Alors que je marche seule dans les rues de New York, quelques regards se tournent vers moi à cause de mon visage ensanglanté, mais ne semblent pas interpellés. C'est Halloween ce soir et pas mal de monde porte un costume, alors je passe presque inaperçu. Je pense que je suis méconnaissable, car personne ne m'a pris en photo. N'empêche, il faut que je me nettoie. Alors, je rentre dans le premier bar qui s'offre à moi et me remercie mentalement de toujours garder quelques billets dans mon soutien-gorge.
Immédiatement, des regards se tournent vers moi. Je suis épuisée, fatiguée et j'ai mal. Oh et puis tant pis, j'irai nettoyer mon visage plus tard. Je pars m'assoir devant le comptoir.
- Qu'est-ce que je vous serre ? me demande le barman.
- Un gin.
Il acquiesce et me le verse. C'est alors que je remarque un homme assis pas loin de moi. Il boit un gin également et son regard semble perdu dans le vide. Il porte un déguisement de footballeur et ses muscles se devinent facilement sous son costume. Il a des cheveux et des yeux tellement noirs qu'ils semblent presque irréels. Lorsqu'il remarque que je l'observe, il tourne la tête dans ma direction et m'adresse un regard noir.
- Je croyais que c'était passé de mode de se déguiser en mariée zombie, lance-t-il sarcastiquement.
Je le fusille du regard. Ma robe blanche fait donc penser à une robe de mariée ?
- Parce que c'est mieux de se déguiser en footballer ? Ça ne manque pas un peu d'originalité ?
Il ne répond pas à ma question et se retourne face au comptoir en m'ignorant. Puis, il finit son verre et s'en va. Une sensation étrange s'empare alors de moi, j'ai comme le pressentiment que je serai amenée à lui reparler un jour. C'est très bizarre, parce que je n'ai pas envie d'avoir à nouveau une quelconque conversation avec cet homme impoli.
Je soupire et bois plusieurs gorgées de mon verre. Je grimace lorsque l'alcool entre en contact avec ma lèvre ouverte. Cependant, ça ne m'empêche pas de le finir en un temps record. Je le vois d'ailleurs si vite que ma tête recommence à tourner. Je préfère qu'elle tourne à cause de l'alcool que j'ai bu plutôt qu'à cause des coups que j'ai reçu.
Je me lève pour pouvoir utiliser les toilettes du bar mais mes pas ne sont pas assurés et je trébuche à plusieurs reprises. Je décide donc de retirer mes talons mais ça ne m'aide pas, j'ai toujours la tête qui tourne. Et petit à petit, des points noirs viennent flouter ma vision et je commence à perdre l'équilibre. Et soudain, je m'effondre, inconsciente.
**
Lorsque je me réveille, il fait jour et je suis allongée dans une chambre d'hôpital, seule. Un mal de crâne s'empare rapidement de moi tandis que mes yeux se remplissent de larmes. Je n'ai pas craqué hier soir mais maintenant ça y est, je pleure.
La porte s'ouvre sur mon père et j'ai peur que William ne l'accompagne. Heureusement, mon fiancé ne tient pas assez à moi pour s'assurer que je sois toujours en vie.
- Comment tu vas, Céleste ?
- Ça ne va pas. Tu peux le remarquer aux différents tons de bleu, rouge et violet sur mon visage.
Il reste muet quelques instants avant de reprendre la parole.
- Tu vas partir en vacances en Suède pendant un mois entier pour te reposer.
Traduction : tu vas partir en vacances en Suède pendant un mois entier pour que tu cicatrices sans que personne n'apprenne ce qu'il s'est passé.
Je n'ai pas la motivation de lui faire la réflexion, et l'idée de m'éloigner un mois entier de William est loin de me déplaire.
- Papa, je ne peux pas rester avec William. Il a failli me tuer hier soir.
Il secoue la tête.
- Non, tu ne vas pas le quitter. A l'avenir tu arrêteras de le provoquer et il sera gentil avec toi. Un mois loin de lui vous aidera à mieux vous retrouver.
Mes yeux se remplissent de larmes. Ça ne peut pas arriver. Je ne veux pas me remettre avec lui. Je ne me remettrai jamais avec lui.
Mais je ne dis rien tandis qu'il prend à nouveau la parole. Cependant je me promets une chose : jamais je ne retournerai avec William. Jamais.