La légende des deux royaumes...

By Miss-Laure

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" Lorsque la Lumière sombrera et que l'Obscurité périra Le doute et la peur apparaitront. En ces... More

Chapitre 1 - Partie 1
Chapitre 1 - Partie 2
Chapitre 2 - Partie 1
Chapitre 2 - Partie 2
Chapitre 3 - Partie 1
Chapitre 3 - Partie 2
Chapitre 3 - Partie 3
Chapitre 4 - Partie 1
Chapitre 4 - Partie 2
Chapitre 5 - Partie 1
Chapitre 5 - Partie 2
Chapitre 6 - Partie 1
Chapitre 6 - Partie 2
Chapitre 7 - Partie 1
Chapitre 7 - Partie 2
Chapitre 8 - Partie 1
Chapitre 8 - Partie 2
Chapitre 9 - Partie 1
Chapitre 9 - Partie 2
Chapitre 10 - Partie 1
Chapitre 10 - Partie 2
Chapitre 11 - Partie 1
Chapitre 11 - partie 2
Chapitre 12 - Partie 1
Chapitre 12 - Partie 2
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15 - Partie 1
Chapitre 15 - Partie 2
Chapitre 16 - Partie 1
Chapitre 16 - Partie 2
Chapitre 17 - Partie 1
Chapitre 17 - Partie 2
Chapitre 18
Chapitre 19 - partie 1
Chapitre 19 - Partie 2
Chapitre 20 - Partie 1
Chapitre 20 - Partie 2
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Épilogue de la 1ère partie
Blabla
Chapitre 1 - Partie 1
Chapitre 1 - Partie 2
Chapitre 2 - Partie 1
Chapitre 2 - Partie 2
Chapitre 3 - Partie 1
Chapitre 3 - Partie 2
Chapitre 4 - Partie 1
Chapitre 4 - Partie 2
Chapitre 5 - Partie 1
Chapitre 5 - Partie 2
Chapitre 6
Chapitre 7 - Partie 1
Chapitre 7 - Partie 2
Chapitre 8 - Partie 1
Chapitre 8 - Partie 2
Chapitre 9 - Partie 1
Chapitre 9 - Partie 2
Chapitre 10 - Partie 1
Chapitre 10 - Partie 2
Nouvelles
C'est parti !
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Epilogue
Blabla de fin

Chapitre 13

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By Miss-Laure

Inwë, les mains dans la terre, se ressourçait un peu. Ces trois derniers jours l'avaient laissée épuisée. Le meurtre de Mordrais continuait de la bouleverser tant elle se sentait coupable de la façon dont elle l'avait exécuté. La folie et la rage destructrice avaient fait d'elle un monstre durant un instant et cette aisance avec laquelle elle s'était fondue vers cet état bestial, l'effrayait.

Finwë lui avait dit qu'ils étaient semblables. Comment pouvait-elle le combattre si elle aussi était un monstre ? Mordrais avait cent fois mérité son sort, du moins l'estimait-elle. Est-ce que cela suffisait à le tuer ? Toutes ces questions tournaient et retournaient dans sa tête.

Inwë finit par penser qu'elle ne valait pas mieux que Mordrais et Finwë. Elle continuait de vouloir faire payer à son époux, à vouloir le faire souffrir et le tuer de ses mains. Et même plus, elle continuait de penser qu'il le méritait. Il devait mourir.

Ces pensées étaient son fardeau. Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement passer outre ces sentiments ? Elle était fatiguée. Fatiguée d'être toujours en prise avec ce que la morale lui dictait et ce que son âme lui murmurait. Elle souhaitait aller mieux, elle le désirait fortement, mais elle n'y parviendrait pas tant que l'ombre menaçante de Finwë planerait au-dessus d'elle. Qu'elle se trouve à Süryell où au bout du monde, elle ne se sentirait pas libre tant qu'il serait encore en vie.

S'ajoutant à cette pression, la veille au soir les bateaux de Meij avaient fait leur apparition à l'horizon. Les hommes de Samios avaient rapporté la nouvelle à leur maître qui était venu la lui annoncer avant de prévenir Finwë. Ce qu'ils avaient craints était en train de se dérouler.

Meij, le roi d'Osembrun, faisait son apparition avant qu'ils aient affronté Finwë. Ce qui signifiait qu'elle avait un poids de plus sur les épaules : retarder la signature du traité. Elle ignorait à quel point il allait être fidèle à sa parole donnée à Finwë.

Gabriel lui avait révélé qu'ils n'étaient pas proches et que Meij voyait dans cette signature, une opportunité d'ouvrir son royaume à de nouvelles perspectives marchandes. Il fallait espérer que ce soit exact et qu'il ne voit pas en ces dissidences une opportunité d'annexer leur continent fragilisé à son royaume.

Alors qu'elle s'occupait de ses plantes, désherbant et nettoyant un peu autour des pieds, tout pour arrêter d'angoisser quelques minutes, elle entendit que quelqu'un arrivait dans son dos. Se retournant, elle vit qu'il s'agissait de Gabriel et suspendit ses gestes. Elle tapa ses mains pour enlever le plus de terre possible et les essuya dans un pan de jupe, puis se releva, appréhendant ce qu'il allait lui dire. Il se tenait là, à quelques pas d'elle mais il n'avança pas et ne prononça pas un mot.

— Tu veux que nous parlions de ce qui s'est passé. questionna-t-elle de manière purement rhétorique.

— Il le faut oui.

— Il faut que je dise que je regrette de l'avoir tué ? La réponse est non. Bien sûr que non. Si je devais le refaire, je le referai.

La jeune femme savait pertinemment que là n'était pas le problème, mais elle préférait noyer le poisson plutôt que d'affronter le jugement de Gabriel. Elle était même terrorisée qu'il soit déçu de ses actes. Une nouvelle fois elle avait peur de ne pas être à la hauteur. L'avis de Gabriel importait plus que l'avis de quiconque, se rendit-elle compte. Parce qu'il n'était jamais complaisant avec elle et qu'il savait ce que cachait son âme.

— Il ne s'agit pas de cela et tu le sais très bien.

— Alors quoi ? Qu'est-ce qu'il faut que je raconte ? Que je ne suis qu'une pauvre créature rongée par la haine ? Que la façon dont je l'ai exécuté est monstrueuse ? Qu'encore une fois je n'ai pas réussi à faire une chose correctement ?

Inwë s'était mise à trembler sous le poids de ses émotions qui menaçaient de jaillir. Être entourée, se rendit-elle compte, c'était être exposée, risquer de décevoir et risquer d'être jugée. Plus que tout, elle souhaitait garder l'estime de ses amis.

— Je déteste ce qu'il fait de toi, finit-il par dire d'une voix douce comme s'il comprenait sa terreur. Finwë parvient à te faire croire que tu es une femme faible alors que tu es forte. Il te faire croire que tu es un monstre, pourtant tu es un être bon. J'aimerais tellement intervenir et lui faire payer, mais je respecte ton plan parce que je te respecte plus que quiconque. Sois courageuse. Ne le laisse surtout pas t'avoir.

Inwë lisait la sincérité dans son regard, mais aussi la confiance, si bien que la tension en elle céda et un flot de larmes se déversa en torrent contre ses joues. Elle fut prise de sanglots qui l'empêchèrent de parler.

Gabriel la prit par l'épaule avant de l'attirer à lui de manière bourrue. Elle se pelotonna contre lui, la tête dans son cou pour y déverser son chagrin et évacuer la pression. Il referma ses bras sur elle, comme s'il voulait à la fois absorber sa peine et la protéger du monde extérieur.

— Je n'en peux plus. Tout cela, c'est trop pour moi. Je ne me sens pas à la hauteur et je ne pense pas avoir les forces nécessaires pour arriver au bout de cette histoire.

— Nous pouvons toujours partir au fond des marais, je t'apprendrai à pêcher, dit-il en souriant.

Inwë ne put s'empêcher de rire dans un sanglot à cette idée.

— Je sais déjà pêcher.

— Eh bien parfait. Mais je pensais ce que je disais, si tu veux nous pouvons partir, avec ta famille évidemment.

— Je me mépriserais si je faisais ça, si j'abandonnais tout.

— Je sais, répondit-il simplement en lui embrassant le front. Ce que tu vas faire est courageux et brave. Depuis le début, tu as accepté que tout repose sur toi. Tu es forte, ne l'oublie jamais, fit-il en attrapant son regard pour lui prouver qu'il pensait vraiment ses mots.

— Merci.

Il lui avait relevé le menton et n'avait pas enlevé sa main. Ils étaient toujours blottis l'un contre l'autre dans cette étreinte réconfortante, leurs regards vissés. Ils se comprenaient sans mot.

Inwë approcha son visage de celui de Gabriel. Elle n'avait pas prémédité son geste, mais elle en avait terriblement besoin. Sans aucune hésitation, Gabriel parcouru le chemin restant et l'embrassa.

C'était plus doux, plus mature que ce qu'elle avait connu avec William. Le baiser fut tendre et elle fondit entre ses bras. Il glissa la main dans ses cheveux pour approfondir leur étreinte et elle se serra un peu plus contre lui pour se nourrir de sa force et de sa chaleur.

Un petit raclement de gorge se fit entendre. Comme un seul homme, ils s'écartèrent l'un de l'autre et se tournèrent vers leur visiteur, se fustigeant de s'être fait prendre la main dans le sac. Avec appréhension, il s'aperçurent qu'il ne s'agissait que de Geosef, droit comme un i. Cependant, et parce qu'elle le connaissait bien, la jeune femme vit son regard pétiller d'amusement, ce qui ne l'empêcha pas, elle, de rougir comme une jeune fille prise la main dans le sac. Elle n'osa pas se tourner pour voir la réaction de Gabriel, par peur de s'empourprer plus encore.

— Pardonnez mon interruption, déclara Geosef avec son ton familier, mais Samios vous attend dans vos appartements, ma chère. Il semblerait qu'il ait quelque chose d'urgent à vous dire. A propos d'Erid, m'a-t-il dit.

À ces paroles, elle sentit Gabriel se tendre derrière elle et elle aussi s'inquiéta de ce que cela pouvait être.

— Savez-vous de quoi il s'agit ?

— J'ai bien peur que non. Il m'a demandé d'aller vous chercher au plus vite, quand il m'a vu près de vos appartements. Je venais y déposer une petite collation et je m'en félicite, il aurait été dommage qu'une autre personne vienne à votre rencontre...

— Geosef, je...

— Je ne vous juge pas, jeune fille. Faîtes ce que bon vous semble. Je peux même ajouter que je suis ravi de vous voir prendre du bon temps.

Elle entendit Gabriel pousser un petit soupir amusé.

Samios l'attendait dans son salon privé et il avait vraiment l'air inquiet. Geosef les laissa et Inwë s'approcha de lui d'un pas vif.

— Qui y'a-t-il ?

— Elio m'a transmis rapidement un message, ne vous trouvant pas, il n'a pas pu venir lui-même vous prévenir. Il semblerait que Finwë l'ait embrigadé dans les préparatifs pour accueillir Meij.

— Tu crois qu'il se doute de quelque chose et qu'il veut nous séparer pour que nous ne puissions pas communiquer ? demanda la jeune femme à Gabriel.

— Bien sûr qu'il a des doutes. Il cherche à t'isoler pour te fragiliser un peu plus encore.

Ce que ne disait pas ce dernier, c'était qu'il pouvait assurer ce qu'il disait. Finwë le lui avait très clairement dit. Il savait qu'Inwë n'avait pas encore renoncé complètement et il cherchait à l'asservir encore mieux. Après son voyage dans la Forêt des Songes, il voulait qu'elle comprenne qu'en réalité elle était seule, qu'elle ne pouvait compter sur personne. Il la voulait sous son joug entier. Finwë désirait briser son épouse et peut-être que, lorsqu'elle ne serait plus que l'ombre d'elle-même, il la laisserait en paix. Tant que le Fille de la Lune lutterait, il prendrait un malin plaisir à tenter de l'assujettir.

— Geosef nous a précisé que l'information dont vous disposez concernait mon frère, quelle est-elle ?

La patience l'avait quitté et Samios le sentait bien.

— Justement, ce qu'Elio n'a pas pu vous dire, c'est qu'en faisant sa ronde auprès des gardes ce midi, il a vu qu'un nouveau prisonnier avait été tabassé et capturé, soit disant pour révolte. Il a reconnu Erid.

— Comment va-t-il ? s'enquit Gabriel en s'approchant de lui, comme si, en le menaçant, il en apprendrait plus.

— Il paraissait conscient, mais mal en point. Il était seul, ajouta-t-il à Inwë pour la rassurer. Géron et lui ne devaient pas se trouver ensemble à ce moment-là.

— Je vais y aller, lança Gabriel à bout de patience.

— Attends, lui dit Inwë inquiète. Calme-toi avant. Il faut réfléchir à une solution pour le sortir de là et ne pas foncer tête baissée.

— C'est mon frère, tonna-t-il la faisant sursauter.

— Et c'est un ami cher à mon cœur, compléta-t-elle doucement, venant poser une main sur son torse.

— Je refuse de le perdre. Pas une nouvelle fois. Je dois savoir comment il va, Inwë lui caressa le dos, dans un geste qu'elle espérait apaisant.

— Va voir comment il va et si tu peux, fait-le sortir. Envoie-le dans une planque et j'irai le soigner dès que possible.

A ce moment, ils entendirent la porte mitoyenne des deux appartements s'ouvrir. Inwë s'éloigna rapidement de quelques pas.

— Je le tuerai un jour, promis Gabriel à voix basse.

— Et je serai à tes côtés pour t'aider à enfoncer la lame dans son cœur.

Son époux fit irruption dans la pièce, en compagnie d'Elio. Il eut un mouvement surpris en les voyants tous les trois ensembles. Il ne faisait pas confiance à Inwë et se méfiait également de Samios. Il interrogea Gabriel du regard, ce fut Inwë qui lui répondit.

— Samios venait me raconter à quoi ressemblait la flotte de Meij, vu que je n'ai certainement pas l'autorisation d'aller les accueillir. N'est-il pas sympathique ? Quant à ton cher second, ma foi, je suppose qu'il est là pour me surveiller.

A ce petit jeu-là, elle pouvait exceller. Bien sûr, Finwë ne la croirait certainement pas, mais le principal était qu'il ne vienne pas à douter de Gabriel. Ce dernier avait son regard froid, mais à présent, elle pouvait remarquer qu'il n'était pas comme celui de d'habitude. Elle eut un petit moment d'angoisse quand il s'approcha de Finwë et fut rassurée qu'il ne tente rien contre lui.

— Absolument pas, je le cherchais d'ailleurs, déclara son époux.

— Est-ce pour cette raison que tu m'as emprunté Erid ?

Prononcer ce nom en sachant où se trouvait le vrai Erid lui serra le cœur.

— Vu que ton second semble compétent, je pensais le mettre à disposition de nos invités. Qu'en penses-tu ? Acceptes-tu de t'en séparer un temps ?

Inwë fit mine de réfléchir un moment, comme si elle pouvait lui dire non. Il voulait la séparer de lui et en même temps, elle était persuadée que le jeune homme allait être surveillé. Finwë allait s'assurer qu'il ne puisse lui transmettre aucune information, sous peine de punition.

— Très bien. Mais ne te crois pas obligé de me proposer Gabriel en échange, ajouta-t-elle mesquinement, ce qui fit sourire discrètement Elio, légèrement en retrait derrière son époux.

— Promis, déclara Finwë en riant. Et tu te trompes, tu es la bienvenue pour venir les accueillir.

— Dans ce cas, veuillez m'excuser, j'ai à me préparer, dit-elle en se retirant dans sa chambre.

***

Seuls trois bateaux avaient été autorisés à s'amarrer dans le port, mais Samios leur avait révélé que bien d'autres attendaient le long de la Rivière aux Milles Reflets.

Inwë, sans y connaître grand-chose en armature, remarqua que les coques étaient plus fines, mais également plus hautes que celles qu'elle avait vues jusque-là. Ce n'était probablement pas des navires marchands ; ils étaient taillés pour les eaux profondes et la vitesse, comme lui expliqua Samios. On sentait une autre culture à l'œuvre dans la construction de ces navires et Inwë était curieuse de rencontrer ces gens, même si une tâche difficile l'attendait.

Avec elle, se tenait sur le port une délégation d'une douzaine d'hommes, composée de Finwë, Gabriel, Elio, Samios, Bertram et d'autres Seigneurs encore.

Le cordage finit d'être arimées et on les fit bientôt monter à bord, comme le voulait leur tradition, apparemment. Ils furent escortés par des soldats, tous vêtus d'armures de cuir. Pour la majorité, ils avaient les cheveux clairs, que rares d'entre eux portaient courts, la plupart les ayant longs, tressés par endroits. Leur teint était halé par des heures passées au soleil et buriné par la Mer, affirmant un peu plus leurs traits. Ils étaient fascinants.

Ils montèrent sur le pont du navire. Là-haut, Inwë put apercevoir une rampe sculptée de motifs et de symboles qu'elle reconnaissait pour les avoir en partie portés lors de la cérémonie dans le cloître en compagnie de Julyne et Gemma quelques années plus tôt.

Un homme de stature imposante fit son apparition. Ses cheveux blonds, décolorés par la vie de marin tombaient jusque sous ses omoplates. Une barbe à peine plus foncée lui mangeait les joues et son teint bronzé faisait ressortir la clarté de ses yeux. Il paraissait plus jeune que Finwë ou Gabriel, mais d'après la première impression qu'il fit sur Inwë, cela ne semblait pas être un handicap pour lui.

Elle devina instantanément qu'il s'agissait de Meij : il y avait quelque chose de royal en lui. Il semblait fort et déterminé dans sa stature, mais son regard montrait une douceur et un calme apparent. Quelque chose de rassurant qu'elle ne lisait pas chez son époux.

Finwë le salua comme une vieille connaissance et Inwë gardait en tête les paroles de Gabriel. Ils se connaissaient à peine. Elle ne s'offusqua pas lorsque Finwë fit passer Gabriel avant elle dans les salutations, cela montrait simplement les manières de son époux.

— Avez-vous fait un bon voyage ? questionna-t-elle poliment. Il n'a pas été trop agité ?

— Pas du tout, lui répondit Meij en souriant chaleureusement. En cette période, la mer est assez calme.

— J'avoue humblement ne pas connaître grand-chose aux affaires maritimes. Je n'ai jamais voyagé sur un bateau de ma vie.

— Peut-être aurons-nous l'occasion de faire une petite sortie en mer, pour vous plaire. Je serai ravi d'inaugurer une nouvelle activité avec vous.

La Fille de la Lune le remercia, Meij lui semblait sympathique. C'était un homme qui n'avait rien à prouver et Inwë aimait cela.

— Souhaitez-vous vous installer au château ou préférez-vous rester ici ? demanda Finwë.

— Nous resterons là. Comme le veut notre tradition.

— Je le sais, mon ami. Je vous posais la question par politesse, je ne souhaitais certainement pas vous obliger.

Gabriel en avait parlé à Inwë. Il lui avait expliqué que chez eux, on ne s'invitait jamais dans la demeure de quelqu'un, sauf en de rares occasions.

A moins que ce fut l'inverse. Une bonne excuse pour ne pas risquer d'être pris au piège dans un endroit qu'ils ne connaissaient pas et pouvoir filer en cas de danger.

— Si vos hommes veulent établir des campements, ils pourront le faire sur la berge, non loin de leurs navires. Nous sommes désolés de ne pas avoir pu tous vous accueillir dans le port, ajouta Finwë.

Bien sûr, il ne l'était pas, il avait même calculé son coup en prévision.

— Ne croyez pas que nous ne pourrons pas nous défendre sans eux, fit une voix féminine peu aimable.

La femme fit face derrière Meij qui ne se retourna pas, mais un sourire naquit cependant sur ses lèvres. Elle était d'un roux flamboyant, ses cheveux nattés en une tresse épaisse retombaient sur son sein. Elle portait un pantalon près du corps, dévoilant ses courbes généreuses, un sabre à la lame courbée à sa ceinture, un cimeterre. Inwë n'avait jamais vu de telles armes. Elle portait une armure de cuir qui semblait avoir été sculptée sur son corps et qui était usée en de nombreux endroits.

A ses côtés, un homme la dépassait d'une tête et pourtant elle n'était pas petite, il était simplement immense. Son corps, même s'il devait être massif en réalité, semblait presque fin sur une telle hauteur. Comme Meij, il avait une chevelure blonde, coiffée en arrière, sans tresses, mais qui lui retombait tout de même sur les épaules. Contrairement à la femme qui avait le visage expressif et animée d'une volonté de fer, il semblait plus ouvert, mais ses émotions restaient cachées en lui. Ils semblaient bien plus mystérieux et difficiles à déchiffrer que Meij.

— Je vous présente mon frère et ma sœur, fit Meij à l'intention d'Inwë. Arhys et Alhyx sont jumeaux.

La Fille de la Lune parut surprise un instant. Si pour le frère, Arhys, la ressemblance était flagrante, même type de visage et même nez, pour la sœur, Alhyx, c'était moins probant. Elle ne ressemblait pas à ses frères, tant par la couleur de ses cheveux que les traits de son visage. Seuls les yeux étaient identiques aux trois : d'un cyan très pale au centre, cerclé d'un bleu plus profond sur les extérieurs. Ce regard les rendait fascinants. Si les jumeaux semblaient un peu plus jeunes qu'Inwë, une force brute se dégageait d'eux.

Finwë les salua à son tour, puis s'adressa plus particulièrement à Alhyx.

— C'est une joie de vous revoir et nous savons qu'entre vos mains, vos frères ne risquent rien. Vous êtes une adversaire redoutable.

La jeune femme à la crinière flamboyante le toisa d'un air hautain. Mais Inwë aperçut un petit changement dans son visage, le compliment l'avait touchée. Cependant, elle ne sut pas si les paroles de Finwë avaient été flatteuses ou ironiques.

— Nous allons vous laisser, déclara Finwë. Le temps de vous laisser vous installer. Pour l'heure, vous êtes tous les trois conviés au banquet de ce soir, en votre honneur. Erid va rester avec vous, il répondra à toutes vos attentes.

Le jeune homme s'avança vers eux et Inwë ajouta :

— Vous verrez, il fait un travail remarquable.

Le jeune prince croisa son regard et elle lui donna un petit sourire d'encouragement. Via Gabriel, elle lui avait dit de faire attention et de ne plus entrer en contact direct avec elle. Que s'il souhaitait aller chez Géron, de faire très attention de ne pas être surveillé.

En retournant au château, Inwë observa Gabriel à la dérobée, quelques secondes. Il avait exactement le même air que lorsqu'ils avaient appris la nouvelle de l'arrestation d'Erid. Elle aussi était morte d'angoisse, mais de voir ce regard fermé et glacial lui serra le cœur.

***

A peine fut-il séparé du reste du groupe que Gabriel se dirigea vers les cachots. Il devait faire sortir son frère. Il était un homme attentif en toute circonstance, pourtant, durant l'après-midi, il avait eu plusieurs moments d'absence. Il devait se ressaisir. Il ne pourrait pas aider Erid s'il n'avait pas totalement la tête à la tâche. Mais en ce cas précis, il lui était impossible d'être impassible. Il s'agissait de son frère, de sa famille. La seule qui lui restait.

Lorsqu'il entra dans les cachots, il s'aperçut que Kaarl était présent. Ça ne l'étonnait pas, le chef des gardes était un homme sadique. Il avait dû participer avec plaisir au tabassage.

— Il parait que vous avez attrapé un homme pour révolte aujourd'hui ?

— C'est exact, répondit Kaarl. Attrapé ce midi, alors que nous suivions de potentiels rebelles. Finwë nous a demandé de surveiller en ville, lors de votre voyage. Cet homme s'en est pris à nous, alors que nous allions arrêter quelques personnes. Nous l'avons ramené et interrogé. Il cache des choses, j'en suis certain. Je pense que nous avons une des têtes pensante de la rébellion.

Gabriel comprit que Finwë, sans lui en avoir parlé, avait profité de l'absence de son épouse pour faire mainmise sur la ville. Inwë avait montré un trop grand intérêt pour ses habitants et Finwë souhait savoir jusqu'à quel point elle s'y était intéressée. Il avait donc envoyé ses hommes partout en ville pour fouiner.

Malheureusement pour Erid, il avait été pris pour l'un des agitateurs. Pourquoi n'avait-il pas fait profil bas ? Kaarl pensait qu'il cachait des choses et il était doté d'un instinct assez sûr, même s'il se trompait de sujet. Ça allait être compliqué de le faire sortir sans attirer les soupçons, désormais.

— Qu'a-t-il dit ? questionna-t-il surtout pour savoir jusqu'à quel point ils l'avaient interrogé.

— Il n'a rien lâché pour le moment, affirma Kaarl avec un rictus qui indiquait qu'il n'en était qu'au début des hostilités.

— Laissez-moi le voir.

Le chef des gardes parut hésiter un moment, comme s'il ne voulait pas qu'on s'approprie son nouveau jouet. Puis finalement, comme il ne pouvait rien refuser à Gabriel, il le conduisit jusqu'à la porte d'une cellule. Entre les deux hommes, il n'y avait jamais eu la moindre marque d'entente. Au mieux, ils s'estimaient pour leur capacité de guerrier. Ils évitaient de se fréquenter, chacun restait dans son domaine autant qu'il le pouvait. Et lorsque Gabriel devait intervenir auprès de Kaarl, tous les deux savaient que c'était uniquement par nécessité.

En entrant, malgré la pénombre, il aperçut son frère dans un coin, éclairé par une seule et minuscule source de lumière. Gabriel attrapa une torche et ferma la porte de la cellule derrière lui. Il s'approcha de son frère et se pencha sur lui.

Erid avait le visage tuméfié et complètement boursouflé. Les autres parties de son corps ne devaient pas être mieux. Sa tunique était déchirée et il voyait des ecchymoses sur ses côtes.

— Comment vas-tu ?

— C'est toi ?

— Oui. Tu te sens comment ?

— Ça pourrait aller mieux, coassa-t-il en se tenant les côtes pour s'asseoir correctement. Mais ça va.

— Que s'est-il passé ?

— J'étais en ville avec Géron. Il s'était rassemblé avec quelques hommes, dans une taverne, pour discuter de comment ils tiendraient la ville, le moment venu. Des soldats sont venus droits sur eux. J'ai tout de suite compris qu'ils venaient les attraper. Je leur ai dit de fuir et j'ai affronté la garde pour leur laisser le temps de s'échapper. Que pouvais-je faire d'autre ? Ils ont tous une famille.

— Je suis désolé. Ils te prennent pour une des têtes pensante de la rébellion. Je ne peux pas te libérer maintenant sans risquer d'attiser le doute.

— Je sais. Continuez ce qu'il y a à faire. Vous me sortirez de là après.

— C'est risqué, Kaarl te poussera à bout.

— Je tiendrai bon, fais-moi confiance. Assure-toi simplement que Géron et les autres comprennent qu'ils sont surveillés.

— Je leur dirai de se tenir à l'écart quelque temps. Je vais faire mon possible pour te sortir de là le plus rapidement possible.

— J'ai confiance en toi.

Gabriel le fixa un moment encore, puis ressortit du cachot.

— Il a effectivement des choses à cacher, affirma-t-il à Kaarl qui l'attendait devant. Faites-le tenir le plus longtemps possible, je veux savoir ce qu'il cache. Allez-y doucement, ne le tuez pas tout de suite par excès de zèle. Je le veux en vie et entier.

Kaarl approuva et Gabriel déguerpit avant de lui envoyer un coup de poing à lui décrocher la tête et à ruiner tous les efforts bâtis.

***

Ce soir-là, Inwë entra dans la salle de réception, en compagnie de son époux, vêtue d'une robe rosée, brodée de fils guèdes. Elle avait relevé ses cheveux dans un mélange de tresses de différentes épaisseurs. Elle était divine.

Tous ceux qui influaient dans la vie du Royaume se trouvaient présents, prêts à accueillir ces visiteurs venus d'un autre continent. Peut-être même que certains se vanteraient d'être pour quelque chose dans l'alliance des deux royaumes. Inwë, elle, pourrait se targuer d'avoir voulu faire échouer les pourparlers... Restait encore à savoir si elle y parviendrait.

Elle aperçut Gabriel derrière une foule de personnes, vêtu de noir et les traits tirés dans une mine renfrognée. Ça ne présageait rien de bon. Inwë aurait souhaité se tenir à ses côtés et partager son angoisse. Elle se faisait énormément de soucis pour Erid, mais elle ne pourrait pas savoir de quoi il en retournait pour le moment.

Alyse, également présente, portait une robe pourpre scandaleusement osée, sans pour autant paraître vulgaire. La Fille de la Lune s'amusa de son acharnement autant qu'il lui fit de la peine.

Une fois qu'ils eurent salué la majorité des personnes présentes, Meij fut annoncé. Il pénétra, très beau, dans la salle, mais ce fut lorsque son frère et sa sœur entrèrent à leur tour que la vague de murmure atteignit son paroxysme. Inwë le comprenait aisément.

Arhys, même dans un endroit aussi spacieux, attirait tous les regards sur lui. Il était grand, beau, d'une virilité animale. Il suffisait qu'il pose un œil sur vous pour que vous vous sentiez déstabilisé, même si, la plupart du temps, son air était plutôt bienveillant.

Alhyx, quant à elle, n'avait pas pris la peine d'enfiler une robe. Elle portait toujours un de ces pantalons moulant, faisant ainsi jaser quelques femmes et taire d'envie leurs époux. La princesse rousse avait toutefois quitté son armure pour porter une tunique au col relativement échancré et marqué à la taille par une grosse ceinture, qui en temps ordinaire devait supporter son épée. Elle avait toujours son visage fermé et froid, hautain, ce qui rendait encore plus frappante sa beauté glaciale.

Les jumeaux étaient magnétiques, cependant, même à côté d'eux, leur frère aîné ne manquait pas de charme. Il semblait plus doux et avenant, mais Inwë aurait juré qu'en temps voulu, il pouvait se montrer aussi bestial que son frère et sa sœur.

Plus tard dans la soirée, alors que le repas touchait à sa fin et que chacun s'était levé pour discuter en petits groupes ou danser, Inwë observait autour d'elle. Meij était en compagnie de Finwë et Alyse ne lâchait pas son amant d'une semelle. Un peu plus loin, les jumeaux discutaient avec des gens. Du moins, Arhys le faisait avec une telle politesse qu'elle la trouvait factice. Alhyx, en revanche, semblait à la limite de l'explosion. Les futilités et les ronds de jambe n'étaient pas son domaine, mais elle se contenait car tel était son rôle.

— C'est un phénomène, tu peux me croire, fit Elio.

Il se tenait en retrait, à l'abri des regards inquisiteurs.

— Elle n'a pas arrêté de tempêter depuis son arrivée. Je pense qu'elle terrorise tout le monde à part ses frères. Seul Arhys a le pouvoir de la calmer en quelques secondes, c'est très impressionnant. Je crois qu'il va falloir un peu de temps avant que je m'habitue.

— Tu as de l'expérience pourtant, s'amusa Inwë. Tu m'as supportée. Comment vas-tu ?

Ils discutaient sans se tourner l'un vers l'autre.

— Je vais très bien, ne t'en fais pas. C'est une bonne chose finalement que je sois au service de Meij. Il a l'air d'être un homme bien, aussi peu que j'ai pu en juger.

Inwë se fia aux paroles d'Elio. Il avait une capacité étonnante à juger les personnes et il se trompait rarement.

— Je te laisse avant que quelqu'un nous repère, ajouta-t-il. Transmets mon soutien à Gabriel. Je m'inquiète beaucoup pour Erid, j'espère que nous pourrons rapidement faire quelque chose pour lui.

— Fais attention à toi. Reste proche de notre hôte et loin de mon époux, le temps que cette histoire finisse. Si tu sens que quelque chose ne tourne pas rond, vas te cacher chez Géron, ne prend pas de risques inutiles.

Après qu'il fut parti, elle se tourna vers son époux qui avait repris une conversation avec Bertram et sa fille. Elle vit que Meij arrivait vers elle, alors elle lui sourit avant de lui demander poliment :

— Passez-vous une bonne soirée ?

— Merveilleuse, lui répondit-il en souriant à son tour. Elle le serait encore plus si vous acceptiez de danser avec moi.

— Comment pourrais-je refuser après une telle invitation, badina-t-elle en riant et lui tendant la main.

Meij l'attrapa et la conduisit jusqu'au milieu de la piste, la prit par la taille et commença à danser. Alhyx les surveillait du coin de l'œil, son frère ne quittait pas son champ de vision.

— Vu comment votre sœur nous surveille, vous pouvez être sûr qu'il ne vous arrivera rien. Il faudrait être fou pour tenter quoique ce soit contre vous.

— Ma sœur est très méfiante. Mais ce n'est pas sa faute, elle a dû grandir dans un monde où seuls les hommes sont écoutés. Même si j'ai confiance en son jugement, ce n'est pas le cas de tout le monde et elle a souffert de cette différence.

— Ce n'est pas le cas de tout le monde ici non plus.

— Oui, mais si votre époux meurt, vous resterez à la tête de votre royaume, ou même de votre famille.

— Et chez vous, non ?

— Non, une femme passe du statut de fille ou sœur avant de devenir une épouse, puis une mère. Si son époux meurt, alors le chef de famille devient l'homme le plus proche, un fils, un frère. Jamais une femme. Notre société est patriarcale. Alhyx a grandi entourée d'hommes, à se comporter comme eux car mes parents l'y ont encouragée.

— Vous la blâmez ?

— Non, bien sûr que non. Ma mère était une femme forte avec un caractère affirmé, mon père la considérait comme son égale et j'ai grandi avec une sœur élevée comme moi. Je ne pense pas ainsi et je souhaite le meilleur pour elle. Mais les gens la jugent pour tant de liberté et je ne peux changer des siècles de cette mentalité en quelques années. Tant que je serai en vie ça ira, mais le jour où je mourrai...

— Je pense que son frère la défendra, si elle a besoin d'être défendue.

— Toute personne, même les plus fortes en apparence ont besoin de soutien.

— C'est vrai.

A côté d'eux, Finwë et Alyse, qui dansaient ensembles, les saluèrent. La jeune femme était rayonnante.

— J'ignorais qu'ici aussi, le roi avait des concubines.

— A vrai dire, ce n'est pas le cas. Mais je suppose que mon époux s'en moque et sa maîtresse est bien trop ravie de s'afficher à son bras.

— Cela ne semble pas vous gêner.

— C'est exact. Finwë et moi n'avons pas eu ce qu'on pourrait appeler un mariage d'amour, je me moque de qui il met dans son lit, pardon si cela vous choque.

— Je ne le suis pas, fit-il amusé.

— J'ai appris que dans votre culture, le roi a aussi des concubines, c'est exact ?

— Ça l'est.

La danse était finie, mais Inwë conduisit Meij jusqu'à un petit balcon pour qu'ils puissent continuer leur conversation en toute tranquillité.

— Puis-je vous demander si c'est votre cas ?

— En effet, j'ai trois concubines, en plus de mon épouse.

— Pourquoi ? Quel est le but de tout ceci ?

— Des alliances, principalement et de l'amour peut-être, au moins pour l'une d'entre elles.

En l'observant, Inwë sut qu'il n'irait pas plus loin dans la confidence, ils ne se connaissaient pas assez pour parler de ces choses-là plus en profondeur. Leur conversation avait pris un drôle de tournant.

— Nous en revenons au fait que les femmes sont des objets de troc pour un peu plus d'influence.

— C'est le cas de toute personne de pouvoir. Je n'ai pas choisi mon épouse non plus. J'aimerais que tout cela change, mais, comme je vous l'ai dit, c'est compliqué. Les mentalités mettent du temps à évoluer, uniquement si les gens le veulent bien. Mais vous devez savoir de quoi je parle, puisque vous aussi, avez choisi de vous marier pour toute autre raison que l'amour.

— Croyez-bien que je n'ai pas vraiment eu le choix. Finwë devait épouser Alyse, mais il m'a rencontrée et il a estimé qu'une Fille de la Lune était plus glorieux, même sans le sou que la fille d'un riche homme. Il a fait d'elle sa maîtresse uniquement pour garder l'amitié et l'argent de son père.

— Ainsi c'est vrai ? Vous êtes réelle la Fille de la Lune ? C'est un honneur pour moi d'être face à vous.

— Vous voyez, en une seconde, je suis devenue un glorieux titre, remarqua-t-elle amusée.

— Vous avez raison, fit-il en riant. Pardonnez-moi. Vous disiez n'avoir pas eu le choix ?

— Je rêvais d'une vie banale, faite d'amour. Non, se reprit-elle. Pour être honnête, je rêvais d'action et d'aventure, mais certainement pas de finir reine en épousant Finwë.

— Êtes-vous en train de vous plaindre de votre condition ?

— A un moment je l'ai fait. Mais plus désormais, répondit-elle sincèrement. Aujourd'hui je sais que cela m'apporte une réelle chance de pouvoir faire changer les choses. Mais vous ignorez à qui je suis mariée. Ecoutez-moi Meij, ce que je vais vous dire est important. Je sais que nous ne nous connaissons pas, mais je crois profondément que vous êtes un homme bien et c'est pourquoi je me dois de vous mettre en garde.

— Contre quoi ? demanda-t-il en s'écartant, légèrement méfiant.

— Contre mon époux. Je suppose que si vous commenciez à avoir du respect pour moi, il va s'effacer en un rien de temps. Mais Finwë n'est pas un homme bon et digne de confiance. Non seulement il a tué sa famille pour monter sur le trône, mais il n'hésite pas à mentir, détruire, piller pour arriver à ses fins.

Toute sympathie abandonna le visage de Meij et il s'écarta pour s'éloigner

— Attendez !

Elle n'avait pas le choix, si elle voulait convaincre Meij, alors elle ne pourrait pas se contenter de mise en garde. Elle devait approfondir, se dévoiler, prendre un énorme risque. Elle ne pouvait faire autrement, elle était allé trop loin pour rebrousser chemin. Impliquée jusqu'au cou, sa dernière chance était de faire confiance à Meij et à son jugement.

La Fille de la Lune ne pouvait se permettre de voir sa seule occasion s'échapper et le laisser devenir allié de Finwë alors que Fenhrir arriverait bientôt. Tout reposait sur elle en cet instant. Elle inspira, songea à ce que Gabriel lui avait dit plus tôt dans la journée. Elle pouvait le faire.

— Je sais de quoi j'ai l'air. Mais je vous en prie, écoutez-moi. Je ne veux pas vous attirer d'ennuis, au contraire, je risque gros en vous parlant ce soir. Finwë est un homme épris de conquête. Il ne s'arrêtera pas à votre traité. D'ici peu, il va vouloir conquérir Somgysaï, le royaume voisin. Il va le brûler entièrement pour y tuer sa reine, la Fille du Soleil actuelle. Ensuite, il s'en prendra aux royaumes de votre continent, il trouvera n'importe quelle raison. Et il vous demandera d'agir avec lui, parce que ce sera dans l'accord qu'il veut vous faire signer. En revanche, si un jour vous avez besoin de lui que ce ne sera pas dans ses intérêts, alors vous pouvez être certain qu'il ne viendra pas à votre secours. Voilà comment procède mon époux. Mais vous avez des doutes, n'est-ce pas ? Pourquoi seriez-vous venu avec tant de bateaux, sinon ? Vous ne lui faites pas confiance non plus.

Meij la fixa sans rien ajouter et Inwë essaya de lui transmettre toute sa sincérité. Au départ, elle n'avait pas prévu d'être aussi honnête avec lui, mais lorsqu'elle avait compris quel genre d'homme il était, aucune autre option n'aurait été la bonne. La vérité était la seule solution, quitte à ce qu'il la dénonce.

— Est-ce que tout va bien, Meij ? questionna Alhyx en faisant irruption sur le balcon. Vous êtes partis il y a un moment, ajouta-t-elle en fixant à son tour Inwë, sentant la tension.

— Vous avez dit vouloir changer les choses, c'est moi aussi mon but, j'espère que vous le comprendrez. Sachez que mon sort repose entre vos mains. Vous êtes libre d'aller me dénoncer à mon époux. Ou alors, vous pouvez écouter ce que j'ai à vous dire. Je peux vous assurer que ce sera dans votre intérêt et le mien. Bonne soirée.

Inwë quitta le balcon, laissant seuls le frère et la sœur. Elle retourna à la soirée, auprès de son époux, renfilant le masque d'épouse dévouée. A un moment, Meij et les siens quittèrent la soirée. Ils vinrent les saluer. Et s'il ne manifesta pas de ressentiment à son égard, il ne lui adressa qu'un regard distant. Il ne lui restait plus qu'à attendre.



___________

Je vous présente donc Meij, Arhys et Alhyx, des gens charmants, surtout Alhyx héhé. Sinon, que dire à part pauvre Erid (je suis pas gentille avec lui, pourtant c'est mon chouchou, vous savez).

Le prochain chapitre devrait vous plaire...

Et les compteurs s'emballent, j'en reviens pas moi-même. Donc merci à tous les derniers venus, j'espère que l'histoire vous plaît et aux anciens, merci aussi d'être toujours présent ! 😘

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