Baptiste (Souvenirs, tome I)

By VLepage

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Romain vient de quitter le collège, et les vacances d'été s'annoncent plutôt bien. Même s'il est prévu qu'il... More

Quelques précisions avant de commencer...
Avant-propos
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX
Chapitre XX
Chapitre XXI
Chapitre XXII
Chapitre XXIII
Épilogue
Remerciements

Chapitre V

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By VLepage

Est-il nécessaire de vous préciser que je m'étais préparé de toutes les manières possibles et imaginables à ce qui allait se passer maintenant ? Je ne pense pas. Pas plus qu'il n'est nécessaire de vous détailler tout ça par le menu... Mais malgré tous ces préparatifs, j'étais toujours un peu anxieux...

Cette première fois, je me l'étais imaginée, encore et encore. J'en avais rêvé. J'en avais fait des cauchemars. Des centaines de questions avaient assailli, des heures durant, mon esprit d'adolescent torturé. Allai-je être à la hauteur ? Allai-je être déçu ? Allai-je le décevoir ? (étrangement, je ne me suis jamais seulement demandé si un jour je ferai l'amour avec une fille...) Allai-je savoir quoi faire ? Allai-je être capable de me contrôler ? De ne pas venir au bout de 30 secondes, comme un ado devant son premier magazine pour adultes ? Comment éviter d'en faire trop ? Et si je me plantais, comment rattraper le coup ? Et si je voulais tout arrêter, quelle serait sa réaction ? Je m'imaginais que nous étions tous passés par là, mais Ludo m'avait expliqué que ce n'était pas le cas pour lui. Il ne s'était tout simplement jamais posé ce genre de questions, même pas après que je lui aie fait part de mes propres interrogations. Il envisageait les choses sans la moindre angoisse : « ça se passera comme ça doit se passer ». Facile, quand on est beau gosse, hétéro, et que toutes les filles vous courent après. Bon, c'est vrai, je l'admets bien volontiers, il avait bien tenté de m'aider à répondre à mes questions, mais c'était beaucoup plus pour m'aider que par intérêt personnel.

Je vous dois tout de même une précision : Ludo, bien qu'attiré par les filles, et bien que très demandé, était toujours puceau. Il était bien sorti avec quelques filles, mais ça s'arrêtait là. C'était son choix. Un choix pas toujours facile à défendre parce que, pendant que je galérais à me trouver un mec, de son côté il avait dû repousser une ou deux filles entreprenantes. Ces demoiselles avaient eu le tort de s'attaquer avec un peu trop d'insistance au pantalon de mon ami, et à ce qui s'y trouvait.

Bref, tout le monde pensait que Ludo était un serial lover – il s'était même, Dieu sait comment, retrouvé avec une réputation de « super bon coup » – et pourtant j'étais jusqu'à présent le seul à l'avoir vu nu, le seul à l'avoir vu en pleine action, le seul à avoir partagé son lit, et le seul à avoir dormi dans ses bras. Une fois, même, sur un ton faussement attristé, il m'avait fait une drôle de remarque, un truc du style : « Dans ma vie, tu es ce qui se rapproche le plus d'un partenaire sexuel. Comment veux-tu que j'aille bien, après ça ! ». Un oreiller correctement balancé l'avait empêché de développer ce point de vue peu flatteur pour mon ego. Mais bon, je m'égare...

Avec Baptiste, les choses avaient été nettement moins compliquées ! En fait, un grand nombre de mes questions avaient trouvé une réponse dès le début de notre relation. Entre nous, pas de dominant ou de dominé : chacun avait trouvé sa place, et les choses s'étaient faites plutôt naturellement. Nous avions réussi à accorder instinctivement notre jeu amoureux sans avoir à établir de marche à suivre, sans notice, sans mode d'emploi. Tant mieux : rien n'est plus rédhibitoire, à mon avis, que d'envisager l'amour de la même manière que le montage d'une commode IKEA.

Pas besoin non plus de jouer l'athlète du plumard : c'était sa première fois avec un mec, et moi c'était ma première fois tout court. J'étais plus jeune que lui, mais il était aussi plus expérimenté, quoi qu'il en dise. Et plus important encore : il ne me jugerait pas, il ne me forcerait pas... Bref, il ne me ferait jamais de mal. Pour ma part, je ne comptais pas le juger non plus : j'étais bien décidé à le laisser me faire tout ce qui pouvait bien lui venir à l'idée...

Toutes ces réflexions se bousculaient dans ma tête, là, dans le feu de l'action, alors qu'il était allongé, presque vulnérable, et que j'étais sur lui, le bloquant de tout mon poids. Il semblait être totalement en mon pouvoir. Agenouillé au-dessus de lui, mes yeux bleus plantés dans ses yeux verts, j'étais fier d'être l'amant d'un homme si beau, si tendre. J'aurais presque pu le crier sur tous les toits.

Perdu dans mes pensées, je laissai ma main courir sur son torse, tandis que je pouvais sentir sa queue chaude et raide frémir sous mes couilles. Je crois que j'aurais pu rester ainsi pour l'éternité, collé à lui, à le contempler. Mais bon, on n'était pas là pour poser de la moquette, et je commençai soudain à craindre qu'il s'impatiente. Si j'avais été à sa place...

Je me penchai pour l'embrasser, et je mis dans ce premier baiser tout l'amour et toute la passion que je ressentais en cet instant précis. C'était si doux, si tendre, si romantique... Il me laissa faire un court instant, puis sa langue entra dans la danse. Tous ces sentiments que je voulais partager avec lui, il me les faisait partager aussi. Le contact de nos lèvres, l'intime caresse de nos langues, l'instant était parfait. Pour un peu, j'en aurais pleuré, tellement j'étais heureux ! Lentement, sans que je m'en rende vraiment compte, ce baiser était en train de s'imprimer en moi, marqué au fer rouge dans ma mémoire...

Je décidai de faire celui qui sait, et je me fis un devoir de faire vibrer Baptiste comme il avait su me faire vibrer hier soir. Je goûtai encore ses lèvres, douces, accueillantes, charnelles... Je ne tardai pas à m'en éloigner doucement, semant un chemin de baiser jusqu'à ses joues, sur lesquelles courait une ombre de barbe qui lui donnait un air plus viril. C'est ce look presque « bad boy » qui alimentait mes fantasmes depuis quelques semaines déjà...

Je continuai mon jeu du petit Poucet, et dessinai un nouveau chemin de baiser tendres vers son cou, tiède, au creux duquel je pouvais sentir battre le sang qui bouillonnait déjà dans ses veines. Puis vint son épaule, accueillante, sur laquelle j'avais déjà pleuré, sur laquelle je pouvais me reposer, sans jamais craindre d'être un poids. Je m'y attardai quelques instants, blotti dans les bras qu'il n'avait pas manqué de refermer autour de moi quand je m'étais arrêté. Je voulais, ne fût-ce qu'un instant, repenser à la première fois qu'il m'avait pris dans ses bras... C'était hier, et pourtant j'aurais juré qu'une vie entière avait passé depuis. Ça devait ressembler à ça, le bonheur.

Lentement, je repris le chemin de baisers tracé tout à l'heure, au même rythme, avec la même douceur et le même désir, mais avec cette fois l'intention de poursuivre ma route au-delà de tous les interdits... Je me dégageai doucement de ses bras, embrassant ses pectoraux puissants, auxquels le rythme soutenu de sa respiration donnait une apparence de vie propre... Je goûtai ses tétons, durs, chauds, tendus vers mes lèvres, annonciateurs de plaisirs plus voluptueux encore... Mes lèvres rejoignirent la douce ligne de ses abdominaux, finement dessinés sous sa peau bronzée, sur laquelle la lumière dansante des chandelles semblait vouloir dessiner mes envies... Sous mes lèvres, mille sensations prenaient vie. Je sentais son émoi grandir au rythme des battements de son cœur, je sentais sa respiration se faire plus courte, je sentais la fièvre de son désir enflammer ce corps déjà si désirable... Il me laissait faire, passif, étrangement soumis...

En moi, c'était un véritable déluge de passion qui se déchaînait. Mon cœur battait à se rompre. Il me semblait que je me rapprochais dangereusement d'une overdose de volupté. Chacune de mes cellules, chacune des fibres de mon corps était en feu, et ce n'était certainement pas le corps de mon amant, vibrant sous mes baisers et mes caresses, qui risquait d'arranger les choses. Une métaphore musicale me vint à l'esprit à cet instant : j'étais en train de jouer avec Baptiste comme un musicien jouerait du plus beau des instruments. Je comptais bien lui montrer que moi aussi, malgré mes seize ans, j'étais un excellent musicien...

Lentement, alors que mon esprit battait la campagne, noyé dans le bonheur du moment présent, ma main continuait à précéder mes lèvres. Cet éclaireur coquin se livrait sans gêne ni retenue à une exploration tactile de chaque pouce de ce terrain que j'allais bientôt dévorer de mes baisers. Alors que j'embrassais doucement son ventre, juste au-dessus de son nombril, ma main rencontra sa queue. Un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale. C'était presque inattendu.

Loin de me laisser distraire, je poursuivis mes baisers et mon exploration. Je notai mentalement, dans un coin de mon cerveau par ailleurs déjà fort occupé, que comme moi il se rasait. Information absolument inutile, et qui, par voie de conséquence, devait revenir dans mes rêves pendant très, très longtemps ! Il était dur comme de la pierre. Ma main, comme mue par une volonté propre, avait pris possession des lieux : douces caresses du membre rigide, effleurements timides de ses couilles chaudes, lents va-et-vient qui faisaient naître sous mes doigts de puissantes pulsations de plaisir. L'atmosphère de la chambre se remplissait peu à peu d'un enivrant mélange de tension sexuelle et de sensualité déchaînée.

Avec mes baisers, dans lesquels la passion avait remplacé la tendresse, je m'attardais au-dessus de son nombril, presque timide, comme si j'hésitais à franchir ce cap qui me ferait rentrer de plain-pied dans la vie d'adulte. Le contact de ses abdos sous mes lèvres provoquait chez moi de délicieux frissons. Lui, je l'entendais gémir doucement... Mes doigts continuaient leur lent massage, et je pouvais sentir Baptiste se tendre sous l'action conjuguée de mes baisers et de mes caresses : ma symphonie prenait corps.

Lentement, je déplaçai mes lèvres et contournai son nombril, bien décidé cette fois à ne plus m'arrêter avant d'être arrivé à destination. Je laissai ma main là où elle se trouvait, n'ayant pour le moment ni l'envie ni le besoin de poursuivre l'exploration au-delà de ce trophée viril qui m'attendait avec impatience. À la luxure, j'allais bientôt ajouter la gourmandise...

Alors que j'approchai mes lèvres de son sexe tendu, Baptiste nous retourna et me mit sur le dos, d'un coup de bassin, comme si je n'avais pas pesé plus lourd qu'une feuille de papier. Tout en me maintenant fermement calé sur le lit, il passa doucement sa main dans mes cheveux, puis sur mes joues... Ces caresses firent naître en moi une émotion indéfinissable, et une larme perla au coin de mon œil. Je savais maintenant que s'il était mon amant, j'étais aussi le sien. Mais tout ça, c'était juste trop d'émotions fortes en trop peu de temps...

Il aperçut la larme qui roulait sur ma joue, et une ombre passa sur ce sourire mutin qu'il affichait encore deux secondes plus tôt. Après une courte hésitation, il se pencha vers moi, et fit disparaître ma larme sous un tendre baiser. D'une voix sourde et un peu anxieuse, il me demanda à voix basse :

- Ça va ?

Pour ne pas briser la magie, sentant que ma voix ne serait pas très assurée, je me contentai de hocher la tête en souriant. Je voulus libérer ma main, et il me laissa faire. Je passai mes doigts dans ses cheveux, et je l'attirai à moi. Après avoir déposé à mon tour un baiser tendre sur sa joue, je l'embrassai. Tout en continuant à jouer avec ses cheveux, je me redressai pour me coller contre lui. Dans ce moment de tendresse simple, je le sentis se détendre doucement. Il s'écarta légèrement. Il avait retrouvé son sourire. Il me repoussa sur le lit. Une seconde plus tard, il était couché sur moi, et recommençait à m'embrasser.

Ça n'avait plus rien à voir avec le baiser léger et tendre de tout à l'heure. C'était un baiser ardent, fougueux, animal, rempli de toutes les promesses d'une nuit passionnée. Un instant, une seconde, je me demandai si, comme l'autre soir au barrage, il allait s'arrêter. Ou si, au contraire, il allait se lâcher. Cette seule perspective m'excitait plus encore – pour autant que cela soit possible – et ce malgré les craintes qu'il avait exprimées la veille. Ou, pour être tout à fait franc, peut-être à cause de ces craintes.

Dans mon fantasme d'adolescent, le sexe sauvage avait un je-ne-sais-quoi d'attirant, un côté « aventurier » qui n'était pas fait pour me déplaire. Un type en peau de bête ne pouvait être qu'un amant fabuleux, et mon Tarzan à moi me semblait plutôt bien parti pour confirmer cette hypothèse. À travers ses lèvres, à travers son souffle, le désir charnel et animal qui sommeillait en lui semblait prêt à se libérer. Il se retenait pour ne pas aller trop loin, je pouvais le sentir. J'étais admiratif.

Puis, sans un mot, ses lèvres quittèrent les miennes et, comme l'autre soir au barrage, il se mit à répéter chacun de mes gestes, chacune de mes caresses, chacun de mes baisers. Doucement, il passa de mon visage à mon cou, puis à mon torse, à mon ventre, couvrant ma peau de ces petits baisers si légers dont il avait le secret.

Il survola ma queue sans même l'effleurer, pour déposer un petit baiser discret, presque timide, à sa base, juste au-dessus de mes burnes. Il sembla hésiter une seconde, comme pour s'assurer qu'il ne commettait pas l'irréparable. Pour le rassurer, je passai délicatement ma main dans ses cheveux. Je mis dans ce simple geste toute l'attention et la douceur nécessaires, pour ne pas le transformer en remake des innombrables boulards que j'avais pu mater, et de ces fameuses scènes aux dialogues de haute volée du style : « Suck my dick, oh yes, suck it »...

Un autre baiser vint aussitôt, rapidement suivi par un autre encore, puis encore un autre... Le contact de ses lèvres sur ma queue m'électrisait littéralement. Plus il y avait de baisers, plus ceux-ci étaient assurés, plus ils remontaient vers mon gland qu'il caressait d'un doigt expert. Arrivé au bout de sa course, il enroula sa langue autour, en une lente caresse. Bordel, ce mec était un expert ! D'accord, je n'avais pas de point de comparaison. Mais quand même !

Sa langue courait le long de mon sexe – qui n'avait encore jamais eu droit à autant d'attention – roulait autour de mon gland, allait titiller mes couilles... Elle était partout à la fois, faisant monter en moi une véritable vague de plaisir. Je devais impérativement faire en sorte de ne pas jouir trop vite...

Au moment précis où je me disais ça, il fit disparaître ma queue dans sa bouche, et entama un mouvement de va-et-vient savamment étudié. À ce moment précis, je sus que rien, jamais, ne pourrait me faire oublier ce moment. De puissantes vagues de plaisir parcouraient tout mon corps, j'étais au paradis...

Avant d'avoir pu le prévenir, sans pouvoir rien y faire, je fus submergé par un orgasme brutal, total, animal, et je déchargeai mon foutre dans sa bouche en longs jets puissants. Ces spasmes de plaisir semblaient ne jamais devoir s'arrêter. J'étais tendu comme un arc. Au bout de quelques instants, la tension de ce violent assaut commença à laisser la place à une merveilleuse sensation de plénitude. Jamais encore je n'avais joui de cette manière. Dans tous les sens du terme, j'étais vidé...

Je ne savais pas trop comment Baptiste allait réagir à cet imprévu. À dire vrai, il n'avait pas vraiment l'air surpris... ce qui ne manqua pas de me surprendre, moi. Tout en continuant à me caresser doucement, il lécha consciencieusement ma queue, comme s'il ne voulait y laisser aucune trace de ce premier orgasme. Il vint se coller sur moi, et m'embrassa avec passion, presque brutalement.

- Je suis désolé... Je n'ai pas...

Il posa un doigt sur ma bouche pour me faire taire.

- Pas besoin d'être désolé. C'était parfait.

Il me sourit dans la lumière des chandelles. Puis, d'un ton gentiment ironique :

- Si je fais mon gros beauf, en te sortant un truc du genre « Alors, heureux ? », tu vas m'en vouloir ?

Je me mis à rire.

- Possible, oui !

- Pas la peine que je te demande si tu as aimé ...

- Pas la peine, non. Et toi ?

- Si tu as aimé, alors on est deux à avoir aimé.

- Vraiment ?

- Oui.

- Je voulais te prévenir, mais...

- C'est bon ! Je suis un mec, tu sais ?

Ce que j'étais en train de caresser distraitement en était la preuve, si besoin était...

- Je sais reconnaître les signes avant-coureurs. Je voulais juste que tu apprécies cette première partie de soirée...

- Ah ben là, mission accomplie !

- J'en suis ravi !

- Mais tu as dit : « première partie de soirée » ?

- C'est juste. On a encore un bain à prendre, et toute la nuit devant nous pour le reste.

- Le reste ?

- Tout le reste.

- Tu veux développer un peu, ou je vais devoir attendre pour voir ?

- Ben, je crois me souvenir qu'il a été question de chaînes, de radiateurs...

Une fois encore, je me mis à rire :

- Je vois... Je vais prendre cher, c'est ça ?

- Eh bien... Je crois que tu vas avoir très exactement ce que tu mérites.

- Bon, alors, dans ce cas, il faut que je t'avoue un truc...

Bizarrement, d'un coup, il rigolait moins.

- Je t'écoute.

- Il faut vraiment que je t'avoue un truc...

- Je sais, tu viens de me le dire.

- En fait... J'ai été très, très méchant...

- ... ?

- Je t'assure !

Il me serra dans ses bras, et me murmura dans l'oreille :

- Ne t'inquiète pas, tu seras puni en conséquence...

J'étais aux anges.

- Dis, je peux te demander quelque chose ?

- Demande toujours...

- Où est-ce que tu as appris à sucer comme ça ?

- Pourquoi... Il y a un truc qui n'allait pas ?

- Non, non, c'était parfait, au contraire. D'où ma question, d'ailleurs.

- Ah. Globalement, j'ai fait avec toi ce que j'aime qu'on fasse avec moi. Et en plus j'ai suivi un cours de perfectionnement récemment.

- Quoi ?

- Disons que « Fais-moi mâle 3 » m'a permis de découvrir deux ou trois petites choses. Ça a parfois du bon, les gros plans.

- Pervers !

- C'est toi qui me traite de pervers ? Toi qui passe tes journées – et tes nuits aussi, sans doute – à penser au sexe ? Et à tout ce que tu vas bien pouvoir me faire ?

Je réfléchis une seconde avant de répondre, moqueur :

- Message reçu cinq sur cinq !

- Hein ? Hé, non, je...

Je le fis taire en l'embrassant. C'était devenu une sorte de charmante habitude. Il devait apprécier ça, d'ailleurs, parce qu'il ne protesta absolument pas. À moins qu'il ne se soit résigné... ? Allez, stop, ça n'était pas le moment de cogiter là-dessus. Je recommençai à l'embrasser partout, mais plus rapidement que tout à l'heure. Il comprit ce que je voulais faire, et il m'arrêta doucement, en me prenant par les épaules. Il me ramena contre lui. Je ne comprenais plus rien. J'étais perdu.

- J'ai fait un truc ?

- Non, non, Bébé... C'est juste que...

- C'est juste que quoi ?

Il me fixait, et dans son regard, je sentais que quelque chose n'allait pas. Je partis à la pêche aux explications. J'étais à deux doigts de pleurer.

- Tu as peur de me faire du mal ?

- ...

- Baptiste...

Malgré moi, ma voix venait de se fêler dans un sanglot que je n'avais pu empêcher. Pire encore : je vis des larmes rouler sur ses joues. J'avais l'impression d'être en plein naufrage...

- Baptiste, s'il te plaît, parle-moi...

- Je... je suis désolé.

- Mais pourquoi ?

- De tout gâcher, comme ça...

- Mais tu ne gâches rien...

Je le pris dans mes bras, pour le rassurer, comme il savait si bien le faire avec moi.

- Dis-moi ce qui ne va pas.

- J'ai peur... peur de perdre le contrôle, peur de te faire du mal...

- D'accord... Dans ce cas, si on allait faire un tour dans la baignoire ?

- Pour quoi faire ?

- Ben... pour qu'on prenne tranquillement un bain tous les deux, ou pour te noyer si tu dis encore des bêtises, c'est toi qui vois.

Il s'écarta de moi, et vissa son regard dans le mien.

- Écoute, je...

- Non.

Ce « non » avait claqué comme un coup de fusil. Il semblait résonner dans la chambre. J'étais tétanisé, surpris par l'audace dont je venais de faire preuve. Mais de nous deux, le plus surpris était Baptiste. Il ne bougeait plus, et semblait même à peine respirer. C'était la première fois que je m'imposais ainsi. À dire vrai, c'était même la première fois de ma vie. Il ne fallait surtout pas que je lui laisse le temps de protester : si je perdais la main, je ne la reprendrais jamais.

- Je n'écouterai rien du tout. Je sais que tu es sérieux, et que tes craintes sont réelles. Mais elles ne sont pas justifiées pour autant.

- Qu'est-ce que tu en sais ?

Le ton était plutôt agressif. Loin de m'intimider, cela me mit en colère.

- Arrête deux minutes, et réfléchis un peu : tu n'es pas un animal, bordel ! Tu peux te lâcher ! Parce que je sais très bien qu'excité ou pas, si je te dis d'arrêter, tu vas t'arrêter.

- ...

- Je me trompe ?

- Non, bien sûr que non !

- Bien. Maintenant, le bain.

- Quoi, le bain ? Ne t'inquiète pas, la baignoire n'est certainement pas pleine...

- Pas grave. Avec toi à côté de moi, je ne risque pas d'avoir froid...

- Tu veux vraiment y aller maintenant ?

- Je ne sais pas trop... Tu te sens prêt pour le grand saut ?

- Non, non. On verra ça après.

- Très bien. Direction la salle de bains.

La chaleur humide de la salle de bains avait un je-ne-sais-quoi d'exotique. Nous étions tous les deux un peu perdus dans la baignoire, dans laquelle nous aurions facilement pu tenir à cinq ou six. Il s'était assis derrière moi. Je me reposais contre lui, tandis qu'il me serrait délicatement dans ses bras. Il avait calé sa tête dans le creux de mon épaule, et je pouvais sentir son souffle chaud sur ma peau. Évidemment, j'avais eu la main un peu lourde sur le bain moussant... mais ça n'enlevait rien au romantisme de ce moment.

Je savais très bien que Baptiste s'était mis derrière moi pour ne pas avoir à reprendre notre discussion. Comme j'avais opté pour un mix lampe électrique/bougies, il savait que j'aurais certainement pu lire sur son visage tout ce qu'il ne voulait pas me dire. Au lieu de ça, j'étais bien à l'abri, dans ses bras. On ne pouvait pas toujours tout avoir.

Je ne savais plus trop quoi faire. Reprendre la discussion ? Pas facile, dans les circonstances présentes. Je choisis de changer de tactique, et de position. Quoi que je puisse avoir envie de faire ensuite, il allait falloir que je puisse le voir. Je me retournai, et passai mes jambes de chaque côté de son torse, l'obligeant à s'éloigner du bord de la baignoire. Nous étions assis l'un contre l'autre, au milieu d'un océan de mousse qui fleurait bon la vanille. L'avantage de cette position, c'est que là, faire l'amour n'était plus qu'une question de centimètres. Enfin, si je puis dire...

Il y avait encore de l'étonnement dans ses beaux yeux verts. Je ne savais toujours pas quoi faire. D'un coup, la phrase de Ludo me revint en mémoire : « ça se passera comme ça doit se passer ». Après tout, peut-être que si je me contentais d'être moi-même, plutôt que de m'acharner à essayer d'être celui que je pensais devoir être pour lui plaire ? Allez, un peu de franchise ne risquait pas de tuer quelqu'un...

- Je te sens un peu nerveux. Je me trompe ?

- Pas vraiment, non...

- Tu veux qu'on en parle ?

- Je ne sais pas trop...

- D'accord. On parle d'autre chose, ça te va ?

- De quoi est-ce que tu veux parler ?

Bon, s'il n'y mettait pas un peu du sien, ça risquait d'être long...

- J'ai un truc à te proposer.

Ah ! Il semblait que je commençais à l'intéresser. Il me fit signe de continuer.

- Bon, je trouve qu'on est très bien, là, tous les deux. Vrai ?

- Oui, tu as raison.

- Alors je te propose d'en rester là pour le moment.

- ...

- Écoute, je sais que tu n'es pas à l'aise. Donc, je te propose une trêve : je sais que tu ne me forceras jamais à faire quoi que ce soit...

- Évidemment, que je ne vais pas te forcer !

- Et moi je ne te forcerai pas non plus.

Je ne savais pas trop si je devais aimer ce que je voyais poindre dans son regard. Le ton un peu froid de sa réponse me laissa penser que non.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Bon sang, ce qu'il pouvait être borné, par moments !

- Je ne veux pas te pousser, surtout si tu as peur de tes réactions.

- Je... Je ne comprends pas très bien où tu veux en venir.

- Je peux être un peu cru ?

Ah, ça y est, il souriait. Bon, je savais que ça allait être à mes dépens, mais tant pis.

- Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ?

- Depuis quand est-ce que tu me demandes la permission pour dire ou faire quelque chose ?

- Ah ! Ben... Tu n'as pas l'air d'aller très bien, là, maintenant. Alors j'essaie de ne pas trop compliquer les choses.

Il souriait toujours, mais je le sentais moins moqueur. Il se pencha, et déposa un petit baiser sur ma joue.

- Bébé, tu es trop mignon. Ça va, je t'assure.

- Je vois bien que non. Tu te dis que tu ne dois pas m'embêter avec ça, c'est tout.

- Soit. Tu n'as pas tout à fait tort.

- Alors que la seule chose avec laquelle tu m'embêtes, c'est ta manie de vouloir tout gérer tout seul. En gros, moins tu veux que je m'inquiète, plus je m'inquiète.

- Je vois ça. Donc, je t'écoute.

- ...

- Tu sais, le truc cru que tu voulais me dire...

- Ah !

Oh ! Merde ! J'avais zappé... Ah ! oui !

- Quand je te dis que je ne veux pas te forcer, ça veut dire que, si ça n'avait tenu qu'à moi, à l'heure qu'il est tu serais en train de me faire l'amour comme un sauvage, et moi en train de prendre mon pied comme jamais.

- C'est plutôt graphique, ton « truc cru ».

- Tu trouves que je me suis enflammé ?

- Un peu, oui.

- Mais tu as compris ce que je voulais dire ?

- Je crois, oui.

- Vas-y, je t'écoute.

Il prit une grande inspiration, et se jeta à l'eau. Enfin, manière de parler...

- J'ai peur de te faire du mal, et de ne pas pouvoir me contrôler. C'est comme ça, je n'y peux rien. Il va me falloir un peu de temps, je pense, pour que cette idée sorte de ma tête.

- Je...

- Non, non, laisse-moi finir. Je sais que tu ne vas pas me forcer. Mais que tu le dises me touche. Il faut juste laisser les choses venir, et tu verras, je suis certain qu'on va s'en sortir. Et puis, comme ton ami vient passer quelques jours au château le mois prochain, il va falloir que je m'habitue...

- Tu es jaloux ?

- Mais non, andouille, je ne suis pas jaloux. Mais à part toi et moi, il est le seul à savoir pour nous deux. Et je ne sais pas trop comment je vais supporter son regard...

- Tu verras, il est vraiment cool. Il ne te fera aucune remarque.

- Je sais. C'est juste le fait de savoir qu'il sait... Ça risque de me faire bizarre. Mais bon, là, on s'en fout un peu, non ?

- Je crois, oui.

- Embrasse-moi...

Bizarrement, cette fois-ci, même avec de la mousse jusque dans les oreilles, j'avais parfaitement entendu. Je le serrai contre moi, et l'embrassai tendrement. C'était... intrigant : autant l'atmosphère de la chambre était un véritable appel au sexe sauvage, autant celle de la salle de bains était légère et douce, remplie de romantisme. Là, dans la baignoire, j'étais grisé par le contact de sa peau contre la mienne. Mais aucune envie sexuelle ne semblait vouloir naître dans le bassin de marbre rose. La conversation revint finalement sur Ludo, et sa venue au château.

- Vous allez venir dormir ici ?

- Je ne sais pas encore... Tu en penses quoi ?

- Oh, rien de particulier. Mais c'est juste...

- Vas-y, annonce !

- Si vous dormez là, je resterai dîner avec vous, mais je rentrerai dormir à la ferme.

- Oh, pourquoi ?

- D'abord, parce que je n'ai pas envie de passer trop de temps avec Ludovic pour le moment. Quand on se connaîtra mieux, je ne dis pas. Mais là, je serais un peu gêné, je pense. Et puis, je te l'ai dit, je n'ai pas trop envie qu'on dorme à trois dans le même lit.

- Mais...

- Et tu ne peux pas laisser Ludo tout seul.

- Je...

- Et il ne voudra sans doute pas que tu me laisses tout seul non plus.

Décidément, il y en avait, sous cette jolie tignasse.

- Mais Grand-Mère ?

- Si je lui assure que je vérifierai que tout soit fermé avant de partir, je suis certain qu'elle vous laissera dormir ici tous les deux. Et puis... j'ai aussi pas mal de travail, et je pense que mon père va déjà me faire payer mes deux ou trois nuits ici... Inutile d'en rajouter.

- Bon. On verra.

Je n'étais pas totalement convaincu, mais je choisis de me laisser un peu de temps pour le convaincre.

- Ah oui, au fait...

- Quoi ?

- Je ne suis pas là la semaine prochaine. Je dois aller voir ma tante du côté de la Rochelle.

- ...

- Arrête, Bébé ! Je serai parti cinq ou six jours, pas plus !

- D'accord...

- Remarque, je pourrais bien t'emmener. Mais là, question discrétion...

- ...

- Quoi ?

- Tu te rends compte ? On est en train de parler comme un vieux couple !

- C'est pas faux.

- Ça craint...

- Mais non, ne t'en fais pas. Promis, pas de demande en mariage.

- Arrête, t'es trop con !

Pour toute réponse, je reçus... une boule de mousse en pleine figure. Très rapidement, la situation dégénéra, et il y eut bientôt presque autant d'eau sur le sol que dans la baignoire. Il commençait à faire un peu froid, et Baptiste, vêtu d'une simple serviette de bain, alla refaire le plein de la chaudière, pendant que je me frictionnais vigoureusement pour me sécher.

Je venais de me glisser sous les draps quand il me rejoignit dans la chambre. La serviette finit échouée près du matelas, et il me prit dans ses bras après avoir soufflé les dernières bougies. Notre conversation continua un long moment. Il fut décidé que pendant son absence, je m'arrangerais pour aller passer quelques jours chez Ludo. Le tout était d'expliquer à Ludo que c'était à ses parents de me permettre de m'incruster, parce que mes grands-parents n'accepteraient jamais que je m'invite chez Lionel et Ariane.

Sans que je m'en rende compte, je m'endormis dans les bras de mon amant caché... Je rêvai que j'étais Lady Chatterley...

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