Dés que j'ouvris les yeux, mon ventre se noua. C'était le grand jour. Au début personne ne disait rien, je fus la première à passer dans la salle de bain et la première à en sortir. Je voulais avoir le temps de me détendre pendant le petit déjeuner qui pour 4 novices serait le dernier.
- Alors, confiante ? me surpris Eric dans mon dos tandis que je touillais mes céréales.
Je jouais toujours avec ma nourriture quand j'étais stressée.
- Oui cela va de soi, dis-je pas très convaincue.
Je ne voulais absolument pas finir en dessous de la cinquième place.
- Non attend, tu serais en train d'avoir peur ? dit-il en recommençant à me narguer. Tu n'as même pas confiance en toi ?
- Je n'ai pas peur d'être éliminée, j'ai peur de pas pouvoir choisir mon métier.
- Oh, dans ce cas ça ne dépend que de ta performance. Tu dois être dans les plus rapides. En réussissant je précise.
- Bien entendu, dis je en soupirant.
Il me prenait pour une débile ? Bien sûr que c'était à condition de réussir.
+++
- Wendy, m'appela Yanissa.
Ca y était c'était mon tour. Les leaders, dont Eric se trouvaient assis à une table, des électrodes sur les tempes, le regard qui serait bientôt perdu dans mes peurs les plus intimes.
Je m'assis sur le siège.
Je savais que la simulation était reliée à un ordinateur qui déterminait notre paysage de peur, ce qui faisait qu'elle était différente et peut être aussi que nous avions conscience que c'était une simulation. Après pour le comment, je n'en savais rien... J'aurai bien voulu aller demander à un érudit mais j'avais trop peur qu'il ne me baratine avec un trop plein d'explications assommantes. Les autres novices, eux, pourraient voir l'expression de mon visage dans la simulation sur un écran, ainsi que les battements de mon cœur.
Yanissa m'injecta le sérum dans le coup et je finis par 'm'endormir' en quelques secondes.
Quand j'ouvris les yeux j'étais en train de marcher aux cotés de Maël et de Meena.
- Où est-ce qu'on va ? demandais-je, parfaitement consciente qu'ils n'étaient qu'une hallucination.
- On est chargé de surveiller les toits pour empêcher l'ennemi de nous envahir.
Je n'eu pas le temps de demander qui était l'ennemi qu'on se fit tirer dessus.
Nous nous cachâmes derrière un mur, prêt à tirer. Tout comme pour la simulation de Yanissa, j'avais beau savoir que ce n'était pas réel, tout le semblait tellement qu'on se laissait s'y prendre. Mais aucune peur en vue pour autant.
J'avais pensé trop vite.
- Livrez nous Wendy et on s'en ira, cria un ennemi au loin.
- Quoi ? marmonnais-je le cœur battant.
La trahison, c'était la peur de la trahison. Mon manque de pitié pour les autres, tout ça était du au fait que j'avais peur d'être trahie en accordant ma confiance.
Meena et Maël échangèrent un regard, réfléchissant. J'avais deux choix ; soit combattre ma peur ou alors garder mon sang-froid. Je décidai de combattre ma peur, j'avais choisis les audacieux, je devais apprendre à les battre dés que je le pouvais même si je n'étais pas sure que j'en aurai l'occasion dans tous les paysages.
Je décidai de me laisser aller. De leur faire confiance, à fond. Je ne leur avais jamais fait confiance totalement depuis que j'étais arrivée chez les audacieux et bien c'était le moment.
- Je vous fais confiance, dis-je à Meena et à Maël.
- Dans ce cas tu peux compter sur nous, répondis la Meena de la simulation en souriant.
Puis tout s'évapora pour laisser place à un autre décor. Je savais que si j'avais refusé d'affronter ma peur vis-à-vis d'eux, ils m'auraient livrés.
Je me trouvais soudain chez les fraternels, dans l'une des pleines de jeux. Jusque là, rien de trop terrifiant.
Mais encore une fois, l'obstacle apparu très rapidement. Un chien.
J'avais peur des chiens depuis que l'un d'entre eux m'avait mordu quand j'étais petite. J'avais d'ailleurs fait preuve de beaucoup de courage pour tuer le chien du test d'aptitude.
Le chien n'était par contre pas le même que celui du test, c'était en fait la copie exacte du chien qui m'avait mordue petite mais en beaucoup plus grand, vu que j'étais petite, le chien avait du me paraitre plus grand qu'il ne l'était vraiment. Mon cœur battait à du cent à l'heure, j'avais peur qu'il me morde encore.
Malheureusement je n'avais pas d'arme pour le battre, cette fois-ci j'allais devoir maitriser ma peur au lieu de la combattre.
Je me concentrai sur ma respiration. Je devais garder mon calme.
Au bout d'un moment, le chien se volatilisa mais à mon plus grand étonnement le paysage non.
Je me rendis alors soudainement compte que j'étais redevenue un enfant. Je regardai mes mains terriblement petites ainsi que ma robe de petite fraternelle.
- Allez Wendy, viens t'amuser avec nous ! me dit alors une petite fille qui devait avoir 4 ou 5 ans. Je pus deviner que je devais avoir l'apparence que j'avais à cet âge là moi aussi.
Je me laissai faire. Était-il possible d'avoir deux peurs dans un même paysage ? Pourquoi pas au final ?
La petite fille que je ne connaissais pas m'entraina dans un groupe de fraternel et je dus m'assoir à coté d'eux. Nous formions un cercle.
Bon sang, et les leaders qui regardaient ça.. J'étais une petite fille, bon sang !
Si je sentais la gène monter en moi, ce fut le comble avec ce qui suivit. Ils jouaient au renard qui passe !
Le groupe était composé d'enfants et d'adolescent. C'était une adolescente qui tournait tandis que tout le monde chantait la fameuse chanson ; 'Ne regardez pas le renard qui passe, regardez seulement quand il est passé'.
C'est un jeu typique des fraternels et le plus appréciés des enfants. L'adolescente déposa le foulard derrière moi et je me levai pour lui courir après. Même si au fond je courrai plus pour découvrir la peur qui se cachait derrière tout ce cirque.
Etant trop petite pour la rattraper, la fille réussit à rejoindre sa place et ce fut à moi de tourner autour du cercle pour choisir un enfant. Je me dépêchai, étant assez stréssée par cette simulation étrange. Je déposai le foulard dans le dos d'une fillette de 'mon âge' et me mis à courir. Malheureusement, la fillette par je ne sais quel moyen, réussit à me rattraper.
Je pus entendre le groupe crier en cœur 'Au bouillon ! Au bouillon !'.
Alors soudainement, il se passa quelque chose. Je repris mon apparence normale et alors que je regardai vers le centre du cercle ou selon les règle du jeu, j'étais censée m'installer, je fus prise de terreur. C'était ma pire peur de toute.
Au milieu du cercle se trouvait un énorme trou dans le sol, comme une piscine circulaire où autour de celle-là, se trouveraient assis des enfants. Dedans, ce trouvait de l'eau bouillante. Je sentis alors des garçons fraternels me saisir par les bras et me pousser vers le trou.
Ils voulaient m'ébouillantée ! Je me mis à hurler.
C'était la peur de finir brulée.
Je tentais alors de réfléchir en vitesse et laissais mes nouveaux réflexes d'audacieuses prendre le dessus. Je donnais un coup de coude dans le ventre de l'un des garçons avant de lui donner un coup de pied au même endroit le poussant ainsi dans le trou. Il disparu dans l'eau. Je donnai un coup de poing au deuxième garçon et le poussa lui aussi dans l'eau. Les enfants de la simulation, eux, n'avaient pas cessés de chanter.
Enfin, le paysage se mit à changer.
Je me retrouvai au milieu d'un couloir étroit, les parois étaient des miroirs. Devant moi ce trouvait une porte et je me retournai pour ce qu'il y avait derrière. Il n'y avait qu'un mur mais je n'eu pas le temps d'analyser plus que ça le paysage car ma peur se mit directement en route.
Deux lasers horizontales apparurent, ayant pour chacun un coté du mur pour extrémités.
Je pensais en accéléré. Je n'étais pas sure de pouvoir passer en dessous de celui du dessous et ou encore au dessus de celui du dessus.
J'eu soudain une idée. Risquée mais si elle réussissait, j'en mettrais plein les yeux aux leaders.
Je courus vers les lasers mais avant qu'il ne soit trop proche, je mis ma main à terre pour prendre de la force et de l'élan, ensuite je me mis à tourner à l'horizontal entre les deux lasers, les bras en momie pour éviter de me faire toucher. Je tombai à terre presque immédiatement, les lasers devant moi disparaissant en atteignant l'autre bout du couloir.
Merci à mon agilité si unique.
La porte devant moi s'ouvrit et je me dépêchai de la franchir. Je me rendis alors compte que je n'avais même pas pensé à me calmer dans cette simulation. J'avais vu les lasers, j'avais directement couru. Je ne savais pas quelle peur représentait ce paysage, la peur de ne pas pouvoir agir ? D'être mutiler ?
Une fois que je franchis la porte, celle-ci disparut, pour ne laisser qu'un mur derrière moi. Ce n'était plus qu'une pièce sans porte. J'étais claustrophobe. C'était ma peur mise en jeu.
Les murs étaient gris et délabrés, rien de très chaleureux.
C'est alors que les murs commencèrent à se rapprocher. Mon cœur accéléra. Je détestais le confinement. Chez les fraternels, il n'y avait que de grandes prairies, rien de confinés et chez les audacieux même si c'était en sous sol, tout restait grand. Notamment le lieu de vie principal, la fosse.
Je regardai autour de moi. Il n'y avait aucun moyen visible de se sortir de là et je ne continuai pas à chercher plus car je savais que le classement final de l'initiation se jouait sur le temps.
Je devais me calmer. Maitriser ma peur.
Je me concentrai sur ma respiration, me rappelant sans cesse que rien n'était réel. Puis, enfin, les murs disparurent.
Je me retrouvai alors dans le même décor que ma première simulation de l'étape deux de l'initiation. Le même décor que dans lequel on m'avait mise sur un buché sauf que cette fois il n'y aurait pas de buché vu que j'avais déjà eu affaire avec cette peur dans l'un des paysages.
Je regardai autour de moi en vitesse, puis je sentis des chatouillements sur ma cheville. Je poussai un cri. C'était des milles pates. Je détestais ces insectes. Je les trouvais ignoble et ils me terrifiaient. Juste l'idée qu'un seul puisse me toucher me rendait dingue. Je secouai ma jambe et reculai paniquée. Mais je vis qu'il en sortait du sol de partout. Je me mis à courir, marchant sur quelques uns pour m'éloigner. Mais ils me suivaient.
Je décidai alors, une fois de plus, de miser le tout sur la maitrise de la peur. Je fermais les yeux, ne supportant pas de les voir et tentai de ralentir mon cœur mais je n'y arrivai pas car je les sentais déjà monter sur moi.
Je sentis les larmes monter aux yeux mais je les ravalais. J'avais tenu jusqu'ici, je devais continuer à me battre.
Je les sentais sur moi, ce qui faisait que j'avais plus de mal que pour les autres paysages à me calmer mais je ne devais pas abandonner. Ce n'était qu'une simulation. Ce n'était qu'une simulation.
Finalement après une réelle éternité, je ne les sentis plus. J'ouvris les yeux et je ne vis que la pelouse mais sans les milles pates. Je regardai autour de moi et compris. C'était encore une autre peur qui se déroulerait dans un même paysage de peur.
Je n'eu pas le temps de faire quoi que ce soit que quelqu'un me sauta dessus et me mit à terre, il m'attrapa par la gorge et la serra. La peur de la mort par asphyxie.
J'avais de plus en plus de mal à respirer et l'emprise de la personne, que j'identifiai comme un homme, sur ma gorge devenait très douloureuse.
Je ne pouvais pas encore me calmer, je savais que je n'y arriverai pas et comment ralentir sa respiration quand on arrivait tout simplement plus à respirer.
Je tentai de donner un coup de genoux dans le ventre mais ce fut raté. Je retentai alors de donner un coup mais cette fois dans les cotes. Le gars tomba sur le coté, du à la douleur. Je me relevai sur mes genoux me tenant la gorge avec une main tandis que l'autre était posée sur le sol.
Je me levai avant le type et lui redonna un coup de pied dans les côtes.
Je me réveillai.
- Bravo Wendy, s'exclama Eric en se levant de son siège et en retirant ses électrodes. Tu as réussi avec seulement 7 peurs !
Je me levai de mon siège soulagée que tout soit terminé même si je devais encore voir le classement final. Je devais absolument être parmi les 5 premiers.
Je n'avais pas répondu à Eric encore en train de ruminer mes actes dans mes paysages de peurs. Eric s'approchai de moi et fit quelque chose à quoi je ne m'attendais absolument pas. Il m'embrassa. Je crus que la mâchoire de certains novices attendant leur tour derrière la vitre allait se détacher. Tandis que les leaders eux trouvèrent ça assez normale. Leur avait-il parlait de moi ?
- On se retrouve comme prévu tout à l'heure pour ton tatouage, dit-il avant de retourner à sa place.
- Tu peux sortir Wendy, me dit alors Yanissa d'un coin de la pièce.
Je sortis en silence, sous le regard choqué de tous les jeunes.