Chapitre 11: part 1

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Je ne parlais plus, je regardais les paysages défiler à vitesse grand v et je sentais le regard de Lukas partagé entre la route et moi. Tout ça était vraiment trop pour moi, j'avais peur de moi-même et ma mort ne m'appartenait plus.

Je voulais hurler, me déchirer les cordes vocales et pourtant mon démon avait tant raison, je pouvais entreprendre ce que je voulais il m'empêcherait de faire ce qui pourrait lui causer des désagréments. J'avais entrainé trop de personnes auxquels je tenais dans une aventure que je ne pouvais pas moi-même contrôler.

Lukas voulait que je parle, que je lui parle mais j'avais peur, trop peur. Ce que j'avais vus n'était pas humain, j'étais habitée et je pouvais le tuer d'un instant à l'autre je serais incapable de me contrôler et portant je le laissais rester à côté de moi.

J'étais si égoïste et égocentrique que je m'en voulais encore plus mais j'étais incapable de poursuivre seule. Il était la seule chose près de moi sur laquelle je pouvais compter et malheureusement pour lui si je ne pouvais pas compter sur moi j'avais besoin de lui, il perdrait la vie sûrement autant que moi et j'espérais qu'il en était conscient mais j'étais incapable de lui dire.

Si j'avais été quelqu'un de bien je l'aurai forcé à me quitter, je l'aurai abandonné comme dans tous ces films apocalyptiques, j'aurai sacrifié mon bonheur pour sa survie mais je n'allais pas le faire. J'allais le laisser mourir pour me laisser encore quelques heures auprès de quelqu'un que j'aimais.

Il me survivrait peut-être mais je n'avais aucun moyen de l'assurer, je mettais sa vie en jeu et je ne ressentais pas cette tristesse que j'aurai normalement dû ressentir. La nuit était tombée et je n'avais aucune idée de vers où nous nous dirigions mais je ne voulais pas parler, chaque pensée faisait résonner les paroles du démon dans ma tête.

Une larme coula le long de ma joue et Lukas posa sa main sur mon visage jusqu'à ce que je me décale violemment. Il était perplexe et moi j'étais abattue, il resterait près de moi parce que j'en avais besoin mais je ne pouvais plus rien exprimer.

Je me perdais un peu plus à chaque moment. Les heures passaient et la douleur ne diminuait pas, je savais qu'il était là, à l'intérieur de moi et pourtant aucuns signes extérieurs ne me permettaient de le sentir au creux de mon corps.

Je regardais cette marque sur mon poignet et repensais au destin de Thibault que j'avais condamné à devenir mon complice alors qu'il n'avait demandé qu'à être quelqu'un d'important. J'avais poussé Bastien en prison puis m'étais enfuie et j'avais effacé la mémoire de mon frère. Je me retrouvais être la méchante de l'histoire et je n'avais aucune excuse, j'avais pris tous ces choix avec âme et conscience.

Je ne pouvais pas me convaincre que j'avais été manipulé ou que tout ça n'était pas vraiment le résultat de mes actes parce que si. J'étais le poison qui allait condamner tous ceux qui avaient croisé mon chemin. Je posais ma tête contre le fauteuil de cette voiture qui sentait la mort et essayait de penser à autre chose.

Le sommeil m'attira vers lui comme j'attirais la mort. J'étais encore si jeune pour mourir mais j'étais déjà responsable de tant de malheur que je le méritais presque. Je retrouverais mon père, Eden. J'avais débarrassé le monde de cet enfant capricieux mais il n'était encore qu'un enfant que j'avais arraché à sa famille.

Je ne savais pas si nous roulions encore durant toute la nuit ou si Lukas s'était arrêté mais je ne voulais pas émerger pour le savoir. Ici, j'étais seulement Roxane Forman, je ne possédais ni dons dévastateurs ni entité démoniaque qui jouait avec moi comme un chat joue avec une sourie. Je voulais tuer un Dieu mais quel était mon poids ?

Je ne savais utiliser aucun de mes dons, j'étais contrôlée par cette magie et ce démon savait se servir d'elle. J'étais l'hôte d'un manège vicieux et je ne pouvais pas broncher.

L'Académie - La Malédiction des Dieux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant