EVA

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Ma mère et Shelly sont visiblement incapables d'arrêter leurs pleurs. Je me demande même d'où est-ce qu'elles peuvent bien sortir toutes ces larmes? Dans les bras l'une de l'autre depuis déjà cinq bonnes minutes, on ne peut entendre que leurs sanglots résonnant dans la pièce. Elles semblent si heureuse d'être enfin ensemble que je n'oserai pour rien au monde les déranger dans ce moment si solennel. Je ne peux ignorer la souffrance que ressent ma mère de vivre loin de sa meilleure amie. Il lui arrive parfois de pleurer devant de vieilles photos d'elles deux et ça me brise le cœur. Elles sont comme liés à vie par cette amitié sincère et profonde qui les unit depuis tant d'années.

Mon père et John, eux, sont en pleine conversation. A cette distance, je n'entends rien de ce qu'ils disent mais je peux lire cette passion sur leurs visages souriants et joyeux.

Quant a moi, je ne sais pas vraiment où me mettre, je ne trouve pas ma place dans toute cette agitation. Je reste dans un coin du salon, adossée contre un mur en observant nos familles se réunirent tandis que cette aura d'euphorie se dégage d'eux. Je suis la seule laissée pour compte, même Allison et Connor ont l'air de s'entendre comme s'ils s'étaient quittés la veille. Ils discutent vivement sur le canapé, agitant leurs mains dans tout les sens pour illustrer leurs propos et j'ai l'impression que Connor n'est pas indifférent au charme de ma sœur. Il aurait presque l'air gêné d'être assis là en face d'elle puisqu'il n'arrête pas de passer sa main dans ses cheveux épais, comme si c'était un tic et qu'il ne pouvait pas s'en empêcher. Je trouverais ça presque pathétique. Ma chère et tendre sœur est une experte en manipulation, elle ne ferait qu'une bouchée de lui. Elle lui demanderait certainement le petit déjeuner au lit ou un massage des pieds, mais sans jamais lui donner quelque chose en échange, même pas un simple merci. Je la connais par cœur et ce n'est pas son genre de faire dans la charité ou même simplement dans la gentillesse. Elle a beau être ma sœur, je ne peux nier qu'elle est une petite garce, le genre de fille que l'on craint de croiser dans les couloirs du lycée ou à la cafeteria. Plus d'une fois je l'ai vu martyriser une pauvre fille à l'école dans le seul but de se distraire ou d'attirer l'attention sur elle. Si vous n'êtes pas dans les bonnes grâces d'Allison, vous n'êtes rien.

Je quitte le mur froid auquel j'étais appuyée et rejoins la cuisine. A cause de cette étouffante chaleur qui plane dans la maison, j'ai affreusement soif et ne tiendrais pas une seconde de plus avec ce sweat. J'ai la sensation d'être dans un four lancé à plein tube. Il doit faire plus de trente cinq degrés dehors et je crève de chaud. J'agrippe sans plus attendre l'épaisse couche de vêtement qui m'empêche de respirer normalement et l'enlève en moins d'une seconde. Le débardeur que je porte s'accroche a mon sweat et se relève a moitié jusqu'à mon soutient-gorge en dévoilant mon ventre maintenant exposé au soleil et à la douce brise de vent glissant sur ma peau. Mais je m'en fiche et saute sur le robinet pour m'asperger le visage d'eau fraîche. Je ne comprend pas comment les gens qui vivent ici toute l'année peuvent supporter une telle chaleur. Pour ma part, trois semaine par an me conviennent très bien, je n'ai pas besoin de plus.

J'emplis mes mains à ras-bord d'eau glacée et me rince le visage puis le cou, la poitrine et le ventre. Je pense même qu'un saut dans la piscine ne serait pas une mauvaise idée dans l'état où je suis actuellement. Mon tee-shirt est trempé mais je ne m'arrête pas et continue de passer de l'eau sur mon corps. C'est tellement agréable de sentir le vent passer sur ma peau mouillée et rafraîchie que je laisse échapper un long gémissement de plaisir. Le soulagement est immense et se répercute dans mon corps tout entier.

Je finis par fermer le robinet et m'adosse au comptoir, toute mouillée. A présent je me sens beaucoup mieux, je peux profiter du paysage qui s'offre à moi par la fenêtre au dessus de l'évier. La température de mon corps est redescendue et mes jambes ne me torturent plus autant qu'avant.

Cet été-làWo Geschichten leben. Entdecke jetzt