La sonnerie de son téléphone portable mit quelques secondes à se frayer un chemin jusqu'au cerveau ensommeillé de Liam Payne, mais pas suffisamment pour que le répondeur ait le temps de se mettre en route.
Il saisit l'appareil, enclencha la petite touche, et d'une voix essoufflé, lança un bref "Hello?" Tout en jetant un regard sur sa pendule.
Elle indiquait trois heures du matin. Qui pouvait bien l'appeler à une heure aussi indécente?!
-Liam?
Et merde, Louis.
Instantanément réveillé, Liam se redressa dans son lit.
-Louis? Que se passe-t-il?
Une inspiration haletante se fit entendre à l'autres bout du fil, suivie par ce qui semblait suspicieusement à un sanglot étouffé.
-Où est-tu? Insista Liam, immédiatement conscient que quelque chose de grave s'était produit. Toujours à la soirée des anciens élèves?
Un rire amer se fit entendre dans le combiné
-Non, rassure-toi. Je suis rentré à l'hôtel.
Liam comprit soudain pourquoi la voix de son ami était aussi éraillée. C'était l'alcool qui lui donnait cette tessiture rocailleuse.
-En taxi, j'espère, coupa-t-il froidement, vu la dose d'alcool que tu semble avoir ingérée...
Un bref silence puis...
-Liam, c'est vrai, j'ai beaucoup trop bu.
Liam leva les yeux au ciel.
-Tu m'étonnes! Grommela-t-il.
Un autre bruit similaire au premier, et l'inquiétude prit le pas sur la colère. Liam retint sa respiration en entendant Louis reprendre d'une voix hachée.
-Liam, je dois te parler...
-Mais de quoi, bon sang?! Explique-toi, à la fin!
-Harry était là-bas. Et j'ai fait un énorme connerie.
Un silence de plomb tomba sur les deux hommes, uniquement troublé par le souffle rauque de Louis.
-Quel genre de connerie?
-Je...je l'ai coincé dans les vestiaires...
-Et?
Le corps de Liam était tendu comme une corde de guitare, dans l'attente du 'coup' verbal qui ne manquerait certainement pas de suivre. Lorsque celui-ci arriva, il avait la force d'un boomerang lancé à quatre-vingt kilomètres heure et reçu en pleine poitrine.
-Je lui ai fait...ce qu'il m'a fait il y a dix ans.
Liam renversa la tête en arrière et porta la main à son front, bouche ouverte.
-Louis...Tu n'as pas fait ça? Dis-moi que tu n'as pas abusé de lui?!
-J'avais trop bu....J'ai trop bu...Je ne sais plus ce que je fais, ni ou j'en suis...
Au ton de sa voix, il était totalement perdu. Liam se mordit les lèvres. Il devinait que ce n'était pas vraiment le moment de soulever l'idée que Harry Styles pourrait très bien porter plainte pour agression sexuelle auprès des autorités.
-Il faut que j'appelle mon avocat, reprit le jeune homme, auquel la même idée avait apparemment traversé l'esprit, malgré ébriété.
-Tu vas d'abord aller dormir, répondit Liam pragmatique malgré son inquiétude. Tu n'es pas en état d'appeler qui que ce soit pour le moment. Et si la police doit débarquer à ton hôtel, mieux vaut que tu aies les idées un tantinet plus claires! On avisera en tant voulu. Ton vol arrive à quelle heure?
-Seize heure quinze.
-Surtout, ne le manque pas. Je t'attendrai à l'aéroport. Louis, fais-moi plaisir, essaye de te reposer, et d'évacuer tout cet alcool. Je te veux frais et dispos, et l'esprit affûté! Spécialement si nous devons faire appel à un juriste.
-C'est promis, Liam...
Le jeune homme aux cheveux châtain voulut rajouter un petit mot encourageant, mais l'écran de son téléphone lui indiqua que son associé avait déjà raccroché.
Il lui fallut de longues minutes pour encaisser le choc de ce qu'il venait d'apprendre. L'attitude de Louis cette nuit allait à l'encontre de tout ce qu'il connaissait sur la personnalité de ce dernier. Malgré lui, la révulsion se mêlait à la pitié chez Liam. Jamais n'aurait-il imaginé que son ami soit capable de se venger de manière aussi sordide...
Et pourtant, malgré son dégoût, il ne parvenait pas à le condamner totalement. Il était évident que le traumatisme de Louis était plus important qu'il ne l'aurait cru.
Avec un soupir, Liam reposa son portable sur sa table de chevet, et s'allongea, le nez enfoui dans l'oreiller. Malgré tous ses efforts, Morphée ne voulut pas le reprendre dans ses bras, cette nuit-là. Il espérait juste que c'était parce que le dieu du sommeil était bien trop occupé avec son ami...
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Les quelques semaines qui suivirent ressemblèrent fortement à un brouillard pour Louis. Il vécut dans la crainte permanente de voir la police débarquer chez lui pour l'arrêter et le jeter en prison.
Mais le temps passa, et rien n'arriva.
Alors, le remords et la culpabilité prirent le pas sur la peur. Jamais auparavant ne s'était-il laissé aller à une conduite aussi inqualifiable qu'infamante...que l'abus d'alcool seul ne suffisait pas à expliquer.
Non, la vérité était simple: il n'avait jamais vraiment réussi à gérer le traumatisme vécu dans ce vestiaire, il l'avait juste enfoui en lui, et celui-ci avait fini par jaillir tel un diable hors de sa boite.
Il se réveillait la nuit en sursaut, le corps en feu et l'esprit en tumulte. Il revivait dans ses cauchemars le plaisir et la honte, le tout étroitement mêlé, tant et si bien qu'il ne savait plus lui-même où l'un se terminait et où l'autre commençait...
Il eut alors une longue conversation avec Liam, celui-ci se révélant un confident attentif qui essaya de l'aider de son mieux, notamment en lui conseillant d'attendre avant de se précipiter pour voir son avocat, et il eut raison.
Les jours s'écoulèrent sans aucune nouvelle, ni de la police, ni de sa victime. Alors Liam lui suggéra tout simplement d'adopter l'attitude dont Harry avait apparemment décidé de faire preuve: oublier ce lamentable épisode et aller de l'avant.
Et dans un premier temps, Louis s'efforça d'agir ainsi. Mais sa conscience et ses rêve ne le laissaient pas en paix. Au bout de quelques mois, il lui fallut bien se rendre à l'évidence. Il ne pourrait pas en rester là.
Liam fut d'un grand support dans cette épreuve, mais il était évident qu'il ne pourrait rien faire de plus pour lui. Il préconisa alors à son ami de rencontrer sa Némésis pour une franche explication face à face.
Cette solution posait cependant un léger problème: Louis ignorait tout l'endroit où il vivait Harry, si ce n'était qu'il se trouvait dans un quartier de Paris.
Liam appela le lycée Emerson, se faisant passer pour le secrétaire particulier de Louis, mais revint de sa pêche bredouille. Apparemment, le jeune homme avait donné une fausse adresse. Ce qui trahissait une envie évidente d'être laissé en paix.
Louis tenta ensuite une recherche internet sur l'annuaire français, mais cela ne donna rien non plus. Pas d'Harry Styles. Quelqu'un qui se donnait autant de mal pour brouiller les pistes ne pouvait être que sur liste rouge.
La solution inespérée, vint de leur avocat d'affaires. Alors que Louis se lamentait de n'être pas capable de retrouver quelqu'un malgré toute sa fortune, ce dernier lui suggéra de consulter un détective privé.
Il en connaissait d'ailleurs un de très bien...
Ainsi, deux jours plus tard, Louis se retrouva dans un endroit...des plus particuliers. Le détective officiait dans l'arrière-salle d'un refuge pour animaux! Un choix pour le moins étrange, mais qui trouva son explication dans le fait que le refuge était tenu par l'épouse du détective en question. Cette explication eut l'avantage de détendre le jeune homme.
Amusé et surpris, il le fut encore davantage lorsqu'il rencontra Simon Cowell, ex-policier, désormais Privé de son état. L'homme avait la cinquantaine d'année, des traits burinés, des yeux marron glacé et une chevelure qui commençait nettement à se clairsemer.
Face à ce regard incroyable, Louis songea qu'on ne devait pas être capable de cacher facilement quoi que ce soit à un tel homme.
Cowell lui sourit, un sourire étrangement chaleureux pour un homme d'apparence aussi froide, l'installa dans un fauteuil de cuir sui avait connu de meilleurs jours, et s'assit dans son propre siège avec un air de concentration qui faisait plaisir à voir.
-Votre avocat n'a rien voulu me dire par téléphone, Mr Tomlinson, fit-il en guise de préambule.
-Tout simplement parce qu'il n'est au courant de rein, malgré son insatiable curiosité, répondit Louis sans cacher l'amusement dans sa voix. Il s'agit d'une affaire privée, qui ne concerne en rien mes finances.
Simon Cowell croisa les bras contre sa poitrine et se carra plus confortablement contre le dossier de son fauteuil.
-Je vois...Il va cependant me falloir tous les détails si vous souhaitez mes services.
Louis hésita. Que pouvait-il révéler à cet inconnu sans se déjuger à ses yeux ni le voir appeler ses anciens confrères? Un simple coup d'œil au détective et on devinait l'ex homme de loi intransigeant et tenace.
Ce dernier parut sentir ses hésitations, car il lui sourit avec gentillesse.
-Mr Tomlinson...Voyez en moi un confesseur. Ce qui entre dans cette pièce n'en sort pas, sauf si cela va à l'encontre de mon éthique personnelle. Si vous avez commis un meurtre, je cous envoie illico chez mes collègues flics, mais dans le cas contraire, je vous écouterai avec attention, et surtout...sans vous juger.
Ces yeux marron avaient une sincérité sur laquelle on ne pouvait pas se tromper. E t Louis se rendit compte avec stupeur qu'il avait vraiment besoin de parler à quelqu'un d'extérieur à toute cette situation. Quelqu'un qui pourrait y jeter un œil neuf.
Il se retrouva en train de raconter son passé commun avec Harry, les brimades, les avanies, ce qui s'était passé ce jour-là dans les vestiaires, ainsi que....ce qui y était arrivé dix ans plus tard.
Lorsqu'il se tut enfin, se voix s'était faite rauque, mais il aurait été bien incapable de dire si c'était à cause de l'angoisse, ou de la fatigue d'avoir trop parlé.
Le visage de son vis-à-vis était impénétrable, une véritable face de joueur de poker. Louis eut un faible sourire, gêné par son silence.
-Suis-je bon à enfermer? Demanda-t-il dans une piètre tentative d'humour.
Cowell secoua la tête.
-Non, bien sur que non. Je me demandais juste comment deux personnes peuvent en arriver à se faire autant de mal...Il est évident qu'il y avait à la base une certaine attirance entre vous deux...et vous vous êtes admirablement débrouillés pour tout foutre en l'air, je dois bien l'admettre!
Louis resta sans voix durant cette brutale franchise, mais étrangement, elle lui inspira une confiance accrue. Soin avocat l'avait bien conseillé.
Simon se redressa brusquement, avec l'air d'un homme ayant pris une décision.
-Bien, j'ai besoins de tous les renseignements, et je dis bien tous, que vous pourrez me fournir sur ce Monsieur.
Louis acquiesça.
-Ensuite, continua le détective d'un ton très séreux, je dois savoir ce que vous souhaitez que je fasse. Dois je rentrer en contact avec lui, de votre part? Ou bien préférez-vous que je vous donne tous les renseignements et l'aborder vous-même lorsque je l'aurai retrouvé?
Louis se crispa brusquement. Et puis la tension nouant ses épaules se relâcha tout aussi soudainement.
-Faites-moi part de vos informations, je lui parlerai moi-même. Nous devons régler cette histoire face à face, et...sans aucune interférence extérieure.
La conviction qui vibrait dans sa voix était de celles qui n'acceptent aucune contradiction.
Cowell en prit bonne note, et un bref sourire détendit ses lèvres.
-Amen!
Cette histoire est de Isabel Lucia- tout droits lui revient- je ne fais que la réécriture version Larry