Je vais vous proposer 5 mots imaginaires. À vous d'en créer la définition comme dans un dictionnaire, sans oublier d'y incorporer des exemples d'utilisation qui peuvent tout à fait être fantasques, horrifiques, poétiques... Pour les plus inspiré·e·s d'entre vous, vous pouvez ensuite créer un texte qui les utilise tous !
Néologismes que je vous propose :
- jarnélisation
- trabalette
- masibaphore
- wafaelite
- endénodroncule
À vous de jouer !
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Voici mes propositions :
– jarnélisation : nom féminin. De « jarnel », adjectif qualifiant la chair dure et froide des jarres de terre cuite. La jarnélisation consiste donc en un processus métaphorique par lequel on place dans une jarre imaginaire les expériences sensibles de la vie pour les conserver. Sorte de mémoire visuelle psychique pour souvenirs sensoriels.
Ex. : « Pour garder à tout jamais une trace des sensations de sa première fois avec l'amour de sa vie, il avait décidé de conserve avec sa partenaire la jarnélisation de leur expérience : dès lors, il leur suffirait d'entrouvrir la jarre mnésique de cet épisode fondateur de leur intimité pour la revivre avec intensité, en solitaire ou en couple, afin de la revivifier et ainsi réenchanter des sensations du début une relation qui s'usait fatalement avec le temps. » (Revue « Futurascience », mars 2035).
– trabalette : nom féminin. Dérivée du substantif « travail » affublé du suffixe ridiculisant « -ette », la trabalette est un instrument de musique polymorphe qui consiste à détourner ses outils de travail pour produire une musique engagée contre le travail lui-même. Ce phénomène est né en réaction aux lois réactionnaires libérales capitalistes mises en place à la fin du XXe siècle et au début du XXIe dans toutes les démocraties occidentales jusque là soucieuses du bien commun. On a alors assisté à des mouvements sociaux inédits donnant lieu à des concerts improvisés de jazz-trabalette dans toutes sortes d'entreprises.
Ex. : « Un jour, le chef avait hurlé une fois de trop, et chacun dans l'usine s'était emparé de sa clef à molette, de son balai, de sa souris d'ordinateur, de son transpalette pour jouer le plus grand concert de trabalettes qu'on ait jamais entendu de mémoire d'esclavagiste capitaliste. » (« La révolte des machines », roman de Georgina Orwelsh, 2043).
– masibaphore : adjectif ou nom masculin dérivé du bambara, langue d'Afrique de l'Ouest. Masiba signifie « maladie », « catastrophe » ou « accident ». Le masibaphore est donc le porteur de maladie, de catastrophe, d'accident. Ce terme s'est développé pendant la révolution populaire des Clartés noires, en Afrique, à partir des années 2040, afin de désigner les puissances financières de l'Occident blanc qui imposaient leur mainmise sur ce continent en théorie libéré de l'esclavage et de la colonisation, mais dans les faits toujours sous la coupe de leurs anciens colons via un système économique qui verrouillait les possibilité d'émancipation des autochtones.
Ex. : « Les masibaphores furent soudain identifiés, désignés à la vindicte populaire, et les richesses qu'ils avaient spoliées furent confisquées et nationalisées ; on considère cet épisode comme la dernière étape de la mue engagée par les philosophes de la négritude qui avaient anticipé la révolution de l'Africain comme inéluctable et nécessaire. » (« Courrier international », juin 2057).
– wafaelite : adjectif et nom masculin désignant ce qui relève du wafaelisme, ce culte développé autour de la personne de Wafa, administratrice de groupe social qui s'est illustrée par son originalité dans la modération, mélange de fermeté, de bienveillance, de créativité et de disponibilité. Le wafaelisme s'est ensuite théorisé autour de nouvelles techniques de management favorisant le respect, l'émancipation et le vivre-ensemble. Le wafaelisme est désormais hégémonique et reconnu comme un bienfait de l'ère numérique.
Ex. : « Du jour au lendemain, le wafaelisme essaima, et les wafaelites se répandirent sur Internet, endiguant la haine, la méchanceté et la bêtise à grand renfort de patience et de discours raisonnables mais fermes qui ne laissèrent plus en paix le moindre hater, le moindre conspirationniste, le moindre prédateur. » (« Histoire du net 4,6 », Gabriel Dragoon, 2032).
– endénodroncule : nom féminin désignant un petit dinosaure réapparu au milieu du XXIe siècle, lorsque le permafrost a fondu, libérant dans l'atmosphère virus, bactéries et autres organismes vivants disparus depuis des millions d'années. Conservé à l'état de larvules, les endénodroncules ont donc soudainement éclos par centaines dans les steppes dégelées de Russie, lâchant sur les populations une meute de ces dinosaures ressuscités affamés et redoutables contre lesquels l'armée rouge s'est révélée impuissante. Une rumeur persistante prétend qu'il s'agissait d'une expérimentation menée par le FSB sur ordre de l'Empereur Vladimir Poutine afin de créer une armée de reptiles capable de semer la panique chez ses ennemis limitrophes, mais aucun document sérieux n'atteste la véracité de cette hypothèse. Toutefois, et sans que les scientifiques puissent se mettre d'accord, il semble que cette résurgence de la préhistoire se soit éteinte aussi vite qu'elle était réapparue. Apparemment, l'endénodroncule qui a dévoré Vladimir Poutine serait tombé malade des suites de sa consommation de cette viande avariée corrompue par la haine et la folie, et que toute l'espèce reptilienne se serait éteinte en quelques jours avant que cette invasion ne puisse se répandre hors des frontières russes. À l'heure actuelle, les experts étudient encore le fonctionnement de cet étrange phénomène.
Ex. : « Les endénodroncules n'existent pas. D'ailleurs, ils n'entreront jamais dans Moscou. En tout cas, il n'envahissent pas la capitale. Moscou est envahie. Partout, les habitants et les forces de l'ordre résistent vaillamment et triomphent. Nous plions sous l'assaut. Nous sommes submergés. Le Kremlin ne tombera pas. Il n'est pas tombé. Il est tombé. La Russie éternelle survira. Elle vacille. Elle agonise. Argh. » (« Russia Yesterday », mars 2028, journal satirique ukrainien).