Les Louboutin sont les meille...

By ApoliteElueau

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Quand tous les jours n'est que pauvreté, le rêve serait de gagner au loto, sauf si l'on vous initie à deveni... More

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By ApoliteElueau

En média : Money , de Pink Floyd.

Comme promis, il y a davantage de dialogues ici ! Et il en sera ainsi pour la suite. A partir du chap 3 il n'y a plus que 4 ou 5 pages.

Bonne lecture !

--

Apolite Élueau

*

Williamsburg. Ses trottoirs cabossés et quasi déserts paraissaient bien fades comparés aux buildings de Manhattan. Les façades des immeubles étaient défraîchies. Les quelques arbres qui trônaient misérablement sur les trottoirs rappelaient tristement à Alix que c'était ça son quartier à elle. Un lampadaire mal réglé était allumé nuit et jour à l'angle de sa rue, à côté du pressing. Elle se gara au pied de son immeuble et le regarda avec un goût amère dans la bouche, repensant au duplex des Moody. Ici, rien à voir : juste une façade grisâtre avec une peinture craquelée par endroit. Une fenêtre au quatrième étage était remplacée par une planche en bois. Ici, pas de porte-fenêtre, se mit-elle à penser, juste une planchette pour les courants d'air, qui heureusement se faisaient rares en cette saison. Cette fenêtre de fortune ne l'aurait pas tant affectée si ça n'avait pas été la sienne...

La lumière du porche s'enclencha quand Alix arriva sur le seuil de l'immeuble. Elle passa son badge et le bip retentit. C'était le même son que celui du duplex des Moody, mais derrière la porte en bois peinte, il n'y avait ni miroir, ni palmier. Il y avait simplement du carrelage aux motifs vieillots, et un interrupteur qui ne marchait plus lorsqu'on appuyait dessus.

Alix prit son courrier. Elle se retrouva avec beaucoup de prospectus et quelques enveloppes. Elle mit la publicité directement dans la poubelle à l'entrée où se trouvaient les mêmes exemplaires jetés par des voisins. Elle commença à regarder une par une ses enveloppes : toutes des factures, sans exception. En voyant ça elle leva les mains au ciel et s'exclama :

— Pourquoi ?

C'était très certainement ce courrier là qu'elle avait le plus envie de jeter, mais elle aimait assez son appartement pour ne pas se laisser aller à ses pulsions. Payer les factures était donc de mise. Elle souffla et continua à monter les quatre étages à pied pour muscler ses cuisses, qui selon elles étaient trop flasques.

— A moi la glandouille ! murmura-t-elle avec enthousiasme en introduisant la plus grande des clefs dans la serrure du milieu.

Elle tourna la clef deux fois vers la droite, et la retira constatant que la serrure du haut était elle aussi verrouillée. Elle n'eut pas le temps d'ouvrir, qu'un bruit de serrure se fit entendre de l'autre côté de la porte et bientôt un petit bout de femme aux yeux rieurs se trouva postée sur le seuil de sa porte, tendant les bras vers elle.

— Maman ? Qu'est-ce que tu fais chez moi, et avant moi ? s'exclama Alix les yeux écarquillés tandis qu'elle recevait une accolade à laquelle elle ne réagit pas.

— Surprise, dit-elle en la tenant à bout de bras.

— Est-ce que ça serait mon anniversaire ? demanda Alix en se frayant un chemin dans le couloir étroit dont le papier peint se décollait de plus en plus.

— Non ce n'est pas ton anniversaire chérie. Et puis, dis-moi depuis quand une mère n'a pas le droit de venir rendre visite à sa fille ? déclara-t-elle en claquant la porte.

— Quand elle ouvre la porte de l'appartement de sa fille à sa place ?

— Tu as toujours le mot pour rire Alix.

Pourtant elle ne riait pas...

Alix entra en trombe dans le salon et jeta son sac avec habilité sur la petite table basse en bois sculptée. A cet instant on entendit un petit couinement. Alix sursauta, cherchant du regard l'origine de ce bruit étouffé. Elle aperçut alors une collégienne, assise sur un pouf juste à côté de la table basse.

— Salut Alix, lança sa petite cousine avec un sourire qui lui donnait un air fier.

— Oh Yuliana ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Tatie Trish nous a fait entrer en douce.

— Tu devrais mettre ton double de clef ailleurs que sous ton paillasson, ça craint. Même moi du haut de mes treize ans, je sais ça.

Alix la dévisagea avec un rictus.

— Est-ce qu'on tombe mal ? demanda une voix rauque à l'autre bout de la pièce.

Alix fit volte-face et vit alors un homme au visage serein, les mains agrippants une bière posée sur ses genoux.

—Oncle Reed, s'exclama Alix en se jetant dans ses bras.

Alix faillit le faire tomber à la renverse sur la canapé en cuir usé, calé contre le mur prêt de la fenêtre.Quand il retrouva l'équilibre, il caressa sa barbe de trois jours. Alix l'avait toujours connue avec cette barbe, qu'il n'avait jamais entièrement rasée. Il regarda sa nièce avec les yeux plissés, comme pour la jauger. Ses yeux d'un marron foncé étaient intrigants. Alix avait toujours trouvé son oncle beau malgré ses cheveux sempiternellement en bataille et ses sourcils parfois broussailleux.

— Je comptais regarder Game of Thrones ce soir, avoua Alix. Mais te voir est encore plus divertissant.

Reed replaça une mèche de cheveux châtain derrière l'oreille d'Alix comme il le faisait depuis qu'elle était enfant. Puis il prit délicatement le visage de sa nièce entre ses mains et lui sourit.

— Tu es de plus en plus belle Alix. Pas de doute, tu es une Benson.

— Oh, Oncle Reed, tu as toujours su parler aux femmes toi, rit-elle.

Reed esquissa un sourire avant de la prendre dans ses bras, la bière toujours à la main.

Cela devait faire plus de six mois qu'ils ne s'étaient pas vus.

— Alors ça, ça m'étonnera toujours, s'exclama la mère d'Alix en entrant dans la pièce à petites enjambées. Ton oncle aura toujours le droit à un câlin, mais moi jamais à une simple bise ?

— Ne sois pas jalouse Trish, dit-il en serrant Alix plus fort contre lui. Ta fille a du goût, elle sait reconnaître les personnes qui en valent la peine.

Trish siffla pour toute réponse.

— Tes chevilles vont enfler papa, lança Yuliana en se passant la main dans les cheveux tandis qu'elle regardait une émission politique à la télé.

— T'es pas censée être fan d' un de ces boys band du moment à ton âge au lieu de regarder ça ? lâcha Alix en la voyant écouter avec attention.

Yuliana se tourna vers Alix, la bouche bée, le front plissé.

— Tu penses vraiment que j'ai du temps à perdre à écouter de la musique populaire tandis qu'il y a un conflit israélo-palestinien ?

Elle avait dit ça avec un air hautain, une moue aux  lèvres, ce qui avait totalement déformé son visage juvénile, la vieillissant effrayamment.

— Yuliana, ma chérie, susurra Trish en s'asseyant à côté d'elle. Tu es toujours si cultivée. C'est bien de voir le monde tel qu'il est. Tu grandis si vite ma beauté...

Reed prit la dernière gorgée de sa bière et la secoua devant le visage d'Alix.

— Il y en a encore dans le frigo Oncle Reed, là où tu as d'ailleurs trouvé celle-ci. Vous voulez quelque chose à boire ? demanda-t-elle en se tournant vers les filles.

Trish jeta un coup d'œil à sa montre abîmée. Il se faisait trop tard pour quelque chose de trop fort.

— Une tisane à la camomille pour moi, répondit-elle en caressant les longs cheveux blond vénitien de Yuliana qui s'était allongée sur ses genoux.

— Et toi ma puce ? demanda-t-elle à Yuliana qui se triturait la lèvre à chaque fois qu'elle entendait le mot guerre.

— Je vais prendre une tisane également, ajouta Yuliana de sa petite voix sérieuse.

— Je crois qu'on a affaire à un cas de Benjamin Button. En réalité ta fille est née avec une mentalité de femme de 80 ans, rit Alix en se tournant vers Reed. Elle rajeunira dans ses vieux jours

— Laisse-la donc tranquille, aboya Trish en fronçant les sourcils, ce qui lui dessina des rides profondes sur tout son front pâle. Elle a le droit de prendre la même chose que sa tante adorée.

Yuliana se redressa pour déposer un baiser sur la joue de Mrs. Benson et s'allongea à nouveau, entendant que le débat reprenait de l'ampleur.

— Je t'accompagne Alix, dit Reed en jouant machinalement avec sa bouteille de Desperados vide.

Ils se dirigèrent vers la pièce voisine : la cuisine.  Elle était assez petite, et toute en longueur. Il y avait une machine à laver et un sèche linge à l'entrée, qu'il fallait en partie esquiver pour entrer. Les murs étaient  de plus en plus jaunis par les vapeurs de la cuisine lorsqu'on s'approchait d ela cuisinière. Reed remarqua que tout était en un seul exemplaire, de la spatule en bois en passant par la poêle, la marmite et la casserole, etc.Il suivit Alix jusqu'au fond de la pièce où se trouvait une fenêtre à deux battants. Mais sur l'un des cadrants de fenêtre était fixée à l'aide de clous, la planchette de bois qui lui servait de vitre. Reed la regarda avec étonnement.

— Qu'est-ce qui est arrivé ?

— Un caillou aussi petit qu'un petit pois, répondit Alix en mettant de l'eau dans la bouilloire.

— On a caillassé ta vitre ? s'étonna Reed. Tu as déjà des ennemis à ton âge ?

— Oh...Des choses qui arrivent dans mon quartier. Mais ne le dis pas à maman. Je lui ai juste dit que je la faisais changer à cause de la moisissure qui s'installait dessus. Elle y croit depuis trois mois, ne fais pas tout capoter.

Reed siffla d'étonnement.

— J'ai pas assez d'argent pour la faire remplacer pour le moment, expliqua Alix en se tournant vers son oncle. Depuis que j'ai l'appartement, c'est assez dur.

— Trish m'a dit que tu avais un nouveau travail. Comment tu t'en sors ?

— Je travaille pour des gens assez fortunés à Manhattan. Rien de bien glorifiant. Je suis femme de ménage.

Reed balaya la pièce du regard avec les sourcils haussés, un sourire narquois aux lèvres. De la vaisselle jonchait l'évier. Des sacs plastiques étaient éparpillés sur le sol de la cuisine qui était assez collant. Des poubelles traînaient dans le coin derrière la porte de la cuisine. Cela faisait trois jours qu'Alix devait les jeter, mais la seule force qu'elle avait en rentrant chez elle, c'était celle de se mettre au lit ou d'appuyer sur un bouton de télévision.

— Oui, je sais. Au vue de l'appartement on ne mettrait pas sa main à couper que je suis momentanément femme de ménage. Et puis, vous êtes arrivés sans prévenir donc vous faites avec !

— Le forgeron est toujours le dernier à ferrer son cheval, comme on dit.

— Si seulement il a le temps de le faire..., ajouta Alix en regardant à nouveau sa cuisine qui lui fit honte cette fois-ci. Tu verrais leur appartement Oncle Reed, ajouta-t-elle avec un regard dans le vide.

— Celui de tes patrons ? Les Maudits ?

— Moody, rectifia-t-elle. Tu verrais à quel point leur appartement est...

Alix hocha la tête, sans réussir à terminer sa phrase. Puis elle fixa sa planchette de bois d'un regard éteint.

— Ce n'est même pas un appartement, c'est un duplex, cinq-cents mètres carrés par étage. Par étage ! Du parquet en acajou, des toiles qui valent à elles seules tout l'immeuble. Pour eux, pas de de bout de bois à la place des vitres, pas de souci pour payer les factures, pas de galères. Un appartement sans cafard tous les ans, ni plancher qui grince à trois heures du matin quand le voisin se lève...

Reed releva la tête d'Alix du bout de son index, et plongea son regard mystique dans le sien.

— L'argent ne fait pas le bonheur Alix.

Alix respira fortement en haussant les sourcils.

— Peut-être..Peut-être...Mais ça doit quand même sacrément aider !

Elle mit deux sachets de tisane dans une théière et attendit que l'eau frémisse dans la bouilloire pour l'éteindre.

— Et comment peux-tu savoir ? reprit Alix en versant l'eau chaude dans la théière. Personne n'est riche dans la famille. C'est vrai ! Qui a décrété cette phrase à la con : l'argent ne fait pas le bonheur ? Qui s'est plaint d'avoir de l'argent un jour dans sa vie ?

Reed haussa les épaules, et se retourna pour prendre deux bières dans le frigidaire dont les étagères étaient quasiment vides. Il en tendit une à sa nièce. Alix la prit avec nonchalance.

— Pour répondre à cette question de l'argent et du bonheur, je pense que le mieux c'est de voir comment sont les enfants de tes Moody là.

— Est-ce qu'ils sont heureux ?

— Je ne les connais pas. Aucune envie de les approcher un jour ces gosses. Je range tellement derrière l'une des deux, France, que j'aurais d'ores-et-déjà envie de la pulvériser si je la vois.

— En général, on ne voit les bienfaits et les méfaits d'une éducation bourgeoise que sur les enfants, car eux sont impérativement nés dedans. Alors que les parents ont souvent souffert pour en arriver là.

Alix écarquilla les yeux en prenant une autre gorgée de bière.

— On voit que tu ne connais pas ma patronne. Elle est née avec une cuillère en argent dans la bouche.

— Et ça lui réussit ? Je veux dire...psychologiquement ?

— Je pense que ce n'est pas quelqu'un de bon dans le fond dès le départ. L'argent n'y est pour rien. 

Reed prit soudain une voix plus sérieuse, plus rauque.

— Alix, je sais que tu as peur. Tes études ne t'ont pas fourni de débouchés que tu aimes pour l'instant mais ça viendra.

— Je suis sûre que maman va encore m'en parler ce soir, grogna-t-elle.

— Je lui ai fait promettre que non. Ça ne l'emballe pas non plus que tu sois froide avec elle à cause de cette histoire de travail. D'ailleurs pourquoi avoir démissionné de ton ancien poste ?

— Ça ne me plaisait pas. Trop de contraintes, de pression. Tu sais j'avais un de ces jobs qui t'accompagne le soir chez toi, et qui ne te lâche pas même quand tu franchis le seuil de ta porte, même quand tu es sous ta couette. Ce job devenait une seconde identité. Il fallait que je m'en aille, tu comprends ? J'ai pris ce que j'ai trouvé, il fallait bien continuer à payer le gaz et l'électricité, se justifia-t-elle avec un haussement d'épaule. C'est moins bien payé mais je ne me fais pas hurler dessus toute la journée. Pas de menace constante de renvoi si je ne rempli pas le quota mensuel. Mais ne t'en fais pas Oncle Reed je vise mieux que simple femme de ménage...Peut-être même un peu trop.

Reed s'adossa à un plan de travail en face d'Alix.

— On ne vise jamais trop haut. Quoi que tu décides de faire pour la suite, même si tu n'as pas une idée précise de ce que c'est pour le moment, c'est toi qui en seras la seule décisionnaire.

— Je veux juste la même chose que tout le monde : avoir assez d'argent pour ne plus avoir à me préoccuper du moindre centime.

— Dans ce cas demande-toi comment les gens riches sont devenus riches ? Tu as la chance d'être plongée au quotidien dans ce milieu. Observe. Tire le meilleur de ce que tu vois là-bas, analyse le mauvais, et promets-toi de ne jamais refaire les mêmes erreurs.

Alix prit la main de Reed. Elle avait été refroidie par la fraîcheur de la bière. Elle mêla ses doigts aux siens et serra sa main en lui soufflant:

— Parfois j'ai l'impression que tu es le seul à me comprendre sur cette misérable planète.

— J'ai été jeune aussi. J'ai suivi la voie que les gens m'ont conseillé de suivre, parce que c'est ce que les gens trouvaient qu'il y avait de mieux pour moi, alors que depuis le départ j'aurais du choisir ma voie, faire quelque chose que j'aime. Après j'étais  coincé, le cul vissé sur une chaise toute la journée à écrire des mails à des gens qui m'insultent à mi-mots dans leur courriel. 

—  Et c'est là que tu as ouvert le restaurant, compléta Alix.

— Exactement. J'ai fait ce que mon coeur me dictait.

Voilà pourquoi Alix aimait son oncle. C'était un homme sensé, plein d'expériences, qui ne la jugeait pas constamment, pas comme sa mère...

--

Hello los muchachos !

Voilà une autre partie de ce chapitre.  Vous commencez à mieux cerner le personnage d'Alix, ses ambitions, sa combativité, etc. Et croyez-moi elle va se battre cette enfant !

Au passage... Je vous décerne le prix de super warrior pour avoir lu ces 2 premiers chapitres qui je vous l'accorde sont longs ! Je n'ai réalisé que trop tard. ^^

En attendant n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! J'attends vos commentaires, votes, etc. :D  Bref, comme d'habitude, EXPRESS YOURSELF !

Peace !

♥♥♥

--

Apolite  Élueau


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