Hi ! J'espère que vous allez bien?
Encore un immense merci pour vos commentaires et pour votre soutien incroyable. Merci d'être là et de suivre l'aventure de nos petites planètes. J'espère que ce chapitre vous plaira! ❤️
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CHAPITRE 8
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(War Of Hearts - Acoustic Version_Ruelle)
Chiara.
« J'arrive pas à croire que tu ai fais ça. » J'entends Zayn dire derrière moi.
Je souris discrètement, haussant simplement les épaules d'un air innocent. Zayn lève les yeux au ciel, un sourire le trahissant à son tour. On avance tous les deux dans le vaisseau, tentant d'être les plus discrets possible.
« On va en salle de réunion, il n'y aura personne. » Je chuchote à Zayn.
Ce dernier se contente d'hocher la tête et c'est peut-être pour ça que j'aime autant être avec lui. Il est peut-être le plus discret mais il est également, selon moi, un des plus intelligents. Il n'intervient que lorsqu'il trouve ça nécessaire. Et c'est réconfortant de savoir qu'une personne nous suit, quoi qu'il arrive, mais qu'elle ne nous laisserait pas non plus nous mettre en danger. Tant que Zayn n'intervient pas, ça veut dire que ma connerie n'est pas si grave que ça.
Nous arrivons finalement devant la salle de réunion et je souris fièrement en ouvrant les portes. Mais mon sourire s'éteint rapidement lorsque je découvre les deux personnes déjà présentes dans la salle. Liam et Eden sont assis autour de la table et regardent le plan des tunnels que nous traverseront dès demain, si tout se passe bien d'ici là. Si on arrive à la base neuf sans encombres.
Liam et Eden relèvent la tête vers nous, surpris, tandis que j'entends Zayn dire par dessus mon épaule:
« Il n'y aura personne, tu disais?
-Qu'est-ce que vous foutez? » Je lance aux deux imprévus de ma super soirée.
« On revoit le plan pour demain. » Me répond Eden.
« Et toi qu'est-ce que tu fous avec ces bouteilles d'alcool? » Renchérit aussitôt Liam.
Je souris, amusée, et expose encore plus fièrement les deux bouteilles que je tiens entre mes mains.
« Je les ai prise dans le dortoir des mentors. Ça a l'air d'être un dur métier.
-Et ils t'ont laissé faire?! » S'étonne Liam, les yeux grands ouverts.
« Bien-sûr que non. » Je pouffe.
Avant de rajouter:
« Je les ai endormi.
-Tu les as QUOI?! » S'exclame Liam.
« Oh ça va! C'est histoire d'être quitte, tu vois? Puis j'ai juste endormi Silas et Michael. Delilah est à l'infirmerie et, non, je n'ai pas endormi Madilyn qui est dans la salle de contrôle. Comme quoi je peux être raisonnable.
-Tu es... folle.
-C'est juste un petit emprunt. » Je réponds à Liam en levant les yeux au ciel.
« J'appelle plutôt ça du vol.
-Ouais et bien si quelqu'un pouvait venir voler le balais que t'as dans le cul je le suis en serais très reconnaissante. » Je réponds en posant les bouteilles sur la table, en face de Liam.
Ce dernier soupire et tourne la tête vers Eden, comme pour lui demander du soutien. Sauf que cette dernière, à ma grande surprise, sourit légèrement en lui disant:
« En soit, elle a pas tort. On pourrait se détendre un peu vu ce qui nous attend. »
Liam ouvre encore plus grand les yeux et je ne peux m'empêcher de sourire, amusée par la situation qui devient beaucoup plus interessante que je ne le pensais.
« T'es censé être de mon côté! » Il dit à Eden.
« Je croyais qu'on faisait parti de la même équipe maintenant, Liam? » J'interviens en ancrant mon regard dans le sien.
Une lueur passe alors dans son regard et je sais qu'il comprend à quoi je pense, à cet instant. Il repense, tout comme moi, à cette nuit où il m'a rejoint en dehors de l'orphelinat. On en a plus jamais reparlé, lui et moi. Mais ses mots tournent encore en boucle dans ma tête et, même si je préférerais que ça ne soit pas le cas, mon coeur se réchauffe bizarrement en me souvenant du fait qu'il est resté là, près de moi, à m'écouter pleurer sans bouger. Il est resté comme ça toute la nuit. Jusqu'à ce que je décide de me lever et de m'en aller.
Je déglutis légèrement en réalisant que je me suis perdu dans mes pensées et que mon regard est toujours coincé dans celui de Liam. Je me racle alors la gorge et tourne la tête pour lancer d'un air détaché:
« Alors, qui veut boire de l'alcool pour la première fois? »
Je n'attends pas leur réponse et retire le bouchon de la bouteille pour l'apporter à mes lèvres. Je prends une grosse gorgée avant d'éloigner la bouteille de la bouche et de me mettre à tousser. Le liquide me donne l'impression de me brûler la gorge et de réduire en miette chaque partie de mon intestin. Zayn apporte instinctivement une main dans mon dos pour le tapoter et, parce que c'est Zayn, je me retiens de lui dire que ce geste ne sert foutrement à rien.
« C'est comment? » Grimace Eden.
« Fort. » Je réponds en calmant ma toux.
Des larmes viennent perler aux coins de mes yeux et un rire résonne soudainement dans la salle. Le rire de Liam. Je tourne la tête vers lui, ancrant mon regard noir dans le sien lorsque je comprends qu'il se fout littéralement de ma gueule. Mais ça ne l'arrête pas pour autant et je tends alors la bouteille vers lui.
« A ton tour. »
Ses rires se calment et il n'a pas l'air rassuré lorsqu'il regarde la bouteille. J'agite alors cette dernière, le provoquant du regard, et Liam finit par l'attraper pour en prendre une gorgée. Son visage se déforme aussitôt dans une grimace qui m'arrache un rire sans que je ne puisse le contrôler. Liam me fusille du regard à son tour avant de rapidement se mettre à rire avec moi.
« Ok, je veux essayer. » Intervient Eden, arrachant presque la bouteille des mains de Liam.
« Passe la moi après. » Lui lance Zayn.
Et c'est comme ça que, sans même s'en rendre compte, on se met à boire et à rire tous les quatre.
Ignorant complètement le plan qui, pourtant, reste affiché sous nos yeux.
Ignorant volontairement ce qui nous attend.
✦
Luna.
J'entre discrètement dans l'infirmerie, regardant Delilah endormie sur le lit. Si elle se remet bien de ses blessures, elle reste tout de même épuisée. Mais elle reprend des forces. Ce n'est pas facile pour elle de se sentir aussi impuissante en ce moment mais je crois qu'elle a le droit de se reposer. Autant physiquement que psychologiquement.
M'entendant arriver, elle ouvre doucement les yeux avant de complètement tourner la tête vers moi en me reconnaissant. Je lui souris et tord mes doigts entre eux avant de lui dire:
« Je voulais venir te dire au revoir avant le départ. On part tôt demain matin alors... »
Delilah sourit tristement et hoche la tête avant de me répondre:
« Je voulais qu'au moins un mentor parte avec vous. Mais c'est apparement plus judicieux qu'on reste en retrait tout en étant prêt à attaquer si vous êtes en danger. Il y aura au moins Eliaz et Robyn en qui tu peux avoir confiance. Et je te promets que, même d'ici, je te protégerais. Au fur et à mesure que nous serons en contact avec de nouveaux rebelles on leur donnera des missions pour vous protéger et vous aider et...
-Je sais, Delilah. »
Mon mentor déglutit et s'humidifie les lèvres avant de baisser les yeux pour murmurer plus bas:
« Je suis tellement désolée, Luna. Tellement désolée d'avoir participé à tout ça.
-On ne t'a pas vraiment laissé le choix. » Je réponds, le coeur serré.
Nous avons eu cette conversation peu de temps après notre fuite. Silas est venu me chercher dans le vaisseau pour me dire que Delilah souhaitait me voir. A ce moment-là, comme tout le monde, je ne savais pas quoi penser de tout ça. Et peut-être que je ne le sais toujours pas. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a ce lien entre Delilah et moi. Elle m'a élevée dans la douceur et la bienveillance. Et j'ai compris pourquoi lorsqu'elle m'a raconté son histoire. Elle était l'une des meilleures médecins et sage femme lorsque Adelaide l'a recruté pour le projet. Adelaide avait fouillé dans les dossiers de Delilah. Elle savait que cette dernière ne pouvait pas avoir d'enfant. La fertilité étant devenue basse dans notre monde, Delilah en était victime. Mais son rêve avait toujours été d'être maman. Et Adelaide lui avait promis un enfant. Elle lui avait dit qu'ils cherchaient des personnes pour élever certains orphelins en parfaite santé à la base une. Et c'était si rare. Delilah le savait mieux que personne en faisant naitre tous les jours des bébés morts né ou avec de grosses malformations et de gros handicaps.
Elle voulait aider cet enfant dont on lui parlait.
Alors elle a accepté.
Sans savoir dans quel projet elle venait d'embarquer.
« Et tu n'as jamais eu le choix non plus. » Me répond Delilah, la voix tremblante.
Je me pince les lèvres, tentant d'ignorer la boule qui se forme dans ma gorge. Mais, rapidement, quelques larmes apparaissent dans mes yeux et je ne peux pas les cacher. Je hausse simplement les épaules, ne sachant quoi répondre. Parce qu'elle a raison. Je n'ai jamais eu le choix. Et je ne l'ai toujours pas. Si je refuse de rejoindre la rébellion, où est-ce que j'irais? Je resterais ici? Dans la base dix? Là où je finirais par manquer de provisions? Là où la base une viendrait me chercher facilement? Je n'ai pas d'autre choix que de suivre le groupe et de me battre pour, je l'espère, enfin me sentir libre un jour.
« On y arrivera, à sauver les autres bases. » Je dis, les larmes aux yeux mais déterminée. « On ira sur cette planète et plus aucune mère n'aura à culpabiliser de porter la vie, je te le promets.
-J'aurais aimé que la tienne sache à quel point tu es incroyable, Luna. »
Les larmes se mettent à couler sur les joues de Delilah et sur les miennes aussi. Je renifle difficilement et finit par me pencher pour embrasser le front de mon mentor. Une femme qui a prit une place bien plus importante que ça.
« On se revoit dans un monde meilleur. » Je lui dis doucement.
Un sanglot s'échappe d'entre ses lèvres et, rapidement, ses bras viennent s'enrouler autour de moi. Comme elle le faisait lorsque j'étais petite. Je la serre contre moi en retour, retenant les sanglots au fond de ma gorge. Je ne veux pas lui montrer que, en réalité, je suis terrifiée. Terrifiée à l'idée de ne plus la revoir. Terrifiée à l'idée de ne jamais atteindre ce monde meilleur.
Lorsque je sors de l'infirmerie, mes joues sont trempées et un regard est posé sur moi. Je relève la tête et voit Niall me regarder tristement. C'est lui qui m'a accompagné et je comprends rapidement qu'il m'a attendu. Puis, sans pouvoir le contrôler, je craque. Sous ses yeux, les sanglots se mettent enfin à sortir de ma poitrine. Niall s'approche alors de moi et, tout naturellement, je me laisse retomber dans ses bras. Il me serre contre lui avec une force réconfortante, me laissant enfouir mon visage dans son cou. Il comprend que je n'ai pas envie de parler. Et je n'ai pas besoin de le faire avec lui.
Nous restons de longues minutes comme ça, jusqu'à ce que je m'éloigne légèrement de son corps pour relever mon visage face au sien. Niall se pince les lèvres avant de timidement poser sa main sur ma joue, récoltant quelques larmes avec son pouce. Je souris tristement à son geste, un doux frisson traversant ma nuque.
« Si ça peut te remonter le moral, j'ai quelque chose de plutôt drôle à te montrer... »
Je fronce légèrement les sourcils et Niall me rassure avec un sourire avant de naturellement prendre ma main dans la sienne pour me tirer avec lui dans les couloirs du vaisseau. Lorsqu'on arrive devant la salle de réunion, j'entends des éclats de rire. Des éclats de rire? C'est un son rare, voir inexistant depuis que nous sommes arrivés ici.
« Regarde. » Pouffe Niall en me faisant avancer entre les portes ouverte.
Devant moi se trouvent Chiara, Liam, Eden et Zayn. Ils sont tous les quatre assis autour de la table, se faisant passer des... bouteilles d'alcool?
« Je ne sais pas ce qui me choque le plus entre l'alcool ou le fait que Chiara et Liam soient en train de rire ensemble. » Je murmure.
« Chiara et Liam, définitivement. » Me répond Niall en riant.
Son rire attire l'attention des autres qui n'avaient même pas remarqué notre présence jusqu'à maintenant.
« Coucou! » S'exclame Liam en souriant et en faisant un petit signe de la main.
« Vous avez soif? » Demande Eden en montrant une bouteille.
« C'est peut-être pas la meilleure idée en sachant que demain... » Commence Niall.
Mais il se fait rapidement couper par Chiara qui lui envoie:
« Ecoute, l'être humain n'a que des idées de merde. Nous sommes des êtres humains. Tu vois le rapprochement? » Elle termine en passant son doigt des bouteilles à Niall.
« Moi je veux bien essayer! » Je dis en m'avançant vers la table.
« Super ma petite lune! » Me lance Liam.
« Ne m'appelle plus jamais comme ça. » Je réponds en prenant la bouteille.
« Comment vous avez eu ça, en fait? » J'entends Niall demander en me rejoignant.
Un silence lui répond. Du moins, jusqu'à ce que Chiara échange un regard complice avec Zayn et qu'ils se mettent tous les deux à rire.
« Chiara a... » Commence Liam.
Mais, rapidement, Chiara plaque sa main sur sa bouche pour le faire taire.
« C'est pas dangereux une meuf bourrée qui contrôle le gaz? » Demande Eden dans un hoquet.
Aussitôt, Liam ouvre grand les yeux et retire rapidement la main de Chiara. Cette dernière éclate de rire, s'affalant presque sur la table.
« Oubliez ma question, je veux pas savoir. » Conclu Niall.
✦
Louis.
Assis à même le sol dans notre dortoir, je prends une grande inspiration, tentant d'ignorer la boule toujours présente au fond de ma gorge. La tête baissée et les jambes pliées, je ne fais que penser à demain. A ce départ qui, de nouveau, va tout bousculer. C'est horrible à dire mais il y avait presque un côté réconfortant à se retrouver dans cette base dix. Comme si tout avait été mit sur pause. Comme si les choses allaient se régler seules à l'extérieur alors que nous sommes en réalité les seuls à pouvoir changer la donne. Ce qui est ironique lorsque nous sommes en même temps le problème et la solution.
J'entends la porte des dortoirs s'ouvrir et, pendant quelques secondes, j'ai un infime espoir. Un espoir qui s'évanouit lorsque le visage de Polly apparaît. Et je m'en veux de ressentir cette déception lorsque Polly est la seule à rester à mes côtés ces derniers jours. La seule à qui je me confie sans réfléchir. Celle qui sèche mes larmes lorsque je craque. Qui écoute mes angoisses sans se plaindre.
Elle me sourit tristement, d'un air désolé, en comprenant la personne que j'ai espéré voir passer la porte à sa place. Je lui rend son sourire et, rapidement, elle se retrouve assise à mes côtés, adossées à la couchette derrière nous.
« Je suis passée devant la salle de réunion et, crois-le ou non, mais ils sont tous bourrés. »
Je fronce légèrement les sourcils, surpris. Et alors que je devrais me demander comment et pourquoi ils se retrouvent à être bourrés, la seule question qui me vient est:
« Harry aussi? »
Je ne sais pas si le regard de Polly est rempli de compassion ou rempli de pitié. Tout ce que je sais, c'est que je parais désespéré. Parce que c'est ce que je suis vraiment. Je ne m'étais jamais senti comme ça avant. Aussi paumé, aussi terrifié et aussi vide à la fois. J'ai l'impression de ne savoir faire que deux choses: m'énerver ou pleurer. Parfois les deux à la fois.
« Non. Harry n'était pas là. »
Je hoche simplement la tête, le regard perdu dans le vide. Nous ne nous sommes pas reparlé depuis que j'ai craqué, il y a cinq jours, lors de l'entrainement de tirs. Depuis, c'est silence radio. Un silence étouffant lorsqu'on est obligés de se voir tous les jours. C'est un supplice. Une torture d'être si près de lui, de croiser autant de fois son regard mais de devoir la fermer. Pire encore, de le voir lui ne rien dire. Je lui ai dis ce que j'avais sur le coeur. Il a entendu mes regrets et ma rancoeur. Il a entendu que j'avais besoin de lui. Que je comptais le protéger même s'il ne voulait plus de moi. C'est accepter cette possibilité qui me ronge l'estomac.
Comme si elle devinait mes pensées, Polly finit par me dire tout bas:
« Je suis sûre que Harry a besoin de toi. Mais il ne te le prouvera pas avec des mots. Je pense plutôt que tu le verras, le comprendra, lorsque ça arrivera.
-Pour l'instant, tout ce que je vois, c'est qu'il a besoin d'être loin de moi. Et d'être tout le temps avec Eliaz, au passage. »
Peut-être même qu'il est avec lui là maintenant. J'imagine Eliaz le réconforter avant le grand départ. Je l'imagine lui murmurer des mots, poser sa main sur son bras et ancrer son regard dans celui d'Harry. Et j'imagine ce dernier se dire qu'il a devant lui un homme qui ne l'a jamais trahit. Un homme qui sait se battre et qui, en plus, semble savoir quoi faire pour avoir ce qu'il veut.
Je déglutis à cette pensée et secoue la tête alors que Polly se tourne complètement vers moi pour me répondre:
« Harry a passé la semaine avec Eliaz pour en apprendre plus sur le pilotage. Et Zayn était avec eux aussi. »
Je hausse simplement les épaules. Je sais que je peux paraître ridicule à cet instant mais je n'arrive pas à faire autrement. Harry ne me parle pas, la base une veut le voir mort, Paul n'est plus là et demain on devra partir pour une guerre où nous ne sommes même pas sûrs d'arriver sain et sauf ni au complet. Je ferme les yeux quelques secondes, l'angoisse se mêlant à la tristesse.
Polly passe tendrement un bras autour de mes épaules et je me laisse retomber contre elle. Je prends une grande inspiration alors que sa main se perd dans mes cheveux qu'elle effleure du bout des doigts.
On entend d'ici les rires des autres et je me demande pourquoi les mentors ne sont pas encore intervenus. A moins qu'ils veuillent nous laisser profiter de cette dernière soirée. A cette pensée, je relève la tête pour voir Polly sourire doucement en écoutant les autres. Même si elle ne le montre pas, je sais qu'elle est angoissée elle aussi. Comme nous tous.
« Tu devrais les rejoindre. » Je lui dis alors.
Surprise, elle retrouve mon regard pour répondre:
« Non, je reste avec toi.
-Je sais que tu en as envie, Polly. Et je comptais me coucher, de toute façon. »
Elle hésite mais le léger sourire que je lui offre la fait tristement sourire en retour.
« Tu en es sûr?
-Oui, vas-y. » Je la rassure.
Nous nous levons tous les deux et, avant que je rejoigne mon lit, Polly vient me prendre dans ses bras. Je la serre tendrement contre moi en retour, humant son parfum doux et réconfortant.
« Merci d'être là. » Je finis par lui murmurer.
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(The Night We Met_Marianne Beaulieu, Justin Beaulieu)
Harry.
Une lampe torche à la main, je fais le tour de l'orphelinat.
Je fais le tour de mon passé en sachant pertinemment qu'il en manquera un bout à jamais. On ne riait pas souvent ici, mais ça pouvait arriver. Comme lorsqu'avec Gwendoline, on faisait des grimaces au plus petit pour leur faire oublier les cris de douleur dans la chambre d'à côté. Les pleurs se mêlaient alors aux rires et c'était un son magnifiquement cruel.
Je passe devant notre chambre et y récupère l'objet que je suis venu chercher. Je le glisse sous mon bras, lançant un dernier regard à la pièce. Nos nuits n'étaient pas toujours aussi calmes. Mais du plus loin que je m'en souvienne, on se collait l'un à l'autre, elle et moi. Depuis petits. Dès bébés, Esha nous mettait à côté. On se réchauffait. Elle disait même qu'on s'apaisait. Qu'on passait des heures à se fixer, à ce sourire. Lorsque l'un pleurait, l'autre pleurait aussi. Nos mains se cherchaient, s'agrippaient. Tout comme nos corps allongés l'un contre l'autre chaque nuit durant dix-huit ans.
Je renifle discrètement, passant une main sur mon visage avant de sortir de cette pièce que je ne reverrais sûrement jamais. Cette nuit, la haine a laissé place à la tristesse. A cette douleur intense qui me noue l'estomac alors que je sors de l'orphelinat. Je me mets à marcher au milieu de ces buttes de terre, ne sachant pas laquelle est la sienne. Mais sachant que chaque butte représente un enfant. Je pense à Ismael et une nouvelle larme coule sur ma joue.
J'aimerais pouvoir enterrer ma culpabilité avec eux. Mais c'est impossible. Elle est déjà enterrée en moi, se mettant à pousser à chaque nouvelle larme, comme la pire des fleurs qu'un Homme puisse porter. Ses épines font mal et, pourtant, on la laisse éclore, on la laisse prendre toute la place, on la laisse égratigner notre coeur au passage.
« Je ne sais pas si je reviendrais. » Je dis, comme si elle pouvait m'entendre.
Comme s'ils pouvaient tous m'entendre.
« Mais je vous promets de vous venger. » Je continue d'une voix tremblante.
Et, cette promesse-là, je ne me laisse pas d'autre choix que de la tenir. Parce que je leur dois ça. Je leur dois de tenir ma promesse pour une fois. Ça ne les fera pas revenir mais j'ai besoin de ça. J'ai besoin que ceux qui leur ont fait ça disparaissent. Alors je dois tenir. Quoi qu'il arrive sur notre chemin, je dois continuer d'avancer. Je dois atteindre la base une et tuer Adelaide ainsi que le commandant de mes propres mains.
Je prends une grande inspiration et m'humidifie les lèvres avant de tourner le dos aux buttes de terre. Je ne veux pas leur dire au revoir. Parce qu'ils sont déjà parti. Parce que je dois accepter que je n'ai pas eu le droit de leur dire au revoir et que je ne le pourrais plus jamais.
Je marche jusqu'au vaisseau, sentant mon coeur se comprimer dans ma poitrine. Je n'ai même pas la force de hurler. Je me contente de faire un pas après l'autre, éteignant ma lampe lorsque j'arrive dans le vaisseau. Je passe devant le centre de contrôle puis vers la pièce à vivre où je dépose ma lampe sur le table.
Mon coeur rate un battement lorsque j'entends un rire féminin briser le silence autour de moi. Pendant un instant, je crois encore halluciner. Je crois imaginer celui de Gwendoline. Puis les rires résonnent à nouveau et je m'approche de la porte ouverte qui donne sur la salle de réunion. Je me penche discrètement pour regarder à l'intérieur et une scène étonnante s'offre à moi.
Chiara, assise sur une chaise et une bouteille d'alcool entre les mains, rit doucement en voyant Liam endormi sur la table en face de lui. Si profondément endormi qu'il ne sent pas Niall dessiner sur son visage avec un stylo. Chiara lui demande de dessiner un pénis mais Niall n'ose pas. A côté de ce dernier, Luna somnole tout en parlant avec Eden qui lui redresse la tête à chaque fois qu'elle manque de s'endormir dans le vide. Zayn les regarde, les yeux brillants mais pas autant bourrés qu'eux apparement. Il échange quelques mots avec Polly qui rit doucement lorsque Chiara finit par arracher le feutre des mains de Niall pour elle-même dessiner sur le visage de Liam.
Ma première pensée est de me dire qu'on ressemblerait presque à un groupe d'adolescents normaux comme ça. Des jeunes riant ensemble, naïfs et insouciants. Bien loin de ceux que nous sommes vraiment, portant en nous des traumatismes et se devant de devenir de vrais soldats.
Ma deuxième pensée est de réaliser qu'il n'est pas là.
Je m'éloigne alors discrètement de la salle de réunion pour continuer mon chemin jusqu'aux dortoirs. Mon coeur se met à battre un peu plus vite sans que je ne puisse le contrôler. Mon estomac se retourne et je prends une légère inspiration avant d'entrer dans la pièce. De toutes petites lumières accrochées au mur éclairent faiblement la pièce. Je le vois alors, allongé dos à moi, sur sa couchette en hauteur. Je pense d'abord qu'il dort mais, rapidement, sa voix résonne faiblement dans la pièce:
« Polly, je t'ai dis que tu pouvais rester avec eux.
-C'est moi. »
A l'entente de ma voix, il se fige légèrement. Le silence reprend place et, lentement, il se retourne dans le lit pour me regarder. Mon coeur se réchauffe et se serre en même temps, comme à chaque fois que je croise son regard. Son regard qui est traversé par plusieurs lueurs lorsque je le surprend en m'approchant de son lit. Louis me suit silencieusement du regard jusqu'à ce que j'arrive devant lui. Les couchettes ne sont pas bien hautes. Elles arrivent au niveau du haut de mon torse. Louis au dessus de moi, sa tête se baisse pour me regarder, quelques cheveux retombant devant ses yeux. Il est beau.
Je me racle légèrement la gorge puis dépose devant lui l'objet que j'avais sous le bras. Louis fronce légèrement les sourcils, son regard maintenant posé sur l'objet en question.
« C'était le livre de Gwendoline. » Je murmure.
Louis relève son regard vers moi et je continue en le regardant:
« Je n'ai pas la force de le garder avec moi mais je ne veux pas le laisser là. »
Je sais que je n'ai pas besoin d'en dire plus pour que Louis comprenne. Son regard se met à briller un peu plus alors qu'il semble se perdre dans ses pensées, le temps de quelques secondes. Juste avant qu'il n'hoche la tête et qu'il me dise doucement en retour:
« J'en prendrais soin.
-Merci. »
Louis me sourit légèrement. Un sourire qui cache tellement de tristesse et qui, pourtant, retourne quelque chose en moi. On continue de se regarder, silencieux, jusqu'à ce que je le surprenne une nouvelle fois en disant:
« Je peux... »
Je ne termine pas ma phrase, regardant le peu de place qu'il reste à côté de lui. Louis suit mon regard et, lorsqu'il comprend, je pourrais presque entendre son coeur s'emballer. Ou alors c'est le mien que j'entends frapper contre ma poitrine. Je m'en veux presque de lui faire ça. D'être aussi instable. D'avoir besoin d'être seul et d'avoir soudainement besoin de sa présence cette nuit. La vérité, c'est que j'ai toujours besoin de lui. A chaque seconde qu'on passe ici et qu'on passera là-bas.
C'est juste douloureux de réaliser qu'il me reste encore des gens à perdre.
Des gens à sauver.
Je suis épuisé.
« Oui. » Finit par murmurer Louis.
Je le vois se pousser le plus possible vers le mur, s'en fichant complètement de ne plus avoir assez de place. Je me pince les lèvres et pose mes mains au bord de la couchette pour me soulever et m'y installer. Toujours sans un mot, je m'allonge aux côtés de Louis, tendant ma main jusqu'à la couette pour me recouvrir. Je suis dos à lui mais je peux sentir sa présence. Son odeur est partout. Sur l'oreiller qu'on partage, sur les draps, sur lui si près de moi. Sa respiration est plus rapide que d'habitude et la mienne aussi.
Je l'entends lâcher un long soupir. Un soupir de bien être. Un soupir qui me fait doucement frissonner.
Je soupire moi aussi, avant de fermer les yeux.
Je revois alors la surprise dans ceux de Louis lorsque je suis arrivé.
Je lui avais pourtant dit que Saturne était ma planète préférée.
lousombre
...
J'espère que ce chapitre vous aura plu...?
Le groupe devient plus soudé (pour les bêtises aussi apparement)!
Rapprochement entre Harry et Louis...!
Et le départ qui approche...
Je vous donne rendez-vous vendredi prochain pour le chapitre 9!
Encore merci infiniment d'être là. Je vous envoie plein d'amour.❤️