Chapitre 31: part 2

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Ma respiration était difficile, saccadée. La douleur qui prenait place dans mon dos n'était rien comparée à celle dans mon cœur. C'était allé vite, trop vite, les évènements n'avaient pas même eu le temps de s'aligner dans ma tête que mon corps s'était retrouvé à se fracasser contre le sol. Je pleurais, j'avais mal, j'étais frustrée, ce n'était tout bonnement pas possible.

J'étais dans le déni, refusant de croire l'inévitable, Lukas n'avait plus rien à voir avec lui-même. Je serais les poignets, la seule source de chaleur était mon sang qui s'écoulait le long de mon dos. Je ne pouvais pas bouger, j'avais bien trop mal. J'étais si facile à berner, un seul baiser, il n'avait eu besoin de rien pour m'atteindre, j'étais de moi-même allez vers lui.

Les larmes chaudes roulaient sur mes joues, j'étais en colère autant contre lui que contre moi. Si ce Lukas avait accepté d'être habité pour tout oublier, je ne pouvais plus rien. Il n'était déjà pas en grande forme, mais maintenant, il n'avait plus que les traits d'un humain, le reste, avait disparu.

Les entrailles dans mon dos n'étaient pas assez profondes pour me tuer, mais elles étaient assez sérieuses pour que le peu de parasites en moi prenne le dessus. Le sang s'arrêta de couler et la froideur de la substance noire prit possession de mes veines. C'était aussi douloureux que l'azote utilisé pour brûler les verrues, ma tête hurlait.

Je serais les dents aussi fort que possible, mais rien n'y faisait, la douleur allait me rendre folle. Je ne m'étais jamais allongée dans les couloirs de l'Académie, et bizarrement, je me serais bien passé de cette communion avec le sol. Je ne voulais pas de ça, mon esprit était absorbé par la douleur de mon cœur quand mon corps, lui, se battait contre une autre partie de moi-même.

Je détestais ressentir que je n'étais pas si différente de lui, j'avais ralenti le processus, mais il ne pouvait jamais être réellement détruit.

Je ne sais pas combien de temps je restais là, sur le sol, à attendre que mon supplice prenne fin. Mon corps ne mit pas longtemps à se réparer, mais ce n'était pas là, la pire blessure. Je devais désormais penser à mes actions, étais-je capable de me battre contre lui ? De finir par le tuer ?

Je n'avais pas le droit de me lever et de prendre part à tout ça, si je n'étais pas capable d'être utile. Les autres méritaient quelqu'un capable de faire le nécessaire, et je n'étais plus sûre de le pouvoir. Mon oreille était collée contre le sol, au bout d'un moment, je reconnu la foulée de Thibault. Je criais donc son prénom pour qu'il vienne m'aider, j'avais peur de me tenir debout, peur de voir mes jambes flanchées.

Il se précipita pour m'aider, il m'attrapa d'une main et me souleva comme une plume. J'étais flageolante, je revoyais le regard noir et sans émotion de Lukas, j'avais tant aimé ces yeux et maintenant, ils me faisaient peur. La violence du geste était inouïe, la douceur de ses lèvres était en total désaccord avec la bestialité dont il avait usé pour planter le poignard.

C'était comme naturel chez lui, mais je n'avais plus à discerner si c'était sa violence qui était naturelle ou seulement sa volonté de me faire du mal. Il n'avait pas d'intérêt à me tuer, j'étais une énième sortie de secours, un corps potable et utilisable. Mais il n'hésiterait pas, s'il se savait en danger, mon corps n'aurait plus de valeur.

- L....

Je voulais prononcer son prénom, crié qu'il était celui que nous recherchions. Le nouveau Lukas avait eu tant de mal à s'accepter et à reprendre une vraie vie, qu'il avait préféré passé un marché avec le diable pour servir d'enveloppe.

Mais les deux syllabes ne voulaient pas, elles ne pouvaient pas sortir de ma bouche, comme si j'apprenais à parler, ma bouche n'avait pas été formatée pour dire ça. Je me retrouvais dans l'incapacité de rendre tout ça plus réel encore.

L'Académie - La Malédiction des Dieux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant