NINE || TOME 2 [L.S] ✓

By L_Oceane_S

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Gloire aux survivants. Couverture: @imalovelysugar #PROJETNine sur Twitter. More

UN MOIS.
J-4.
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Epilogue

Chapitre 4

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By L_Oceane_S

Hi! J'espère que vous allez bien?
Je tiens encore à vous remercier mille fois pour vos commentaires qui représentent tout pour moi merci infiniment de prendre le temps de me partager vos réactions, merci infiniment d'être là!
(Même si je suis pas ttes gentille avec ce début de tome 2...)
J'espère que ce chapitre vous plaira!❤️

...

CHAPITRE 4

(I found_Amber Run)

Harry.

J'avais un frère jumeaux.

C'est la phrase que je ne fais que me répéter alors que mes yeux me brûlent et que ma tête menace d'exploser. Je ne sais pas combien de temps est passé depuis que j'ai quitté le vaisseau pour revenir ici, à l'orphelinat, assis au milieu de ce qui était notre chambre. Assis, peut-être, sûrement, là où Gwendoline a lâché son dernier souffle. Son dernier sanglot. Là où ses dernières pensées l'ont traversées.

Je déglutis difficilement, incapable de fermer les yeux. Incapable de m'endormir alors que tout mon corps menace de s'écrouler d'épuisement. Ça fait combien de temps que je n'ai pas dormi? Depuis notre fuite. C'était il y a presque quarante huit heures. Mais je ne peux pas. Je n'y arrive pas. La sommeil ne vient pas, comme si je n'avais même plus le droit à ces quelques heures de déconnexion.

Peut-être parce que je fixe ce sang séché sur le sol, éclairé par le clair de lune. Ou peut-être parce que je pense aux révélations de Silas. A nos parents tués. A ce frère que je ne connaitrais jamais. Je n'arrive même pas à savoir ce que je ressens à cet instant. De la haine, c'est évident. De la tristesse aussi. Plus que je ne peux me l'avouer. De la douleur. J'en viens à me poser des questions si futiles au milieu de tout ce bordel. Comment aurait été ce frère? La couleur de ses yeux? Celle de ses cheveux? Est-ce que si ça avait été lui à ma place, il aurait fait les choses différemment? Est-ce qu'il aurait tout de même eu envie de sauver l'humanité ou est-ce que, tout comme moi, il aurait pourri de l'intérieur?

Nous étions pour notre mère des bébés. Mais dès notre naissance, alors qu'on poussait notre premier cri et elle son dernier, nous sommes devenu une expérience. Des chiffres. Un test. Un échec pour ce frère et une arme pour moi.

Je secoue rageusement la tête, ma nuque me faisant souffrir. Tous mes muscles sont figés, tendus, et il y a toujours ce sang séché sous mes yeux. Je n'arrive plus à penser correctement. Je n'arrive plus à démêler mes pensées qui passent de ma colère envers Silas, envers la base une, à ce frère jumeaux et à la mort des enfants de l'orphelinat. Ça fait trop. Beaucoup trop. Et en même temps ça a toujours été trop. Depuis ma naissance.

Trop de morts. Trop de douleur. Trop de haine.

Mon estomac se retourne violemment alors que je tente de prendre une grande inspiration. Mais c'est comme si l'air restait coincé dans mes poumons. Comme si on comprimait ma poitrine pour me rappeler à quel point ça peut être douloureux de respirer dans cet endroit où on a empêché tant d'enfants de le faire.

Un frisson traverse mes bras enroulés autour de mes jambes que je ramène jusqu'à ma poitrine. Il fait de plus en plus froid. Mon corps sait survivre à ce froid mais ça ne m'empêche pas de le ressentir. Alors je me recroqueville contre moi-même, me rappelant la façon dont Gwendoline s'accrochait à moi, ici-même, lorsqu'elle était encore là. Lorsqu'on était encore ensemble.

Ma gorge se noue à cette pensée et je ferme les yeux un instant. Je pourrais encore sentir son corps froid contre le mien tout autant gelé. Son souffle contre ma joue et sa respiration saccadée. Je peux encore ressentir la peur que j'avais de m'endormir et de me réveiller avec son corps inerte contre le mien. Alors je dormais déjà peu. Je me disais que, si son coeur lâchait, je devais être réveillé pour la réanimer.

Et son coeur a finit par lâcher, mais je n'étais plus là pour la sauver.

Un premier sanglot s'échappe de ma gorge. Puis un second. Je sens mon corps se détendre d'un coup. Je sens toute la tension me lâcher parce que je me mets à craquer. A craquer autrement qu'à travers la violence. Pourtant elle est toujours là, cette violence. Elle est dans chaque sanglot qui vient m'arracher la gorge. Elle est dans chaque larme qui vient noyer mes yeux. Dans chaque gémissement que j'étouffe contre mon poing. Dans chaque pulsation de mon coeur. Dans chaque spasme qui fait violemment sursauter ma poitrine.

Mais la violence, elle est aussi là. Elle est dans cette silhouette que je vois apparaître à travers ma vue brouillée par les larmes. Elle est dans ce visage que je reconnais sans réellement le regarder. Dans cette personne qui fait plusieurs pas vers moi, jusqu'à venir s'asseoir à mes côtés. Je sens une couverture être déposée sur mes épaules et je ferme les yeux quelques secondes en continuant de pleurer.

Oui, la violence est là aussi.

Et elle est plus forte que tout maintenant que Louis est à mes côtés.

Parce qu'il est si proche et si distant à la fois. Parce qu'il sait qu'il ne peut pas me toucher là où il était le seul à pouvoir le faire. Parce qu'il sait que je suis en train de craquer mais que tout ce que j'arrive à lui autoriser, c'est une fichue couverture enroulée autour de mes épaules. Parce qu'il sait que j'ai mal et que j'ai conscience que lui aussi mais que je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à ma propre douleur qui me paralyse à cet instant. Alors que Louis est là malgré les mots tranchants que j'ai pu lui lâcher.

« Pourquoi? » J'arrive à prononcer entre deux sanglots.

Un mot que je lâche avec colère et tristesse à la fois. Puis je tourne la tête vers Louis et rencontrer son regard larmoyant est encore plus violent. Pourtant, il ne craque pas. Il se retient. Je le sais. Je le vois. Sa lèvre inférieure tremble légèrement mais il arrive à maintenir mon regard sans s'effondrer à son tour.

« Pourquoi t'es là?! » Je continue.

Au fond de moi, j'ai l'impression de hurler. Mais je sais que, en réalité, ce n'est qu'un gémissement qui s'échappe d'entre mes lèvres. Une voix fatiguée, tremblante et fragile. Et, en même temps, je ne sais plus ce que je devrais crier à Louis. Lui crier que je me suis senti trahi? Ou lui crier qu'il avait raison lorsqu'il m'a répondu que je n'avais de toute façon jamais eu confiance en lui? Je ne sais plus à qui je dois en vouloir. A Louis d'avoir craqué sous la pression de la demande du commandant et d'Adelaide ou à moi de ne lui avoir jamais donné l'opportunité de pouvoir me faire confiance? Tout comme je ne me suis jamais autorisé à lui faire confiance en retour.

Pourtant c'est lui qui m'a suivi là où, moi, j'étais prêt à rejoindre une rébellion sans lui en parler.

« Je te l'ai déjà dis, ce soir-là. » Répond Louis d'une voix faible.

Je fronce légèrement les sourcils et il relève son regard vers moi pour me murmurer d'une voix dure et fragile à la fois:

« Je ne veux pas vivre sur une Terre où je peux te perdre. »

Mon coeur se serre violemment et, en même temps, il y a cette chaleur qui est encore plus douloureuse à cet instant. Parce que c'est cette chaleur qui me prouve que ce que je ressens pour Louis est aussi fort que cette haine au creux de moi.

Mais je ne sais pas comment les faire cohabiter dans un seul et même coeur.

Je laisse ma tête retomber lourdement sur le mur derrière moi. Les larmes continuent de couler mais les sanglots cessent petit à petit, à cause de l'épuisement qui me prend soudainement. Je sens le regard de Louis toujours posé sur moi. Et je ressens son envie de me prendre dans ses bras. Je ressens son envie que, moi, je ne le lâche pas. Mais je n'en ai pas la force. Et cette pensée fait couler de nouvelles larmes. Des larmes que Louis voit sans savoir qu'elles lui sont dédiées. Qu'elles sont des souvenirs de nos caresses et de nos baisers.

« Je sais que tu m'en veux, Harry. Et, honnêtement, je t'en veux aussi.

-Louis...

-Et je sais que tu ne veux pas qu'on ait cette conversation maintenant. » Il me coupe.

Je déglutis difficilement, ne le regardant toujours pas. Je sens les larmes couler sans jamais s'arrêter. Je les sens atterrir dans mon cou alors que la voix de Louis se met de nouveau à résonner:

« Je voulais juste que tu saches que je suis là. »

Heureusement. Je me surprends à penser au milieu de toute cette rancoeur.

« Qu'on est tous là. » Il rajoute plus doucement.

Et, en même temps qu'il prononce cette phrase, de nouvelles ombres apparaissent à l'entrée de la chambre. Je tourne lourdement ma tête pour regarder dans leur direction et, en même temps que je ne cesse de pleurer silencieusement, je vois les autres arriver. A travers mes larmes, je distingue d'abord Chiara qui vient s'asseoir à ma gauche. Puis Polly qui part s'installer aux côtés de Louis. Niall et Luna me regardent tristement avant d'aller s'allonger dans un coin de la chambre. Zayn prend le temps de regarder la pièce. De regarder mon passé. Puis il déglutit difficilement et vient s'accroupir en face de moi pour serrer mon genoux dans sa main avant d'aller s'installer près de Chiara. Lorsque Eden et Liam arrivent, ce dernier ancre son regard dans le mien. Et je n'ai même pas la force de lui rentrer dedans. De lui demander si ça fait mal de réaliser à quel point il s'était trompé sur toute la ligne? Parce que j'ai ma réponse dans le regard qu'il me lance. Oui. Ça fait mal. Je le regarde s'asseoir par terre, Eden à ses côtés.

Et c'est comme ça qu'on se retrouve tous les neuf assis au milieu de mon passé. C'est comme ça qu'ils découvrent ce qu'était mon quotidien. Les nuits glacées à dormir à même le sol. Ils s'allongent tous là où des enfants se sont allongés sans jamais se relever pour certains. Ils s'allongent au milieu de tâches de sang et de beaucoup trop de larmes. Mais ce qui est le plus douloureux, c'est qu'ils ne savent pas qu'ils s'allongent également au milieu de tant d'espoirs. De cet espoir qu'on avait en s'endormant. L'espoir d'être sauvé. D'être aidé. L'espoir que les premières bases finissent enfin par nous regarder.

Je sais aujourd'hui que c'est ce qu'elles faisaient déjà. Elles nous regardaient. Elles nous voyaient.

Et elles savaient que jamais elles nous aideraient.

Ces enfants, eux, ne le savaient pas.

Alors ils s'endormaient.

TW/Viol.

Chiara.

Je me réveille violemment, le corps tremblant. Pendant un instant, je m'imagine encore dans cette chambre, dans ce lit. J'imagine son corps à lui et le son de ses gémissements. C'est comme si j'étais enfermée dans mon propre corps. Comme si je m'hurlais intérieurement de garder les yeux fermer. De faire semblant de dormir. Je peux encore sentir le goût du sang dans ma bouche alors que je mordais l'intérieur de ma joue pour ne pas craquer et crier de douleur, de dégoût, d'effroi. Je tente de reprendre ma respiration alors que je regarde autour de moi, affolée. Mais ce que je vois en premier, c'est le corps d'Harry endormi à mes côtés. Il s'est endormi assis, recroquevillé sur lui-même et la couverture par dessus son corps. Ils dorment tous, allongés par terre ou assis. Du moins c'est ce que je pensais jusqu'à ce que j'entende un murmure en face de moi:

« Chiara...? »

Je tourne alors violemment la tête pour croiser le regard fatigué de Liam. Il est assis contre le mur d'en face et fronce les sourcils en me voyant dans cet état. Je réalise au même moment que mes joues sont trempées et que des larmes continuent de couler sans que je puisse le contrôler. Les images continuent de défiler dans mon esprit et je me relève rapidement pour sortir de la chambre. J'ai envie de pleurer, de hurler et de vomir. Je cours dans ces escaliers qui pourraient s'effondrer sous mes pieds. Je passe devant toutes ces tâches de sang et l'envie de vomir n'en est que plus forte.

Lorsque je sors de l'orphelinat, le vent glacial me frappe le visage. Mon visage tourné vers ce cimetière géant. Vers toutes ces buttes de terre qui cachent des corps d'enfants. Ça ne peut pas être la réalité. Ça ressemble à un cauchemar dont j'essaie de m'échapper. Ça ne devrait être que ça. Un cauchemar. Ils n'avaient pas le droit d'en faire une réalité.

Je devrais m'imaginer son corps à lui, enterré et bouffé par les vers. Parce qu'il est mort. Parce que je l'ai tué. Et, pourtant, lorsque je regarde ce cimetière en face de moi, c'est mon corps que j'imagine. Ce corps d'enfant qu'on a violé et souillé en m'enfermant à jamais dedans. J'ai l'impression que c'est moi qui suis morte. Qui suis enterrée si profondément que jamais je ne réussirais à en sortir. Comme si, à chaque fois qu'il me violait, il rajoutait de la terre sur ce corps d'enfant qui ne grandira jamais.

Je sursaute violemment en entendant des pas derrière moi. Et, lorsque je me retourne, Liam est en train de quitter l'orphelinat à son tour. Son regard inquiet croise le mien avant de se perdre douloureusement sur le cimetière derrière moi. A ce moment-là, la colère et la douleur se mélangent en moi et un rire nerveux s'échappe d'entre mes lèvres.

« Ça fait mal, pas vrai? » Je lance en me retournant complètement vers Liam.

Ce dernier ancre de nouveau son regard dans le mien et déglutit difficilement.

« Ça fait mal à quel point de réaliser que ton petit monde parfait est en fait dirigé par de gros enfoirés?! Ça fait mal à quel point de se rendre compte que tu estimais et défendais corps et âme des violeurs et des meurtriers?! Que tu faisais parti des leurs?!»

Je crache ces mots en m'approchant de plus en plus de lui. Son regard devient alors plus dur, tout comme les traits de son visage. Mon regard haineux et larmoyant ne le lâche pas et ma colère devient encore plus forte lorsque je vois des larmes apparaitre dans ses yeux.

« C'est tout ce que tu comptes faire, maintenant? Te mettre à chialer? Ou tu comptes encore dire que tu es désolé?

-Ta gueule, Chiara. » Il lâche, la mâchoire serrée.

Il secoue rageusement la tête et, avant même que je ne puisse rajouter quoi que ce soit, il reprend en plantant son regard dans le mien:

« Tu veux savoir à quel point ça fait mal? Ça fait mal à en crever, Chiara. Ça fait mal à en crever de découvrir ce que a vécu Harry et ça m'a fait tout aussi mal lorsque j'ai su que tu avais été violé. Ça fait putain de mal de savoir qu'on m'a élevé dans le mensonge et dans la manipulation. Tu ne veux peut-être pas le croire mais, ouais, j'ai mal aussi. Mais je ne compte pas jouer à celui qui souffre le plus d'entre nous. J'aimerais juste que tu réalises que j'ai le droit d'avoir mal, moi aussi. Que j'ai tout autant le droit de pleurer que toi parce que, ouais, tout ce que je pensais construire depuis ma naissance s'est écroulé. Cette désillusion est putain de violente. Pour moi comme pour les autres. Alors, ouais, je sais qu'on a pas vécu ce que Harry et toi avez vécu mais on a le droit de se retrouver complètement détruit et paumé parce qu'on est en train de découvrir, bordel! Alors, si, je vais répéter que je suis désolé que tu le veuilles ou non. Je suis désolé pour ce que tu as vécu parce que ça ne devrait jamais exister. Tu ne méritais pas cette horreur et personne dans ce monde ne le mérite! Je suis désolé de comprendre pourquoi tu m'as toujours détesté. Pourquoi Harry a toujours détesté mes propos. Et, en même temps, je savais rien de tout ça bordel! Alors vous pouvez me reprocher tout ce que vous voulez mais il y a une chose que vous ne pouvez pas ignorer, Chiara. »

Les yeux brillants de larmes, Liam tente de reprendre sa respiration avant de lâcher près de mon visage dont il s'est rapproché sans que je ne m'en rende compte:

« C'est que, dès que j'ai su, je vous ai suivi. »

Je déglutis, les larmes aux yeux et retenant toute ma colère au fond de ma gorge. Liam reste silencieux plusieurs secondes, me regardant simplement avant de soupirer et de rajouter d'une voix plus faible mais pourtant déterminée:

« Alors, non, je ne fais pas parti des leurs. Que tu le veuilles ou non, Chiara, on fait parti de la même équipe maintenant. »

Puis, sur ces mots, il me lance un dernier regard avant de retourner à l'intérieur de l'orphelinat. De dos, je le vois essuyer son visage avec sa main avant de disparaître derrière la porte d'entrée. Le noeud dans ma gorge se dénoue soudainement et de nouveaux sanglots s'échappent d'entre mes lèvres. J'essuie rageusement mes joues et n'arrive à rien faire d'autre que pleurer en retombant à même le sol, assise devant toutes ces buttes de terre.

Seulement quelque secondes plus tard, j'entends quelqu'un jurer avant que des pas ne résonnent de nouveau dans ma direction.

« Est-ce que tu veux que j'appelle Zayn ou Harry? » J'entends Liam demander derrière moi.

Je secoue négativement la tête, n'arrivant pas à contrôler mes sanglots.

« D'accord. »

Puis, sans que je m'y attende, Liam s'assoit à côté de moi.

Et, lorsqu'il prononce de nouveau cette phrase, je l'imagine la murmurer à cette enfant enfouie au fond de moi:

« Je suis vraiment désolé, Chiara. »

(Daylight_David Kushner)

Louis.

J'ai froid et, pourtant, ça doit faire trois heures que je suis là. A attendre que le soleil se lève. Devant cette butte de terre que j'ai moi-même formé. J'ai mal partout. Au dos. Aux jambes. A la nuque. A la tête. Aux yeux. Mais rien n'est plus douloureux que ce creux au fond de ma poitrine. La raison pour laquelle j'ai eu besoin de sortir de cette chambre. Ce n'est pas parce que je dormais mal sur le sol ou parce que je fixais ces tâches de sang.

Non.

C'est parce qu'il y avait Harry, si près de moi et si loin à la fois. Je l'ai senti se réveiller plusieurs fois dans la nuit. Et je me réveillais avec lui. Et c'était insupportable, de l'entendre renifler, de l'entendre étouffer des sanglots, de la savoir perdu entre cauchemar et réalité. Plusieurs fois, j'ai relevé la tête vers lui. Je l'ai supplié du regard de me laisser faire quelque chose. De me laisser l'approcher et le prendre dans mes bras même si je n'aurais plus été capable de le lâcher à ce moment-là. Mais son ignorance m'a bien fait comprendre qu'il ne le souhaitait pas. Pas maintenant en tout cas. Mais s'il ne le souhaitait plus jamais? Mon estomac se retourne de nouveau à cette pensée.

C'est tellement égoïste, mais j'ai besoin de lui. Maintenant plus que jamais. J'ai besoin de lui là où lui a besoin de silence et de distance. J'ai conscience qu'on ne gère pas tout ce qu'il se passe de la même façon. Il hurle son deuil, seul, là où moi j'aurais besoin de le pleurer dans ses bras.

Et moi aussi je ressens cette colère. Parce qu'il ne m'a rien dit. Parce qu'il était prêt à rejoindre cette rébellion en me laissant derrière lui. Parce qu'il ne m'a même pas laissé une chance de lui prouver qu'il pouvait avoir confiance en moi. Tout comme il ne m'a pas laissé l'opportunité d'avoir confiance en lui. Qu'est-ce que je dois penser, maintenant? Est-ce que je peux croire en lui? Ou est-ce que je dois m'attendre à ce qu'il décide d'agir seul à nouveau?

Est-ce qu'on a laissé Mars et Saturne dans la base une ?

Ou est-ce qu'il a voulu les détruire aussi en envoyant ses tornades?

J'ai grandi en devenant ce qu'on voulait que je devienne. Mais, avec Harry, j'étais qui je voulais être. On ne me demandait pas de le faire. On ne me demandait pas de ressentir cette chaleur au fond de mon coeur. On ne me demandait pas de craquer pour un sourire si rare et précieux à la fois. On ne m'a pas demandé de découvrir ces sentiments pour la première fois de ma vie. C'est arrivé parce que mon coeur l'a décidé, pas la base une.

Je me sens plus perdu que jamais et, pourtant, ce que je ressens pour Harry n'a jamais été aussi clair.

C'est cruel de le réaliser lorsque je peux l'avoir perdu à jamais.

Je n'arrive même pas à réfléchir à ce que je veux faire de ce projet. Lorsque je devrais me demander si je veux encore sauver l'humanité, j'arrive seulement à me demander si Harry compte nous lâcher pour se venger de son côté et ne plus entendre parler du projet ni de nous.

Ni de moi.

Je déglutis difficilement à cette pensée et renifle lorsque de nouvelles larmes s'échappent de mes yeux. Je les regarde retomber sur mes bras recouverts de frissons alors que, au loin, le soleil est en train de se lever. Et, moi, je ne sais même plus pourquoi je me lève. Tout ce que je sais, c'est qu'on doit attendre. Que deux personnes vont bientôt nous rejoindre. Des alliés. Et qu'on devra décider de ce qu'on compte faire. Mais il me parait impossible de réfléchir à quoi que ce soit.

Et parce que, à cet instant, je me sens plus seul que jamais, je regarde cette butte de terre que j'ai formé en me mettant à parler:

« Je suis désolé de t'avoir dit ça... » Je souffle d'une voix tremblante.

Je croyais que je pouvais compter sur toi pour me protéger.

« Je voulais pas que tu meurs. » Je lâche, la boule au ventre.

Je secoue rageusement la tête et renifle en continuant malgré la difficulté de prononcer ces mots à travers mes sanglots:

« Tu n'étais pas un rebelle mais tu as pris cette balle pour moi...Et... Et je voulais pas que tu meurs, Paul. Je te jure que je ne le voulais pas. »

Je déglutis difficilement alors que mes sanglots se font plus forts. Je gémis contre le dos de ma main que je plaque contre mes lèvres, fermant violemment les yeux.

Paul était ce qui se rapprochait le plus d'un père sur cette Terre et je l'ai perdu lui aussi.

Parce que, au fond de moi, je n'arrive pas à lui retirer ça. Malgré la cruauté de cette relation. Parce qu'il m'a menti. Il m'a manipulé. Il a fait parti d'un projet qui a tué mes vrais parents que je connaitrais jamais. Mais malgré ça, il y a ces souvenirs. Les souvenirs de toute une vie. De toute une vie avec Paul. Il m'a apprit à marcher, à parler. J'ai eu mes premiers sourires et mes premiers rires avec lui. C'est lui qui me rattrapait lorsque je tombais. Qui me consolait lorsque je pleurais. Je repense à la façon dont il s'intéressait à mes lectures même si ça n'avait rien à voir avec le projet. Ça avait toujours été plus qu'un projet à ses yeux, même si on le lui interdisait.

Et, ce qui me tue, c'est que, aux yeux des rebelles, il sera à jamais un mentor qui a payé pour ses actes.

Alors que, à mes yeux, il est et restera toujours Paul.

Celui que je suis en train de pleurer sur une tombe où son corps ne reposera jamais.

J'ai l'impression de devoir vivre ce deuil en secret. Et c'est pourquoi je suis venu me recueillir ici. Je pensais être caché des autres et, pourtant, lorsque mes sanglots se font moins bruyants et que les larmes continuent de couler silencieusement, j'entends des pas se rapprocher de moi. Je tourne la tête par dessus mon épaule et mon coeur rate plusieurs battements en voyant Harry derrière moi.

Son visage fatigué est tourné vers la tombe que j'ai inventé pour Paul. Je n'ai pas écrit son nom mais je sais qu'Harry le comprend immédiatement. Il la fixe, sans émotions. Et je ne m'attend pas à ce qu'il pleure la perte de Paul avec moi. Parce qu'il ne le fera pas. La haine qu'il ressent au fond de lui englobe toute la base une. Et Paul avec.

Lorsque Harry s'éloigne sans un mot, je me pince les lèvres pour retenir un nouveau sanglot. Mais, rapidement, je le vois de nouveau s'approcher et passer devant moi pour s'accroupir devant la butte de terre. Je fronce légèrement les sourcils puis mon coeur se réchauffe et se serre en même temps lorsque je vois une fleur morte entre les doigts d'Harry. Il n'y a que ça ici. Des fleurs fanées pour les rares qui ont réussi à pousser.

Et Harry est en train d'en déposer une sur la tombe que j'ai crée pour Paul.

« Pourquoi? » Je murmure de la même façon qu'il l'a fait avec moi cette nuit.

Harry tourne enfin la tête vers moi et ça fait autant de bien que de mal d'enfin croiser son regard. C'est comme respirer à nouveau mais en sachant que viendront bientôt de nouveaux sanglots. Mon coeur bat fort mais chaque pulsation me fait mal. Mes larmes me brouillent la vue mais je ne veux pas détourner le regard et prendre le risque de perdre celui d'Harry.

« Parce qu'il t'a sauvé. » Il finit par murmurer.



...

J'espère que ce chapitre vous aura plu...?

Ils restent tous dormir avec Harry...

La conversation entre Chiara et Liam?

Et, même si c'est compliqué, des moments entre Harry et Louis...

Désolée pour les personnes que je frustre avec leur relation mais je veux prendre le temps de bien décrire ce qu'ils ressentent et de montrer les conséquences psychologiques de ce qu'ils sont en train de vivre. Louis a besoin d'Harry mais Harry a besoin d'être seul aussi...!

Mais ce n'est que pour de meilleurs et beaux moments promis.😇

J'espère que le prochain chapitre vous plaira!

À vendredi prochain et encore merci infiniment!❤️

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