Cross my heart and hope to di...

By TheWharryor

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La pluie tombait sur la capitale coréenne. Les rues étaient vides, seul une personne marchait sur le trottoir... More

Prologue.
Chapitre un.
Chapitre deux
Chapitre trois
Chapitre quatre
Chapitre cinq
Chapitre six
Chapitre sept
Chapitre huit
Chapitre neuf
Chapitre dix
Chapitre onze
Chapitre douze
Chapitre treize
Chapitre quatorze
Chapitre quinze
Chapitre seize
Chapitre dix-sept
Chapitre dix-huit
Chapitre dix-neuf
Chapitre vingt
Chapitre vingt-et-un
Chapitre vingt-deux
Chapitre vingt-trois
Chapitre vingt-quatre
Chapitre vingt-cinq
Chapitre vingt-six
Chapitre vingt-sept
Chapitre vingt-huit
Chapitre trente
Chapitre trente-et-un
Chapitre trente-deux
Chapitre trente-trois
Chapitre trente-quatre
Chapitre trente-cinq
Chapitre trente-six
Chapitre trente-sept
Chapitre trente-huit
Chapitre trente-neuf
Chapitre quarante
Chapitre quarante-et-un
Chapitre quarante-deux
Chapitre quarante-trois
Chapitre quarante-quatre
Chapitre quarante-cinq
Chapitre quarante-six
Chapitre quarante-sept
Épilogue
BONUS, i need you ♥

Chapitre vingt-neuf

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By TheWharryor


Point de vue externe.

TaeHyung se glisse dans la salle de bain froide, il tourne la poignée glacée, tenant sa perf éloignée du bac de douche mais pas trop loin pour qu'il y reste connecté par un tuyau. Il est très affaibli depuis sa tentative d'hier, il avait perdu trop de sang, son corps est fatigué, mais il voulait prendre une douche. Il se devait de le faire, comme ça il montrerait à ce con de psychologue que son état mentale n'était pas aussi lamentable qu'il devait l'avoir noté sur son carnet à la con. TaeHyung augmente la température de l'eau avant de tenter d'enlever son haut mais il le laisse pendre au niveau de son coude, ne voulant pas le coincer sur son tuyau ou ses blessures. Le liquide chaud nettoie ses cheveux aux pointes sèches, un léger filet rouge en découle, une mèche avait trempée dans son sang la nuit précédente. Une noisette de shampoing coule au fond de sa main avant de se retrouver sur son cuir chevelu châtains, il masse ce dernier avec sa main complètement valide du mieux qu'il le peut et rince le tout. TaeHyung oubli et ne repense pas au monde extérieur de l'hôpital : JungKook, le lycée, les problèmes, la mort, rien de tout ça. Mais il savait qu'il allait devoir sortir, il le fallait, il détestait cet endroit, mais s'il sortait, ils l'attendraient. Ils attendraient de voir sa misérable petite gueule affichant un échec cuisant et inoubliable pour pouvoir l'insulter de parts et d'autres, comme à leur habitude. Sauf que là, on ne jouait plus dans la cour des petits. TaeHyung a tenté de mettre fin à ses jours. Il a tenté de mourir. Et le pire, c'est qu'il s'est loupé.

Quoi de plus lamentable que de rater la chose la plus facile au monde ? Un couteau, une noyade, poison, percutions par un train ou bien même la pendaison. Et même ça il a réussi à le rater justement. Aucun courage, aucune force, rien. Il est Kim TaeHyung, un nul, un looser, une laideur, une erreur.

JungKook s'assoit, face à son miroir, il venait de sortir de la douche. Sa peau est pâle, ses yeux sont avides de sentiments, comme si la fin du monde était proche et qu'il n'avait personne avec qui partager ses dernières heures. Il est seul.

Qu'est-ce qui lui est passé par la tête, au point d'avoir fait souffrir TaeHyung de la telle sorte. Personne ne méritait de souffrir à tel point que la seule solution soit la mort.

Il se lève et part dans sa chambre avant de se coucher sur son lit, vide.

Point de vue TaeHyung.

« Bonjour, cela vous fera soixante-treize mille won. »

Nous sommes samedi, et me voilà dans le Primark de la capitale pour encaisser l'argent des clients. Le quinze janvier déjà. Une semaine s'est écoulée depuis ma sortie de l'hôpital. N'étant pas allé au lycée durant celle-ci je m'étais cherché un petit boulot. Il n'y a que comme ça que je peux oublier ce qui m'arrive, ne me laissant pas le temps d'y penser, et au passage, je me fais un peu d'argent. Malheureusement je ne peux travailler que le lundi après-midi et le samedi, pour pouvoir continuer de payer mon loyer, sauf que ce n'est clairement pas suffisant. Mercredi, j'ai mis en ligne une annonce comme quoi je cherchais un colocataire, mais le profil de mon loft n'a pas l'air d'intéresser grand monde.

J'avais omis de parler de mes petits soucis du moment à la directrice du magasin de prêt-à-porter et elle m'avait prise directement, et tant mieux. Mes moyens financiers étaient réduits, je n'étais pas pauvre, j'avais de la réserve mais je préfère économiser pour ne pas tomber dans le rouge d'ici six mois. Enfin bon, je gardais de coter pour mon permis déjà, et pour me casser de Séoul après avoir obtenu mon bac. Lundi j'ai mon bac blanc d'ailleurs.

Je suis dans la merde, encore.

« Merci bien, en espérant vous revoir. »

Le client part et une adolescente avance, une fille aux cheveux rouges.

« Bonjour TaeHyung ! »

- Bonjour, tu ne serais pas la sœur de HoSeok, Jin Ye c'est ça ?

- Oui c'est moi !

Elle me tend un jogging gris et une jupe patineuse rose bonbon, je lui fais son ticket de caisse en lui indiquant le montant.

« Tu vas mieux ? »

Elle fixe mes poignets, j'avais caché mon bandage sous une manche de blazer bleu.

« Oui, ça va. Pour l'instant ça va, je n'ai pas de nouveau craqué, mon état est constant. »

- Tant mieux. Au fait, HoSeok aimerait te voir demain, pour parler et tout, je sais pas, mais il prend la voiture, il me l'a dit.

- Oh, d'accord, je l'appellerais...

Peut-être devrais-je résilié mon abonnement téléphonique vu que je ne l'utilise jamais, sauf pour appeler HoSeok s'il ne le fait pas, ou textoter rapidement avec MinHyun.

« Bon, bah à plus TaeHyung ! »

- Oui, au revoir.

Et je passe à une autre cliente, tenant trois maillots de bains en soldes, deux colliers et une robe rétro. C'est long, monotone, mais facile.

Le soleil se trouve caché par d'innombrables nuages foncés, il allait pleuvoir sur les rues de Séoul. Le tonnerre gronde déjà au-dessus de nos têtes, quelques parapluies se déploient, colorant de leurs teintes pigmentées la place centrale. HoSeok me prend par la main et nous entrons dans le McDonald face à nous. Il n'y avait pas grand monde, sept personnes en fait. L'odeur de friture est présente, alors qu'il n'y a aucune file d'attente. Nous avançons et commandons nos menus avant de nous asseoir à une table propre.

« La dernière fois que je suis venu, c'était avec JiMin. »

Je souri à cette parole, triant ma nourriture parmi celle de mon ami.

« C'est à ce moment-là d'ailleurs, que j'ai senti un truc étrange. Il m'avait fait un sourire qui m'apparaissait comme faux, c'était le sourire qu'il m'attribuait à chaque fois. Et je n'avais jamais compris ce qu'il représentait, c'est-à-dire du faux, du néant, de la foutaise, de... »

HoSeok pose sa main sur la mienne, m'ordonnant de me calmer et d'arrêter d'y penser. Je suis tellement irritable en ce moment.

« Pardon. Mais pardon à qui ? »

- TaeHyung...

- Je... ce n'était pas une bonne idée HoSeok.

- Si, il faut que tu sortes, que tu prennes l'air.

Je mors dans mon hamburger, veillant à ne pas en mettre partout.

Dire que j'étais sorti avec des fringues prises au pif dans mon armoire en faisant attention à mon haut pour qu'il cache mes entailles au poignet, pas coiffé, les cheveux à peine propre.

Le silence devient pesant, mais il est mon nouveau meilleur ami dorénavant.

« On va voir un film, ce soir. »

- Ah oui ? Lequel ?

- J'en sais trop rien, je n'ai aucune idée de ce qu'il y a à l'affiche.

- Y a le dernier Paranormal Activity, le drama de Kris, Carrie II...

Je pouffe de rire ironiquement à ce dernier film, mon film. Le film me représentant le plus apparemment.

« On va éviter Tae hein... »

- Paranormal alors ?

Il hoche la tête et je nettoie mes lèvres avec la serviette blanche que l'on m'avait donnée. HoSeok fixe discrètement mes mains, je le vois jeter des coups d'yeux furtifs dans leurs directions.

« Je vais bien, ne tant fait pas. »

- Tu ne vas pas bien TaeHyung.

- Mais je ne le montre pas.

J'ai toujours fait ça. Cacher ma souffrance derrière des sourires, des rires, des paroles. On le fait tous. Rien que lorsque chaque matin nos amis nous demande notre état, la réponse sera constamment « ça va » alors que la nuit, un torrent de larme coule le long de nos joues. Personne ne va bien, on se ment constamment, sauf qu'il y a des personnes qui vont encore moins bien que d'autres. Comme moi.

HoSeok change de place et s'assoie à mes côtés avant de me prendre dans ses bras. Je pose ma tête dans son cou, ses mains se placent dans le bas de mon dos, quelques larmes se forment dans mes yeux mais j'arrive à les contenir.

« Merci d'être là. »

Il ressert son étreinte autour de moi et je me rends compte qu'au fond je ne suis pas si à plaindre que ça. Je n'avais pas tout perdu. Il me restait HoSeok. Certes je n'avais que lui, mais je l'avais. Et j'étais content qu'il se montre aussi affectueux et tactile avec moi, même s'il connaissait mon orientation sexuelle.

J'avais encore quelqu'un, et il fallait que je me batte pour lui, car il y avait encore une personne qui pouvait souffrir ne serait-ce qu'un minimum de mon absence. Et je ne voulais pas qu'il souffre, il était trop bon pour ça, c'était un ange.

Il jette les cartons vides et gras dans la poubelle grise avant de m'ouvrir la porte pour sortir. La pluie s'abattait enfin sur les rues séouliennes, la place est déserte, HoSeok me prend par la main et nous courons vers le cinéma avant de s'abriter sous le toit de ce dernier. Nous nous avançons vers un vendeur et nous commandons deux billets pour Paranormal Activity ainsi qu'un paquet de pop-corn et deux Coca que HoSeok eu la gentillesse de payer.

Une fois dans la salle vide, nous choisissons nos places stratégiquement par rapport à l'écran blanc.

« Ah, Jin Ye te l'as sûrement dit mais je bosse maintenant, dans le Primark pas loin, parce que j'ai peur de ne pas avoir assez et de passer dans le rouge. Puis je vais sûrement avoir une colocataire. »

- Oh, tant mieux, je préfère que tu ne restes pas seul ces derniers temps. Et si ce n'est pas quelqu'un de ton lycée, il pourrait devenir ton ami.

- Oui, pourquoi pas. Ça ne m'enchante pas, j'aime avoir mon intimité mais je n'ai pas le choix. Par contre, j'espère ne pas avoir affaire à un con, et on évite les meufs...

- Oui, ce serait...

- Bizarre. Mais si je n'ai personne, tant pis. Enfin la limite d'âge est de vingt-cinq ans, après ça va être trop glauque, je veux rester entre jeune.

- Cette décision, c'est de la part du psy des urgences ?

- Oui.

Les lumières s'éteignent et les bandes annonces commencent, je me retourne pour voir qui est présent dans la salle, il n'y avait que moi et HoSeok.

« J'aurais bien aimé vivre avec toi, mais faudrait que je paye un loyer pour rien quoi. Puis tu ne peux pas venir chez moi, il n'y a plus de place... »

- T'inquiètes HoSeok, ce n'est pas ce que je t'ai demandé hein !

Il prend ma main et la pose sur l'accoudoir en velours, la serrant alors que le film commence. Un film d'horreur, mais bon, je ne suis pas du genre à avoir peur. J'suis un gars après tout, même si ma sensibilité est supérieure à la moyenne. Je veux juste m'intéresser à la vie palpitante d'un autre au lieu de la mienne.

Une soirée comme un adolescent normal peut avoir.

Je gribouille ma réponse argumentée sur un brouillon avant de la remettre sur ma feuille de bac blanc de français, le sujet n'était pas compliqué.

Je sens le regard pesant de mon professeur et de JiMin sur moi mais je n'y prête pas attention, il fallait que je réussisse ce bon dieu de bac blanc. Il fallait que j'ai mon bac. Il fallait que j'avance. Que je réussisse pour pouvoir me tirer d'ici.

« Quelle est le temps employé dans le second paragraphe ? Pourquoi avoir choisi ce temps-là ? »

« Le temps employé est l'imparfait pour faire une description de la pièce où se trouve le héros de la nouvelle. »

Je jette un coup d'œil à l'horloge, le devoir se termine dans quinze minutes et il me reste deux questions. Je pose mon crayon noir quelques secondes et je le reprends en main après m'être dégourdis cette dernière. Je finis ma phrase et je range précipitamment mes crayons dans ma trousse et je bourre mon brouillon dans mon sac à dos pour pouvoir rendre ma copie au surveillant.

« Tenez. »

- Avez-vous trouvée le devoir compliqué TaeHyung ?

- Passable.

- Oh, si dans votre état ce devoir a été passable, je suppose que vos camarades y ont excellé.

- Vous insinuez quoi là ?!

- Juste qu'en ce moment vous traversez une période difficile entre le sombre décès de vos parents, votre petit séjour à l'hôpital suite à votre tentative de suicide, vous n'êtes pas au meilleur de votre forme.

- Mais allez-vous faire foutre ! D'où est-ce que vous me dîtes ça avec votre air hautain et supérieur ?! Vous vous êtes pris pour qui, putain !

Les chuchotements fusent dans mon dos, je m'énerve rapidement, déjà irrité par cette période émotionnellement intense, et par ces putains de paroles qui n'ont rien à foutre ici.

« TaeHy... »

- Fermez votre gueule !

Je sors, la mâchoire serrée, essayant de contenir ma force et ma furie du mieux que possible.

Dans le hall, plusieurs personnes parlaient, je reconnu directement Jin et Nam Jun, ces derniers s'approchèrent de moi d'ailleurs. Je sors mon portable et mets mes écouteurs dans mes oreilles avant de mettre un morceau énervant et assez électrique, je recouvre mon cuir chevelu de la capuche de mon sweat. Jin me tape l'épaule avec son poing, je le regarde férocement, Nam Jun se recule d'un pas et le grand châtain commence à rire et me demander pourquoi j'avais été absent durant tant de temps. Je ne lui réponds pas mais il m'attrape le poignet, le mauvais poignet.

« Jin lâche-moi je tant pris, lâche-moi putain... ! »

Ma voix était douloureuse et suppliante, ma souffrance montait le long de mon avant-bras jusqu'à ma clavicule.

« Mon chou, dis-moi ce que t'as fait à JungKook pour qu'il soit dans cet état. »

- Je... de quoi tu parles ?

- JungKook est distant et froid en ce moment, on dirait qu'il est en dépression, c'est assez hard venant de sa part.

Nam Jun venait de s'immiscer dans la discussion, ses yeux chocolats me transpercent. Il avait vraiment une bouille d'ange, et pourtant il n'en était pas un.

« Réponds-moi ou je te fais payer les dégradations de ma bagnole, ne pense pas que j'ai oublié. »

Ah oui, la trace faite avec la clé de mon appart sur la peinture de sa si belle voiture.

La douleur me transperce toujours mais sa poigne se desserre peu à peu jusqu'à n'être moindre. JiMin sort de la salle que je viens de quitter et s'approche de nous, je me laisse gire sur le sol, je tremblais. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvé dans une telle situation. Eux, moi, dans ce hall, la peur me tordant le ventre, des menaces sortant de leurs belles bouches, les regards de tous les étudiants posés sur nous. Ça ne m'avais pas manqué pour tout dire.

« Vous faites quoi les mecs ? »

Sa mèche avait été relevé en hauteur par du gel, ses yeux foncés me fixaient, et son sourire arborait se rictus que j'apprenais à connaître de plus en plus. Il portait correctement son uniforme et ses Vans indifférente aux miennes.

« On lui demande, tu sais, pour Kookie. »

Le regard de Jin s'assombrit instantanément, derrière lui, HanWoe prenait en vidéo la scène, elle tournerait sur Facebook et Twitter d'ici deux heures. JiMin se baisse à ma hauteur et tire d'un coup sec sur mes écouteurs, jetant mon portable contre les casiers verts d'un geste brusque. Je pris pour que l'écran ne se soit pas brisé. La main droite de mon aînée frappe le mur se trouvant juste derrière moi, son membre gauche, lui, se pose à coté de ma cuisse pour ne pas que je puisse partir. Il approche son visage du mien, je commence à avoir des bouffés de chaleur, j'avais peur.

« Tae d'amour... dis-moi... qu'as-tu fait à notre cher Kookie hein... »

Il chuchote ses mots dans mon oreille. Sa voix résonne comme une douce mélodie, comme des mots romantiques, comme... non, c'est indescriptible. Jin venait de lâcher mon bras qui tomba directement sur l'avant-bras tendu de JiMin, qui l'attrapa et le plaqua contre le mur.

« J'en sais rien moi... »

- Tu es amoureux de lui, tu dois bien le savoir.

- Quoi ? Mais je l'aime pas putain ! C'est un enfoiré de première ce mec ! Tout comme toi, tout comme vous bandes de fils de putes !

Suga descendait les marches du hall lorsque je dis ceci, il s'arrêta instantanément sur moi, le regard tueur. Je le fixe aussi méchamment qu'il le fait avec moi avant de sentir une vive douleur dans ma mâchoire. Je pose ma main libre le long de cette dernière, portant mes yeux sur ceux de celui qui venait de m'assener d'un coup de poing.

Les pupilles de JiMin étaient dilatées, ses canines ressortaient, ses sourcils étaient froncés et ses biceps m'avaient l'air contractés.

Mes larmes se forment, la douleur s'intensifie. Il avait recommencé. Un sanglot me noue la gorge et me tord le ventre, alors qu'autour de moi les autres riaient.

Point de vue externe.

Suga s'était avancé, il se trouvait près de Jin et Nam Jun désormais. TaeHyung était au sol, un bras collé au mur par la main de JiMin, et l'autre tenant son visage. Il commence à pleurer. JiMin venait de lui offrir un coup de poing mémorable suite à l'insulte que le suicidaire avait proféré.

Une certaine nostalgie s'offrait dans cette scène. Un TaeHyung au sol, détruit comme jamais. Un JiMin venant de le frapper, énervé. Des spectateurs riant et prenant en photo les jeunes adultes. La victime et le tueur. Le mature et l'immature. L'adulte et le gamin. Le persécuté et le persécuteur. La crainte et la force. Il avait peut-être deux ans de plus, mais qu'est-ce qu'il était bien con.

Chapitre trente

Je nettoie ma plaie avec un mouchoir, ma lèvre avait enflé et une traînée de sang en coule. Je déglutis au moment où le doux papier se pose sur ma blessure, me brûlant le reste de ma bouche. Je n'ose même pas frôler ma mâchoire, elle est engourdie et elle me fait souffrir, mais bon, ce n'était pas comme si cela était la première fois.

Il n'y a personne dans les toilettes du lycée, ce qui est bien rare, mais après un bac blanc éprouvant, les terminales sont rentrées chez eux. Et les secondes avaient une sortie au théâtre si je ne me trompe pas. Qu'importe.

Je passe ma main sous l'eau et je fais tomber quelques gouttes sur mon bleu, une vive douleur se fait ressentir mais j'évite d'y penser, cela me fais aussi un peu de bien de faire couler quelque chose de froid sur ma peau mâchée. Je me recoiffe avec mes doigts et inspire profondément. Il est temps que je rentre chez moi pour cacher cet incident pour pouvoir aller à Primark. Je ferais rapidement mes courses à la supérette du coin.

Je sors des toilettes masculines, me dirigeant vers la sortie avant qu'une personne ne m'interpelle.

« TaeHyung ! »

Des pas se rapprochent de moi, une voix grave d'homme s'élève dans le hall vide. Oh non, tout le monde mais surtout pas lui. En fait, non, pas tout le monde, mais plutôt personne. Personne et surtout par lui. Ses converses crissent sur le carrelage, il revenait de dehors et avait sûrement dû marcher dans la neige ou la boue.

Je continue mon chemin, mais il attrape mon poignet pour que je puisse me retourner, et Jin fait deux pas en arrière pour pouvoir m'observer.

« Qu'est-ce que tu me veux, toi encore ? »

- Juste te montrer à quel point la nature est belle vu de près.

Jin lève sa main en hauteur avant de me jeter une boule de neige glacée en plein visage, pour s'éloigner quelques secondes après, en direction de la cafétéria.

Je m'écroule au sol, le regard vide et ébahi, la bouche entre-ouverte.

« Bandes d'enculés... »

Mon bleu me brûle comme jamais, mais je ne cris pas, je ne me sens même pas si mal au fond. J'ai connu pire.

Point de vue externe.

Les Vans noires de TaeHyung laissent des traces rectangulaires sur la fine couche de neige. Le parking est pratiquement vide, les traces de pneus suivent les chemins qu'ont empruntés les voitures.

Dans le réfectoire, Jin vient de s'asseoir aux côtés de JiMin et de Nam Jun, donnant une fessée à SunJae au passage. Les garçons étaient en pleine conversation, riant tous à la blague de Suga, sauf un. Le jeune JungKook.

« Qu'est-ce que tu as à faire la gueule toi encore ? » Lance Nam Jun, irrité par la réceptivité néante de son ami.

- Mais rien, putain.

- Vas-y, dit.

- J'ai... c'est vrai que vous avez frappé TaeHyung ?

- Qui ? Ah oui, Kimi !

Suga venait de comprendre le sujet de la conversation, mais JungKook, lui, restait très sérieux. Le brun avait peur des actes de ses paroles, quelles allaient être les répercussions ? Il montrait l'appréciation qu'il affectait au jeune garçon de Daegu.

« Et alors ? On s'en branle de lui. »

- Laisse-le un peu alors JiMin.

- Ouais, retourne plutôt te branler tout court.

Suga et Jin fixe longuement Nam Jun, ce dernier venait de dire une blague vraiment très nulle à vrai dire.

« C'était pas drôle. Donc ta gueule là, Nam Jun. »

- Ouais, et pourquoi je devrais le laisser hein ?!

JiMin venait de reprendre la conversation, tapant du poing pour ce faire entendre. Le roux tourne la tête et l'observe longuement, détaillant le moindre défaut de son ami. Il n'en avait aucun.

« Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça toi ? T'es gay ou ça se passe comment ?! »

JiMin fronce les sourcils, il commence à en avoir marre du comportement de ses amis.

« Le plus gay entre nous deux, ce serait bien toi. »

- Tu vas le regretter là.

JiMin se lève et serre les dents avant de se jeter sur son aîné, montant sur la table après avoir fait valsé son plateau au sol. Déjà, les étudiants déjeunant se ramenaient autour des populaires tandis que Suga tenait les mains de son ami avec une grande force. L'aîné des deux se dégage et donne un coup de coude dans le front de l'autre.

Un des cuisiniers vient les séparer mais JiMin l'assène d'une droite avant de se concentrer sur Suga qui venait de le pousser en arrière. Il tombe près de son plateau renversé, les avant-bras retenant son corps sur le carrelage, la tête relevée vers son meilleur ami, un regard haineux au visage.

Puis, d'un coup, de l'eau se renverse sur le crâne de JiMin. Ce dernier met quelques secondes avant de remarquer le liquide qui avait été versé sur lui, il laisse tomber sa tête en arrière et voit un pichet vide au-dessus de lui, une main le tient fermement. La main de JungKook.

Point de vue TaeHyung.

Mardi onze janvier, six heures vingt-cinq. Voilà ce qu'indique mon réveil criard. Mes yeux s'ouvrent en je me lève. Sautant la case du petit-déjeuner dû au fait que je ne peux à peine ouvrir la bouche, je me dirige directement vers ma salle de bain. Me postant devant le miroir de la pièce, je me vois en train de me laver les dents minutieusement, en faisant très attention. Je recrache le liquide et me rince lentement la bouche avant de me laver et de passer un coup de shampoing sec dans mes cheveux. Je m'accroupis pour ouvrir le placard sous le lavabo, j'en ressors une crème de jour, je pose une noisette dans le creux de ma main avant de l'appliquer sur ma peau claire. Je peigne mes cheveux de plus en plus noirs pour enlever les résidus blancs du shampoing en bombe, puis j'enlève mes vêtements, je passe devant la balance mais je n'y prête pas attention, je savais que j'étais trop maigre. Je traverse mon appartement, nu, et vais chercher un boxer noir, un haut en laine, mes converses, mon bas d'uniforme, et le blazer. L'heure ne passe pas vite, j'attends patiemment dans mon fauteuil, regardant un dessin animé tout en révisant un cour.

Il est sept heures vingt, je descends de mon appartement pour prendre mon bus et lorsqu'il arrive, je choisis stratégiquement une place au milieu et je mets mes écouteurs sur mes oreilles pour faire résonner la chanson de Bastille – Pompeii.

« Hey mec, tu vas où ? »

La voix de Nam Jun me parvint à travers la musique, sa voix m'énerve instantanément. Qu'il ferme sa gueule ce connard. A côté de moi, quelqu'un tente de déplacer mon sac noir, mes yeux se posent spontanément sur lui. Il porte une chemise sa chemise blanche, sa cravate, mais un pantalon noir en toile qui ne venait pas de l'uniforme réglementaire, ses cheveux châtains étaient parfaitement relevés et ses yeux marrons me fixaient, et comme je les avais rarement connus, ses derniers me regardaient avec une expression hésitante et douce, comme s'il ne voulait pas me blesser en contenant sa haine. Il fixe mon bleu.

« Je peux m'asseoir ? »

Lui, il ose me reparler après ce qu'il m'a fait.

« Tires-toi. »

J'ose le défier du regard, ne cillant pas, pour la première fois. Je n'ai plus peur de lui. Il ne peut pas empirer mon état, ce dernier est déjà au bord de la mort.

« TaeHyung, pardo... »

- JungKook, casse-toi.

Il secoue la tête, blessé et attristé avant de retourner vers le fond du car. Je me concentre sur la chanson sortant de mon portable. Me faire souffrir et revenir comme une fleur, pour recommencer, je ne le supporterais pas.

Je descends du car, suivant du regard le brun. Bon d'accord, je matais surtout ses fesses, que je le haïsse ou non, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas le regarder et admirer son magnifique corps. Magnifique corps mais personnalité et mentale de merde, il faut dire. JungKook reste écarté de Nam Jun et sa nouvelle pouf, ces derniers vont rejoindre Jin et Suga à l'autre bout du parking, mais pour confirmer mes pensées, JungKook s'écarte du petit groupe, complètement ailleurs, et il part vers le lycée, seul. Je le suis discrètement, passant à mon casier au passage, il n'était pas bien loin et s'incrustait vers un groupe de première.

Je prends mon cahier de maths et mon porte-vue d'économie et sociale. Je ferme le local rouge, je savais qu'il me regardait, je sentais ses yeux posés sur moi.

« Hey Kimi ! »

Je me retourne, dégageant une mèche qui venait de barrer mon front, je me colle contre les casiers froids, gênant un seconde qui voulait accéder au sien qui se trouvait sous mes fesses. Il attendra, parce que là, je suis dans la merde.

« Tu me réponds quand je te parle. »

- Salut Suga.

- T'as vu, la mec c'est même plus un soumis, c'est ma chienne.

JiMin se tord de rire sous l'insulte féminine et reprend son sérieux en moins de quelques secondes, me regardant sévèrement.

« Faut que je te parle. »

Il attrape mon poignet, je me laisse faire sous sa force. Il avait une putain de bonne poigne. JiMin m'emmène un peu plus loin dans le hall, sous les escaliers principaux, nous étions seuls malgré les étudiants discutant près de nous mais qui ne montraient pas leur étonnement devant JiMin et moi. Nous deux savions très bien que des centaines d'élèves parlaient déjà sur nous.

« Dis-moi. »

- Te... dire quoi JiMin ?

Je déglutis bruyamment, manquant de m'étouffer un instant pendant que le jeune homme se rapproche de moi jusqu'à ce coller à mon frêle corps. Mon esprit s'embrouille déjà lorsque son souffle s'écrase le long de mon cou et sur ma joue, jusqu'à se retrouver sur mes lèvres. Il n'était qu'à quelques centimètres de moi, je ne pouvais à peine y penser.

« Allez Tae, rapproche-toi. Vaincs ce petit pas qui nous sépare, bébé. Montres-moi ce que ça fait, le trip gay. »

Je me penche légèrement vers lui avant de me ressaisir et de pouvoir me dire que je ne dois pas faire cela, surtout qu'il n'est qu'un connard indéfini.

« Je le fais, ou non ? C'est bien évidemment un salaud sans pitié qui m'a humilié et frapper plusieurs fois, mais il est carrément canon et je ne peux à peine résister devant son charme. Je le fais, ou non ? C'est ce que tu es en train de penser chéri. »

- Quoi ? Non ! Je ne me suis jamais imaginée t'embrasser JiMin.

Il ricane en baissant la tête, ses cheveux caressent mon front d'un doux geste. Je remarque qu'il n'a que sa chemise entre-ouverte, dévoilant ses muscles parfaitement dessinés, son pantalon et ses baskets montantes. Putain Tae, pourquoi tu penses à ça dans un moment pareil ?!

« Te dire quoi, JiMin ? »

Je répète ma question, il relève enfin la tête, ses yeux s'encrent dans les miens. Mon cœur loupe un battement et mes joues prennent une couleur cramoisi.

Il met ses pouces dans ses poches en écartant légèrement les jambes de façon à me barrer le passage. Je colle mon dos au mur en baissant la tête à cause des marches au-dessus de moi. Pris au piège.

« Qu'est-ce qu'a JungKook ? »

- Je... j'en ai aucune idée...

- Pourquoi est-ce qu'il se rebelle contre moi alors ?

- De quoi tu me parles...

- Hier. Bon, bref, j'ai un échange à faire.

- Un échange ou un chantage ?

- Tout dépend ta vision de la chose.

- Déve... développe.

Il sourit devant mon malaise puis il se penche vers moi pour me chuchoter :

« Tu me dis ce qu'il a, sinon, je t'embrasse. Et si tu préfères, tu me le dis et je t'embrasse. Tu as deux options. Choisis. »

J'ai un hoquet de surprise devant ses paroles, lorsque mon corps bouge, je me tape contre sa joue. De l'électricité statique se dégagent de nous lors de notre frôlement.

« Pourquoi... ? »

- Parce que je me fais cinquante mille won.

- Un pari, encore.

Ma voix est pratiquement inaudible et tremblante. Je ne suis que ça, un paria, ils vendent mon corps.

- Alors.

- Vraiment, je n'en ai aucune idée, au sujet de JungKook. Peut-être a-t-il prit en maturité, tu devrais en faire autant.

J'allais le payer cher. JiMin tourne la tête de gauche à droite et il reprend la parole.

« Tae, Tae, Tae. »

Je ne relève pas la tête, je savais ce qu'il allait faire sinon. Il se ferrait cinquante balles.

Une main inconnue se pose sur mon bassin, instinctivement, je regarde JiMin et ma tête se tape contre les marches.

Point de vue externe.

« Tae, Tae, Tae. »

Le jeune homme ne sait pas quoi faire pour attirer son attention alors il pose sa main contre son bassin dans le but qu'il relève son visage. Il jette un coup d'œil vers le hall, Ihn Kyang les regardait bien, il fit un clin d'œil à JiMin et sortit un billet. Ihn Kyang, ce n'est qu'un mec à meuf, il est en Seconde D et il a l'âge de TaeHyung, il déteste les cours et à redoubler deux années. Il était beau, et il le savait, tout comme il savait à quel point TaeHyung était le vilain petit canard de Seowon School. Il avait osé défier JiMin de l'embrasser : s'il réussissait, pour un baiser d'au moins cinq secondes, il gagnait une dizaine de millier de won et s'il se rétractait, Kyang pourrait sortir avec la proie du moment de JiMin. La bonasse d'Il Eun. Quel nom à la con pourtant, mais elle a eu la chance d'avoir le visage d'un ang. JiMin avait accepté, embrassé un garçon ne le dérangeait pas plus que ça.

L'adolescent, si on pouvait toujours considéré qu'il l'était à vingt-et-un ans, quoiqu'il soit un vrai gamin, plaque ses lèvres contre celle de TaeHyung. Cet dernière recule et se tape contre les marches principales du bâtiment. TaeHyung ferme les yeux, il ne peut pas se dégager de son emprise et il refuse de voir son corps répondant à celui du garçon. Il ne le voulait pas, mais il ne le contrôlait plus, il le faisait succomber à son physique, à ce qu'il n'a jamais eu, à un quelconque moyen d'oublier son monde. Par un des monstres qui l'a détruit.

TaeHyung ne rend en aucun cas le baiser langoureux de JiMin, mais il ne peut pas non plus mettre à thermes leur lien. Les lèvres de JiMin sont douces et sucrées mais elles appuient fortement sur celles de TaeHyung, son bleu recommence à le faire souffrir. Il pose ses mains sur le torse du jeune homme et commence à le pousser, reprenant ses idées.

JiMin se recule lorsqu'il en est décidé et il sourit, content.

« Bien, merci bébé. »

Il sort de l'endroit étroit et attrape les cinquante mille won que lui tendait Ihn Kyang. TaeHyung, lui, se laisse tomber au sol, ennuyé de cette vie et de ce monde, désorienté, un mal de ventre impossible à contrôler.

« Il avait raison, y a bien un goût de fraise. »

Il n'entend que cette prompte bribe de conversation et se mit à sourire anodinement en tapant sa tête contre le mur, repensant à JungKook.

« Putain de merde. »

m

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