le regard de Liam qui fronce les sourcils.
- Vous êtes vraiment des êtres bizarres vous les jumeaux, fini-t-il.
- Le pire c'est qu'on sait qu'on est jumeaux que depuis quelques semaines, dis-je en haussant les épaules, me rappelant l'évidence qui s'était imposée à moi, comme si je l'avais senti dès le premier regard.
- C'est d'autant plus louche, conclue-t-il alors que les autres se lèvent.
- On va aller courir avant l'entraînement du soir vous venez ?, nous demande Lyze alors que les autres sortent déjà.
- Je vous rejoins sûrement après, je dois passer dans ma chambre puis aller voir Hugo pour traiter quelques trucs, réponds-je.
- Et toi Liam ?
- Je vous rejoindrai, répond vaguement ce dernier qui n'avait pas bougé de son canapé.
Lyze acquiesce et court pour rejoindre les autres qui sont déjà sûrement loin dans le couloir.
Je finis par me diriger vers la porte en lâchant un petit "à plus" à Liam avant de quitter la pièce pour attraper l'ascenseur et descendre d'un étage.
Je suis rapidement dans ma chambre, je troc mon pantalon contre un jogging et enfile à nouveau mes baskets, je retire mon sweat et le balance sur mon lit avant de fouiller dans mon armoire la tête la première à la recherche d'un T-shirt propre.
Je sens soudain une main gelée se poser au creu de mon dos, me faisant sursauter. Pris d'un violent frisson je me cogne la tête dans l'étagère de l'armoire au dessus de mon crâne. Je recule de quelques pas, faisant volte face.
Je me retrouve face à un Liam hilare, plié en deux. Je lui lance un regard noir.
- Sérieux ? Tu veux mourir ? T'as de la chance que je démarre pas au quart de tour. Je t'aurais transformé en légume !, lui crié-je.
Il se tient le ventre, appuyé sur le mur. Il me regarde les larmes aux yeux.
- Tu te serais vu !, dit-il entre deux rires.
Je me frotte la tête à l'endroit où une petite bosse commence à naître sur mon crâne. Je grogne.
- T'es vraiment trop con, grogné-je.
- Désolé mais tu aurais dû mettre un haut, dit-il en reprenant mes propres mots, donc c'est pas ma faute.
Je sens le sang me monter à la tête et m'empresse d'attraper un T-shirt dans mon armoire pour l'enfiler. Il se moque toujours de moi et je soupire.
- Oh ça va on peut rigoler, me dit Liam en reprenant lentement son sérieux, soit pas si coincé, quand on me décrivait le grand Matia le mec le plus drôle de cet endroit je m'attendais à mieux.
Je le regarde sourcils froncés.
- On t'a dit ça ?, demandé-je ma curiosité prenant le dessus sur mon envie de le fuir.
- Ouais, dit-il en se levant, arrivant à ma hauteur, on m'a dit que tu étais le rigolo de la bande.
J'esquisse un sourire moqueur.
- Je sais être sérieux quand il faut, commenté-je.
Il hausse les sourcils.
- Mais moi aussi, m'assure-t-il, me faisant lever les sourcils à mon tour.
- Quoi tu ne me crois pas ? Demande à ta soeur, je sais être mature quand il faut, reprit Liam en s'approchant de moi.
Je lâche un petit rire moqueur, il porte sa main à son coeur.
- Tes moqueries me blessent en plein coeur ô jeune Matia, me dit-il en plongeant ses grands yeux verts émeraude faussement peinés dans les miens.
Je recule d'un pas, me retrouvant dos au mur, j'adopte une position nonchalante, prétextant avoir voulu atterrir là. La vérité c'est que je cherchais à m'éloigner de lui pour ralentir mes battements cardiaques ça personne ne le saura. Je suis trop faible pour avouer mon trouble.
- Tu as un coeur toi ?, lancé-je, feignant l'indifférence.
Liam continue d'avancer, il esquisse un sourire en coin. Je suis bloqué. Son regard me brûle la peau. Je me sens oppréssé. J'ai besoin d'air je crois que je vais étouffer. Dois-je appeller Cassie à la rescousse ?
- Tu veux vérifier ?, me glisse Liam avec un sourire mesquin.
J'entrouvre les lèvres prêt à répondre. Mais rien ne sort. La réponse aurait dû être automatique. Mais il se tient juste devant moi et je suis muet comme une tombe.
"Cassie à l'aide..." finis-je par envoyer malgré moi.
"Mat' ? T'es où ?"
Mais je ne réponds plus, Liam me regarde d'un air interrogateur.
- Ça va pas ?, me demande-t-il finalement.
J'avale difficilement ma salive et me détourne. Mon visage aurait-il trahit mon malaise ?
- Je dois aller voir Hugo, soufflé-je tellement bas que je doute qu'il m'ai entendu.
Peut importe car je suis déjà lancé dans le couloir vers la salle de contrôle. Le coeur courant un marathon et la tête totalement perdue.