La journée risque d'être compliquée.
Je suis seule au café car ce n'est pas le jour de Jane, et Aaron est malade. Mais, Aaron était censé faire la fermeture, comme à chaque fois, sauf qu'aujourd'hui, c'est à moi de le faire, ce qui veut dire que je rentrerais plus tard.
Ça ne me dérange pas de rester trois heures de plus ici, ce n'est pas aussi horrible. En revanche, je sais qu'il y en a un qui aurait aimé que je rentre plus tôt; c'est Harry. Une amie à lui, -Lou, il me semble,- lui a demandé si nous étions d'accord pour que sa petite fille, Lux, fête ses six ans chez nous, parce qu'elle a un gros imprévu avec son travail ce jour même. Harry m'en a parlé hier soir, mais, étant donné les circonstances, je n'ai pas pu, ne pas venir au café.
Alors il a assuré cet anniversaire avec quatre petites filles de cinq à six ans, tout seul. Mais ça ne m'a pas inquiétée de la journée. Harry sait s'y prendre avec les enfants. Bon, je ne l'ai jamais vu s'occuper d'un enfant, mais je suis sûre qu'il gère ça parfaitement. Et puis c'est ce qu'il m'a dit hier soir. Il m'a dit qu'il allait tout gérer et il était vraiment sur de lui alors je ne m'inquiète pas.
Il est vingt-et-une heure quand je pousse la porte d'entrée de la maison. Elle est très silencieuse. Je suppose qu'elles dorment déjà.
Une fois mes chaussures et mon manteau enlevé, je fais un pas dans le salon, et je me mets à sourire en voyant quatre petites bosses, sous une couverture, allongées sur le canapé. Elles semblent dormir à poing fermé.
Un mouvement vers les escaliers attire mon attention, et quand je me tourne vers ceux-ci, je lâche un gloussement que je cache en mettant ma main sur ma bouche. Harry se tourne, me faisant les gros yeux. Il me fait un signe avec sa main pour que je le suive et nous montons les escaliers pour nous rendre dans la salle de bain.
Une fois la porte fermée, je me mets à rire d'une façon incontrôlable.
« Mon dieu mais que s'est-il passé? »
Ses paupières et le contour de ses yeux sont recouverts de maquillage. Plusieurs couleurs sont mélangées, et il en a même sur les joues. Ses lèvres sont d'un rouge foncé qui s'étale un peu partout autour de celles-ci. Et ses cheveux, mon dieu. Elles lui ont fait des tresses et des couettes. C'est hilarant.
Il lève les yeux au ciel, « elles m'ont dit qu'avec mes cheveux longs je pouvais faire une tête à coiffée vivante. »
« Et? » riais-je en essayant de démêler ses cheveux tandis qu'il se démaquille les yeux.
« J'ai trouvé ça adorable... alors j'ai dit oui. » il hausse les épaules.
« Tu sais, » il grimace quand je tire sur ses cheveux, « oh, désolée, » je lui lance un sourire à travers le miroir, « il faudrait que tu apprennes à être un peu plus autoritaire si un jour on a des enfants, pour ne pas craquer à la moindre chose parce que c'est adorable. » riais-je.
Il lève les yeux au ciel et me tire la langue à travers le miroir. Une fois que j'ai terminé de démêler ses tresses qui lui rendent les cheveux encore plus bouclés, je m'attaque aux couettes.
« Je n'ai pas eu de bisous, encore. » boude t-il.
« Ne comptes pas sur moi pour t'embrasser avec tes lèvres comme ça. » lâchais-je tandis qu'il se met à rire.
Je laisse ses cheveux et je vais dans notre chambre, le laissant se démaquiller seul. Dans le couloir, j'essaie de faire très peu de bruit pour ne pas réveiller les filles qui dorment en bas. Une fois dans notre chambre, je sors mes affaires pour demain ainsi qu'un t-shirt pour dormir. Mais je m'arrête quand deux bras s'enroulent autour de ma taille.
« Tu m'as manqué. Je n'aime pas trop quand tu rentres tard. » boude t-il.
Je me tourne pour lui faire face, et je lui souris. Mais celui-ci s'en va quand il claque des doigts subitement, me faisant sursauter.
« J'ai oublié de te le dire ! »
« Quoi? » m'affolais-je.
« J'ai trouvé un acheteur pour ton ancien appartement ! Je lui fais visiter demain, à trois heures. »
« Vraiment? » j'hausse les sourcils en souriant, « c'est génial. »
Il hoche la tête, fier de lui.
Ses mains se posent doucement sur mes hanches, et il tire mon corps vers le sien, pour que nous soyons encore plus proches. Ses lèvres s'étirent dans un sourire en coin quand mes yeux rencontrent les siens.
« Et là, tu veux bien m'embrasser? »
Il n'a pas à répéter deux fois.
Mes lèvres se sont connectées aux siennes en l'espace de quelques secondes. Et ces quelques secondes ont suffit pour que nous ressentions la même chose, au même moment. Nos gestes l'ont prouvé: je lui ai attrapé les mains et je l'ai tiré vers moi tandis que je marchais pour m'allonger sur le lit. Et tout ceci sans que nos lèvres ne se détachent.
Avant même que je ne puisse faire quoique ce soit, son corps plane au dessus du mien et sa tête vient se nicher dans mon cou pour qu'il y dépose de longs baisers. Une de ses mains se balade un peu partout sur mon corps jusqu'à trouver ma ceinture. Le laissant faire, je ferme les yeux quand, d'une seule main, il réussi à détacher ma ceinture, et le bouton de mon pantalon.
Quand sa main entre en contact avec mon sous-vêtement, qui sépare sa main à mon intimité, je mords mes lèvres, toujours ayant les yeux fermés.
Ses gestes sont doux. Vraiment doux.
« Les fi– »
Ses lèvres me coupent la parole. Et je n'ai même pas le temps de la reprendre puisqu'il accélère légèrement les mouvements de sa main.
« H-harry, on– »
« Shh, » il m'embrasse la mâchoire puis le haut du cou.
Je pose ma main sur son poignet, contre mon envie. J'ai envie d'aller plus loin, et j'en avais déjà. Mais je ne peux pas me laisser aller. Nous ne pouvons pas.
« C'est pas raisonnable. » soupirais-je.
Il hoche la tête et retire sa main en m'embrassant le front, « tant pis. »
Et sans rien dire de plus, il se lève et quitte la chambre.
Quoi juste, "tant pis" ? Super. Je dois rester comme ça maintenant. Merde.
Je souffle un grand coup et je finis par me redresser pour descendre du lit. Je me déshabille pour pouvoir enfiler le t-shirt que j'ai sortit quelques minutes plus tôt mais une présence derrière moi me fait me retourner.
Il est là, immobile, en caleçon, pendant que je suis aussi en sous-vêtements, devant lui. Ses yeux sont bloqués dans les miens et bordel, je sais ce qu'est ce regard. J'aime tellement ça.
Je n'ai pas eu beaucoup d'hommes dans ma vie, mais il n'y en a jamais eu un qui m'a regardé de cette façon. Avec tant d'amour et de désir. Ce regard, Harry me le lance souvent. Et ce n'est pas parce que je suis presque nue devant lui, non, car même quand je porte un horrible pull bleu et noir parce qu'il fait froid, il me regarde de cette façon.
J'aime Harry. Plus que n'importe qui pourrait le penser. Moi-même je ne savais pas qu'il était possible d'aimer quelqu'un comme je le fais.
Il passe sa main dans ses cheveux en détachant ses yeux de moi. Mais non. Je ne vais pas le laisser partir comme ça.
C'est pourquoi je me rue sur lui pour l'embrasser fougueusement. J'y suis peut-être allée un peu fort puisque nous sommes tombés sur le lit quelques secondes après, mais ce n'est pas grave. Plus rien ne m'importe à présent.
Nos lèvres se séparent un moment.
« Je croyais que ce n'était pas raisonnable? » rit-il.
« Tu m'as cherché. » soulignais-je.
« Oh, donc c'est moi le coupable? »
Je roule des hanches contre lui.
« Oui. » je lui lance un sourire en coin.
« Et qu'es-tu en train de faire, là? » il arque un sourcil et le coin de sa lèvre se lève.
« Rien du tout. » répondis-je sous un ton innocent, juste avant de rouler une seconde fois mon bassin contre son membre.
Il prend une inspiration et d'un coup, mon corps tombe sur le côté pour que le sien roule et me surplombe. Il détache mon soutient-gorge pendant que je ne bouge pas. Je ne dis rien. Il enlève également mon shorty, et retire son caleçon en dernier.
Quand nos corps se touchent, c'est comme à chaque fois; je ressens comme des décharges électriques qui rendent mon corps chaud en à peine une seconde. C'est incroyable.
Son membre entre en moi doucement pendant que nos yeux ne se lâchent pas. Harry me lance ce regard qu'il fait à chaque fois, l'air de dire: "ça va? tu n'as pas mal?" ou "tout va bien? je peux continuer?". À chaque fois il fait attention de savoir si tout va bien ou pas.
Et oui, tout vas vraiment bien.
Tout est vraiment bien.
« Harry... »
« Ne fais pas de bruit. » murmure t-il juste avant de m'embrasser doucement.
Ce n'est que la troisième fois que nous faisons l'amour sans préservatif, et je dois dire que c'est tout autre chose.
Quelques jours auparavant nous sommes allés à l'hôpital pour faire des tests. Tout était positif, ce qui voulait dire que je pouvais commencer la pilule dès que je le voulais. J'avais déjà prit rendez-vous chez mon médecin avant que nous fassions les tests.
Une de ses mains remet une mèche de mes cheveux derrière mon oreille tandis que ses vas-et-viens s'accélèrent légèrement. Nos yeux se rencontrent le temps de longues secondes, nous renfermant dans une bulle. Notre bulle.
Des gémissements m'échappèrent tandis qu'il essaie de les étouffer en m'embrassant. Le sentir comme ceci, aussi proche de moi me donne l'impression de ressentir tout ce que je ressentais avant, mais avec encore plus de passion.
« Oh m-mon dieu. »
« Reste silencieuse. » lâche t-il presque dans un soupire, sa voix restant tout de même correcte mais je sais qu'il est au même stade que moi.
Et mes pensées se confirment quand je l'entends jurer avant que sa main ne vienne se plaquer contre ma cuisse. Je pose ma main sur ma bouche pour couvrir mes gémissements dû à ses derniers roulements de bassin.
Quand il se retire, doucement, il m'embrasse le front puis lâche un rire.
« Qu'est-ce qu'il y a? » demandais-je après quelques secondes.
« Je pensais à un truc. » il continue de glousser alors qu'il se laisse tomber sur le côté, laissant mon corps, pourtant encore chaud, frissonner.
« Dis-moi? »
« T'imagines si je ne m'étais pas démaquillé? » lâche t-il, son rire envahissant la pièce.
Je lui donne un coup de coude, « tais-toi, rigole moins fort! » criais-je à voix basse.
« Non mais sérieux, t'imagines? »
« Non Harry, je n'imagine pas. » je lève les yeux au ciel en souriant malgré moi.
« C'est quelque chose qu'on devrait essayer, qui sait? » il hausse les épaules et se tourne vers moi.
« Tu es irrécupérable. » râlais-je en souriant.
« Je sais, mais c'est ce qui fait mon charme. » il me fait un clin-d'œil juste avant que je ne le pousse loin de moi en secouant la tête.
Mais ses mains attrapent très vite mes poignets pour me coller contre lui, ses bras se resserrant dans mon dos.
« Tu sais, je... je me sens mieux depuis que je t'en ai parlé. » lâche t-il soudainement.
Je relève mon visage, qui était enfouis dans son cou, vers le sien, nos regards se plongeant l'un dans l'autre. Il ne rit plus; je ne vois aucun signe qui pourrait m'indiquer que c'est une blague sur son visage. Il est redevenu sérieux en à peine quelques secondes.
« Ça me fait plaisir de t'entendre dire ça, » souriais-je, « si tu savais à quel point. »
Il sourit aussi, dévoilant sa fossette, ce petit détail peu important et pourtant si charmant.
Nous nous endormons comme ceci quelques minutes plus tard, dans les bras l'un de l'autre comme pour se promettre que jamais nous ne nous séparerons.
Jamais.