Cet été-là

JARED

J'ai vraiment le don pour me foutre dans la merde. Je ne réalise toujours pas ce qui vient de se passer, à croire que ce genre de chose n'arrive qu'a moi.

J'allais entrer dans la salle de bain pour aller aux toilettes et je suis tombé nez-a-nez avec une silhouette bronzée et presque nu, me tournant le dos avec cette petite culotte noire en dentelle qui en aurait fait bavé plus d'un. Au début j'ai cru que c'était Allison mais finalement je me suis rendu compte que je me trompais sur toute la ligne. Sans que j'ai eu le temps de m'en rendre compte, elle s'est mise à me hurler dessus. Mais comme a mon habitude mon côté provocateur a refait surface et j'ai foncé dans le tas à problèmes. Je suis persuadé que dans quelques minutes Eva va courir dans les bras de sa mère pour se plaindre de moi. Comme la fait sa sœur tant de fois.

Quand nous étions encore enfant, Allison était le genre de fille compliquée, ne supportant pas la contrariété et le refus. Au moindre petit détail à l'opposition de ce qu'elle avait imaginé, elle s'empressait de courir à bras ouverts dans les jupons de sa mère, ou encore pire, dans les bras de ma mère pour se plaindre et être prise en pitié. La plupart du temps, les responsables tel que moi étions disputés, voire punis. J'ai appris à l'éviter et à céder à quelques caprices afin de ne pas subir sa colère ou celle de mes parents. Parfois la tâche était ardu mais, au fil du temps, j'ai pris l'habitude de mettre ma hargne de côté pour échapper à la punition qui m'attendait si je n'abdiquais pas.

Je réalise alors que j'ai réussi à me mettre dans une mauvaise posture en seulement quelques heures, je n'arrive toujours pas a y croire. J'aurais pu avoir envie d'aller grignoter quelque chose mais avec la chance que j'ai, il a fallu que mon envie soit d'aller aux toilettes. Quelle poisse! Malheureusement je suis entré dans la pièce au moment même où Eva venait d'enlever son soutient-gorge et ne portait plus qu'une minuscule culotte sur les fesses. Je ne sais pas comment je vais pouvoir survivre pendant ses trois semaines si ma première image d'elle ressemble à celle-la. J'ai beau la détester, je ne peux pas nier que son corps pourrait rendre dingue n'importe quel homme. Ses jambes longues et fines, ses hanches parfaitement courbées, sa peau halée, ses cheveux blonds coulant comme une cascade sur sa colonne vertébrale et sans oublier sa poitrine. Physiquement, rien chez elle ne pourrait me repousser. Elle me fait l'effet d'un piège machiavélique. Son corps m'attire pour mieux m'abattre. Elle est la sirène qui, avec sa voix douce et mélodieuse, amène les marins vers les rochers.

Ces trois semaines vont être une vraie torture si elle me tente comme ça et que je ne peux rien y faire. C'est comme ne pas manger pendant plusieurs jours jusqu'à être affamé, apercevoir une table remplis de nourriture et ne pas pouvoir y toucher. Mon esprit est chamboulé par cette vision d'elle à moitié nue dans ma tête. Je ferme les yeux un moment dans l'espoir de retrouver la raison et ne plus penser à de tels choses à son sujet. Je dois me mettre dans le crâne que cette fille c'est Eva et que je la déteste malgré tout.

Je rebrousse chemin jusqu'à ma chambre et m'enferme à l'intérieur. Je dois absolument me calmer et l'idée de faire un saut dans la piscine me passe par la tête. Après tout c'est une excellente idée, il fait chaud et le besoin de me rafraîchir est devenu pressant. Il faut juste que j'enfile mon maillot de bain.

Je fouille dans ma commode à la recherche de mon short de bain. Elle est presque vide puisque j'ai seulement emmené le stricte nécessaire pour ce voyage. Je ne tarde pas à trouver ce que je cherchais au fond du deuxième tiroir. J'envoie valser tout ce que j'ai sur le dos et laisse mes vêtements en tas sur mon lit. Je sens un souffle d'air passer sur ma peau depuis la fenêtre laissée ouverte. Mes parents ont sûrement ouvert les baies vitrées du salon ce qui explique ce doux vent qui engorge la maison et provoque ce courant d'air.