Vivre - Vitaa
Emma
Je marche dans la rue, c'est fou, je crois que je n'ai jamais été aussi stressée à l'idée de revoir quelqu'un. Lorsque j'arrive enfin sur le lieu de notre rendez-vous, je le vois. Lorsqu'il m'aperçoit un grand sourire naît sur ses lèvres. Il a l'air tellement sûr de lui, alors que moi j'appréhende un peu notre rendez-vous. Il me serre brièvement dans ses bras avant de m'inviter à m'asseoir.
-Salut !
-Salut, je réponds timidement.
C'est bête d'être aussi timide devant quelqu'un qu'on connaît si bien. Pourtant, j'ai l'impression que pour la première fois, lui, me voit vraiment. Je ne pensais pas que je verrais un tel regard bienveillant dans ses yeux. Je m'assieds face à lui à la terrasse du café où nous nous somme donner rendez-vous.
-Alors tu es revenue ?
-Oui, il faut croire...
Le serveur s'approche de nous pour prendre nos commandes.
-Une eau pétillante avec une tranche de citron pour moi s'il vous plaît.
-Et une bière pour moi merci. Commande-t-il avant de poursuivre en me regardant. Tu es splendide. Le soleil te va vraiment bien.
Je rougis un peu, c'est idiot, mais les compliments de la part d'un homme me font toujours rougir.
-Merci, je dis en lui souriant.
Je sais que ma robe met en valeur mon corps, elle ne cache rien de ma silhouette. J'ai attaché mes cheveux en une queue-de-cheval haute afin de me dégager la nuque. Avec cette chaleur, je ne supporte plus mes cheveux longs. Parfois l'envie de les couper court me prend et puis, je me rappelle qu'il aime mes cheveux longs...
Le serveur revient pour déposer nos commandes. Nous le remercions avant de nous regarder timidement.
-Comment va ta mère ? Demande-t-il.
-Plutôt bien. Elle a du mal à se faire à l'idée que je sois ici.
-C'était comment là-bas ?
-Différent d'ici, éludais-je.
Il me scrute avec attention avant de poursuivre :
-Tu as rencontré quelqu'un...
Il n'a pas changé, pourtant, il n'est plus tout à fait le même garçon que j'ai connu il y a un an. Il parait plus mature, plus sage aussi. Ce n'est pas un mal dans un sens. Je n'ai pas besoin de répondre à sa question, il connaît déjà la réponse, rien qu'à l'expression qui s'affiche sur mon visage.
-J'espère qu'il prend soin de toi...
-A vrai dire, c'est un peu compliqué...
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
-Je suis partie, sans vraiment dire au revoir.
-Tu veux dire qu'il n'est pas au courant ?
Je secoue la tête en signe de dénégation.
-Tu ne changeras donc jamais.
-J'avais une bonne raison.
-Et je suis curieux de savoir laquelle, dit-il en s'adossant nonchalamment à sa chaise, un sourire aux lèvres.
Il est toujours aussi beau. Ses cheveux blonds coupés court me font penser à un chanteur d'un groupe que j'adore. Mais en le voyant comme ça, ici, en face de moi, je sais que mon cœur à fait le bon choix. Nous n'étions pas faits pour être ensemble et la personne qui me convient ce n'est pas lui.
-J'ai décidé de me soigner. Tu sais, ma dépression et tout ça...
-Emma, dit-il en se penchant vers moi, posant sa main sur la mienne, dans ce cas tu as fait le bon choix et si ce gars t'aime, il comprendra. Mais tu ne crois pas qu'il mérite d'être au courant.
-Il le saura, quand j'y retournerais.
-Donc tu retournes là-bas... Dans combien de temps ?
-Début septembre. J'ai commencé les séances de thérapie, et j'entame la thérapie de goupe. J'en ai pour un mois environ d'après mon psy, j'aurais le droit aux visites, je pourrais sortir le week-end. Le plus gros est déjà fait d'après lui... Normal étant donnée le nombre de ses copains qui a essayé.
-Emma, si j'avais su que c'était si dur pour toi...
-Tu ne pouvais pas savoir...
-Bien sûr que si, si je m'étais intéressé à autre chose qu'à ma petite personne, j'aurais vu que tu allais vraiment mal...
-Matt... Ca n'aurait rien changé. Parfois il arrive simplement que deux personnes ne soient pas faites pour être ensemble...
-Depuis quand es-tu si philosophe et sage ? Dit-il en riant.
-Depuis que j'ai appris ce qu'est d'être aimé telle que l'on est. Et toi et moi, on sait très bien que nous n'étions pas sur la même longueur d'onde et que ça n'aurait pas marché de toute façon.
-Je sais... Je m'en suis rendu compte à la minute ou je t'ai vu tout à l'heure.
Ses yeux plongent dans les miens, je ne peux que lui sourire pour le rassurer.
-Le changement te va bien. Quand nous avons échangé ces mails, je ne m'attendais pas à ça, mais vraiment, je suis heureux pour toi. Je ne le connais pas, mais ça se voit que tu tiens à lui. Ton corps, mais aussi tes yeux parlent pour toi.
Un long silence s'installe entre nous, mais contrairement à ce qu'on aurait pu croire, ce n'est pas pesant ou angoissant. C'est confortable et naturel. Comme deux amis qui se connaissent bien qui se retrouvent.
-Tu as vu Alyssa ?
-Non, je la vois tout à l'heure. Elle passe beaucoup de temps avec Simon en moment.
-Oui, j'ai entendu parler de ce gars. Il était avec toi là-bas, c'est ça ?
-C'est un très bon ami, en effet. Il était français et du coup, ça nous a forcément rapprochés, dis-je avant de boire de grandes gorgées de mon eau. Ils se sont rencontrés quand elle est venue à Thanksgiving.
Nous restons un long moment, à parler de tout et de rien. Il me raconte ce qu'il a fait durant cette année, je lui raconte ce qu'il m'est arrivé. Je lui parle de lui, du contrat que j'ai fini par accepter.
Josh a été très compréhensif quand je lui ai expliqué la situation. De toute façon, et pour reprendre ses mots, peu importe le temps que cela prendra, il veut me signer. Mais il veut aussi que je puisse faire les choses bien, et pour ça, j'avais besoin de revenir ici.
Je quitte Matt en lui promettant de le revoir avant de partir et de lui envoyer des mails pour lui raconter l'avancement et la vie au centre.
Je suis un peu anxieuse à l'idée d'aller là-bas, mais je sais que c'est pour mon bien, enfin notre bien. Car si je vais mieux alors notre avenir à un sens. Je ne suis pas prête à affronter ce que la vie m'offre avec lui sans ça.
Les jours suivant se suivent, mais ne se ressemblent pas. Je profite à fond de ma mère, passe beaucoup de temps à me pavaner dans le jardin en profitant du soleil, quand il ne pleut pas. Parce que oui, même en juillet, en Normandie, il pleut. Mais je m'en moque. J'aime autant la pluie que le beau temps ici. Finalement, mon chez-moi me manquait plus que ne l'avait imaginé. Je passe des heures à écouter de la musique, bouquiner, gratter ma guitare, et regarder les photos de nous...
Parfois, je passe de longs moments à penser. La distance est perturbante et pesante par moment. J'aimerais qu'il soit avec moi, juste pour le sentir près de moi, sentir son odeur, ses caresses... Ces jours-là, le soleil et la bonne humeur de ma mère ne suffisent parfois pas à me sortir de mon spleen.
D'ailleurs, ma mère n'arrête pas de me prendre en photo, comme si elle avait peur de ne plus se souvenir de moi. Au début, elle n'a pas très bien pris le fait que je retourne là-bas, mais elle a vite compris que j'avais rencontré la personne qu'il me fallait, et surtout que j'avais besoin de lui.
Je n'ai pas osé envoyer un message ou un mail pour prendre de nouvelles, même si je sais que lui m'en a envoyé, et pas qu'un. Ella m'a envoyé un texto le lendemain où je suis rentré. Apparemment, il s'est pointé chez elle, furieux. Du coup, j'ai peu de lire ses mots.
Je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il voit surement d'autre fille. Mais au final, je ne peux pas lui en vouloir. Je suis partie sans prévenir, sans une explication. Et puis, il a promis de m'attendre, même si à l'heure actuelle, je ne suis pas certaine qu'il se souvienne de cette promesse.
Ce sont des choses que j'ai évoquées avec mon psy. Il m'aide à aller mieux, mais il me prépare aussi à mon retour, à affronter les choses qui me font peur, à prendre conscience de la réalité. Prendre conscience que, certains jours seront toujours plus durs que d'autres, mais que je pourrais les surmontés si je suis préparée.
Je suis en train d'écouter Yellow de Coldplay, lorsque ma mère frappe à ma porte.
-J'ai du mal à me dire que tu pars pendant un mois. Tu viens à peine de rentrer.
-Maman ça fait trois semaines que je suis ici à trainer et ne me mens pas, tu commences à en avoir marre. Et puis tu pourras venir me voir, c'est à une heure de route d'ici, et puis je rentrerais surement un week-end, je suis autorisé à sortir.
-Je suis tellement fière de toi. Tu as fait le bon choix, tu sais. Je sais que c'est difficile pour le moment, mais tu as fait le bon choix.
-Je sais. Il me manque...
-A moi aussi, tous les jours.
-J'aimerais tant qu'il soit encore là.
-Ma chérie, dit-elle en passant une main affectueuse dans mes cheveux, si ton père était encore ici, tu n'aurais jamais eu à faire ce séjour, tu ne serais jamais partie et tu n'aurais jamais rencontré Adam.
Ma mère a raison. Elle est surement la seule personne au monde à trouver du positif dans l'évènement tragique qui a chamboulé nos vies. Mais elle a raison. Sans ça, je n'aurais jamais rencontré Adam, je ne serais pas tombée amoureuse de ses yeux couleur océan, je n'aurais jamais connu les frissons de ses caresses, je n'aurais jamais vécu ces moments.
Je caresse doucement mon poignet. Le tatouage qui s'y trouve me rappelle à quel point je me suis retrouvé en le rencontrant. Il me rappelle ces moments sur la jetée, il me rappelle le nouvel an, il me rappelle aussi mon anniversaire, mon ivresse, notre passion contre cette porte... Tous ces instants, qui font que je suis devenue celle que je suis et qui malgré moi, marque et marqueront ma vie à jamais.
Il me manque tellement. Parfois, je regrette mon choix, mais la plupart du temps, je me dis que j'avais besoin de ça. J'avais besoin d'être loin de lui pour accepter par moi-même et avancer.
-Tu as tout ce qu'il te faut ?
-Oui, ça devrait aller, dis-je en pliant mes affaires dans ma valise.
-Si tu as besoin de quoi que ce soit appelle-moi.
-Même sans ça, je t'appellerai tu le sais très bien.
Elle porte ma valise jusqu'à la voiture comme si tout à coup, j'étais devenue empotée et que je n'étais plus capable de le faire moi-même.
Ah, les mères !
-Bonjour Alyssa.
-Bonjour, lance mon amie souriante avant de claquer une grosse bise sur ma joue.
-Faites attention sur la route.
-Promis. Je t'envoie un message quand j'arrive.
Aly se place derrière le siège conducteur et met le contact à l'instant où je ferme ma portière. Je secoue ma main frénétiquement pour faire au revoir à ma mère. C'est bête, je m'en vais moins loin, mais je suis plus triste à l'idée de la quitter.
-Alors, tu as prévu quoi pour tes vacances.
-Nous allons bosser avec Simon, moi au restau et Simon à l'usine de mon père. Et puis quand tu repartiras, nous aussi nous partirons.
-Où ?
-En Australie. J'ai toujours rêvé d'y aller et on s'est dit que puisque nous avons fini nos études tous les deux s'étaient le moment pour partir à l'aventure.
-C'est un super projet.
-Ouais, en plus ça nous permettra de tester notre couple. Enfin, je veux dire, nous deux ça marche bien, mais chez mes parents, chez les siens, depuis des semaines... C'est un peu compliqué. Là, on se retrouvera vraiment tous les deux. J'avoue que ça me fait un peu flippé.
Je rigole à sa remarque.
-Qu'est-ce que je devrais dire ?
-Toi et Adam, vous êtes fait l'un pour l'autre. Alors certes, la situation actuelle est merdique mais je suis sûre que tout va s'arranger.
-J'espère vraiment que tu as raison...
-J'ai toujours raison ! Clame-t-elle.
Je m'enfonce un peu dans le siège et regarde le paysage défiler par la fenêtre. J'espère du plus profond de moi qu'elle a raison. Parce que je ne vois désormais plus ma vie sans lui. Là, je me rassure, c'est temporaire, mais si elle a tort, si au final en venant ici j'ai fait la pire erreur de ma vie et ce que je croyais être temporaire devient définitif, alors je ne sais pas ce que je vais faire... Je soupire et ferme les yeux, me laissant bercer par les vrombissements du moteur et la musique pop sortant de haut-parleur.
On verra bien, maintenant je n'ai plus le choix...
Adam,
La dernière fois que je me suis retrouvé ici, c'était il y a quelques semaines. En passant devant la porte d'embarquement, mon regard ne peut s'empêcher de s'attarder quelques secondes devant ce lieu.
Un homme qui court, fonçant droit vers son but. Cet homme, c'est moi il y a un mois et demi. Je me vois arriver à bout de souffle, cherchant du regard dans toutes les directions possibles le moindre indice. Puis, devant cette fichue porte, scrutant toutes les personnes autour de moi, dans l'espoir de la voir elle.
Sans succès.
Je me revois parfaitement, les bras tombant le long de mon corps, regardant partir devant cette stupide fenêtre, l'avion de la compagnie aérienne française. J'entends encore l'hôtesse me dire que je suis arrivée dix minutes trop tard. J'avais à cet instant précis tout le poids du monde sur les épaules. Comme si le ciel venait de me tomber sur la tête. J'ai espéré tellement fort entendre sa voix, entendre ne serait-ce qu'un mot me prouvant que je n'étais pas en train de vivre la pire journée de ma vie et de perdre celle que j'aime. J'aurais tellement voulu ne jamais sentir mon cœur se serrer si fort dans ma poitrine que j'ai eu l'impression d'étouffer. J'aurais voulu tellement de choses, tout sauf ça...
Aujourd'hui, je reviens d'un séjour chez mes parents. Ma mère m'a posé tellement de questions à son propos que j'ai fini par rentrer plus tôt. Je veux juste oublier. Oublier qu'elle est partie en ne me laissant qu'une foutue carte en guise d'au revoir. Je me dis que si ce soir-là je ne m'étais pas pointé chez elle bourré, elle serait partie comme ça, sans même me prévenir. Le pire, c'est la culpabilité. Car si je n'avais pas tant bu cette soirée-là, j'aurais vu. J'aurais vu que l'appartement était vide et que ses valises étaient prêtes. J'aurai vu et j'aurais trouvé un moyen de la retenir.
J'ai bien essayé de m'intéresser à d'autres filles, mais ça n'a rien donné. La seule chose que je voyais chez la fille en face de moi, c'est que ce n'était pas elle.
« Elle n'a pas ses yeux », « Je préfère vraiment les blondes... », « Est-ce que Emma aurait ri à cette blague ? », « Que fait-elle en ce moment ? », « est-ce qu'elle pense à moi autant que je pense à elle ? » autant de question sans réponses que de constatation désolantes.
En quelques mois, elle est devenue mon monde. Un tout petit univers parmi le plus grand qui nous entoure, une bulle confortable que je ne retrouverai jamais...
Pour oublier, je me lance à corps perdu dans le boulot. J'ai finalement accepté le contrat de Josh. Mais au lieu de bosser avec ELLE, je travaille avec ce groupe. Ils ne sont pas mauvais au final. Ils vont faire une partie des festivals de la région, histoire de tester leur potentiel avant de leur faire enregistrer un premier album. Leur premier titre cartonne sur iTunes, j'espère que ça continuera comme ça. Ils ont du potentiel. Je n'ai pas grand-chose à faire pour l'instant, je peux aussi profiter de mon groupe et de ma musique.
Je regarde ma montre, j'ai rendez-vous avec Jesse. Il parait qu'il a une grande nouvelle à m'annoncer. Je roule sous le soleil de New York. Le beau temps fait vraiment du bien au moral. La chanson Every Breath You Take de Police passe à la radio. La musique me fait penser à elle, mais il n'y a que ça qui me tiennent en vie.
Je touche machinalement l'intérieur de mon bras, comme chaque fois que je pense à elle. Mon poignet me fait toujours un peu mal mais il va mieux. Une petite semaine encore et il sera complètement cicatriser.
Arriver devant l'appartement d'Ella, je me gare, descends et frappe à la porte.
-Tient, un revenant ! lance Jesse avant de me prendre dans ses bras dans une accolade fraternelle.
-M'en parle pas, ma mère était une vraie plaît.
Ella s'approche de moi, à l'instant où je passe la porte. Je me retiens de lui demander si elle a des nouvelles. Je sais qu'elles ont tissés de lien très fort durant l'année écoulée, mais je sais aussi que j'ai dépassé les bornes avec elle le jour où Emma est partie. Tellement furieux, je m'en suis pris à Ella qui n'y était, au final, pour rien. Je l'ai rendu responsable de son départ.
Quand elle m'a expliqué qu'elle l'avait prévenu seulement quelques jours avant son départ et qu'elle lui avait fait promettre de ne rien dire, je me suis senti trahi. Et j'ai compris, j'ai compris ce qu'elle avait pu ressentir. Ce qu'elle a vécu le jour où elle a tout découvert. Pour la première fois depuis des semaines je me suis mis à sa place et je lui en ai voulu.
-Ca me fait plaisir de te voir, dit-elle en me serrant dans ses bras à son tour.
-Moi aussi...
-Je t'offre quelque chose à boire, propose Jesse.
-Avec plaisir.
Nous nous installons dans le salon. Il fait une chaleur à crever dans l'appartement. New York peut-être étouffant l'été et tellement froid l'hiver, cette ville est en fait oxymore à elle seule.
-Comment vont tes parents ? Demande Jesse en me posant une bière devant moi.
Il s'assied près de moi, Ella en face sur un pouffe, tandis que je réponds :
-Tu sais comment est ma mère, un brin envahissante. Mon père a pris quelques jours de vacances du coup, ils vont en profiter pour aller visiter un peu la côte. Ma mère était aux anges...
-Et Josh ?
-Il est chez ses parents pour le moment, en attendant de trouver un bureau pour l'entreprise. Il garde celui qu'il avait ici pour moi si besoin. Et toi ?
-J'ai commencé à bosser dans la boite de mon père, mais c'est temporaire. J'espère bien trouver un truc plus intéressant d'ici là.
-Le Jesse que je connais aurait glandé en attendant...
-Le Jesse que tu connais ne s'apprêterait pas à emménager avec sa copine.
Je les regarde tour à tour, interloqués quelques secondes par ce qu'il vient de dire. Un part de moi est jaloux de leur bonheur et me dit que je devrais être à sa place, mais une autre, bien plus grande se réjouie totalement pour eux.
-Tu veux dire que tous les deux ... ?
-Ouaip, j'suis fichue mec, elle m'a pris au piège.
-Hey ! S'exclame Ella en riant, je ne t'ai pas forcé la main je te signal.
-C'est une super étape. Je suis content que ça marche pour vous au moins...
Jesse regarde Ella avec insistance. Je ne sais pas pourquoi il lui jette ce regard, mais je sens que je n'ai pas vraiment envie d'entendre ce qui va suivre. Elle soupire avant de s'exprimer.
-Ça marchera pour vous aussi, j'en suis sûre.
-Comment tu peux en être sûre, elle ne m'a même pas envoyé de message, elle n'a répondue à aucun des miens. A moins que... Tu as de nouvelles, c'est ça ?
-Un peu, elle m'a envoyé quelques messages la semaine dernière après un long silence radio, peut-être qu'elle va faire pareil avec toi.
-Comment va-t-elle ?
C'est plus fort que moi, il faut que je demande. Il faut que je sache si je suis le seul à ressentir ce manque insoutenable. Il faut que je sache car je m'inquiète trop pour elle.
-Elle va bien, elle profite d'être chez elle pour voir ses proches. Elle ne m'a pas dit grand-chose de plus, mais elle a l'air heureuse.
Mon cœur se serre un peu. Je sais parfaitement que ce n'est pas parce qu'elle a l'air heureuse qu'elle l'est réellement. Même si les jours passent, elle a toujours cette faculté à cacher aux autres ses problèmes et à les fuir.
-Tu n'as toujours aucune idée de ce que tu lui as promis.
-Non aucune, j'ai beau chercher, je ne me souviens de rien.
-Ca va finir par revenir, me dit Jesse en posant une main sur mon épaule.
Il faut que je change de sujet, je sens déjà mes mains qui commence à trembler. Je n'ai pas envie d'avoir l'air d'une foutue lopette encore une fois. Il faut absolument que je me concentre sur autre chose. Elle est partie, elle en avait besoin. Elle n'avait pas autant besoin de moi, que moi j'ai besoin d'elle. Il faut que j'apprenne à vivre sans elle. Elle sera toujours dans ma peau, mais il faut que je me contente de ce que j'ai eu.
-On joue où la semaine prochaine ?
-Au green café.
-Chouette, j'adore cet endroit. Il y a toujours une ambiance de folie.
-Carrément.
Nous continuons de discuter du concert que nous donnons avec les gars la semaine prochaine. Il me reste toujours mon groupe et c'est vraiment important. Ils m'ont relevé, ont supporté mes sautes d'humeur, juste après son départ, j'étais un véritable connard durant une semaine, avant que je ne décide de changer d'air en allant chez mes parents. Mais la musique m'a aidé comme toujours, elle m'a relevé, comme la première fois, comme après Lisa.
Au bout de deux heures, je décide de les laisser tous les deux. Je suis vraiment heureux qu'ils se soient trouvés. Jesse est bien avec Ella, ils se complètent et elle le laisse respirer, ce qui est hyper important quand on connait Jesse comme je le connais, moi.
Avant de rentrer, je passe chez l'informaticien. J'ai enfin récupéré mon ordinateur après un mois de réparation. Il n'a pas survécu au séisme que son départ à provoquer. Sauf qu'il a fallu plus d'un mois à l'informaticien en bas de chez moi pour le remettre en état.
Une fois dans mon appartement, je m'installe dans le canapé. J'ai changé les meubles de places. Même si ça ne m'empêche pas de repenser à nos instants, ça m'a fait du bien. C'était le premier pas de l'avancement.
Ma machine sur les sur les genoux, j'ouvre le navigateur pour consulté ma boite mail. Heureusement que j'avais un accès sur mon téléphone. Au moins, j'ai pu lui envoyer des mails... Je consulte mon historique afin de retrouver la vidéo sur laquelle Josh m'avais demandée de travailler avant que tout ne parte en cacahuète.
C'est le moins que l'on puisse dire...
Les pages s'ouvrent et je remarque soudain qu'une d'entre elle ne m'appartient pas. Je glisse la souris sur l'onglet de cette dernière. Quand la page s'ouvre, je sais instantanément ce que c'est. C'est sa boîte mail. Le mot de passe est enregistré, il date de l'instant où tout a basculé.
J'actualise et scrute avec attention les messages en arrivée. Un nom en particulier attire mon attention. Pour cause c'est celui de Josh. J'hésite un bref instant et je clique sur le message. Je sais que je ne devrais pas mais c'est plus fort que moi, j'ai besoin de savoir ce qui se passe dans sa vie, même avec cette distance.
De : Josh
A : Emma
Objet : Contrat
Bonjour Emma,
Suite à notre conversation, je te fais suivre le contrat.
Prends ton temps et fait bien attention à toi, c'est précieux.
A très vite.
Bonne journée,
Josh.
Je n'arrive pas à croire qu'il lui ait envoyé le contrat et qu'il ne m'ait rien dit. Je n'arrive surtout pas à croire qu'il l'ait eu au téléphone et qu'il ne m'en ait pas parlé. Ce qui est bizarre c'est qu'il ne parle pas de son retour, pourtant il avait l'air plutôt pressé de la faire commencer. Il lui parle même de prendre son temps.
Je ferme le mail et mes yeux s'attardent sur le nom qui suit. J'ai l'impression que mon cœur rate un battement lorsque je me rends compte qu'il n'y a pas un, mais plusieurs mails. Ce mec lui envoie des mails depuis environ trois semaines. J'ouvre le plus ancien. C'est plus fort que moi, je suis curieux.
Mes yeux parcours le texte, et m'empresse de le copier sur un site de traduction en ligne. Il parle d'un rendez-vous, du fait qu'il était comptant de la revoir, qu'elle était vraiment très belle...
Sérieux ?
Le second parle du fait qu'il a hâte de la voir, qu'il aimerait l'inviter à boire un verre quand elle rentrera le week-end prochain.
Rentrera d'où ?
Il espère que tout se passe bien et qu'elle avance bien. Il ponctue son mail par le fait qu'il est fier d'elle.
Je dois prendre plusieurs respirations pour m'éviter de balancer mon ordinateur contre le mur. Je serre les poings tellement forts que mes phalanges commencent à blanchir. Je continue et plus je lis les mails, plus j'ai l'impression que mon cœur va exploser.
Ils ont vraiment l'air de bien s'entendre. Pour avoir un aperçu, je consulte les messages envoyés. Je suis un peu rassuré quand je me rends compte qu'elle en envoi bien moins qu'elle ne reçoit. Elle lui parle d'un certain Docteur Leroux, apparemment il l'aide beaucoup. Elle dit aussi qu'elle profite pour marcher dans le parc, sur la plage. Qu'elle se sent bien et que l'air marin lui fait du bien.
C'est alors que je remarque un dossier sur le côté. Il est intitulé « POUR PLUS TARD ». Je clique dessus et la réalité m'accable. Tous les mails que j'ai envoyés, ils sont tous là. Pas un seul n'est ouvert.
Je suis totalement perdu, je me sens comme mis de côté de sa vie. C'est tellement frustrant. Comme si m'écarter géographiquement ne suffisait pas, elle me met vulgairement de côté. Comme si notre histoire n'était qu'une simple parenthèse dans sa vie, un simple pont d'une chanson, qu'on supprime sans que personne ne se rende compte que la mélodie à changer. Et le pire, c'est qu'elle ne me laisse pas le choix.
Je n'ai aucun autre moyen de la contacter. J'ai l'impression qu'au final ça paraît plus facile pour elle que pour moi. Je devrais passer à autre chose, reprendre ma vie, et vivre un peu pour moi, passer du bon temps. C'est difficile de se dire que la personne que l'on aime le plus nous exclut de sa vie. Je n'ai plus le choix maintenant, elle l'a fait pour moi.
Il faut que j'apprenne à jouer le morceau, seul.
Bonsoir,
Alors voilà, l'avant avant dernier chapitre. J'espère que vous ne serez pas déçu et que vous aurez aimé. Je suis impatiente d'avoir votre avis.
Je manque de temps pour écrire, mais ne vous inquiétez pas, je vous prépare un mois d'Août d'enfer et un dernier chapitre haut en émotion.
Pour l'instant pas de tome 2 dans ma tête mais quelques idées pour une prochaine histoire. Je vous tiens au courant rapidement ... C'est promis !
Enfin bref, assez parler.
Je vous remercie tous de m'avoir mener jusque là. C'est grâce à tous vos commentaires si j'ai été au bout de ce projet dingue, et c'est aussi grâce à vous que j'ai pu m'exprimer avec tant de sincérité...
Merci infiniment pour tout ce que vous m'avez donner, mais aussi à ceux que je ne connais pas, ceux qui reste dans l'ombre mais qui finalement sont là quand même. J'aime wattpad pour ça pour les avis que j'ai, pour les encouragements, les compliments, pour les rencontre que j'ai faite ici et pour les amitiés que j'ai créé, de jolies rencontres qui m'ont influencé, aidé autant qu'elles m'ont motivé. Je les remercies du fond du coeur.
J'attends vos commentaires avec impatience comme toujours. :)