Fallait-il vraiment parler de tout ça ? Quand mes yeux s'ouvrirent, je compris bien plus de choses comparées à ce que j'étais capable. Mon corps était là, j'étais là, mais je n'étais en même plus, la Terre n'existait plus, tout cela, était dans un au-delà plus ou moins catégorique. J'avais réussi, le corps allongé à côté de moi était celui de Lukas, du vrai Lukas, ses yeux n'étaient pas percés, rien...
Mais, nous n'étions plus vraiment chez nous, ni même vraiment en vie, on était là où j'avais voulu envoyer le démon, nous étions dans son royaume. Il y avait trop de démons possédants des royaumes pour savoir où nous nous trouvions, cela pouvait être Satan et le Moab ou Lucifer et Flamel, même Léviathan et Levy ou encore Asmodée et le royaume de Sodom.
J'avais bien suivi les différents cours qui nous parlaient des mythes, pour ma part, je savais depuis le moment où j'étais possédée que tout cela n'avait rien de légendes. J'étais dans ce royaume un peu comme chez moi, une partie de mon corps venait d'ici. Si je savais que j'étais chez lui, il devait le savoir aussi. Lukas était encore inconscient sur le sol, je ne voulais pas le réveiller, j'avais peur de le voir disparaître.
Je m'assis près de lui et je passais ma main le long de ses cheveux, puis je me penchais pour embrasser son front. Après ça, je n'eus plus de temps à perdre, je n'allais pas rester là à attendre. Lukas était ici depuis plus longtemps que moi, je mettais sa perte de conscience sur le compte de la mort de son corps. Je ne savais même pas si mon corps était toujours vivant, ou si j'étais en capacité de partir d'ici, je n'en savais rien, mais je n'étais pas du genre à attendre en me tournant les pouces.
Je ne ressentais aucune douleur, mon corps paressait en grande forme. Le paysage qui s'ouvrait devant moi n'avait rien de très glorieux, tout ça ressemblait à une version bien plus trash des représentations de l'enfer. L'enfer rassemblait les sept royaumes démoniaques, je ne voulais pas croupir en enfer. Le paysage était semblable à celui dans lequel j'évoluais, les mêmes bâtiments, les mêmes murs, mais l'atmosphère, elle, était pesante, dérangeante.
Les murs éclatants de l'Académie étaient recouverts d'une épaisse couche de poussière de soufre, les murs étaient rougis et l'air ambiant était chaud, trop chaud. Il n'y avait aucun bruit, je marchais dans les détales de poussières, j'avais beau reconnaître le chemin, rien n'était pareil. Mes pieds étaient nus, mes chaussures n'avaient pas fait le voyage avec mon âme, le sol était chaud, presque brûlant.
La poussière se précipitait dans mes yeux, ils étaient tous irrités alors que je n'avais parcouru que quelques kilomètres. J'avais du mal à respirer, l'air était abrasif, je toussais sans arrêter. Mes muscles allaient bien, mais je n'étais pas capable dans dire de même pour mon cerveau. Ici, je ne possédais pas de dons, je n'étais un membre choisi que sur Terre, le royaume des humains.
J'étais à la merci de tout et de tous, seuls mes poings pouvaient me sauver, j'avais déjà vécu avec le manque permanent, mon pouls s'était accéléré. Je revivais en plus rapide et plus intense mes périodes de manque. Les humains n'étaient pas faits pour vivre ici, seules les âmes damnées y passaient l'éternité et cette souffrance était leur châtiment.
Je continuais d'avancer, je n'osais regarder derrière moi, de peur de croiser quelque chose ou quelqu'un. Je savais que je n'étais pas seule, je sentais leur présence, mais si personne ne venait à moi, je n'irais pas à eux. J'étais effrayée à l'idée de croiser quelqu'un qui pendant un temps était comme moi, peur de croiser un condamné, si je me sauvais, j'emmènerais Lukas avec moi, mais je ne pouvais pas sauver tout le monde.
Les rues de ce royaume étaient aussi peuplées d'autres démons, des moins importants, seuls les sept plus grands pouvaient avec les Dieux choisir les enfants qui recevraient des dons. Ils ne choisissaient pour venir sur Terre que des hôtes possédants des dons, alors que les autres démons, se contentaient des roturiers. J'étais d'ailleurs particulièrement renseignée pour un individu de mon espèce, j'avais eu à cœur de comprendre tout ça.
Le livre d'Amala m'avait tant appris, bien plus que ce que la monarchie veut bien dévoiler. Chloé avait beau être mon amie, je savais qu'elle me cachait des choses, son rang l'en obligeait, alors je faisais de même. Elle était Reine, elle devait honorer l'accord avec les Dieux et Démons, offrir des corps contre la bénédiction des astres. Je préférais ne pas aborder ce genre de sujet avec elle, je ne voulais pas avoir à la détester comme j'avais haï Aliénor.
Je continuais de marcher, je me repérais comme si j'étais chez moi, dans ma ville. J'avais quitté l'enceinte de l'Académie, s'il était assez intelligent, le démon m'attendrait chez moi. Si tout était vraiment pareil, je ne devrais marcher que quelques heures encore avant de retrouver mon ancienne maison. Plus je marchais, moins je me sentais bien, j'étais dans un royaume des enfers...
Après avoir rencontré des Dieux je me retrouvais ici, bizarrement, j'avais espéré que la mort soit un état tranquille, sans prise de tête, mais j'étais une fois de plus loin du compte. Je n'étais même pas sûre d'être morte, je n'en savais rien, c'était ça le plus frustrant. Je ne savais pas non plus si Lukas avait été conscient de tout ce qui s'était passé, savait-il que j'étais ici ?
J'étais partie le laissant sur le sol, je devais régler ça comme une grande, sans lui. Plus je me rapprochais de la maison, plus la boule dans mon ventre grandissait. Je n'étais pas bien loin de là où j'avais grandi, lorsque j'entendis les premiers bruits. Des gens parlaient, je ne savais pas de quelle direction ils venaient, si même combien ils étaient, mais des brides de leur conversation atterrirent dans mes oreilles.
Je n'y comprenais rien, je me surpris à me cacher derrière un mur, ils ne donnaient pas de noms, mais ils parlaient du maître. Un maître qui n'avaient selon leur dire pas l'air d'être un mec bien sympathique. J'attendis de ne plus les entendre pour reprendre mon chemin, mon niveau de stress avait encore bondi, j'étais une bombe à retardement, une grenade défectueuse.
Tout se passa rapidement, trois choses sautèrent sur moi. On me saisit les bras et les jambes en un rien de temps, j'eus à peine le temps de voir leur visage qu'on plaça ma tête dans un sac. Ils n'étaient pas humains, ça, j'en étais convaincue. Je ne savais pas trop comment les décrire, un corps, quatre membres et une tête, mais ils étaient recouverts d'éléments différents.
Le premier était recouvert d'écailles sur le corps et possédait le bec d'une poule, ses yeux étaient globuleux et rouge sang, il m'avait attrapé le bras gauche pendant qu'un autre, avec une tête d'oiseau et un museau de rat m'attrapa l'autre bas. Le dernier, celui que se saisit de mes jambes fut le plus terrifiant, sa tête était en sang, comme si on lui avait arraché toute trace de peau.
Sa langue était taillée comme celle d'un serpent et ses yeux étaient jaunes, le jaune était comparable aux individus atteints d'une cirrhose. Je n'arrêtais pas de crier, je ne savais même pas pourquoi d'ailleurs, personne n'allait me sauver ici. Je perdis rapidement la notion du temps, je n'étais plus capable de dire pendant combien de temps ils portèrent mon corps. Ils ne parlaient pas, il n'y avait aucun bruit, j'étais dans un flou total.
Au bout d'un moment, ils jetèrent mon corps sur le sol, le bruit fut fracassant mais je ne ressentis aucune douleur. L'air était plus respirable, comme filtré de tout ce soufre qui s'engouffrait dans mes alvéoles pulmonaires. Des bruits de métal se firent entendre, ils étaient en train de m'enfermer. Je n'osais pas retirer le sac, j'étais effrayée par ce que j'allais voir.
Je n'étais pas sûre de vouloir vraiment avoir connaissance de la situation, fallait-il vraiment, qu'une fois de plus, je sois consciente de la merde dans laquelle j'étais. Les bruits de pas se firent distants, étaient-ils partis ? Allaient-ils me laisser ici, seule ? Combien de temps ? Je ne connaissais rien à la vie quotidienne des démons, ou même celle des morts.
Mes mains se placèrent de part et d'autre de ma tête, elles poussèrent le sac jusqu'à ce qu'il tombe sur le sol. J'étais dans une cave sans aucun doute, le sol était encore composé de cette terre rouge. La pièce était sombre, je ne discernais rien, mes mains touchèrent les barreaux, c'était donc la seule chose dont j'étais sûre, j'étais captive.
Je n'avais rien à faire, j'étais trop inquiète pour fermer les yeux et surtout, je n'avais aucune envie de dormir. Je n'avais pas faim ni même soif, les choses étaient totalement différentes ici. Je pensais à Bastien et Thibault, je savais que le premier allait bien, mais je n'en savais rien pour Thibault.
Me pensaient-ils morte ? Comment allait Chloé ? Maëlys ? Clarissa ? Toute l'Académie en général.
- Tu ne peux pas faire ça, dit quelqu'un avec un cheveu sur la langue
- Je vais me gêner...
- Si tu le fais... Il te tuera...
- Nous n'avons jamais été en vie ! S'énerva celui avec qui zozotait
Un silence glacial retentit. Je me blottissais contre le barreau le plus éloigné, j'allais passer un mauvais moment, c'était évident.
Comme le disaient si bien les Saintes Ecritures, Dieu voulu la lumière et la lumière fut, mais dans ce cas-là, ceux qui voulurent la lumière, n'avaient rien de Dieux. Un hurlement sourd sortit de ma bouche quand mes yeux virent enfin clairs. Je n'étais pas seulement dans une cave, cet endroit servait à bien plus qu'entasser de la nourriture pour l'hiver.
Les divers éléments reposant sur le sol, ou accroché au mur ne servaient qu'à faire souffrir. La torture n'était pas vraiment quelque chose que je voulais connaître. Les visages de mes agresseurs n'étaient séparé du mien que par les quelques barreaux.
Ils étaient horribles, ils créaient chez moi une aversion totale. Ils étaient contre nature, des démons, il manquait celui recouvert d'écailles. Il était facile de voir qu'entre les deux présents devant moi, celui à la langue de serpent était le chef. Il colla sa tête contre les barreaux
- Alors ma petite, bienvenue chez nous... Dit-il en poussant un rire
Dans d'autres circonstances, son rire n'aurait rien eu d'effrayant avec le zozotement, mais là, je n'avais rien connu de plus effrayant.
Il tira sur les barreaux, qui en quelques secondes seulement, s'élargirent assez pour me laisser passer. Il m'attrapa fermement par le bras, son contact était tout aussi désagréable que ceux de Lukas lorsqu'il n'était pas lui-même. Je voulais tomber dans les pommes, oublier tout ça, en faire abstraction, mais il fallait croire qu'un corps humain n'avait plus les mêmes propriétés lorsqu'il sortait de son monde.
La chose me posa sur un fauteuil en cuir. Il n'avait en soi rien de vraiment spécial, appart le fait qu'il ressemblait comme une goutte d'eau au fauteuil où on m'avait marqué. La chose souriait, dévoilant des dents pointues et une langue fine qui se posa sur ma joue.
- Cela fait si longtemps, que nous n'avons pas eu de visite
Il reniflait à plein poumon mon odeur, la seule chose que moi je voulais faire était de vomir. Mais même ça, je n'en étais plus capable. Ses yeux jaunes me fixaient, c'était terriblement malsain comme situation. Il se pencha pour attacher mes chevilles au sol, je restais léthargique. Je n'étais capable de rien ici, mes idées n'étaient pas dans l'ordre, rien n'avait de sens.
La créature fit signe à celle ressemblant à un oiseau de partir, j'avais presque envie qu'il reste. Sa tête me paressait plus sympathique que celle de l'écorché vivant. Mais l'autre volatile obéit, et s'éloigna de nous
- Je t'aurais prévenu... Dit-il
L'écorché ne prit pas note des avertissements, il s'approcha de moi et me renifla une fois de plus. Il léchait mon cou, sa langue était rugueuse, mon sang était glacé. Il ne me fallut pas longtemps avant de comprendre ce qu'il allait faire, j'avais eu la même démarche avec Thibault.
Avant même que je n'imagine ses dents horriblement pointus lacérées mon cou, ils les avaient déjà planté. La douleur fut atroce, la sensation de succion aussi, avec Thibault, il y avait eu un petit jeu érotique, alors que là, c'était purement douloureux. Je ne savais pas ce qui l'intéressait dans mon sang, mais il était clair qu'il était content, mais moi, beaucoup moins.
Je ne me sentais pas affaibli par cette ponction non consentie de sang, seul mon dégout augmentait. Une fois qu'il eut fini, il m'offrit un sourire dont je me serais bien passé, le blanc de ses dents était recouvert de rouge, de mon rouge. En temps normal, j'aurais fait quelque chose, mais là, je fermais les yeux et me concentrais pour essayer de gérer mon dégoût.
- J'espère qu'il ne m'en voudra pas trop de t'avoir touché... Tu sais ce qu'on dit, les hommes peuvent être un peu trop protecteurs...
Il disait ça sans vraiment avoir peur des conséquences, mais moi, ce qui me marquait le plus, c'était ce « il ». De qui pouvait-il bien parler. Maintenant que j'étais ici, le roi de ce royaume n'avait plus d'intérêt à me garder en vie, il ne risquait plus rien pour sa vie.
- De qui parlez-vous ?
- Oh, mais en voilà une surprise, elle a une voix la jeune fille ! Une jolie voix qui plus ait, je devais peut-être te couper la langue, pour t'éviter de causer...
Il approcha son visage trop près du mien et il attrapa ma langue avec ses doigts, ils étaient recouverts de croute, une sorte de greffe de peau qui se serait mal passé. C'était dégoutant, je n'osais imaginer le nombre de bactéries qui pouvaient vivre dans un tel milieu.
C'était peut-être trop demandé, mais j'aurais préféré qu'il se lave les mains avant de toucher à ma langue. Il sortit un opinel de son pantalon, et la lame se posa contre ma langue. Je fermais les yeux et je priais, je ne m'adressais à personne et à tout le monde à la fois. Je ne voulais pas perdre ma langue...
- Arrête ça ! Tout de suite ! Dit une voix rauque, sereine, sans aucune peur
J'entrouvris un œil, ce que je regrettais instantanément. Le visage de mon agresseur n'avait déjà rien d'agréable à l'origine, mais là... Il était parcouru par une grimace qui, si j'étais sur Terre m'empêcherait de dormir pendant plusieurs jours. Il lâcha ma langue, je me précipitais ensuite de fermer la bouche.
- On ne faisait que s'amuser, elle et moi, dit-il passant ses doigts contre mes joues
Le troisième kidnappeur, celui recouvert d'écailles, se trouvait au fond de la pièce. Il haussa un sourcil, il n'était pas convaincu par le mot « amuser », mais il n'en avait rien à faire. Il lui fit signe de me remettre dans la cage.
- Tu n'étais pas comme ça avant... Te serais-tu découvert une humanité ?
- Il arrive, si tu veux finir par quitter ce royaume, libre à toi de lui faire du mal... Mais tu as déjà été exilé des six autres, donc je ne suis pas sûre que tu aies de nombreux choix...
Il attrapa mon bras et me jeta dans la cellule avant de remettre en place les barreaux. Il était énervé, mais j'étais convaincu qu'il ne ferait plus rien.
- Va l'accueillir, je reste ici ! Dit le reptile
L'autre acquiesça et sortit de la cave, je ne savais pas comment je devais voir les choses. Ma bouche était pâteuse, mais c'était tout, j'étais totalement consciente de la peur dans mes veines et de la situation.
- Qui va venir pour moi ? Demandais-je
La chose sursauta presque, comme s'il ne savait pas que j'étais doté de la parole. Il me prenait pour une sorte de colis ou d'objet, il ne me voyait pas comme quelqu'un c'était clair
- Tu verras...
C'était bien la réponse la plus inutile, il me regardait bizarrement, comme s'il n'avait jamais vu de personne comme moi. S'en était assez perturbant d'ailleurs.
- Vais-je mourir ?
- Tu es en enfer... La mort ne devrait pas être la chose dont tu devrais avoir le plus peur... Je ne sais pas qui tu es, mais on m'a demandé de te garder, pour quelle raison, je ne sais pas. Mais quand il arrivera tu partiras avec lui...
Sa voix n'était pas violente, ni même méchante, il me disait la vérité, ce qui était étrange venant d'un démon, mais il ne faisait que remplir un contrat, celui de me garder.
Il n'ouvrit plus la bouche jusqu'à ce qu'un bruit fulgurant retentît.
- Il est là...
Je n'avais jamais autant regretté d'être curieuse, je voulais savoir qui se cachait derrière ce « il », et en même temps, sachant que c'était moi qu'il venait chercher, ce n'était pas forcément une bonne idée. J'entendis une voix nouvelle, il parlait avec l'écorché et le volatil, cette voix ne me disait rien, même si dans un sens, ses sonorités m'étaient familières.
- Personne ne sait qu'elle est ici ? Demanda le fameux il
- Non, elle était seule
- Vous lui avez-vous parlé de moi ?
- Non, répondit le volatil
- L'avez-vous blessé ?
Un silence gêné retentit
- Lequel de vous deux ? Demanda de nouveau le nouveau grand méchant
Un bruit sourd retentit, j'étais incapable de réellement savoir ce que cela représentait. La violence du coup était assez surprenante, soit j'avais une valeur que je ne me connaissais pas, soit, ils étaient justes tous très violent par ici.
- Je veux la voir...
Les pas se rapprochèrent de moi, je le sentais, le reptile aussi, mais lui, il semblait le plus détendu possible. C'était la suite logique des choses, j'étais la commande et l'on venait me récupérer. Je ne savais pas combien de temps j'avais passés dans cette cage, des heures, des jours, des mois...
Personne n'avait de besoins vitaux comme sur Terre. L'oiseau et celui qui c'était repu de mon sang entrèrent dans la cave, ils étaient suivis par un grand homme, son corps et son visage étaient cachés par une cape. Il m'était impossible de reconnaître un visage que je ne voyais strictement pas.
- C'est bien elle, dit-il en s'approchant de moi
Ma nausée s'accentua, les quatre démons présents me fixaient tous, ils pouvaient me faire du mal en un battement de cils. J'étais faible, sans défenses et terriblement effrayée.
- Sans vous manquer de respect, monsieur, nous sommes les meilleurs dans notre domaine, de plus, ce n'est pas tous les jours qu'il y a des arrivées par ici...
Visiblement le reptile n'avait pas aimé le doute quant à mon identité. Je restais silencieuse, je n'avais rien à dire, j'avais peur de la réponse de n'importe laquelle de mes questions.
- Vous devez savoir, monsieur, qu'elle possède la parole... Dit l'écorché
- Evidemment qu'elle parle ! N'avez-vous jamais rencontré d'humain ?
Mon bourreau répondit par la négative. J'étais là, comme une bête de foire
- Lorsque je partirais avec elle, vous oublierez tout, son visage, son nom. Jamais vous ne devrez dire que je suis venue la chercher, est-ce bien clair ?
Le ton se voulait sévère mais sur de lui
- Et si. Le reptile ne finit pas sa phrase
- Si votre père nous demande cette information ? Finis l'ensanglanté
La posture de l'homme changea, il avait peur
- Fuyez, mais ne lui donner j'avais l'information que Roxane est avec moi...
Mon prénom, cela sonnait presque comme un cauchemar. Il connaissait mon prénom, il le disait même avec une certaine tendresse, il n'existait plus aucun espoir, ils ne c'étaient pas trompé de personne. Les larmes coulaient sur mes joues, je restais silencieuse, mais tout ça, c'était trop pour moi.
- Ne pleure pas, je t'en supplie, dit l'homme en s'adressant à moi
En s'approchant de moi, la cape de l'homme se décala, il ne le remarqua pas tout de suite, mais moi si. Le coup que reçu mon estomac m'acheva. J'étais face à un fantôme, un fantôme de mon passé. Si les Higo étaient une famille perturbée, ma famille venait de redevenir leader de la compétition
- Papa... ?
Ce visage, c'était impossible et en même temps tellement clair. Je ne l'avais pas vu depuis tellement temps, il était mort, nous l'avions enterrés, pleuré... Mais cet homme, en face de moi, c'était bien lui, le doute ne m'était pas permis.
C'était une version plus âgée d'Ilan, et en même temps, l'homme paressait plus jeune que ce qu'il aurait dû être. Mais je ne comprenais pas comment mon père pouvait être en enfer, respecté en enfer.
L'homme rattrapa le pan de sa cape qui c'était décalé et se cacha en dessous, j'étais abasourdie. Il détourna le regard et s'adressa à mes ravisseurs.
- Mettez là dans le fiacre, maintenant ! S'empressa-t-il d'ajouter
Il quitta soudainement la pièce
- Oh bah merde alors ! S'exclama celui qui m'avait mordu
- Pierrick, passe nous tes commentaires...
- Vous avez compris qui elle est, n'est-ce pas ? Demanda l'écorché qui visiblement s'appelait Pierrick
Le silence prit place
- Vous savez qu'il nous retrouvera et nous tortura pour ça... Si elle est la fille, de celui-là, ça veut dire que... Bordel, c'est sa petite-fille...
Je savais que quelque chose d'énorme était en train de se passer, mais je n'en comprenais pas le fondement. Le visage des trois choses se crispa, visiblement, ils risquaient gros.
- Bougeons là vite alors, reprit l'oiseau
Ils ouvrirent la cage et m'attrapèrent, ils ne prirent pas la peine de me bander les yeux cette fois-ci. On sortit d'une petite maison et ils me jetèrent dans une sorte de voiture. L'oiseau et Pierrick délogèrent aussitôt, mais le reptile resta un instant face à moi
- Tu ne lui ressembles pourtant pas... Dit-il à voix haute
- A qui ? M'empressais-je de demander
- Bonne chance Roxane...
Dit-il avant de fermer la porte et de disparaître. L'air était de nouveau irritant pour mes poumons, j'étais dans un sal état, mon esprit se retournait dans tous les sens. L'homme monta juste après moi et il fit signe à quelqu'un de démarrer. Je ne savais pas si nous étions dans une calèche ou bien une voiture, c'était d'ailleurs assez déroutant, tout l'était par ici.
J'étais soulée de ne rien comprendre, alors au bout d'un certain moment je me jetais sur l'homme et je tirais sa cape. J'eus à peine le temps de faire tomber sa cape qu'il me plaqua contre mon côté de la banquette, il était bien plus fort que moi, mais ce n'était pas grave, parce que maintenant, son visage était à découvert.
J'en restais bouche bée, incapable d'articuler, c'était tout bonnement saisissant. Mais d'un coup, j'eus peur, tellement peur, c'était tout bonnement impossible. Maman, Ilan, tout le monde, on m'avait dit que mon père était mort à la guerre, que c'était un homme bien, un simple roturier, pourquoi était-il ici ?
- N'est pas peur de moi, dit-il doucement
- Qui es-tu ? Qui es-tu réellement !
Je prenais des droits en le tutoyant, mais j'en avais marre que tout le monde me prenne pour une conne
- Pour ta propre sécurité, il vaut mieux que tu ne le saches pas...
- Bordel ! Hurlais-je. Tu vas me répondre, je t'ai enterré, nous t'avons tous les trois pleurés, mon père est mort lorsque j'avais 5 ans, et maintenant, tu ressors 11 ans plus tard en enfer !
- Tu as été la seule à me pleurer, ma fille. Ta mère savait tout... Et Ilan... a eu un poids trop important à porter pour des épaules aussi frêles
J'en restais outrée, il ne mentait pas, il était trop calme pour ça
- Ils m'ont menti... Dis-je dans une réflexion à voix haute
- Tu étais trop jeune...
- Et maintenant, je suis en enfer, avec toi !
- Rox...
- Je t'interdis ! Hurlais-je. Pendant tellement d'années, on m'a vanté les mérites d'un père exemplaire, mais si Ilan nous a fui, ce n'était pas parce qu'il ne nous aimait pas n'est-ce pas ?
Mon père fixa ses pieds, son silence était la pire des affirmations.
- Suis-je morte ? Demandais-je
- Pas encore, répondit-il
- Vas-tu me tuer ?
- Moi, non...
- Qui alors ?
- Asmodée... Ton grand-père...
Je restais la bouche ouverte, que pouvais-je répondre à ça, je perdis tous mes moyens. J'avais grandi en comprenant pourquoi ma famille avait été déchue, un roturier et une élitiste sans autorisation, c'était tout bonnement illégal, mais ça, c'était tellement pire.
- Maman, le savait-elle ?
- Elle l'a su trop tardivement...
- Expliques-toi ! Criais-je
- Comme tu le sais, un démon supérieur peut prendre le corps de qui il souhaite. Asmodée, mon père, voulait me punir, il m'a envoyé sur terre dans le corps d'un roturier, Vincent Forman. J'ai passé plusieurs années dans ce corps, ma place était sur Terre et non ici. J'ai rencontré ta mère, nous nous sommes mariés, contre l'avis général et elle est tombée enceinte d'Ilan, puis de toi... Je pensais que ma punition serait de l'ordre d'une centaine d'années, mais mon père m'a rappelé ici. J'ai du tout avoué à ta mère, mais le pire n'était pas le fait que je lui ai menti non... Le pire était qu'Asmodée la su, des enfants issus d'une descendance de démon supérieur et d'humain... Il n'a pas voulu rater cette occasion, il vous a choisi, toi et ton frère pour posséder des dons. Il a voulu forcer ton frère à devenir quelqu'un de mal, mais la persuasion n'a pas réussi alors...
- Alors il a pris possession n'est-ce pas ? Et il a compris que ça allait être facile, parce que j'étais déjà quelqu'un de mal...
- Je te jure que je ne le savais pas !
Mon père était un lâche, un menteur, et il avait ruiné nos vies à Ilan et moi...
Salut à tous, on se retrouve pour l'avant-dernier chapitre, j'espère que cela vous plaît et que peut-être vous comprenez mieux certaines choses désormais. J'attends vos retours et on se dit à la prochaine...
ELISE <3