La cavalière des sables

By cactusdoux

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Juhayd Al Qasimi, roi d'Anjalar traverse le désert de ses terres avec comme ambition de relever son pays en... More

...
Prologue
Un
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Six
Sept
Huit
Neuf
Dix
Onze
Douze
Treize
Quatorze
Quinze
Seize
Dix-sept
Dix-huit
Dix-neuf
Vingt
Vingt-et-un
Vingt-deux
Vingt-trois
Vingt-quatre
Vingt-cinq
Vingt-six
Vingt-sept
Vingt-huit
Vingt-neuf
Trente
Trente-et-un
Trente trois
Trente-quatre
Trente-cinq
Trente-six
Trente-sept
Epilogue

Trente deux

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By cactusdoux

Elle

Ainsi la fête de la rupture se célèbre avec retenu. Le roi a offert aux habitants de Mador ; des dattes , de l'orge et d'autres céréales prisées par les citadins.

Au sein du palais, nous portons encore le deuil de cette tragédie qui a frappé la famille royale, il y a une semaine. Leila se rend sur la tombe d'Omar tout les matins, accompagnée de ses trois filles et leur père. Le déchirement et la peine, se lisent dans la profondeur de leurs regards, et s'entendent dans chacune de leurs paroles.

Néanmoins, l'ambiance tend à s'améliorer. Le palais reprend peu à peu cet air frai et vivant qu'il offrait après mon mariage. Cependant, Juhayd se montre souvent absent, pensif... plongé dans ses cartographies. La guerre me vole parfois cet époux qui m'a conquise entièrement.

Voilà pourquoi j'ai pris cette habitude de le rejoindre quotidiennement dans cette zone ou il se terre. Ainsi nous finalisons les plans, et la marche à suivre dès lors que notre offensive sera lancée.

Quand je pense que ma venue à Mador était en partie motivée par cette attaque et la victoire sur l'ennemie. Voilà presque trois mois, que je patiente et patiente sans relâche et me voilà marié à un homme que j'ai longtemps ciblé comme adversaire.

Il n'en ai rien désormais, je l'aime à m'en consumer. Je l'admire à m'en étourdir... Et je demeurerai sa reine jusqu'à ce que la mort vienne m'emporter.

Il n'y a pas un roi comme l'est mon époux. Aucun, voilà pourquoi je suis sienne.

La guerre et la conquête ne sont aucunement ses ambitions. Je lis en lui comme si je pouvais retranscrire sur le papier chacune de ses pensées...

Existe t-il un roi plus pacifique que celui que j'ai épousé?

Je ne crois pas. Cet homme ne recherche pas la guerre... Nullement. Il n'en a pas une once d'ambition. Ce que Juhayd Al Qasimi désire... c'est l'entente, mais surtout la paix.

Et si j'avais les rennes du pays au creux de mes mains, voilà bien longtemps que l'Assyriade serait à genoux. Parce que mon coeur n'est pas aussi pure que l'est celui du roi.


— Tu devrais te reposer, mon roi, lui suggéré-je alors que je le surprend dans ses manuscrits.

Mon superbe époux relève ses yeux sombres pour m'observer et une lueur les animent immédiatement. Il est déjà si tard. Et l'attendre dans nos appartements m'était insupportable. La mort du prince et le chagrin de Leila le perturbent bien plus qu'il aimerait le faire paraître. Et pourtant, c'est précisément ce qui me fait face toutes les fois, ou je projette mes yeux sur lui, avec inquiétude.

— Approche, m'invite t-il tandis que je suis près de la porte.

Ses bras se lèvent jusqu'à que je m'y engouffre, ainsi me voila tout contre lui. Ses mains se logent dans le creux de mon dos tandis que sa tête repose sur mon ventre. Je l'entend inspirer et expirer avec profondeur. Je dirige mon visage vers lui afin de l'observer, ses yeux se sont fermés.

— Ton sommeil est agité ces derniers nuits, Juhayd. J'aurai aimé en être la cause... Pourtant je sais que cela n'est pas la raison... Est-ce parce que la trêve s'est achevée?

L'air chaud qui émane de sa respiration se répand sur la surface de mon abdomen jusqu'à se mouvoir dans chacun de mes membres.

— Je suis aux portes d'un événement crucial pour mon pays. Et je ne peux ni reculer, ni demeurer statique. L'avancée m'est obligatoire. Attaquer Badran est la seule option qu'il me reste avant que nos ennemis ne nous attaquent à nouveau.

—  Tu n'es pas seul Juhayd. Nous avancerons avec toi, chacun des coeurs de l'Anjalar battra à l'unisson avec le tien. Nous marcherons cote à cote, épaule contre épaule, pour terrasser cet état sanguinaire.

Sa tête se relève et nos regards s'accrochent enfin l'un à l'autre. Son regard est merveilleux mais à la fois si amer.

— Je suis terrifié, Balqis, murmure t-il avec confession.

— Parce que ton coeur vit, Juhayd, réponds-je en caressant sa joue jusqu'à me perdre dans sa barbe brune.

— Il vit pour ton sourire...

— Et je ne cesserai de te sourire, car tu es ce roi incroyable que j'ai épousé en dépit de mes convictions les plus solides.

— Un roi qui tremble devant un combat qu'il est soumis de mener jusqu'au bout.

— Cesse de te courroucer. Tu ne trembles pas, Juhayd. Tu vibres ! Tu vibres pour chacune des âmes que tu mèneras vers le combat, tu vibres pour chaque vie qui se perdra dans ce sentier... Voici ta plus belle qualité.

Je me perd dans la profondeur de ses iris noirs.

— Ne te blâme pas, mon roi. Ne t'afflige pas alors que tu fais preuve de coeur. 

Juhayd s'accroche fermement à ma taille, ses yeux ne quittent plus les miens. Le muscle dans ma poitrine se tord.

—  Tu est l'homme le plus valeureux que je n'ai jamais connu. Et l'histoire de l'Anjalar se rappellera de toi. Tu frapperas Badran avec justesse et tu iras cueillir la justice là ou ton honneur te guidera. Tu ne dois craindre que Le Très Haut, le reste n'est autre que Sa volonté. Avance la tête haute, ton sabre dans la main droite, et frappe avec légitimité. Je suis à ta droite, mon roi. Je guiderai ton geste... affirmé-je en portant ma main sur son bras.

Un long silence imprègne cet instant suspendu, ou je me complais dans ce rôle d'épouse.
Si un infime extrait de doute m'animait concernant l'amour que pourrait me porter mon époux alors, son regard vient de le balayer sans difficulté.

Tandis que moi, je brûle pour lui. Si fort... si fort encore.

— Ô Balqis, je t'ai épousé pour toutes ces choses que je n'ai pas. Déleste toi donc de cette force pour m'en remettre un morceau. Tu as certes, les épaules fines mais elles possèdent une solidité sans équivalence.

Et puis lentement, le roi se lève et me surplombe de sa hauteur. Ses mains ne me quittent plus, tout comme ses yeux.

— Demain, je prend la route ainsi je m'absenterai quelques jours. Je pars avec Hakim, m'assurer que nos troupes sont prêtes pour le combat.

— La reine peut-elle accompagner son roi?

Il hoche négativement la tête.

— La Cavalière ne peut-elle pas s'assurer que ses tactiques militaires seront bien respectées? Après tout j'en suis l'investigatrice...

— La cavalière restera au Palais pour le moment, je n'en aurai que pour deux journées. J'irai verifier que les flottes sont suffisamment robustes pour traverser la mer, comme l'a assuré le capitaine qui les commande. Je dois également m'entretenir une dernière fois avec les troupes au sol qui serviront de diversion afin d'occuper l'Assyriade.

Voici exactement mon plan. Divertir l'ennemi sur la terre en le frappant aux frontières, pour l'attaquer silencieusement par les eaux, et prendre en otage Badran, son flanc, son coeur.





Mon époux a quitté le palais, le matin dès l'aube. Me voici dans les jardins en compagnie de ma mère et Nassim. Ce dernier s'amuse à tirer avec mon arc. Son geste est encore balancé par l'imprécision, mais je décèle un talent qui jaillit de ses gènes. Mon frère est le fils de Jamal Al Khatib, et bien qu'il ne l'ai jamais connu, voici un héritage qu'il lui a légué, par le sang.

J'observe mon frère. Lui qui grandit bien trop hâtivement, lui qui ne pose jamais de question sur son géniteur, comme s'il avait compris depuis toujours, qu'il n'avait rien de bénéfique à le connaître.

Ô Nassim je prie pour que tu deviennes ce grand homme dont tu aspires dans les profondeurs de ton coeur d'enfant.

La flèche qu'il tire dévie de la cible et se perd dans les jardins. Un crie se fait entendre. Je me relève immédiatement. Le son est celui d'un homme. Le visage de mon frère se part de terreur, quand il craint d'avoir malencontreusement touché quelqu'un.

— Nassim ! Qu'as-tu fait? s'inquiète ma mère en se relevant du banc sur lequel nous étions toutes les deux assises.

Nos yeux à tout les trois, cherchent activement le blessé jusqu'à ce qu'une silhouette s'approche calmement.

Un sourire aux lèvres et la flèche dans la main droite. Nous n'en croyons pas nos yeux. Les vétements poussiéreux, et le visage fatigué, le voici devant nous, reflétant avec évidence une longue traversée.

Nassim court dans sa direction, heureux de le retrouver. Et Sofiane ouvre ses bras pour l'accueillir contre lui.

— Tu es là, mon cousin. Tu m'as manqué, s'émerveille mon petit frère.

— Et toi, tu as bien faillit ne pas me manquer, avec ta flèche. Ta soeur a encore un peu de travail pour affiner ton maniement de l'arc, ajoute Sofiane en glissant son regard sur moi.

— Mon neveu ! lui adresse ma mère en avançant pas à pas vers lui.

— Tante Sabah ! L'air de Mador te donne bonne mine.

Maman le prend dans ses bras et Sofiane embrasse son front, un large sourire aux lèvres. Ses yeux dévient une nouvelle fois vers moi.

— Reine Balqis, me lance t-il en inclinant légérement la tête avec sérieux.

Je reste impassible. Le visage fermé, tandis qu'aucun de nous deux ne rompt le contact visuel.

Et puis... un sourire se glisse sur mes lèvres jusqu'à me faire éclater de rire.

— Reine Balqis? répété-je pour me moquer.

Mon cousin sourit à son tour.

— N'est-ce pas de cette façon qu'on appelle l'épouse du roi?

— Pas pour toi idiot. Moi, je suis ta soeur, l'as-tu oublié, dis-je en avançant vers lui.

— Alors dois-je de nouveau t'appeler Sirli, du nom de cette oiseau du desert au crie aigu, comme quand nous étions enfant.

— Fais-le donc, et je te punierais avec mon lance pierre comme quand nous avions sept ans.

Mon cousin rit à son tour avant de s'avancer vers moi.

— Content de te revoir, ma cousine. Être reine te va si bien.

— Je suis heureuse de te voir à Mador, nous n'avons pas été prevenu de ta venue. Dis-nous que tu es ici pour une bonne nouvelle.

— Effectivement je le suis. Celle d'avoir enfin pris mon courage à deux mains pour quitter Raqem.

Ma mère l'inspecte avec intéret.

— Raqem ne te convenait plus, mon fils?

— Raqem remplira pour toujours mon coeur et tout ce dont il aspire. Mais je l'ai quitté pour une toute autre raison.

— Laquelle? se precipite ma mère.

— Je veux combattre auprès du roi.

— Quoi?! Tu dis des sottises ! Ton rêve est de t'occuper des chevaux, tu adores ça depuis tout petit, S'étrangle sa tante.

— Il semblerait que ce rêve ne remplie plus mon coeur désormais. J'aspire à me battre pour libérer mon pays.

— Non non et non ! implore ma mère en attrapant les mains de Sofiane.

J'observe mon cousin avec précision.

— Maman, n'essaye pas de dissuader un homme quand il prend une décision guidée par son honneur.

— Balqis ! Ne le conforte pas, je t'en prie. Il n'a pas eu les enseignements qu'il faut pour s'engager vers une telle voie.

— Si Sofiane a fait le chemin jusqu'à Mador, c'est que sa détermination est suffisante. Je ne le dissuaderai pas, planté-je avec fierté.

Ma mère léve les bras au ciel en invoquant.

— Le voyage a du te fatiguer. Nassim va te conduire, jusqu'à l'aile réservée aux visiteurs. Là bas, on t'installera afin que tu puisses te reposer.

— Je t'en remercie...

Sofiane marque un temps.

— Le roi est-il là?

— Non, il rentrera demain.

Une fine déception se lit dans les yeux de Sofiane.

— Très bien, alors j'attendrai son retour afin de lui assurer mon engagement loyal dans ses rangs.

— Je suis certaine qu'il accueillera la nouvelle avec joie et fierté, dis-je.

— Ô Balqis... Tais-toi donc, se lamente ma mère.

Sofiane et moi rions à l'unisson. Ainsi j'ai huit ans à nouveau. Et je retrouve le sourire d'un frère qui m'avait terriblement manqué.





Nassim est heureux comme jamais. Il a passé la fin de la journée auprès de notre cousin. Il lui a fait visiter tout le palais, qu'il connait par coeur et mieux que moi désormais. Sofiane se laisse guider par le jeune garçon, amusé par ses commentaires plein d'insouciance.

Et depuis la fenêtre d'une de mes pièces, je les vois traverser les jardins de long en large jusqu'à se diriger vers les écuries.

Wafi. Il y a bien trop longtemps que je ne l'ai pas chevauché. Alors instinctivement, je quitte mes appartements après mettre perdu en m'imprégnant de l'odeur du roi.

Je retrouve Sofiane et mon frère postés devant les écuries royales, Saïd, le palefrenier, me salue respectueusement avant que mon cousine n'ait pu m'apercevoir.

— Reine d'Anjalar, que la paix soit sur vous.

— Et qu'elle soit également sur toi, noble Saïd.

— Si vous venez vous assurer que Wafi se porte bien, sachez qu'il se porte à merveille. Cependant trois jours sans vous voir l'a rendu nerveux.

Mon coeur se serre.

— Peux-tu me l'apporter, Saïd? Il me manque à moi aussi.

— Très bien ma reine, concède le brave homme d'une quarantaine d'années avant de s'éclipser.

— Eh bien... Tu as l'air bien accoutumé à porter la couronne, sourit mon cousin.

— Détrompe toi, je parais habituée mais il n'en est rien, éclairé-je en m'approchant de Nassim afin d'ébourrifer sa chevelure brune.

— Balqis ! Viens avec nous. Nous allons aller nous balader au bord de la mer. Sofiane n'a jamais vu la plage...

J'arque un sourcil en observant mon cousin. Après tout, je ne suis pas étonnée, je n'avais jamais vu la mer avant ma venue à Mador.

— La reine est priée de rester au palais, requête du roi, Nassim.

Mon frère fait la moue et puis un éclair de génie l'anime.

— La reine doit rester au palais.. Mais Balqis, elle... Elle peut nous accompagner non?

— Voyons petit frère. L'une n'est pas dissociable de l'autre.

— Ô Balqis, je t'en prie. Juste une heure. Une toute petite heure, le temps d'observer le couché de soleil et nous rentrons... Sofiane ne sera pas à Mador pour toujours quand il aura intégrer l'armée.

Les mots de Nassim sont aux portes de me convaincre et puis l'image de Juhayd me revient à l'esprit.

— Non je suis désolée. Allez-y sans moi.

— Je comprend, concède mon cousin avant d'attraper les rennes de son cheval.

Nassim souffle, visiblement contrarié.

— Allons-y Nassim, tu me montreras les plus beaux endroits. Tu seras mon guide à nouveau.


Je les observe s'éloigner jusqu'à ce qu'une crainte me rattrape. Juhayd a toujours accompagné Nassim lors de ses sorties au bord de l'eau.
Et l'image de mon jeune frère s'enfonçant dans un sable mouvant suffit à me persuader de les y rejoindre.

Je file vers mes quartiers afin de me delester de cette robe majestueuses de reine. Et me pars d'une tenue plus discrète et moins encombrante.

Devant les portes du palais, les gardes hésitent à me laisser sortir.

—Ma reine, le roi ne nous a pas fait part de cette sortie, annonce l'un d'entre eux avec réserve.

Je suis soufflée par cette parole. Depuis quand le roi annonce t-il aux gardiens du palais, ce genre d'autorisation.

— Le roi n'est pas là, soldat. Il ne peut donc pas connaître l'emploie du temps de la reine.

— Je le sais bien, ma reine. Cependant... Il est d'usage de consulter le roi avant de...

— Et le roi est absent. Ne suis-je pas figure d'autorité quand mon époux n'est pas là?

— Je...

— Réponds, soldat ! lui imposé-je.

— Oui, ma reine.

— Alors, cesse de t'inquiéter pour la reine. Et ouvre moi les portes. Oublies-tu qu'en plus d'être souveraine je suis une cavalière aguerrie.

— Je ne peux l'oublier... effectivement, consent-il en actionnant le levier.

Les grilles s'ouvrent lentement, tandis que je réside sur les hauteurs de Wafi.

— Soyez prudente, reine d'Anjalar. Si un mal vous touchait, le roi entrerait dans une colère sans précédant.

Je me contente d'hocher la tête, dissimulée sous mon voile et ces vêtements de cavalière que je ne porte plus depuis mon mariage. Ainsi, anonymement je traverse Mador, profitant de cette escapade solitaire.

Tout cela m'avait manqué.

Terriblement manqué.

Et quand je retrouve mon frère et mon cousin galopant sur un seul et même cheval, le long de la plage. J'incite Wafi à accelerer afin de les rejoindre. Me voici rapidement à leurs cotés, profitant silencieusement, de ce sentiment de liberté qui s'était cruellement absentée.

— Balqis? s'étonne Sofiane en tournant la tête dans ma direction.

— Tu es venue ? se réjouie Nassim.

—  C'est la crainte de vous savoir au fond d'un trou qui m'a convaincu à sortir du palais.

— Et comme tu peux le remarquer, nous allons bien. Ainsi tu peux retourner là ou le roi t'a demandé de demeurer durant son absence, m'invite mon cousin.

Je lève les yeux au ciel.

— Je ne vais pas rebrousser chemin alors que le spectacle du couché de soleil se montre devant nous.

Nos visage se tourne vers l'étendu qui nous fait face. Les teintes rosés et ocre du ciel et son astre de feu se reflètent sur l'eau claire.
Sofiane quitte le dos de son cheval, les yeux brillants et émerveillés.

— Gloire au Très Haut ! Gloire à Lui ! s'exclame t-il.

Nassim et moi le rejoignons subjugués par ce spectacle insaisissable.

—Voici l'une des qualités de Mador, qui me fait l'aimer, et qui apaise le manque de Raqem, dis-je.

— Je pourrais... oublier d'ou je viens, si un spectacle comme celui ci se montrait à moi, chaque soir...

— Tu ne pourras jamais oublier Raqem. Tout comme moi, Sofiane. Elle coule dans ce sang qui parcourt nos organes.

— Le village te manque? demande t-il en tournant son visage vers le mien.

— Éperdument...

— Pourtant ceux que tu aimes sont à tes cotés.

— Raqem est celle qui m'a vu naître. Je me suis forgée en plantant mes racines dans sa terre...

— Ne me dis pas que tu regrettes Balqis.

— Pas un instant. Je ne regrette pas ma venue à Mador. A vrai dire, je ne regrette rien. J'ai trouvé ici, une stabilité que je n'avais pas, et un homme pour qui j'ai changé... réponds-je avec pudeur.

Un sourire amère mais sincère se glisse sur les lèvres de Sofiane.

— J'en suis rassuré. Je n'aimerai pas entendre autre chose que des paroles comme celle ci. Tu es ma cousine et je souhaite ton bonheur.

— Merci.

Nous sommes interrompus par mon frère, qui a relevé le bas de son pantalon pour mettre les pieds dans cette eau froide.

— Sofiane, approche. La mer est fraiche.

Ainsi, mon cousin le rejoint et tout deux s'amusent comme le ferai deux frères. Je les inspecte avec nostalgie du temps passé... du temps où j'ignorais les sentiments de Sofiane. Et secrètement dans mes pensées, je prie pour que l'affection déviante qu'il me porte dans l'intimité de son coeur, soit délogée définitivement.

Ainsi il demeurera ce frère qui me manque, éternellement.

Un feu sur la plage a fait sécher leurs vêtements à tout les deux. Ces deux idiots étaient trempés jusqu'aux os.

Et c'est la tête reposant sur mes genoux à même le sable, que Nassim s'est endormi. Sofiane me fait face tandis que la nuit étale son obscurité terrifiante. Malgré tout je n'ai pas peur.

Jamais.

— Pourquoi choisir de t'enrôler dans cette guerre, Sofiane?

— Et pourquoi pas?

— Parce que je te connais depuis vingt-quatre ans. Et jamais, tu ne m'as parlé d'un quelconque intérêt pour l'armée.

Il hausse les épaules sans volonté de me convaincre.

— Les gens changent Balqis. Tout comme les aspirations.

— Tes aspirations étaient différentes. Les chevaux et le désert étaient ce que tu chérissais le plus...

— Il me semble que toi aussi, Balqis. Et pourtant tu as changé, me coupe t-il avec justesse.

— J'ai changé parce que je me suis mariée, Sofiane . Et tu le sais.

— Et moi j'ai changé car justement je ne me marie pas.

Mon coeur se serre.

— Après ton départ, ainsi que celui de Sabah et Nassim, Raqem a perdu son âme et sa chaleur.

Je ne dis mot.

— Ne te fourvoie pas, Balqis, je ne suis pas ici pour te tourmenter. Loin de là, c'est d'ailleurs Juhayd que je cherchais à rencontrer. Je... suis certain d'être plus utile dans les rangs de son armée. Combattre ou m'occuper des chevaux de la cavalerie... qu'importe la besogne qu'il me donnera, je l'accomplirai avec honneur. Ainsi mon esprit ne baignera plus dans les regrets et le passé...

— J'ai longtemps vécu dans le passé Sofiane, ne t'y perd pas. Je suis l'exemple vivant que cela peut détruire et forger de dureté. Balaie ces idées encombrantes et néfastes et laisse toi vivre pour cet instant présent. Il n'y a rien de plus réelle que cette seconde là, que la suivante et celle d'après...

Sofiane me fixe avec sérieux et puis il se perd dans un éclat de rire à lui rompre la mâchoire.

— Qu'on me pince... Je ne peux croire que c'est Balqis Al Khatib qui tient un tel discours.

Je ris à mon tour.

— Et pourquoi pas? N'as-tu pas dit il y a peu, que les gens pouvaient changer?

— Je l'ai dit... Je l'ai dit. Effectivement.

Nos rires ont réveillé Nassim. Alors nous décidons de rentrer. Mon frère repose sa tête sur la crinière du cheval tandis que nous rentrons dans un silence délicieux.

Retrouver Sofiane est finalement une bonne nouvelle. Après ces jours peu réjouissants, avoir une bouffée d'oxygène provenant de Raqem ne pouvait que me faire du bien.

Nous regagnons le palais et la reine retrouve ses appartements dans lesquels, elle passera sa première nuit sans la chaleur de son époux.

Et c'est seulement à cet instant solitaire, que je me rappelle combien je l'aime démesurément et combien je ne pourrai plus vivre dans un monde sans son image, sans son rire et sans ses paroles vibrantes.

Ô Juhayd, si tu pouvais m'entendre de là ou tu trouves... tu te hâterais de rentrer afin de m'entourer de tes bras puissants et réconfortants.





Hello les cactus du mois d'Avril.

Comment ça va dans vos chaumières?

On en parle du temps? Mois d'avril et je met encore des bottines ! C'est quand le temps des claquettes en fait? Lol

Bref...

Je suis KO technique là.

Je relis mes fautes de niveau Ce2. Et je vous poste tout ça.

Allez take care.

Faites vos devoirs d'école ou ceux qu'ils vous incombent de faire dans la vraie life.

A + dans le bus. ( arrêtez de frauder, pour une fois, prenez un ticket. J'ai des gosses à nourrir)

Cactus Doux.



Mdrrrrrr j'avais laissé les brouillons pour le prochain chapitre 🤣🤣. Pour ceux qui l'ont lu. Sorry pour le spoil.

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