Cet été-là

By LadyRo12

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Eva et Jared se détestent au plus haut point mais cet été là va tout changer. Trois semaines en cohabitation... More

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ÉPILOGUE
BONUS
à découvrir

EVA

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By LadyRo12

Mon père se racle le fond de la gorge et prend la parole tel un grand orateur ou un politicien sur le point de faire un grand discours :

-Nous avons organisé une journée d'enfer, clame-t-il si fière de lui. Un vieil ami à moi qui habite ici possède un bateau et il m'a proposé une offre que je ne pouvais pas refuser. Il nous a prêter généreusement son bateau pour la journée, alors qu'en dites-vous ?

-C'est une idée géniale, s'égosille Allison sur le champ en claquant des mains vigoureusement. J'adore les balades en bateau.

-Je suis partant, enchaîne Connor ravie.

Personnellement je trouve cette idée merdique. Passer toute une journée bloquée entre Jared et Connor sur un bateau, sans aucun moyen de m'enfuir, mise à part rentrer à la nage, non merci. Plutôt mourir toute de suite.

-Je préfère rester ici, dis-je. J'ai le mal de mer.

Je sens immédiatement le regard de Jared se poser sur moi. Il me dévisage et se radouci, sans doute lorsqu'il comprend ce qui m'est passé par la tête.

-Je préfère rester à la maison, moi aussi, rétorque-t-il soudainement. Je ne me sens pas très bien, j'ai mal au ventre. Je ne pense pas que le bateau soit une bonne idée.

-C'est hors de question, le coupe froidement son père. On ne te laissera pas ici tout seul.

C'est à mon tour d'entrer en jeu.

-Il ne sera pas tout seul, je réplique comme pousser par une pulsion invisible. Je seras là pour le surveiller. Si vous êtes d'accord, bien sûr.

Nos parents échangent des regards sceptiques, je vois bien qu'ils essayent de décrypter le moindre plan foireux. J'aimerais dire qu'ils ont tord, mais ce serait mentir, nous sommes bien sur le point de leur fausser compagnie pour rester seulement tout les deux. Le vrai plan est de les faire quitter la maison le plus rapidement possible pour pouvoir enfin passer toute une journée rien que tout les deux sans surveillance, sans parents hystériques ou frère névrosé.

-Vous pouvez faire confiance à Eva, assure ma mère toujours bienveillante. N'est-ce pas ma chérie ?

-Bien entendu, je soutiens en prenant cette tête que je connais si bien de jeune fille bien rangée. Il ne quittera pas la maison.

Les parents de Jared se concertent du regard furtivement.

-Très bien, c'est d'accord, finit par acquiescer Shelly. Mais au premier soucis, tu nous appelles.

-Sans problème, je la rassure.

Et voilà, le tour est joué ! Jared esquisse un sourire en coin si bien que j'aperçois cette minuscule fossette que j'aime tant sur sa joue. Une fois la mission accomplit, je m'accorde à penser que c'était un jeu d'enfant de berner nos parents. Trop facile même.



La porte d'entrée tout juste fermée, je ne perd pas une seconde, je saute dans les bras de Jared et l'engloutit sous une tonne de baisers plus appuyés et bruyants les uns que les autres. Je l'étouffe sous mon étreinte, il ne se recule pas, ne me repousse pas et se contente d'enfouir son nez au creux de mon cou en me serrant un peu plus fort contre lui.

-Nous avons une journée tout entière pour nous, soupire-t-il de plénitude avant de déposer un baiser sur mon front. Qu'est-ce que tu as envie de faire ?

-Et si on commençait par une petite baignade ? je lui propose en pointant la plage du menton. Le dernier dans l'eau a un gage !

Je ne finis pas ma phrase et m'élance vers le rivage. Je cours à toute vitesse, le vent me fouette froidement le visage, mes muscles se contractent vigoureusement et mes pieds s'enfoncent dans le sable à chaque pas de plus. J'entends Jared courir derrière moi en m'affirmant que je suis en train de tricher, que je suis partie avant lui et que ma victoire ne sera pas méritée. Je n'y fais pas attention et me jette dans l'eau fraîche de l'océan. Je ne ferme pas les yeux à temps et me retrouve aveugle durant quelques secondes sûrement à cause du sel qui me brûle la rétine.

-Tricheuse, crie Jared en me rejoignant.

Il plonge sur moi et m'entraîne dans sa chute, nous nous étalons de tout notre long dans l'eau. Nous rions aux éclats en buvant la tasse à plusieurs reprises mais je m'en fou, je continue de rire à gorge déployée.

-Tu as perdu, je me risque à lui dire avant qu'il m'éclabousse de plus belle. Tu me dois un gage.

-C'est injuste, tu es partie avant moi.

-Peu importe, tu as quand même perdu, je renchéris à mes risques et périls.

Notre baignade se transforme dangereusement en bataille sans merci. Je bois la tasse à plusieurs reprises, l'eau salée me pique les narines et je tousse pour reprendre mon souffle tandis que ma gorge est en feu. Jared s'en sort mieux que moi, il est plus lourd et donc plus difficile à abattre. J'ai tenté encore et encore de le déstabiliser, le plonger sous l'eau et prendre le dessus mais mes pauvres muscles ne peuvent rien contre les siens.

La prise féroce que détient Jared sur moi s'adoucit et il me prend dans ses bras. Nous nous enlaçons là, dans l'eau tiède de l'océan, nos corps trempés et endolories par notre faux combat. Ma place est ici et nul part ailleurs. Je regrette seulement de ne pas pouvoir sentir son odeur qui est remplacé par celle de l'océan, douce et amer en même temps. Je m'apprête à lui offrir un baiser lorsqu'il me soulève dans les airs et me jette quelques mètres plus loin. Je transperce l'eau comme une flèche et tape d'un coup de talon le sable pour remonter à la surface.

-Tu veux la guerre ? Tu vas l'avoir, je le menace un doigt posé sur sa poitrine froide et luisante.

Et le corps à corps reprend de plus belle. Et cette fois, c'est moi qui gagne. Haut la main qui plus est.



Nous avons commandé une gigantesque pizza aux pepperonis pour le déjeuner afin de combler notre faim, sans doute à cause de notre combat effréné nous ayant ouvert l'appétit plus que de raison. Nous pouvons dire que nous avons fais notre dose de sport pour la journée. Les minutes nous séparant de l'arrivée imminente du livreur nous apportant cette fameuse pizza, qui nous fait saliver avant même de l'avoir entre les mains, sont interminables. Nous nous occupons sur le canapé, nos corps en ébullition l'un contre l'autre, nos respirations se mêlant pour ne former plus qu'un souffle. Jared et moi sommes l'image type du cliché adolescent, c'est-à-dire, deux personnes en pleine crise d'hormones ne pouvant se retenir de se toucher, de s'embrasser. Il y a quelques semaines je me serais haïe de faire une telle chose, d'être devenue une adolescente comme les autres, impossible de résister à un contact physique. Aujourd'hui, j'en ai rien à faire, je me pavane sur le fauteuil du salon, à moitié nue, un garçon plus vieux étendu de tout son long sur moi. A l'intérieur de moi, l'ancienne Eva se fout de moi, elle rit tellement fort que j'entends presque son rire résonner dans ma tête. Elle me pointe de son doigt manucuré en disant : "Tu es devenue un putain de cliché, espèce d'idiote. Tu laisses ce garçon te tripoter comme une jeune dévergondée, prête à n'importe quoi pour un peu d'attention. Dois-je te rappeler que c'est justement ce genre de fille que tu méprisais il y a encore quelques jours ?". Et elle explose de rire, de plus en plus fort, de cette voix stridente qui m'horripile. J'aimerais lui dire de se taire, de la fermer une bonne fois pour toute, mais je suis trop distraite par ce "garçon" qui me dévore et m'assaillis sous une pluie de baisers, tantôt doux, tantôt langoureux et humide.

Soudain, la sonnette de la maison nous fait sursauter brusquement.

-J'y vais, s'empresse de me lancer Jared tandis qu'il remet son t-shirt et se dirige vers la porte d'entrée.

Je perçois leurs voix échangés quelques banalités avant que la porte ne se referme. Jared bondit dans la pièce, la boîte à pizza déjà ouverte dans une main, une part de celle-ci dans l'autre.

-Donne-moi ça, espèce de porc, je m'indigne qu'il ne m'attende pas pour attaquer notre festin.

J'engloutis quatre parts d'un seul coup sans prendre de pause entre chaque bouchée. Je suis trop affamée pour être patiente. Notre sport intensif de la matinée m'a ouvert l'appétit d'un loup n'ayant rien avalé depuis deux semaines. Je sens Jared m'observer du coin de l'œil, un sourire plaqué sur ses grandes lèvres qu'il y a encore quelques minutes je dévorais sans relâche. Peu importe s'il se fout de moi, j'ai trop faim. Je finis ma dernière part et m'avachit, repue, sur le canapé.

-J'ai l'impression d'avoir mangé la meilleure pizza de toute ma vie, je soupire le ventre plein.

-Qu'as-tu envie de faire à présent ?

J'ai une idée derrière la tête.

-J'ai deux propositions en tête, à toi de choisir celle qui te plaît le plus, je lui propose tandis que son regard devient particulièrement intéressé. La première, un atelier cookies aux chocolats, la deuxième, mâter un film.

-Les deux options sont très intéressantes, alors pourquoi pas faire les deux ? me lance-t-il amusé.

Mon sourire lui suffit pour deviner que je suis d'accord avec sa proposition à lui.

-Faisons les cookies d'abord, comme ça on pourra les manger devant le film, qu'est-ce que tu en dis ?

Cette fois-ci c'est son sourire à lui qui me confirme que nous sommes sur la même longueur d'onde. Je me lève donc du canapé dans lequel j'étais avachie, pénètre dans la cuisine et il me suit. Je fouille de le placard où Shelly range ces recettes de cuisine et déniche celle des cookies sans difficulté puisqu'elle est au dessus de la pile de papier plastifié. Sans un bruit, nous nous attelons à sortir les ingrédients et ustensiles dont nous avons besoin pour mener à bien notre projet. Je réalise soigneusement les instructions notées sur la recette en prenant en compte les annotations spéciales Shelly écrites dans la marge, avec la personne la moins qualifiée en cuisine pour m'assister, Jared. Celui-ci a beau confondre le sucre et la farine il s'en sort plutôt bien pour un parfait amateur. De mon côté, je me concentre pour ne rien oublier de peur de gâcher ma pâte.

Soudain, la main de Jared s'abat sur mon front. Une texture blanchâtre et visqueuse se répand dans mes cheveux et dégouline le long de mon visage. La coquille de l'œuf s'écrase sur le sol. Ma bouche se fige en formant un o de stupéfaction.

-Tu as osé faire ça ? j'articule mot à mot.

Au ralentit, je me tourne vers lui qui se retient d'exploser de rire face à mon visage recouvert de cette masse gluante. Ma vengeance ne tarde pas à venir. J'attrape un œuf à mon tourne et l'écrase lourdement sur sa tête. A présent, c'est moi qui tente de ne pas m'esclaffer devant ses yeux ébahis et sa bouche béate.

-Bataille de nourriture ? me dit-il le plus calmement du monde.

-A l'attaque ! je vocifère en me réfugiant à quatre pattes derrière la table.

Je tâtonne du bout des doigts la table afin de trouver n'importe quel "arme" pouvant me servir. J'agrippe le paquet de farine et fourre ma main à l'intérieur pour en ressortir une grosse poignée. A l'aveugle, je lance de la farine dans toute la cuisine essayant de viser Jared du mieux que je peux. Lui s'est caché à l'abri de la porte du réfrigérateur tel un soldat au combat. Il me lance tout ce qui peut lui tomber sous la main. Du ketchup, des œufs et, à ma grande surprise, des tranches de jambon. Je hurle de rire en me débattant de toutes mes forces contre ses assauts.

Je m'apprête à le bombarder à nouveau lorsque sa main se hisse au dessus du réfrigérateur. Il secoue son t-shirt blanc tel un drapeau.

-Stop ! s'écrit-il entre deux vagues de rire. Je propose qu'on fasse la paix. Pourquoi nous battre, voyons ? Après tout, comme on dit, faite l'amour pas la guerre.

Il sort timidement de sa cachette un pas après l'autre en me jaugeant du regard, sûrement pour deviner si j'approuve sa proposition. Je lâche ma poignée de farine et lève les mains en l'air en signe d'approbation.

Lorsque je regarde autour de nous, je suis outrée par le désordre qui règne dans la pièce. Il y a de la nourriture partout sur les meubles et également sur les murs. C'est un carnage total.

-A cause de toi, nous allons être obligé de tout nettoyer, j'ironise cet air malicieux planté sur mon visage. Bravo, Jared.

-Parce que c'est de ma faute ? s'esclaffe-t-il. Je te rappelle que toi aussi tu m'as attaqué. C'est à cause de toi s'il y a de la farine partout.

Ah, touché.

-D'accord, il y a une petite part de vérité dans ce que tu dis. Je veux bien t'aider à tout ranger.

-C'est trop aimable, me taquine-t-il un peu plus.

Nous passons une heure entière à tout nettoyer, récurer et ranger. L'œuf écrasé sur le mur est le plus difficile à retirer, nous nous y mettons à deux pour y parvenir. Je lave le ketchup étalé un peu partout sur le carrelage tandis que Jared se charge de balayer la farine, jeter les tranches de jambon à la poubelle ainsi que les coquilles d'œufs désormais vides. A plusieurs reprises, nous nous égarons en nous accordant quelques baisers de façon à rendre cette séance inattendu de nettoyage un peu plus amusante.

Le travail enfin terminé, nous reprenons la confection de nos cookies qui, heureusement, ont été épargnés pendant la bataille. Une fois la pâte faite, nous formons des petits tas sur la plaque de cuisson avant de les mettre au four. Et voilà, le tour est joué. Il nous a fallu environ deux heures pour en arriver là. Un véritable exploit.

-Qu'est-ce qu'on fait en attendant que ce soit cuit ? m'interroge Jared ce sourire malicieux que je connais trop bien.

-Non, je le préviens sachant pertinemment ce qu'il mijote. C'est hors de question. Pas de pelotage sur le canapé. On est pas des animaux.

-Qui a parlé du canapé ? il feins l'indignation en mettant en œuvre ses maigres talents de comédien. Je pensais plutôt à la table de la cuisine ou au plan de travail.

-Tu es incorrigible, dis-je en esquissant un sourire de désespoir.

Il m'assène un coup de coude affectueux et, après une seconde de réflexion, je le laisse m'entraîner vers le canapé.



J'engouffre un énième cookie dans ma bouche et le mâche machinalement à mesure que la plaisir grandit contre mes papilles.

-Ce film est nul, grogne Jared assis à côté de moi, le plat de cookies entre les mains.

-N'oublie jamais n'est pas nul, je rétorque exaspéré. Ne dis plus jamais ça.

-Mais c'est la vérité ! Je ne comprends pas pourquoi ce gars se borne à courir après cette gosse de riche.

-Parce qu'il l'aime, voyons, il est fou amoureux d'elle. Voilà pourquoi il fait tout ça, c'est évident.

-Pas pour moi, je ne comprends pas.

Le cas est désespéré, je préfère me focaliser à nouveau sur l'écran de télévision et le plat de cookies qui semble m'appeler un peu plus encore à chaque minute qui passe. Nous avons mis un temps considérable à les faire mais ils sont délicieux, je suis très fière de nous. Je savoure chaque bouchée tandis que Jared en a avalé seulement deux. Je mets ça sur le fait qu'il ait mangé plus de pizza que moi.

Nous profitons du film - surtout moi - en nous câlinant comme deux amoureux de longue date. Il n'y a rien de sexuel entre nous, nous sommes simplement dans les bras l'un de l'autre. Nous échangeons quelques baisers de temps à autre mais rien de plus. Je me laisse aller dans ses bras et ferme les yeux un instant. Je suis comme transi d'amour, rempli de bonheur et d'affection. Mon esprit vagabonde tandis que le sommeil me guette furieusement. Après une journée aussi chargée, je meurs d'envie de m'assoupir là, dans ses bras, pendant que le soleil se couche au loin. Ses longs doigts forment des cercles dans mes cheveux et me bercent lentement. Je me concentre sur sa main dans ma chevelure et le sommeil me gagne encore un peu plus.

Je suis à deux doigts de sombrer dans l'obscurité totale lorsque le bruit de la porte d'entrée qui s'ouvre me réveille en sursaut. Je bondis du canapé pour m'éloigner le plus loin possible de Jared. Nos parents sont de retour, je l'ai su avant même que mes yeux ne s'ouvrent. Je remets instinctivement mes cheveux ainsi que mes vêtements en place tandis que Jared s'assit le plus nonchalamment possible sur le fauteuil d'en face. Mieux vaut prendre toutes les précautions possibles.

Je cours vers l'interrupteur et allume la lumière pour effacer l'ambiance romantique que nous avions créé. J'ai l'air d'avoir couru un marathon, je suis à bout de souffle. C'est à ce moment précis que les autres entrent dans la pièce.

-Bonsoir, les enfants ! clame joyeusement mon père en pénétrant dans le salon.

-Comment s'est passé votre journée ? enchaîne ma mère toute contente de nous revoir.

-Ca va mieux, Jared ? renchérit Shelly à son tour.

-Vous étiez vraiment en train de regarder N'oublie jamais ? poursuit Connor le regard mi-amusé mi-horrifié.

-J'adore N'oublie jamais ! crie enfin Allison.

Cette scène est digne d'une comédie, celle où l'on peut entendre des rires pré-enregistrés en arrière plan. Je me force à ne pas rire devant leurs yeux inquisiteurs.

-Jared ne t'as pas mené la vie dure ? me lance soudain John comme si le fait que son fils ait été une plaie soit une évidence.

-Non, pas du tout, je lui réponds sûre de moi. Il a été plutôt sage.

Le coin droit de la bouche de Jared se soulève timidement pour former finalement un sourire presque invisible. Je suis la seule à le voir.

Mon sourire à moi n'est que le résultat de cette journée de rêve que nous avons passés ensemble. Les heures se sont écoulés à une vitesse folle, j'aurais préféré que le temps s'arrête pour nous permettre de gagner quelques minutes de plus ensemble. Je me suis sentie tellement bien lors de notre baignade dans la mer ou notre bataille de nourriture dans la cuisine. Tout était parfait jusqu'à dans les moindres détails, je ne pensais pas pouvoir un jour vivre une journée aussi exceptionnelle. Nous étions simplement Eva et Jared, deux adolescents vivant un amour un peu compliqué, sans artifices ni personnages à jouer devant les autres. Nous étions enfin nous même. Les cachotteries et les secrets ne faisaient pas parti de cette journée si extraordinaire et c'est justement ce qui a fait que celle-ci était si belle.

-Comment s'était cette balade en bateau ? je détourne habillement le sujet de conversation.

-Gé-nial, articule Allison en appuyant sur chaque syllabe. Le temps était magnifique, on s'est baignés et j'ai peaufiné mon bronzage.

-Super, je commente en feignant d'être au top du bonheur même si ce n'est pas tout à fait le cas. Vous vous êtes bien amusés, c'est cool.

-Et vous, vous ne vous êtes pas trop ennuyés ici tout les deux ? me questionne nonchalamment ma mère en s'installant dans le canapé où il y a quelques minutes Jared et moi étions enlacés.

-Pas une seconde, me coupe Jared alors que je m'apprêtais à répondre.

Je meurs d'envie d'exploser de rire, je me retiens nerveusement, les lèvres pincées pour ne laisser aucun son sortir de ma bouche. A mes côtés, Allison se conduit de la même manière, elle tente désespérément de ne pas se trahir en explosant de rire à son tour. Elle me lance un coup d'œil furtif et ne peux s'empêcher de sourire béatement malgré la présence de nos parents dans la pièce. Je suis bien contente que la télépathie n'existe pas, dans le cas contraire, nous serions fichu. Ma mère plongerait constamment son radar de télépathe dans mon cerveau et y verrait tout les images de Jared et moi, dans ma chambre, dans sa chambre, sur la plage, dans ce canapé où elle assise en ce moment même, dans la cuisine où nous nous sommes embrassés. J'efface cette idée de ma tête et m'intéresse un peu plus à la journée que vienne de passer ma famille. Ils ont l'air plutôt enthousiastes depuis qu'ils sont rentrés, je me demande en quoi cette balade en bateau était aussi fabuleuse. En tous cas, je n'aurais échangé ma journée avec Jared contre celle de mes parents et ma sœur pour rien au monde. La nuit prochaine sera remplit de rêves somptueux et merveilleux, j'en suis persuadée.

-Allô Eva, ici la terre ! m'interrompt Alli en claquant vigoureusement des doigts devant mes yeux. T'es avec nous ou pas ?

-Bien sûr, excuse-moi. J'étais perdue dans mes pensées.

-Perdue dans tes pensées ou trop occupée à imaginer ton Apollon totalement nu, une feuille de vigne entre les jambes ? chuchote-t-elle un sourire taquin plaqué sur ses lèvres.

-Tu es abominable, tu le sais ça ? je lui chuchote à mon tour en prenant soin que personne ne puisse nous entendre.

-Je suis un petit démon, ricane-t-elle avec la voix d'un espèce de troll maléfique sortant tout droit d'un film fantastique.

Je suis stupéfaite de notre complicité grandissante. Depuis notre toute petite enfance, ma sœur et moi n'avons jamais été aussi proche, c'est ahurissant à quel point notre relation a pu évoluer en si peu de temps. Dans un moment comme celui-ci, j'aurais aimé que la télépathie existe pour fouiller le cerveau de ma grande sœur et y découvrir ce qu'elle ressent vis-à-vis de ce que nous avons vécu ces derniers temps. De mon côté, je suis particulièrement satisfaite de la tournure qu'ont prit les choses. L'ancienne Allison me manquait terriblement même si je me refusais de l'avouer. Cela faisait des années que je ne m'étais pas senti aussi proche d'elle, relié par cette connexion que sont censés ressentir deux personnes étant liés par le sang. Inconsciemment, j'espérais au fond de moi de pouvoir retrouver un jour ce lien qui nous unis aujourd'hui. Nous ne sommes plus en guerre constante l'une contre l'autre et j'aime en profiter à sa juste valeur. Je suis encore réticente à l'idée d'être physiquement proche d'elle, je ne me sens pas encore prête à la prendre dans mes bras ou à lui offrir à baiser chaque matin. Je pense que le temps rétablira l'ordre des choses.

Je lui lance une dernière fois ce regard complice qui n'appartient qu'à nous et rejoins les autres pour écouter le récit de leur journée en mer.

-Nous avons tout de même failli finir la journée à l'hôpital à cause de Connor, raconte John lorsque je me joins à eux.

-Il a essayé de faire un de ses trucs de gymnastique, poursuit sa femme qui s'est servi un verre de vin. Comment est-ce qu'on appelle ça déjà ? Un salto, voilà ce qu'il a tenté de faire, sauf qu'il a sauté trop près du bateau. J'ai bien crû qu'il allait se taper la tête sur la rambarde de sécurité.

-Dommage qu'il se soit raté, marmonne Jared entre ses lèvres.

-Ne dis pas ça, le sermonne vigoureusement sa mère en lui assenant une tape sur le bras. Ton frère aurait très bien pu avoir un trauma crânien. On ne plaisante pas avec ses choses là.

Celui-ci pousse un rire sarcastique et s'éloigne nonchalamment vers la cuisine. Je le suis des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse de mon champ de vision frustrée qu'il ne reste pas à mes côtés pour supporter cette réunion de famille.

-Qu'avez-vous fait de votre journée, tout les deux ? m'interroge ma mère sans se douter une seule seconde de ce qu'il s'est passé dans cette maison pendant leur absence.

-Pas grand chose, je lui réponds en tentant de paraître le plus normale qu'il puisse être possible. Jared n'était pas très bien, il n'a pas quitté sa chambre. Puis, comme il se sentait mieux, nous avons commandé une pizza et nous nous sommes mis devant un film.

-Comment l'avons-nous élevés, Shelly ? s'indigne John suite à mon récit. Notre fils aurait pu tenir compagnie à cette pauvre Eva.

-Ce n'est pas sa faute ! je m'emporte maladroitement avant de reprendre mes esprits pour ne pas éveiller les soupçons. Il n'était vraiment pas en forme, il avait besoin de repos.

Des regards intrigués se tournent vers moi, j'essaie de sauver les apparences même si je ne suis pas sûre d'y parvenir.

-Et puis, je n'ai pas besoin de compagnie, je rétorque avant que l'un d'eux ne me posent une question à laquelle je ne saurais répondre. Je me suis très bien occupée toute seule. J'ai lu toute l'après-midi sur la terrasse en profitant du soleil.

Leurs visages s'adoucissent, ils gobent toute mon histoire. Et voilà, le tour est joué. Mes muscles se détendent un par un jusqu'au soulagement complet.

-Très bien, tout le monde a passé une bonne journée, clame mon père en frappant ses mains l'une dans l'autre. Il est temps d'aller au lit.

Je suis bien d'accord avec lui. Après ces quelques heures de paradis, je ne demande pas mieux qu'une bonne nuit de sommeil emplit de rêves.

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