Cela faisait maintenant une semaine que je ne l'avais toujours pas revu. Il n'avait pas dû retenir où j'habitais. M'enfin, le principal c'est que j'avais réussi à sécher ses larmes et à le faire sourire ! Je terminai ma longueur sur cette pensée positive puis sortis du bassin pour aller prendre ma serviette. Je regardai l'heure : 18:48. La piscine allait fermer dans exactement douze minutes. Je pris mes affaires et me dirigeai vers les douches. Une fois lavée, j'allai dans une cabine pour m'habiller puis en sortit pour quitter la piscine.
-À la semaine prochaine, petite !
-À la semaine prochaine !
On maître-nageur d'environ vingt-cinq ans avait l'habitude de me voir ici. On avait fait connaissance et il avait l'habitude maintenant de m'appeler petite car il trouvait que j'avais un visage d'enfant quand je souriais. Je sortis de la piscine. Instinctivement, je me tournai vers le banc où j'avais vu JeongGuk pleurer.
-Coucou !!
-AAAAH !!
-C'est pas bien de ne pas sécher ses cheveux mouillés, après on attrape un rhume.
Je me tournai vers mon élève à qui j'avais appris à sourire. Il mît ma capuche sur ma tête tout en me souriant.
-Maintenant c'est mieux. Ils sont à l'abri du froid. Tu viens ?
Je le suivis alors. Il m'expliqua que même si je ne lui avais pas dis de le faire, chaque matin il s'entraînait à sourire devant le miroir. Je rigolai de ce qu'il me dit mais je le vexai.
-Oh, JeongGuk ! C'est mignon !
-Arrête de dire que c'est mignon tout ce que je fais.
-Pourquoi ?
-Parce que je suis un homme.
Je me stoppai et me tournai vers lui. J'explosai de rire.
-Un homme viril et vigoureux !
Mon rire s'intensifia.
-Qui plus est vaillant et courageux !
Je compris son manège, il voulait toujours me faire rire.
-Qui est aussi heureux ! Heu... non, peut-être pas.
J'arrêtai de rire.
-C'est parce que ça rimait.
Je recommençai à rire. Il sourit.
-Maintenant il faut que tu m'apprennes à sourire. Mais pas aussi bêtement que toi ! Un vrai rire d'homme.
-Mais j't'emmerde !
On se mît à courir, moi en rigolant et lui en souriant. Il n'était pas encore au même stade que moi. On s'arrête devant un petit bar bien sympa.
-J'avais l'habitude de venir là avec mon ami qui m'a appelé quand j'étais chez toi.
-Ah ok.
-Je t'y invite.
-Non, j'ai de l'argent avec moi.
-Puisque je te dis que je t'invite ! Je te dois bien ça ! Quand je suis rentré, ils ont tous cru que j'étais malade, mes potes ! Ils m'ont dit "JeongGuk... T'es malade ? Pourquoi tu souries bêtement comme ça ?" Alors j'ai répondu que quelqu'un m'avait appris à le faire. L'un d'entre eux voudrait te connaître et te remercier par la même occasion mais j'aimerais encore te garder pour moi tout seul un petit moment.
Il m'avait dit tout ça tout en s'installant à une table dans le fond de la salle. On avait aussi pris les cartes et choisit notre sélection. Quand il eut fini de me raconter la surprise de ses amis, il tourna ma tête vers lui et me sourit.
-Sinon, toi, ça va ? Tu vas bien ?
-Très bien et toi ?
-J'ai pourtant vu de la tristesse dans ton regard quand je suis parti de chez toi et tu avais l'air ailleurs quand tu regardais vers le banc où j'étais assis il y a une semaine. Je me trompe ?
Je soupirai.
-Je pensais te revoir quelques jours après ton départ, même le lendemain ! Mais non.
-Excuse-moi.
Il prit ma main entre les siennes et se mît à jouer avec mes doigts.
-Comme il faisait noir, je n'ai pas vraiment discerné à quoi ressemblait ton appartement. J'ai cherché toute la semaine, j'ai fais le parcours en sens inverse en partant de chez moi pour venir jusque chez toi mais j'arrivais toujours là où ce n'était pas ton appartement. Je suis sincèrement désolé. Je voulais aussi te revoir. Pardon.
Je posai ma main libre sur les siennes.
-Ne t'en fais pas.
-J'en ai même pleuré !
-Ah non ! JeongGuk !
-Si, c'est vrai ! J'avais peur de ne plus jamais te revoir... ni toi, ni ton sourire, ni ton rire. Puis ce n'est que ce matin que j'ai eu l'idée de retourner à la piscine. Je me suis insulté de tous les noms pour ne pas avoir eu cette idée plus tôt.
-De toute façon je n'y vais que le samedi soir.
-Ah bon, ça va alors.
Il me sourit puis nos boissons arrivèrent. Il avait pris un bubble tea et moi un milkshake au chocolat.
-Je peux goûter ?
-Oui vas-y.
Il me tendit sa paille vers ma bouche. Je fis de même avec le mien.
-Ça va, c'est bon.
-Bien sûr que c'est bon ! Sinon ce ne serait pas mon préféré.
-Oui, je m'en doute bien, rigolai-je.
On sirotait tranquillement notre boisson tout en regardant les gens passer sur le trottoir de l'autre côté de la vitre.
-Si tes amis ont trouvé bizarre que tu souris, c'est qu'ils ne doivent pas te voir sourire beaucoup.
-C'est que... on a tous oublié comment sourire.
Je faillis m'étouffer. JeongGuk se leva et me pencha légèrement en tapant doucement dans mon dos.
-J'te d'mande pardon ?
-C'est la vérité. Tu te rappelles que je t'avais dis que mon ami qui m'avait appelé aurait bien besoin de toi pour apprendre à sourire comme tu me l'as appris ? Eh bien j'ai essayé de lui apprendre mais je n'y suis pas arrivé alors j'aimerais que tu leurs apprennes à tous.
-Ils sont combien ?
-On est sept dans la baraque.
-Sept ?!
-Oui. Tous colocs. Amis depuis l'enfance ! On a tout partagé : l'enfance, l'école, les secrets, la confiance, les problèmes, les problèmes et les problèmes.
Il avait fini sa phrase en affichent un sourire navré.
-Celui-là, je sais le faire tout seul. J'ai réussi à faire des petits styles avec mon sourire cette semaine, dont celui-ci. Ah ! Celui que tu fais est un sourire navré. Oh... mais pourquoi ?
-J'ai du boulot devant moi. Je dois faire sourire six autres personnes à ce que je comprends bien.
-Oui, six garçons, pour préciser.
Je m'étouffai une seconde fois.
-Décidément ! Il n'est pas bon ton milkshake ou bien c'est ce que je te dis qui est surprenant ?
-Ce que tu dis !
J'avais répondu assez difficilement. Je repris mon souffle puis finis mon milkshake afin d'éviter de m'étouffer une troisième fois. On dit toujours jamais deux sans trois alors je reste prudente. On sortit du bar, JeongGuk prit son bubble tea qu'il n'avait pas terminé avec lui.
-Tu viens quand tu veux chez nous. La porte est grande ouverte ! Au début, ils se méfieront mais tu verras, au fur et à mesure que tu apprendras à les connaître, tu t'attacheras à eux comme tu t'es attaché à moi !
Je cachai mon visage dans mon écharpe.
-Hé, te caches pas comme ça ! Je veux voir ton sourire le plus possible. Relève la tête. Nooooon... Claire ! Ah, bah Voilà !
Je lui souris de toutes mes dents. Il me tendit son bubble tea qu'il n'en voulait plus, je le pris volontiers. Je sirotais tranquillement tout en l'écoutant.
-J'avais envie que tu viennes cette semaine mais je ne t'avais pas retrouvé. Donc tu dois comprendre mon impatience, n'est-ce pas ? Alors même s'il est tard, il faut que tu viennes ce soir.
Qu'est-ce que j'avais dis ? Jamais deux sans trois ? Cette fois-ci était la pire entre mes trois étouffements. JeongGuk s'en voulut et s'excusa mille fois en tapant dans mon dos. Pour finir, je me mît à rire de sa gêne.
-Allons-y, alors.
Il me sourit puis on partit en direction de son appartement. Lui en sautillant, moi en marchant derrière lui tout en contemplant son état.
-JeongGuk.
-Oui ?
-Quand quelqu'un sautille comme tu le fais en ce moment, c'est qu'il est heureux.
-Ah bon ? Je pensais que c'était les étoiles qui sautillaient comme ça à côté de la lune.
Mon sourire s'élargit un peu plus sur mon visage puis on reprit notre route. JeongGuk était quand même quelqu'un de très étonnant.