Cet été-là

By LadyRo12

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Eva et Jared se détestent au plus haut point mais cet été là va tout changer. Trois semaines en cohabitation... More

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ÉPILOGUE
BONUS
à découvrir

EVA

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By LadyRo12


Ma mère et Shelly sont visiblement incapables d'arrêter leurs pleurs. Je me demande même d'où est-ce qu'elles peuvent bien sortir toutes ces larmes? Dans les bras l'une de l'autre depuis déjà cinq bonnes minutes, on ne peut entendre que leurs sanglots résonnant dans la pièce. Elles semblent si heureuse d'être enfin ensemble que je n'oserai pour rien au monde les déranger dans ce moment si solennel. Je ne peux ignorer la souffrance que ressent ma mère de vivre loin de sa meilleure amie. Il lui arrive parfois de pleurer devant de vieilles photos d'elles deux et ça me brise le cœur. Elles sont comme liés à vie par cette amitié sincère et profonde qui les unit depuis tant d'années.

Mon père et John, eux, sont en pleine conversation. A cette distance, je n'entends rien de ce qu'ils disent mais je peux lire cette passion sur leurs visages souriants et joyeux.

Quant a moi, je ne sais pas vraiment où me mettre, je ne trouve pas ma place dans toute cette agitation. Je reste dans un coin du salon, adossée contre un mur en observant nos familles se réunirent tandis que cette aura d'euphorie se dégage d'eux. Je suis la seule laissée pour compte, même Allison et Connor ont l'air de s'entendre comme s'ils s'étaient quittés la veille. Ils discutent vivement sur le canapé, agitant leurs mains dans tout les sens pour illustrer leurs propos et j'ai l'impression que Connor n'est pas indifférent au charme de ma sœur. Il aurait presque l'air gêné d'être assis là en face d'elle puisqu'il n'arrête pas de passer sa main dans ses cheveux épais, comme si c'était un tic et qu'il ne pouvait pas s'en empêcher. Je trouverais ça presque pathétique. Ma chère et tendre sœur est une experte en manipulation, elle ne ferait qu'une bouchée de lui. Elle lui demanderait certainement le petit déjeuner au lit ou un massage des pieds, mais sans jamais lui donner quelque chose en échange, même pas un simple merci. Je la connais par cœur et ce n'est pas son genre de faire dans la charité ou même simplement dans la gentillesse. Elle a beau être ma sœur, je ne peux nier qu'elle est une petite garce, le genre de fille que l'on craint de croiser dans les couloirs du lycée ou à la cafeteria. Plus d'une fois je l'ai vu martyriser une pauvre fille à l'école dans le seul but de se distraire ou d'attirer l'attention sur elle. Si vous n'êtes pas dans les bonnes grâces d'Allison, vous n'êtes rien.

Je quitte le mur froid auquel j'étais appuyée et rejoins la cuisine. A cause de cette étouffante chaleur qui plane dans la maison, j'ai affreusement soif et ne tiendrais pas une seconde de plus avec ce sweat. J'ai la sensation d'être dans un four lancé à plein tube. Il doit faire plus de trente cinq degrés dehors et je crève de chaud. J'agrippe sans plus attendre l'épaisse couche de vêtement qui m'empêche de respirer normalement et l'enlève en moins d'une seconde. Le débardeur que je porte s'accroche a mon sweat et se relève a moitié jusqu'à mon soutient-gorge en dévoilant mon ventre maintenant exposé au soleil et à la douce brise de vent glissant sur ma peau. Mais je m'en fiche et saute sur le robinet pour m'asperger le visage d'eau fraîche. Je ne comprend pas comment les gens qui vivent ici toute l'année peuvent supporter une telle chaleur. Pour ma part, trois semaine par an me conviennent très bien, je n'ai pas besoin de plus.

J'emplis mes mains à ras-bord d'eau glacée et me rince le visage puis le cou, la poitrine et le ventre. Je pense même qu'un saut dans la piscine ne serait pas une mauvaise idée dans l'état où je suis actuellement. Mon tee-shirt est trempé mais je ne m'arrête pas et continue de passer de l'eau sur mon corps. C'est tellement agréable de sentir le vent passer sur ma peau mouillée et rafraîchie que je laisse échapper un long gémissement de plaisir. Le soulagement est immense et se répercute dans mon corps tout entier.

Je finis par fermer le robinet et m'adosse au comptoir, toute mouillée. A présent je me sens beaucoup mieux, je peux profiter du paysage qui s'offre à moi par la fenêtre au dessus de l'évier. La température de mon corps est redescendue et mes jambes ne me torturent plus autant qu'avant.

J'entends le brouhaha des conversations dans la pièce d'à côté et essaie de déchiffrer quelques bribes de phrase qui me viennent aux oreilles par ci par là. Les hommes parlent des derniers scores de leur équipe favorite de football. Mon père n'a pas l'air très heureux et s'énerve comme a chaque fois qu'il aborde ce sujet. C'est pour cette raison qu'il est désormais interdit de prononcer les mots «football» ou «match» à la maison. John s'emporte a son tour et clame que les joueurs ne sont que des bons a rien. J'esquisse un rire en les écoutant maugréer comme deux petits vieillards. D'après ce que je parviens à entendre, les femmes parlent de la fête d'anniversaire d'Allison, prévu dans quelques mois, et du comportement de Jared. Malheureusement, elles sont beaucoup trop loin pour que je puisse en entendre plus. J'abandonne alors ma petite investigation et me concentre sur le paysage en face de moi.

Rien a changé depuis la dernière fois où je suis venue ici. Les palmiers sont toujours alignés de façon éparpillée le long du sentier délimitant la plage des jardins privés, l'herbe est finement coupée, l'eau de la piscine est toujours aussi claire et les buissons qui sépare notre jardin de celui des voisins ont seulement été coupé de quelques centimètres. J'ai presque l'impression que le ballon de foot de Connor va surgir d'un moment à l'autre dans le jardin comme cela se produisait si souvent lors de notre dernier été ici.

Mais je me fais beaucoup trop d'illusions. J'ai bien peur que ces vacances se déroulent de manière totalement différente des précédentes. Mes parents sont en froid, ma sœur est encore plus capricieuse qu'elle ne l'était déjà avant, Jared a l'air encore plus rebelle que la dernière fois où je l'ai vu et Connor ne m'a toujours pas adressé la parole depuis que nous sommes arrivés. L'ambiance n'est pas au beau fixe, c'est le moins que l'on puisse dire.

Pendant un instant, je me souviens de la bonne humeur qui régnait dans la maison lorsque nous étions encore que des enfants. Nous étions si proche que nous étions comme les cinq doigts de la main. Chaque jour était une fête, nous étions si heureux tous ensemble. Ma sœur était une fille drôle et toujours de bonne humeur et Jared n'avait encore cet air hautain qu'il a développé par la suite. Tout les matins, nous prenions le petit-déjeuner et le partage de la nourriture n'était pas un problème, nous étions même ravie de faire don de notre assiette aux autres. Nous passions des après-midi entières à jouer dans le jardin ou a nous baigner dans la mer tandis qu'un de nos parents se chargeait de nous surveiller. Nous allions souvent prendre le goûter chez les autres enfants du quartier ou, au contraire, les autres avaient pour l'habitude de venir chez nous en étant sûr de manger une bonne tarte ou un délicieux gâteau préparé par Shelly. Le soir, nous aimions nous réunir dans le salon pour regarder un dessin animé ou un film Disney tous emmitouflés dans une couverture énorme sur le canapé. Nous nous collions les uns aux autres, un saladier débordant de friandises ou de pop-corn entre nous, sans pouvoir nous empêcher de chahuter dès qu'un personnage que nous adorions apparaissait à l'écran ou qu'une blague nous faisait rire. C'était une sacré époque qui parfois me manque tant. Nous étions encore soudés, contrairement à aujourd'hui.

M'extirpant de mes souvenirs, j'attrape l'élastique autour de mon poignet et enroule mes cheveux pour faire un chignon a peu près réussie même si plusieurs mèches blondes s'échappent de chaque côté de mon visage. Peu importe, je n'y prête pas plus attention, mon apparence ne compte pas vraiment en ce moment même. J'ai tout simplement envie de déballer ma valise, ranger mes affaires dans ma chambre, manger un bout pour faire taire ce grondement qui raisonne dans mon estomac puis aller me coucher dans mon grand lit douillé.

Je rêve d'une nuit entière sans cauchemars, sans rêves, sans insomnie. Depuis quelques semaines, je ne parviens plus à m'endormir rapidement sans me réveiller jusqu'au matin. La plupart du temps, je suis tirée de mon sommeil au moins une fois par nuit et la tâche est bien rude pour me rendormir. Le stress et l'anxiété en sont probablement la cause, c'est pour cela que je mets beaucoup d'espoir sur le calme et la sérénité de la côte ouest pour enfin faire une vraie nuit de sommeil.

A présent, je devrais peut-être retourner à la voiture pour chercher mes affaires dans le coffre et monter à l'étage pour rejoindre ma chambre. Après tout, mon absence ne dérangerait pas vraiment les autres puisqu'ils n'ont pas l'air de faire attention à moi.

La solitude est devenu quelque chose que je connais très bien et qui ne me fait plus peur. Bien évidement, j'ai des amis auxquels je tiens énormément mais lorsque je rentre chez moi après les cours je suis seule. Chaque soir, nous mangeons en famille et il arrive que nous regardions un film tous ensemble mais cela n'empêche pas cette sensation de solitude qui ne me quitte jamais. Parfois, nous avons beau être entouré de tout un tas de monde, la solitude n'en ai pas moindre.

Je reprends les affaires laissés par terre, les dépose sur la table et quitte la maison par la porte qui mène à la terrasse. Je traverse la parcelle d'herbe sur le côté droit du jardin, passe dans la petite allée qui longe la maison et me retrouve face à la voiture. J'ouvre le coffre du véhicule. Il y a des tas de valises qui recouvrent mon sac. Je vais devoir tout déplacer pour accéder à mes affaires. Je retire d'abord la grande pochette de toilette blanche de ma sœur, dans laquelle elle transporte tout ses produits de maquillage et ses crèmes pour la peau, puis les deux énormes malles de mes parents.

J'aperçois la poignée en cuir noir de ma valise mais un carton remplis d'affaires de plage en tout genre m'empêche de l'atteindre. Plusieurs tubes de crème solaire, des serviettes de bains, un masque, un tuba de plongée et toutes sortes d'autres choses. J'agrippe le dessous de la boîte et la soulève avant de la laisser tomber lourdement sur le sol a côté du 4X4. Bizarrement le carton est beaucoup plus pesant qu'il n'y paraît.

Je soulève la seule valise qui m'appartient et la pose a côté de moi, je remet tout ce que j'ai dérangé en place et referme la voiture. J'ai l'impression que ma valise est beaucoup plus lourde que lorsque nous sommes partis, mais c'est sûrement la fatigue qui me produit cet effet. Il faut dire que cette année m'a déjà tellement épuisée, ce voyage m'affaiblit encore plus que je ne l'étais. Je me sens vide comme une coquille d'œuf depuis les vacances de Noël. Pourquoi cette époque? Je n'en sais foutre rien. Peut-être parce que c'est normalement la période où l'on ne se sent pas seul, où tout le monde est en famille et se sent plus proche des autres. Pour ma part, ça n'a pas été le cas cette année. C'est justement à ce moment là où ma solitude n'a fait qu'empirer et que la descente aux enfers a commencé. Je passais de plus en plus de temps enfermer dans ma chambre à lire des tas de bouquins, à me renseigner sur les différentes universités de la côte ouest dans l'espoir d'y étudier un jour et à me morfondre au fond de mon lit. Le réveil se faisait chaque jour un peu plus dur. Parfois, je me levai la boule au ventre et le sentiment que je ne finirais pas cette journée vivante. L'idée d'une dépression m'a même traversé l'esprit. Aujourd'hui, je prie intérieurement pour que l'air marin évacue toutes ses mauvaises ondes à l'intérieur de moi et me purifie de la morosité avec laquelle je vis chaque jour depuis déjà trop longtemps.

A bout de bras, je traîne ma valise jusqu'au perron et monte les marches unes par unes sans la soulever, laissant les petites roues frapper lourdement contre l'escalier.

Heureusement la porte d'entrée étant ouverte, je peux rentrer directement à l'intérieur. Je traverse le salon, sans faire attention aux autres qui sont toujours en train de discuter chacun de leurs côtés, et monte difficilement les escaliers menant à l'étage où se situe ma chambre. Les mèches qui pendent devant mon visage me gène, je souffle alors de toutes mes forces pour les écarter loin de mes yeux, en vain. Je n'ai presque plus de force dans les bras, ceux-ci tremblent sous l'effort, mais je continue de monter les marches une par une sans m'arrêter. Je sens le bois s'affaisser et craquer sous mon poids et celui de ma valise. Après tout, cette villa n'est pas toute jeune. Elle a été construite il y a bien déjà une trentaine d'année. Les précédents propriétaires étaient un couple de personnes âgées. Ils avaient fait construire cette grande maison pour finir leurs jours au bord de la mer et avoir un nombre suffisant de chambre pour accueillir les petits-enfants. Après leur décès, mes parents et ceux de Connor l'ont rachetés et n'ont quasiment rien changé à l'intérieur tant ils aimaient l'ambiance et l'aura que la maison dégageait.

Arrivée en haut, le couloir desservant les chambres me paraît vide. D'habitude, des tas de magazines ou de livres traînent sur la commode ou un panier en osier remplis de linge sale trône à côté de la porte de la salle de bain. Mais aujourd'hui tout est parfaitement rangé à sa place. La nostalgie me gagne, cette époque de désordre ambulant qui régnait dans tout les recoins de cette maison me paraissent si loin et, en même temps, si proche.

Malheureusement pour mes pauvres bras devenu fragiles par l'ascension des marches, ma chambre se trouve tout au bout du couloir. J'avance encore et encore, jusqu'à être plantée devant la porte. Il y a encore ces petites lettres en bois, peint de différentes couleurs pétantes, formant mon prénom, accrochées au centre de la porte. J'ai toujours trouvé que cette touche de décoration faisait de mon image celle d'une petite fille qui ne grandira jamais. Nous les avions fais l'été de nos 7 ans. Par une journée pluvieuse, ne sachant pas comment nous occuper, ma mère avait proposé que chacun de nous décore les lettres de son prénom pour les portes de nos chambres. Celles de Jared n'avait tenu que deux ans avant qu'il ne les retire, Connor un an de plus même si je soupçonne qu'il les ai retiré seulement pour copier son grand frère, tandis qu'Allison ne les avait enlevé que l'été de ces 13 ans où elle avait eu ses premières règles et se considérait alors comme une femme.

Suite à une rapide réflexion, j'arrache les lettres une par une ce qui n'est pas une affaire compliquée puisqu'elles ont simplement été collés avec de la pâte adhésive. Je ne veux plus passer pour une gamine de dix ans. Je les garde dans la main, appuie mon coude contre la poignée pour ouvrir la porte. J'éprouve le sentiment d'un devoir accompli.

En entrant dans ma chambre, je reste figée sur le palier. Toutes mes affaires sont restés là où je les avais laissé. Rien ne manque a l'appel. Mes photos sont toujours accrochés au dessus de ma commode blanche, mon énorme lit n'a pas bougé d'un seul centimètre, de même que mes draps à motifs fleuris, mes livres favoris sont posés sur la même étagère que d'habitude et je peux encore voir la cire séchée déborder des bougies posés sur mon bureau.

Je laisse ma valise au pas de la porte et lance les lettres en bois sur le bureau. Je n'attend pas une minute de plus et saute sur le lit. Je m'échoue sur le matelas comme une baleine sur une plage. Je suis en train de mouiller les draps à cause de mon tee-shirt trempé mais je m'en fiche complètement. Je reste là, les yeux fermés, à profiter du silence qui m'entoure. L'apaisement et le soulagement s'empare de mon esprit. Je ne sais quel verbe convient le mieux pour décrire l'état dans lequel je me trouve. Tout est enfin parfait. Je ne peux plus et ne veux plus bouger. J'entends des pas dans la chambre d'à côté mais je ne prête pas attention à ce détail. Je perçois également les vagues au loin et les mouettes hurler au dessus de la maison. Ce sont ces même bruits qui ont bercés mes étés durant toute mon enfance. Une impression que j'avais oublié depuis trop longtemps pointe le bout de son nez en moi, l'impression d'être chez moi. Cette maison où je n'ai passé que quelques semaines par an me paraît plus être mon chez moi que celle où je vis tout le reste de l'année.

Je reste plusieurs minutes sans bouger dans mon lit afin de garder ce sentiment de plénitude encore un peu plus. La douceur des draps contre ma joue me réconforte et l'odeur qui s'en dégage m'apaise encore plus. J'aurais cru que la pièce pourrait sentir le renfermé ou le moisie après tant de temps mais ce n'est pas le cas. Un parfum de fleur et de vanille stagne dans l'air, comme d'habitude. Sans que je m'en rende compte, un sourire se dessine sur mes lèvres. Je suis bien ici.

Sentant mes yeux se fermer un peu trop longtemps, comme lorsque l'on s'apprête à s'endormir, je me dis que la meilleure chose à faire est d'aller prendre une douche au plus vite avant de tomber de sommeil. Malgré mon tee-shirt mouillé, j'ai encore affreusement chaud. Le meilleur remède serait probablement un bon quart d'heure sous l'eau fraîche.

Je me redresse lentement, retire mes Converses d'un seul coup de pied et prend ma valise pour la déposer sur le lit. Je l'ouvre et sors ma trousse de toilettes, je prend également un short en jean, un débardeur blanc et mon bikini vert, ayant l'intention d'aller me baigner un peu plus tard dans la soirée. Je ne prend même pas le temps de refermer ma valise et rejoins rapidement la salle de bain de l'autre côté du long couloir recouvrant tout le premier étage. Je pose mes vêtements sur le rebord du lavabo et ouvre légèrement la fenêtre pour laisser passer un peu d'air frais. Une bouffée d'air chaude vient s'écraser sur mon visage. Je retire ensuite mes chaussettes et les fourre dans le panier à linge sale qui était resté vide jusqu'à maintenant. Mon tee-shirt, que j'enlève d'un seul coup rapide, s'écrase sur le carrelage froid comme une veille serpillière.

C'est alors que je me retrouve devant le miroir à examiner mon reflet.

La dernière fois où je me suis tenue devant cette glace, je n'avais que 13 ans. A ce moment là, je n'avais rien de la poitrine que j'ai aujourd'hui, je portais encore des brassières et des culottes roses, comme chaque fille de cette âge-là, j'avais même quelques kilos en trop, mon visage n'était pas aussi fin et mes cheveux était beaucoup plus court. Je me rends compte à quel point j'ai changé. Je suis totalement différente, j'ai grandi. Aujourd'hui mes cheveux d'un blond vénitien sont devenu longs, ma peau n'est plus mal-menée par les boutons et ma taille s'est affinée après la crise que mon corps a subi lorsque mes seins, mes cuisses ainsi que mes hanches ont doublé de volume. Depuis ce temps-là, j'ai su me ré-équilibrer et trouver la silhouette dans laquelle je me sens bien. A l'heure d'aujourd'hui, je ne suis plus dégoûtée par l'image que me renvoie le miroir. Mon visage s'est affiné, ma peau est devenue lisse et mes lèvres pleines, tandis que mes joues sont restées un peu trop boudinées à mon goût malgré que ma mère me dise que cela me donne un charme.

Je retire mon soutient-gorge noir en dentelle que ma mère m'a acheté la semaine dernière à l'occasion d'une journée entre filles. Je ne sais pas combien ce bout de tissu lui a coûté mais la vendeuse avait l'air très satisfaite de sa vente. J'enlève ensuite mon leggings et laisse le tas de vêtements sur le tapis de bain à mes pieds. Étrangement, une odeur de fleur qui me rappelle le parfum de ma mère commence à planer dans la pièce. J'inspire pour mieux sentir le doux arôme qui me frotte les narines. Un mélange de rose et de lys je dirais. Doux et violent en même temps, qui me laisse imaginer un paysage de champs de fleurs et de rivière. Le paradis dans une simple odeur.

Soudain quelqu'un entre dans la pièce. Par réflexe, je plaque mes mains sur mon corps afin de cacher le maximum de peau qu'il m'est possible de camoufler, en particulier ma poitrine. D'abord je n'ose pas me retourner, mais finis par pencher la tête sur le côté pour apercevoir le visiteur, en vain. Je ne peux réprimer un hoquet de stupeur.

-Merde! s'exclame une voix d'homme. Je suis désolé, je ne savais pas que la salle de bain était occupé.

J'espère de tout mon cœur que ce n'est pas la personne que je redoute qui se tient derrière moi mais mes espérances ne servent a rien. J'aperçois son visage et je le reconnais immédiatement. Il n'a pas changé tant que ça, je me souviens de ce visage comme si je l'avais vu hier encore. Je me fige sur place comme paralysée par un mélange de peur et de colère.

-Qu'est-ce que tu fous Jared? je grogne tout en restant dos à lui. Retourne-toi au lieu de rester planté là.

J'entends ce rire espiègle et moqueur passer dans mon dos et ma colonne vertébrale se recouvre de frissons. Je connais bien cette méchanceté dont il a toujours fais preuve envers moi. Il a toujours adorer m'être les gens dans de mauvaises postures, probablement pour mieux se moquer d'eux ensuite. Décidément, son côté sadique ne l'a pas abandonné depuis ces dernières années. C'est une triste nouvelle pour moi!

- Je ne t'avais pas reconnu Eva, s'étonne-t-il faussement avec cette voix pleine de dédain. Comment est-ce que tu vas?

-Tire-toi Jared!

Je vais exploser en sanglots s'il ne quitte pas cette pièce maintenant. Je ne suis pas extrêmement pudique mais cette histoire va trop loin. Ma raison est partagée entre l'envie de m'écrouler au sol et celle de me retourner pour le gifler. Ma main me démange si bien que l'idée d'abattre ma paume sur sa gueule d'ange prend le dessus. Je n'ai pas un tempérament violent et pourtant je le deviendrais volontiers pour lui. Si mes parents voyaient ça ils seraient fous.

-Oh arrête de faire ta petite sainte nitouche. Je suis sûre qu'un tas d'autres mecs t'ont déjà vu dans une position bien plus délicate que celle-là.

Je rêve ou est-ce qu'il vient d'insinuer que je suis une fille facile? Je ne sais pas ce qui me retient de lui saute dessus pour qu'il s'excuse. Enfin si, je le sais. Je ne me retournerai pas pour me battre pour la simple raison que je suis à moitié nue et que la gêne est déjà bien trop grande. Malgré toutes ces semaines où nous avons vécu en cohabitation, une telle situation ne s'est jamais produit, jusqu'à aujourd'hui en tout cas. Je me sens terriblement gênée dans cette position si délicate.

La seule chose dont je suis capable est de le menacer, je ne vois aucun échappatoire autre que celui-là. Je prends donc mon courage à deux mains et me lance en tentant de paraître le plus sûre de moi possible, ce qui n'est pas une mince à faire pour une fille comme moi qui n'a aucune confiance en elle.

-Sors ou je vais te le faire regretter! je peste enfin après une longue hésitation sur les mots à employer.

-Qu'est-ce que tu comptes faire Eva? rigole-t-il presque immédiatement. Tu n'aurais même pas le courage de tuer une petite araignée.

-Je ne suis plus comme il y a trois ans, j'ai changé et je ne me laisse plus faire par des abrutis comme toi. Alors maintenant, sors!

-Pas besoin de t'énerver, bébé.

-Ne m'appelle pas comme ça! Sors d'ici tout de suite.

Je l'entends rire et je suis sûre que ce sourire arrogant et méprisant est plaqué sur son visage. Quant à moi, je boue intérieurement. Mon visage doit être rouge écarlate, je sens la chaleur presque brûlante sur mes joues. Des flammes semblent même danser devant mes yeux que je ferme durant de longues secondes afin de reprendre peu à peu mes esprits.

- D'accord. Je vais sortir mais laisse moi te dire que je suis heureux de passer ces vacances avec toi, ironise-t-il encore un peu plus la situation.

- Laisse moi te dire que si tu ne sors pas tout de suite de cette foutue salle de bain, je vais être heureuse de te les gâcher ces vacances.

Il rit encore une fois, plus fort que précédemment, et j'entends enfin la porte se refermer dans mon dos. Quel idiot! Je ne sais pas comment je vais pouvoir le supporter pendant trois longues semaines puisqu'il me tape déjà sur les nerfs. Je suis arrivée depuis seulement quelques minutes et je me retrouve déjà dans une position désagréable à cause de lui et de son comportement d'abruti fini. Je n'en reviens toujours pas de ce qu'il vient de se passer. Les vacances commencent très mal, je redoute la suite des événements.

J'ai toujours eu le chic pour me mettre dans les situations les plus absurdes. Je me souviens du jour où le petit-ami d'Allison m'avait malencontreusement confondu avec celle-ci et était rentré dans la douche pour me surprendre, complètement nu. J'avais eu tellement peur que la crise cardiaque n'était pas loin. Quelques jours après, ils avaient rompu et ma sœur m'avait accusé d'être responsable. Elle croyait dur comme fer que cette rupture était de ma faute. Elle le croit toujours d'ailleurs et j'en suis désolée. J'ai l'impression qu'elle me prend toujours pour responsable des malheurs qui lui arrivent. Alors que je ne fais que vivre ma vie, le plus loin possible d'elle. Au lycée, je passe le plus clair de mon temps à éviter les couloirs où elle se balade accompagnée de sa cour. J'essaie tant bien que mal de me faire oublier, d'être le plus invisible possible pour qu'une fois rentrée à la maison elle n'est rien à me reprocher. Une fois il m'est même arrivé de mentir sur notre parentalité pour ne pas lui faire de l'ombre, ce dont elle m'aurait aussitôt accusé.

Une malédiction plane peut-être au dessus de ma tête après tout, ce qui expliquerai toutes les choses qui m'arrivent en ce moment. Il faut avouer que je ne suis pas partie de chez moi en grande forme. Cette année a été très éprouvante pour moi et j'espère vraiment que l'année prochaine sera plus agréable. Je ne cours pas après la popularité comme ma sœur, je ne demande qu'à être une élève normale, obtenir d'assez bonnes notes pour quitter cette ville où je n'ai jamais vraiment été heureuse.

Tout d'abord, ma rentrée en 10th n'a pas été facile. La secrétaire de mon lycée avait perdu mon dossier scolaire, il a donc fallu refaire toute la paperasse. Le dossier d'inscription, la fiche d'information, la feuille avec laquelle j'avais postulé dans l'équipe de pom-poms girls, etc... Il m'a fallu des heures pour tout refaire, j'ai retrouvé toutes les informations nécessaire pour compléter mon nouveau dossier sans aucune aide. Même ma mère n'a pas eu la gentillesse de m'aider. J'ai dû me débrouiller toute seule avec cette pile de fiches à remplir. Un vrai désastre! Mais j'y suis arrivée et je n'ai eu besoin de personne. Après une semaine de calvaire, je dois avouer avoir été très fière de moi.

Ensuite, la capitaine de l'équipe de pom-poms girls, Helen Woods, a totalement perdu la tête et a été dire au directeur qu'elle ne voulait plus de moi dans l'équipe. Soi-disant, je n'étais pas assez sportive pour suivre les entraînement. Au début, je n'ai pas compris pourquoi est-ce qu'elle voulait me faire partir, mais quelques jours après mon renvoi, j'ai appris qu'elle m'avait soupçonné d'avoir fait des avances à son petit-ami. Evidement, je n'ai aucun souvenir d'avoir parlé, ou même croisé dans un couloir le fameux petit-ami en question. Alors j'ai décidé d'aller m'expliquer avec elle et lui ai dit la vérité. En premier lieu, elle n'a pas voulu me croire, puis, lorsque son petit-ami est intervenu, elle m'a fait ré-intégrer l'équipe. Il m'a fallu des semaines pour gagner sa confiance et enfin me faire accepter dans l'équipe.

Puis, vers le milieu de l'année, Sean Lawyers, un garçon de ma classe, m'a demandé de sortir avec lui. J'ai d'abord accepté de l'accompagner au cinéma, puis nous sommes allés au restaurant ce qui a marqué le début de notre relation. Je n'avais pas de réels sentiments pour lui mais l'idée d'être en couple me plaisait. J'ai fais semblant pendant un mois mais la lassitude de la situation a pris le dessus et j'ai rompu avec lui. Je n'ai pas souffert de cette séparation mais d'après les rumeurs, Sean était dévasté. Je me suis promis de ne plus jamais sortir avec quelqu'un que je n'aimais pas, j'ai horreur de faire souffrir les autres, même les gens que je ne connais pas. Cela me rend malade de faire le malheur des personnes qui m'entoure. Contrairement à Allison, je suis quelqu'un d'émotive et d'altruiste. Le bonheur des autres entretient mon bonheur à moi. Je n'y peux rien, je suis comme ça.

Enfin, pour finir cette année désastreuse, ma sœur qui n'a pas été élu reine de sa promotion, a décidé de me fait vivre un véritable enfer. Elle a commencé par me prendre pour son assistante et depuis quelques temps elle se fait un plaisir de me faire chanter sur tout et n'importe quoi. La dernière fois où j'ai refusé de faire ce qu'elle m'avait demandé, elle a menacé de raconter aux parents cette fois où elle m'avait surprise en rentrant d'une soirée à laquelle mes parents m'avaient interdit d'aller. J'ai tout de suite abdiqué comme une idiote.

Pour résumer, je pense avoir parfaitement mérité ces vacances et ne laisserais pas un débile comme Jared me les gâcher. C'est impossible, cette fois il ne gagnera pas. Je vais passer les meilleurs vacances de toute ma vie, un point c'est tout. Je compte sortir le plus souvent possible et me faire des amis. Profiter du soleil, de la plage, de la mer et du sable chaud. Avec un peu de chance, je pourrais peut-être même me trouver un vrai petit-ami. Oublier cette année oppressante et me libérer de tout ce poids qui pèse sur mes épaules. Je ne demande pas la lune, je veux juste passer trois semaines normales et sans aucun soucis. Ce n'est pas plus compliqué que ça.

Néanmoins, j'ai le mauvais pressentiment que Jared et Allison seront là pour déjouer mes plans.

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