thank you - hs. (II)

By ariforh

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On ne se rend jamais compte de combien nous sommes forts, jusqu'à ce qu'être fort devienne la seule solution... More

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By ariforh

Je n'ai pas réussi à prononcer quoique ce soit, c'est pourquoi j'ai très brutalement ouvert la porte, et j'ai dévalé les marches pour sortir dehors. Je passe mes mains dans mes cheveux en les tirant vers l'arrière de ma tête, mes joues devenant mouillées à cause de toutes ces larmes versées en si peu de temps. Je pense que la fatigue, dû au fait que je n'ai pas dormit de la nuit, joue aussi dessus mais honnêtement, je n'en ai rien à foutre.

Je n'arrive pas vraiment à réaliser. Il le savait. Depuis combien de temps, d'ailleurs? Est-ce que l'appel téléphonique qu'il a reçu ce matin était à propos de ça? Ou est-ce qu'il est au courant depuis le jour où je suis allée à l'hôpital? Et dans les deux cas, pourquoi ne m'a-t-il rien dit?

« Rose, » sa main se pose sur ma taille mais je me tourne brusquement en reculant de quelques pas, loin de lui.

Il a dû descendre les marches très rapidement : il est tout essoufflé.

Je n'arrive même pas à parler. Des sentiments de colère et de trahison me parcourent toute entière, aggravant mes pensées dans mon esprit.

« Tu le savais, » soufflais-je, ma voix sonnant si basse qu'on pourrait croire qu'il ne s'agit que du vent.

« Je voulais t'en parler mais tout s'est fait très rapidement, et ce n'– »

« Tu le savais et tu ne m'as rien dit, » le coupais-je, toujours aussi bas.

Il soupire et fait un pas en avant en tendant sa main, mais je l'évite en reculant, encore. Le parking est assez grand, et surtout, vide. S'il veut que l'on joue à ça, la partie risque d'être longue.

« Comment as-tu pu me faire ça? »

« Je suis terriblement désolé, » répond t-il, juste avant que ses yeux ne se mettent à briller.

Ses excuses ne valent rien en vu de ce qu'il va se passer pour moi, ensuite. Mais, avant même que je ne puisse contrôler toutes ces émotions, la colère prend possession de moi, me faisant partir au quart en tour en à peine deux secondes.

« Tu peux garder tes excuses, » crachais-je, mes poings se serrant, faisant entrer mes ongles dans la peau de ma main, « tu m'avais promis ! »

« Et je le pensais ! » s'écrie t-il soudainement, ce qui ne fait que grimper cette colère qui bouillonne en moi.

« Tu mens ! Encore ! » m'écriais-je à mon tour, « sinon nous ne serions pas ici ! »

Il secoue la tête plusieurs fois avant de tourner sur lui-même en regardant le ciel bleu, éclairé par un léger soleil.

« Tu m'as promis, et je te faisais confiance ! »

« Je t'ai promis parce que tu n'étais pas censée aller dans ce putain de centre de merde ! » crie t-il en montrant l'énorme bâtiment derrière lui d'un brusque coup de main.

« Depuis quand es-tu au courant? »

Il fronce les sourcils tandis que j'appuie mon regard dans le sien, ne le quittant pas d'une seule seconde.

« Je t'ai posé une putain de question, » m'impatientais-je. À force d'entrer mes ongles dans la peau de ma main, celle-ci doit-être marquée maintenant. Mais je ne m'en préoccupe pas — ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus.

« C'était seulement une suggestion, tu n'étais pas cens– »

« Réponds-moi ! » hurlais-je, mon pied frappant brutalement le sol au même moment.

« Depuis que tu es à l'hôpital ! »

Au moment même où je pensais que rien de pire ne pouvais arriver, ses paroles me brisent le cœur. Trois jours. Il le savait depuis trois jours, et il ne m'a rien dit. En trois jours, il savait que tout se passerait comme ceci, et même s'il dit le contraire, il m'est difficile, en cet instant, de le croire de nouveau.

« Je ne t'ai rien dit parce que j'ai tout fait pour éviter que tu viennes ici, » débute t-il, sa voix redevant calme et rauque, comme à son habitude, « je leur avais proposé le groupe d'Evy, plutôt que celui-ci, c'est pourquoi je t'en ai parlé, mais ils ne m'ont pas écouté. »

Je ferme très fortement les yeux, faisant glisser, au passage, plus de larmes sur mes joues, et je secoue la tête.

« Ça ne justifie pas le fait que tu aurais pu m'en parler à la seconde où tu l'as su. » murmurais-je.

Je vais m'effondrer contre le sol. Pleurer et être fatiguée comme je l'étais déjà, n'est pas un très bon mélange. J'arrive à peine à rester debout sans que mon corps ne se mette à trembler de façon incontrôlable.

« Je m'en veux tellement, si tu savais, » mon ventre se tord quand une larme glisse très lentement le long de sa joue.

Mais le voir pleurer ne changera rien même si je déteste le voir dans cet état. Il m'a menti, et ça, ça ne changera pas non plus.

« Tu m'as regardé droit dans les yeux, » je plonge mon regard dans le sien, tandis qu'il s'essuie les joues, « et tu m'as promis que je ne viendrais pas ici. »

« Je n'étais pas au courant qu'ils avaient changé d'avis ! » se défend t-il rapidement.

« Tu savais que j'étais terrifiée ! » répondis-je, ma voix s'emportant de nouveau.

« Je ne savais pas comment m'y prendre ! » renchérit-il, le ton de sa voix se levant également.

« Tu aurais dû me le dire directement, je ne suis pas en sucre ! » m'écriais-je, « je pensais que nous étions assez proches pour pouvoir tout se dire, dont des choses aussi importantes que celle-ci ! Surtout si ça concerne l'un de nous deux ! »

Son visage se referme soudainement, jusqu'à ce qu'un rire amer s'échappe de ses lèvres, ce qui me fait tressaillir.

« Je te déconseille de partir sur ce terrain, Rose. » lâche t-il, ses paroles sonnant comme un avertissement.

« Excuse-moi? » demandais-je en fronçant les sourcils.

« Ce que tu viens de dire va dans les deux sens, » je m'apprêtais à parler mais il a reprit aussitôt, « tu aurais pu me dire que tu connaissais ma mère, que tu l'avais déjà vue, et qu'elle était à Londres. »

Mon sang se glace dans mes veines en à peine une seconde, me paralysant entièrement.

« Comment es-tu au courant? »

« James m'en a parlé. »

Je veux bien avouer que sur ce coup, j'ai merdé. Vraiment. C'est de ma faute. J'aurai dû lui dire. Je sais que si je commence à m'exprimer sur les raisons qui m'ont poussée à ne pas lui dire, il répondra qu'il pensait la même chose. Et je n'en doute pas. Peut-être que c'était pour me protéger comme je l'ai fais, ou du moins, comme je le voulais, mais je n'arrive pas totalement à penser de cette façon.

« Écoute, » il avance de quelques pas, son corps se retrouvant près de moi très rapidement, « ce que j'ai fait est avant tout égoïste. »

Je ne réponds pas.

« Quand ils m'en ont parlé, je– j'ai paniqué, » il secoue la tête, « je ne voulais pas qu'ils nous séparent. »

Je baisse la tête.

Bien-sur que je ne le veux pas non plus, mais ce qui est fait, est fait, et maintenant, la situation est irréversible.

« Je savais aussi que tu en avais peur, c'est pourquoi j'ai tout essayé, » souffle t-il avant de renifler, « mais ça n'a pas marché. »

« Et pourquoi ne m'en as-tu pas parlé quand tu en avais l'occasion? » insistais-je, ce qui le fait soupirer.

« Tu venais d'essayer de te tuer, Rose, » mon estomac se tord à ses brusques paroles, et je détourne mon regard du sien, « j'avais peur que tu essaies une secondes fois si je venais à te le dire. »

Je ferme les yeux.

« Si je le pouvais, je reviendrais en arrière pour tout recommencer. »

Je secoue négativement la tête.

« C'est trop tard. »

Un silence de plomb s'abat sur nous. Je n'ai qu'une envie c'est de rentrer à la maison, mais ça n'arrivera pas. Ça n'arrivera plus désormais. Je vais devoir habiter ici, dans cet endroit, dans cet immense centre. Je sais que je n'ai personne à accuser mis à part moi-même. Je suis la seule coupable. C'est de ma faute, et j'ai ce que je mérite.

Mais le fait que Harry — la personne qui compte le plus à mes yeux, et en qui j'ai le plus confiance, m'ait mentit ouvertement, en me regardant droit dans les yeux, et en sachant pertinemment que l'idée d'être admise dans ce centre me pétrifiait, me met dans une colère incontrôlable. Je n'arrive tout simplement pas à réaliser. Il le savait depuis tout ce temps ; depuis trois jours ! Et quand on regarde de plus près, c'est vraiment long trois jours.

« La psychologue nous attend, » soupire t-il, « rentrons maintenant. »

Sa main se glisse sur le haut de mon bras mais je fais un pas sur le côté pour l'éviter. Je ne peux pas.

Il m'a mentit.

« Non, Harry. Je vais rentrer, et seule. » tranchais-je après plusieurs secondes de silence.

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