thank you - hs. (II)

By ariforh

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On ne se rend jamais compte de combien nous sommes forts, jusqu'à ce qu'être fort devienne la seule solution... More

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By ariforh

Les yeux de Rose ne m'ont pas quittés une seule seconde, tandis que l'ambiance dans la chambre est devenue légèrement étrange. Je ne m'étais pas totalement préparé à ça. À vrai dire, je n'y avais pas pensé, ne serait-ce qu'une seule seconde, en arrivant ici. Je suppose qu'elle est venue pour s'occuper des points de sutures sur le bras de Rose, ou pour ses médicaments contre les maux de tête. Je relâche doucement mon emprise sur Rose et je descends du lit pour finalement m'asseoir sur le tabouret, juste côté.

« Rose Adams? » demande silencieusement Anne, un petit carnet entre ses mains.

Rose détache son regard de moi pour le poser sur cette femme, puis elle hoche la tête lentement, ses mains se joignant après qu'elle les ait passées sur ses joues.

« O-oui, c'est moi, » elle sourit — ou du moins, elle essaie — avant de ne me jeter un énième coup d'œil.

Je lui souris.

« Je ne savais pas que... » Anne nous regarde à tour de rôle puis elle secoue la tête, « si vous voulez, je peux appeler une autre inf– »

« Non, » intervenais-je rapidement, ce qui lui fait lever les sourcils dans l'étonnement, « tout va bien. »

Elle soupire, puis sourit. J'ai beau ne pas lui pardonner ce qu'elle a fait, je suis tout de même assez mature pour supporter sa présence. Et, en plus de ça, je sais que sa présence réconforte Rose parce qu'elle la connait — d'une certaine façon — mieux qu'une autre infirmière inconnue.

« Je venais vous apporter ça, » elle sort une petite boîte métallique avec un petit cachet à l'intérieur, « mettez-le sous la langue. »

Rose le fait, sous nos regards attentifs. Anne en profite pour regarder quelque chose sur les machines derrière le lit, puis elle se tourne de nouveau vers Rose.

« Je dois vous parlez des soins à faire ainsi qu'aux précautions à prendre pour votre bras. »

Rose hoche la tête.

« Tout d'abord, nettoyez seulement votre bras avec un savon désinfectant doux qui sera prescrit sur votre ordonnance, » ayant mes mains sur le bord du lit, Rose se fait discrètement un chemin jusqu'à celles-ci pour pouvoir enrouler sa main autour de la mienne, « ne frottez et n'appuyez surtout pas. »

Elle prend le bras de Rose dans ses mains d'un geste doux. Rose grimace légèrement mais se laisse faire.

« Une date sera fixée pour les retirer, » lui explique Anne en les examinant, « si jamais un ou plusieurs points lâchent, il faudra directement vous rendre aux urgences. »

En disant ceci, elle a relevé ses yeux en plongeant son regard dans celui de Rose, mais aussi dans le mien, jusqu'à ce que nous hochions tous les deux la tête.

« Une chose à éviter aussi, c'est une exposition au soleil, mais vu la saison hivernale qui s'annonce, je ne pense pas que ce soit un problème. » elle lance un sourire à Rose en lâchant doucement son bras.

« Effectivement. » sourit celle-ci en bougeant lentement son pouce sur le dos de ma main.

« Je ne vais pas vous cachez que vous risquez de ressentir une légère douleur durant les prochains jours. »

Elle hoche la tête en se mordant la lèvre.

Anne relève les yeux vers le petit écran d'une machine derrière le lit, puis elle nous sourit de nouveau.

« Bien. Je vous ai tout dit, il est temps pour moi de repartir. »

« Merci, » sourit Rose, ce qui fait agrandir le sourire qui était déjà sur le visage d'Anne. Rose me regarde de nouveau et quand nos yeux se croisent, je lui souris. Elle semble inquiète. Et je sais pourquoi.

« Oh, et Harry, » à l'entente de mon prénom, je me tourne vers Anne, tandis qu'elle montre la porte d'un léger coup de tête, « le médecin a demandé à te–vous voir. »

Je fronce les sourcils.

« Il ne m'a pas dit pourquoi, » dit-elle avant même que je ne demande, « il vous a juste demandé. »

« J'arrive, dans ce cas. »

Elle hoche la tête et sort pour de bon de la chambre. La main de Rose se sépare de la mienne pour qu'elle la passe finalement dans mes cheveux, les mettant en désordre. Je me laisse faire, ne comprenant pas ce qu'elle fait.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive? » riais-je doucement.

« Rien, j'avais envie de t'embêter, » elle sourit et retire quelques mèches de mon front, « vas-y, ils vont t'attendre. »

J'hoche la tête. En me redressant, je lui vole rapidement un baiser, ce qui lui fait lâcher un grognement. Fier de moi, juste avant de sortir, je lui tire la langue.

Une fois dans le couloir, je retrouve Anne et le médecin que j'ai interpellé toute à l'heure. Étant tout au bout du couloir, je les rejoins. Mais avant même que je n'arrive, le médecin me demande de le suivre, ce que je fais, jusqu'à ce que nous arrivions dans un petit bureau — le sien sûrement.

Il lit quelque chose sur son bureau avant de relever les yeux vers moi.

« Je viens de lire le dossier de notre patiente, Rose Adams, » commence t-il, « il est écrit que vous êtes son petit-ami. »

« Et c'est exact, » ajoutais-je en fronçant les sourcils, ne voyant pas où est-ce qu'il veut en venir.

« Bien, » il hoche la tête, « vous êtes donc la bonne personne pour essayer de lui parler des suivis qu'elle va recevoir durant les prochaines semaines. »

Je le suis sûrement, mais, très honnêtement, que ce soit moi, une infirmière, ou même Will, Rose refusera quoiqu'il arrive. C'est perdu d'avance, je le sais. Mais ça ne veut pas dire que j'abandonne, loin de là.

« Mademoiselle Adams boit souvent, vous l'avez confirmé, » il me lance un regard, comme pour confirmer ce qui est écrit, c'est pourquoi j'hoche la tête, « elle devra donc se soumettre à un test de dépistage de dépendance à l'alcool durant sa première séance avec un psychologue spécialisé. »

« Combien de temps dureront les séances? » il fronce les sourcils avant que je ne reprenne, « dans le temps, je veux dire? »

« Rien n'est encore prononcé. Cela peut varier d'un patient à un autre, » il hausse les épaules, « elle peut très bien réagir à ces séances et être positive pour la suite, ou être tout l'inverse. Tout dépendra d'elle. »

J'hoche la tête.

« Et si jamais elle refuse? » grimaçais-je.

« Elle sera tout de même obligée de faire la première séance, » il me tend un petit prospectus avec le nom d'un psychologue — sûrement celui qui sera à l'écoute de Rose, « si le test qu'elle passera se révèlera positif, elle sera transmise dans un CSAPA, c'est-à-dire, dans un Centre de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie. »

Mon cœur rate un battement.

« Pardon? »

« La dépendance à l'al– »

« Elle ne peut pas y aller, c'est... Non, elle ne voudra jamais. » et il est hors de question qu'elle me soit retirée.

« Je sais que ce sera difficile pour elle, et pour vous également, mais, comme je le disais, la dépendance à l'alcool est quelque chose de très grave. »

« Je le sais ça, je le sais. » je secoue la tête en fronçant les sourcils.

Mon esprit est en train de se battre avec toutes ces pensées qui se bousculent dans ma tête. Je sais que ce qui vient de se passer n'est pas quelque chose à prendre à la légère et que je dois tout faire pour que Rose s'en sorte, mais d'un autre coté, je refuse de la laisser pour partir dans ce genre d'endroit, et loin de moi, pour peut-être, des mois.

« Cette dépendance est souvent liée à des problèmes psychologiques. » dit-il, me sortant de mes pensées.

Je fronce les sourcils.

« C'est-à-dire? »

« Les personnes dépendantes à l'alcool sont, le plus souvent, susceptibles de souffrir de dépression, » mon souffle manque de rester bloqué dans ma gorge, « et ce que Mademoiselle Adams a essayé de faire en est, déjà, une preuve. »

Mon monde semble s'écrouler petit à petit. Rose souffrirait de dépression? Depuis quand? Et pourquoi? Comment? Pourquoi ne l'ai-je pas vu? Est-ce à cause du décès si soudain de Judy?

« Ces personnes présentent davantage de risques de commettre une tentative de suicide, » m'explique t-il, mon cœur se déchirant au fur et à mesure de cette conversation, « une forte consommation d'alcool augmente les effets de la dépression. Elle trouble également le jugement, ce qui explique pourquoi elle est souvent la cause d'actes suicidaires. »

Je secoue la tête.

« Comment... comment a-t-elle pu être en dépression? » demandais-je tandis qu'il se recule pour coller son dos dans son siège.

« Tout d'abord, sachez qu'il existe plusieurs types de dépression, ensuite, Mademoiselle Adams a dû subir un dur évènement qui l'a énormément touché. »

Judy.

« Lors de la première séance avec le psychologue, celui-ci posera un premier diagnostic sur sa dépression et ce qu'il faudra suivre pour la soigner. »

« Que dois-je faire? J'ai bien quelque chose à faire, ou à dire? Je dois l'aider? »

« Aider une personne souffrant de dépression n'est jamais facile, sachez-le, » mais ce n'est que Rose, « la seule chose que je peux vous dire, c'est d'être là pour elle quand elle en a besoin. Montrez-lui qu'elle n'est pas seule et que si elle donne du sien, tout ira pour le mieux. »

Je baisse la tête.

Je suis tiraillé entre deux sortes de pensées qui prennent beaucoup de place dans mon esprit. Tiraillé entre les bonnes et les mauvaises pensées. Les mauvaises prennent le dessus, et j'ai beau me rendre compte de ça, jamais je n'accepterai qu'elle soit transférée dans un centre pour alcooliques, loin de moi.

Un centre. Mais bien-sur, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt?

« Rose était dans un groupe de paroles, il y a quelques mois, » déclarais-je en relevant rapidement la tête vers lui, « peut-être qu'elle peut y retourner au lieu d'aller dans un centre spécialisé? »

« Le centre spécialisé contient également des groupes de paroles, » m'informe t-il, ce qui me fait soupirer, « combien de temps y est-elle restée? »

Je fronce les sourcils. Pour être honnête, je ne sais même pas si elle y est restée un mois entier.

« Peut-être un mois, » mentis-je à moitié, en haussant les épaules, « c'est court, je sais, mais elle connaît quelques personnes là-bas et je suis prêt à parier qu'elle acceptera d'y retourner à la place d'aller dans un centre spécialisé. »

Il ne répond pas. À la place, il plisse les yeux et semble réfléchir. Je sais au moins que sur ce point, j'ai raison.

« Seul le psychologue pourra décider de ce qui est bon ou pas pour elle. »

« Et bien moi, je suis son petit-ami, je la connais bien, alors je sais ce qui est bon pour elle, c'est pourquoi je vous le dis clairement : elle refusera, de n'importe qu'elle manière, d'intégrer un centre réservé aux addictions comme celle-ci. »

Il ne réponds pas, j'en profite donc pour continuer sur ma lancée.

« Je sais que ce qu'il s'est passé est vraiment grave, et je sais également que je ne suis pas en mesure de l'aider comme vous le faites, mais l'amener dans ce genre d'endroit ne fera qu'aggraver la situation. »

« Dans ce cas, » il s'avance pour poser ses coudes sur son bureau, « que suggérez-vous? »

« Tout, sauf ce centre, » il hoche la tête, « des séances avec un psychologue, et elle intègre à nouveau son groupe de parole. Mais.. » je grimace, « si jamais, après avoir tout essayé, son état ne s'arrange pas, elle intègrera ce centre. Mais seulement si rien ne s'arrange. »

Durant mes indications, il s'est mit à écrire sur un petit post-it, qu'il vient de glisser dans une pochette en carton. Il a sûrement dû prendre en note ce que je viens de dire. Et il a intérêt.

« J'en parlerais au médecin psychologue qui se chargera d'elle parce que ce n'est pas moi qui décide de tout ceci, mais lui. »

J'hoche la tête.

« Madem– »

La porte s'ouvre brusquement, lui coupant la parole. Je me retourne vers celle-ci, trouvant un infirmier dans l'encadrement de la porte.

« Monsieur Walley, nous avons besoin de vous dans la chambre 18. »

« J'arrive tout de suite. »

L'infirmier s'en va, tandis que le médecin se lève, et moi de même. Nous sortons de son bureau, et juste avant de partir, il se retourne vers moi, et pointe le prospectus que je tiens toujours entre mes doigts.

« Si vous voulez entrer en contact avec son médecin, pour lui parler de tout ceci, appelez-le avant. » il me tape gentiment l'épaule, me sourit et dévale rapidement les escaliers.

Je reste silencieux et immobile dans ce couloir pourtant si actif et bruyant. J'ai l'impression d'avoir reçu un second coup, que la réalité me rattrape encore. Il est hors de question que Rose mente durant le test qu'elle devra passer, si c'est pour rester et ne pas y aller. C'est pourquoi, je ne vais pas lui dire, parce que je suis prêt à parier que c'est ce qu'elle fera à la seconde où elle le saura. J'appellerais son psychologue dès demain pour lui en parler et en savoir plus sur ce qu'il se passera durant les séances, et après. Je prie pour qu'il m'écoute et pour qu'il ne l'envoie pas là-bas. Je ne le supporterais pas. Je ne supporterais pas de la savoir loin de moi, sans pouvoir la réconforter quand elle en aura besoin, ou de lui rappeler que je serais là quoiqu'il arrive. Vraiment, je ne pense pas que je le pourrais. C'est parfaitement égoïste, mais je refuse. Je ne me vois pas passer des jours, des semaines, et même des mois, dans notre maison, seul, ni dormir dans notre lit, seul, sans l'avoir auprès de moi. Comment ferais-je pour vivre sans entendre sa voix, ou sans sentir sa présence tout près de moi? Je ne le pourrais pas. Non. Ce serait comme la perdre pour toujours.

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