Défis et autres accidents heu...

Por quatseyes

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A l'occasion de mon 100ème abonné, j'ai proposé à ce nouveau venu de me lancer un défi. Il n'en fallait pas p... Mais

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Rêvolution 360°

13 2 19
Por quatseyes


Projet


Ce récit est né d'un défi : celui de créer une histoire en liant ensemble de manière cohérente six éléments a priori inconciliables.

Il fallait ici associer deux personnages — une révolutionnaire et un scarabée bousier —, deux lieux — un Coccimarket et un pas de tir de fusée —, et enfin deux objets — un chausse-pied et une tondeuse à gazon.

De la confrontation de ces six termes hétéroclites devait donc jaillir un récit original et cohérent.

À vous de juger !




Rêvolution 360°


Marie n'en finit plus de pester derrière sa tondeuse à gazon.

Jour après jour, la belle saison lui laisse les mains calleuses malgré les gants, et elle a perpétuellement un goût d'herbe dans la bouche.

Si au moins elle pouvait conduire la tondeuse autoportée ! Mais ce salopard de Zem refuse de lui laisser le volant. « C'est pas ce genre d'engin dont t'as besoin entre les cuisses ! », qu'il répète à chaque fois, quand elle retente sa chance. Chaque fois, elle a envie de le jeter par terre et de lui rouler sur la gueule avec son précieux engin.

Mais elle se retient.

Depuis qu'elle a laissé comprendre au détour d'un échange durant une pause qu'elle vivait en couple avec une autre femme, les plaisanteries graveleuses n'ont cessé, notamment autour de cette idée fixe qu'ont certains mecs à propos des femmes qui aiment les femmes et qui seraient donc forcément partantes pour un plan à trois avec n'importe quel abruti libidineux... Alors elle s'est retrouvée préposée aux gazons... Une blague de plus de Zem, dont la face de rat aurait déjà disparu au milieu des déchets verts si elle avait laissé cours à sa fureur.

Mais une femme est douce, paraît-il, et la violence l'apanage des hommes. Elle se conduit donc de la manière la plus civilisée possible, mais elle guette avec impatience l'opportunité de demeurer dans la gestion des espaces verts mais ailleurs, dans une autre boîte, pour un autre patron que ce préhisto en salopette verte.

Demain, leur équipe s'implante sur un terrain qui la réjouit par avance : un projet de golf. Oh, ce n'est pas qu'elle aime particulièrement ces grandes plaines rasées qui confisquent les surfaces cultivables et l'eau pour quelques poignées de riches qui confisquent eux-mêmes les ressources des autres, mais le terrain est si vaste qu'elle a l'assurance de ne pas avoir ces primates en rut dans les jambes tandis qu'elle tond inlassablement des greens trop verts pour être décents en plein réchauffement climatique.

Parfois, elle espère être encore en vie quand la guerre de l'eau atteindra l'Occident et qu'elle pourra assister à ce grand moment où l'on plantera les têtes des riches sur des clubs de golfs afin de condamner l'accès à ces aberrations écologiques et sociales.

En attendant, elle tond des pelouses, respirant les débris d'herbes, mâchonnant les débris d'herbes, recrachant les débris d'herbes.

Le lendemain, tandis qu'elle prend position à une extrémité de l'un des dix-huit futurs parcours, Marie s'interrompt, l'œil irrépressiblement attiré par un petit objet noir et brillant un peu plus loin sur la pente. Intriguée, elle s'en approche et s'agenouille à côté du mystérieux bidule qui luit dans l'ombre verte.

Un scarabée !

Soudainement renvoyée à l'état de môme, voilà Marie qui se retrouve à quatre pattes le nez presque contre le sol pour mieux admirer la petite bête qui, tel un Atlas minuscule, pousse derrière elle une boule terreuse plus grande qu'elle. À cette distance, Marie peut deviner les fumets forestiers qui émanent de la sphère de déjections tassées dans laquelle l'insecte a pondu ses œufs.

Plusieurs minutes, Marie observe en silence, envahie par la poésie brute d'une nature immuable et des énigmes qui l'animent. Où va donc le gros coléoptère cuirassé avec cette planète plus grosse que lui et qui contient tous ses espoirs ? Pourquoi monte-t-il la colline ?

D'ailleurs, un petit accident du terrain dévie le précieux chargement, qui dégringole aussitôt quelques centimètres plus bas. Plus vif que sa masse chitineuse ne le laisse prévoir, la mère courage se précipite derrière son fardeau, Sisyphe en panique poursuivant son destin implacable et éternel, s'y accroche et stoppe sa dégringolade avant de reprendre péniblement l'ascension.

Une voix lointaine la fait sursauter — le gueulement de Zem qui la rappelle à l'ordre : il faut qu'elle se mette au travail. Sauf que démarrer la tondeuse la place face à un dilemme inattendu : obéir à Zem et risquer de broyer ce superbe scarabée bousier, ou bien désobéir à Zem et risquer un esclandre pouvant fort bien déboucher sur un licenciement pouvant fort bien la conduire à une misère financière qui pourrait fort bien la jeter à la rue où elle pourrait fort bien devoir se résoudre au pire pour simplement survivre.

A priori, le choix n'est pas si cornélien.

Sauf que le scarabée est magnifique.

Sauf que son effort démesuré et désespéré a quelque chose de sublime.

Sauf que cette femelle scarabée est en train de faire ce que Marie n'ose pas faire : quelque chose de sa vie. Alors, certes, Marie n'a pas envie de pondre tous ses œufs dans la même bouse, mais il y a tant de rêves à poursuivre, tant de combats à mener...

Fouillant dans ses poches avec fébrilité, Marie prend conscience que ce qu'elle cherche n'est pas sur elle, et elle se précipite sur le camion de l'entreprise. Elle a laissé sur sa place son sac à dos avec sa gamelle pour ce midi. Vidant frénétiquement ses affaires sur la banquette, elle pousse un petit cri de triomphe en découvrant la boîte en plastique pleine de salade composée. Riz, tomates cerises, maïs, tofu fumé grillé, concombre, poivrons et olives vont prestement s'écraser sous un buisson bordant le parking, mais, comme prise d'un doute ou d'un remords, Marie replonge à quatre pattes sous l'arbuste pour récupérer une feuille de salade avant de remonter au pas de course la petite colline verte.

Approchant de la zone où elle a observé le petit animal, elle se met à avancer à pas précautionneux afin de ne pas risquer de l'écraser par inadvertance en piétinant les touffes d'herbe. Enfin, un éclair noir frappe son regard, et la voilà de nouveau à quatre pattes, prélevant délicatement l'insecte et son précieux chargement pour les déposer avec douceur sur la feuille de salade. Puis, sans perdre de temps, elle se dépêche d'aller entreposer sa boîte à l'abri dans le camion. Au moment de repartir, elle se fige et secoue la tête en soupirant d'agacement avant de plonger la main dans son sac pour en sortir un couteau pliant avec lequel elle perce le vivarium improvisé. Enfin, elle range le tout dans son sac et entrouvre les fenêtres de l'habitacle.

Tout le reste de la journée, elle pousse la tondeuse avec l'impression de transporter vers le zénith l'œuf de tous les possibles, et elle ne voit pas le temps passer. Au retour en ville, quand la camionnette s'arrête devant le Coccimarket, Marie ignore comme d'habitude les lourdeurs maladroites de ses collègues et saute lestement du véhicule avant de s'enfoncer dans la grosse épicerie.

— Salut, Ahmed ! lance-t-elle avec entrain au jeune homme qui tient la petite caisse antédiluvienne. Comment tu vas ?

— Très bien, cheffe ! Et toi ? La ville est plus belle grâce à toi ?

Marie lui sourit et lui adresse un clin d'œil. Depuis qu'elle fréquente son magasin, Ahmed a toujours été adorable, et sa bienveillance comme ses paroles réconfortantes lui font toujours comme un baume au cœur, comme si la gentillesse légère de cet homme arrachait la couche sale laissée sur sa peau et sa conscience par tant de mâles grossiers. Elle est amoureuse d'une femme, certes, mais Ahmed lui redonne un peu foi en cette moitié d'humanité qui porte ses couilles en bandoulière en feignant de croire que tout le monde veut les toucher pour se porter bonheur.

À l'abri d'un rayon, Marie pianote adroitement sur son Fairphone, seul luxe qu'elle se soit accordé et seule concession à la modernité suicidaire de ce monde qui s'autodévore. Elle veut savoir quoi acheter à son scarabée pour qu'il ne meure pas de faim. La feuille de salade ne saurait longtemps satisfaire son appétit.

Soudain, Marie se fige et se mord la lèvre. Elle réfléchit, hésite, puis son visage se crispe sur une expression de détermination farouche, et la voilà qui se dirige vers le rayon des produits pour animaux. Elle inspecte les différents articles, un peu perdue parmi toutes ces choses auxquelles elle n'a jamais accordé le moindre regard, mais elle finit par trouver son bonheur et se saisit d'un rouleau de plastique fermé par une étiquette.

— Tu as adopté un chien ? lui demande Ahmed avec sa jovialité chaleureuse de d'habitude.

Marie pouffe et explique au commerçant :

— Je ne suis pas encore prête à tout te dire, mais je te promets de tout te raconter bientôt !

Ahmed sourit, et Marie paie rapidement avant de sortir d'un pas pressé.

Dehors, elle décolle l'étiquette du rouleau de plastique et déroule le film jusqu'aux pointillés avant de déchirer. Ensuite, elle déplie le sac et l'ouvre avant de le passer en gant. Il lui faut moins de deux pas pour trouver son bonheur sur ce trottoir qui comme partout semble indiquer qu'il arrive souvent aux propriétaires de chiens de confondre le « C » et le « T » — à moins qu'ils soient simplement des abrutis irrespectueux. Mais, ce soir-là, leur incivilité l'arrange, et elle choisit la déjection qui lui paraît la plus fraîche et la plus saine avant de l'emballer soigneusement dans le fragile pochon pour enfin reprendre la route de son appartement.

Arrivée chez elle, elle embrasse Lucie en passant et file dans la cuisine, où elle farfouille bruyamment. Son épouse la rejoint et lui demande, intriguée :

— Tu rentres affamée avec une irrésistible envie de faire la cuisine ?

Elle s'approche du petit sac translucide et l'entrouvre pour en humer le parfum.

— Et ça, qu'est-ce que...

Lucie pousse un grognement de dégoût et recule brusquement avant d'alterner des regards perplexes entre le sachet et sa compagne, qui continue de fourrager dans les placards.

— Tu m'expliques ? finit-elle par demander, vaguement inquiète de voir l'amour de sa vie perdre la tête si soudainement.

— Oui, pardon ! J'ai trouvé un scarabée !

Et puis Marie s'arrête là, posant enfin un large plat transparent sur le plan de travail à côté de l'évier. Elle se penche dans le bac de tri et en ressort un couvercle de bocal qu'elle remplit d'eau fraîche avant de le déposer précautionneusement dans le fond du plat.

— Je ne comprends rien, Marie...

— Je ne pouvais pas le laisser là-bas, Lucie ! Tu comprends ?

Lucie ne comprend rien du tout.

Avec des gestes de chimiste déplaçant une fiole de nitroglycérine, Marie sort une boîte en plastique de son sac, qu'elle ouvre en douceur avant d'en déposer le contenu dans le plat, près de la coupelle d'eau.

Puis elle se retourne vers Lucie et lui sourit.

— Elle n'est pas magnifique ?

D'un pas hésitant et avec une moue perplexe, Lucie s'approche et pousse un premier petit cri en reconnaissant le gros insecte noir. Puis un second en identifiant la boule à ses côtés. Enfin, elle en pousse un troisième quand Marie place à côté de ses deux trouvailles le fruit odorant de sa cueillette urbaine. Alors, les deux femmes échangent un long regard — ému pour l'une, troublé pour l'autre.

Enfin, Marie semble prendre conscience de l'état de désarroi total dans lequel son attitude a plongé sa partenaire, et elle se met à s'esclaffer avant de reprendre depuis le début.

— Tu comprends maintenant que je ne pouvais pas faire autrement !

Lucie en convient, mais elle ne cesse de fixer la bestiole luisante qui fait les cent pas dans leur plat à gratin. Cette dernière n'a pas mis longtemps pour trouver ses marques, et la femelle coléoptère se promène avec curiosité entre la crotte de chien et la coupelle d'eau tout en tournant autour de sa boule de merde. Un rictus nerveux fait tressauter le sourire figé de Lucie. Marie complète son vivarium improvisé par une feuille de cellophane percée pour retenir la prisonnière. Elle semble heureuse, et elle alterne les regards énamourés sur l'animal et des recherches studieuses sur Internet.

— C'est un pique-prune ! s'écrie soudain Marie en tendant son écran à Lucie.

— Et alors ? réplique celle-ci, toujours perdue.

— Eh bien, c'est une espèce protégée !

Lucie la fixe, de plus en plus déconcertée.

Marie pouffe de nouveau, euphorique.

— Si cette espèce est présente sur le site du futur golf, alors le terrain devient une réserve, et on ne pourra plus la déloger ! Tu comprends ?

Lucie acquiesce, mais elle ne répond rien. Elle ne parvient pas à suivre le raisonnement de sa compagne.

Alors, enfin, celle-ci prend le temps de lui expliquer le plan singulier qui a germé dans son esprit durant toute la journée et que cette découverte rend désormais possible. Et redoutable.

Mais non sans risques.

Le lendemain, elle arrive en retard au travail. Elle a dû passer plusieurs coups de téléphone qui ont pris du temps. Comme à son habitude, Zem l'accueille avec une blague triviale qui lui donne envie de lui faire ravaler ses dents, mais Marie a de bonnes raisons de prendre patience : bientôt, beaucoup de choses vont changer !

Sous couvert d'inspecter le travail fait la veille, elle remonte sur la colline et dépose délicatement sa nouvelle amie à carapace dans le gazon ras et gras, puis elle redescend vers le camion, guettant un bruit qui se fait attendre. Enfin, alors qu'elle traîne à démarrer sa tondeuse, des rugissements de moteur se font entendre, et deux fourgons flanqués du logo officiel bleu et vert de l'OFB déboulent dans leur direction.

— Office Français de la Biodiversité, dit l'un des agents en se présentant devant Marie. Qui donne les ordres, dans votre équipe ?

Marie s'empresse de désigner Zem, qui file à vive allure sur sa tondeuse autoportée à l'autre bout du terrain. Les agents de l'OFB se divisent en deux groupes, dont l'un s'avance d'un pas décidé vers Zem tandis que l'autre investit le préfabriqué abritant les bureaux du prestigieux club de golf en attendant la construction du luxueux bâtiment à venir. Une agente est restée sur place près des voitures, et Marie lui indique la colline sur laquelle elle a aperçu le précieux insecte. La femme se rend immédiatement sur les lieux, puis elle passe un coup de téléphone.

Quelques instants plus tard, les agents de l'OFB ressortent du bâtiment, précédés par un petit homme en complet sombre et au visage couperosé de fureur qui hurle le nom de Zem. Celui-ci revient aussi, suivi des gars de l'équipe et des autres agents de l'OFB. Tous les collègues de Marie paraissent perplexes. Dès que le directeur du club de golf est assez près, il se met à cracher sur Zem et ses hommes :

— Qu'est-ce qui vous a pris, bande d'abrutis, de me coller l'OFB au cul !? Je vous ai payés pour tondre la pelouse, pas pour me chercher des poux ! Vous êtes virés, bande de mongoles ! Vous n'êtes pas près de retravailler ici, moi je vous le dis !

— Monsieur, intervient l'agente à qui Marie s'est confiée, permettez-moi de vous corriger : plus personne ne va travailler ici sinon des membres de l'OFB ou leurs partenaires sur le terrain. Quant à traiter ces jardiniers de mongoles, c'est considérer tout d'abord qu'il est idiot de protéger la nature, mais en plus que les Mongoles dans leur entièreté, respectables habitants de la Mongolie, seraient tous des imbéciles, et qu'enfin, eu égard à l'histoire de ce mot, que les trisomiques ne seraient pas des handicapés mais des imbéciles également. Devant cette injure écocide, stupide, raciste et validiste, je ne peux que vous encourager, monsieur, à mesurer vos propos. Nous sommes tous témoins assermentés pour le cas où cette affaire devrait être portée devant un tribunal.

Marie retient un fou rire en voyant le bonhomme colérique virer au violet sombre. Elle se demande brièvement s'il ne va pas faire une attaque, mais celui-ci explose en gerbe de postillons qui viennent maculer les visages de Zem et de ses subordonnés. Marie, restée prudemment à l'écart, échappe au déluge.

— Je vais vous griller sur toute la région, bande de guignols ! Plus personne ne voudra plus travailler avec vous ! Vous êtes fini, mon p'tit Zemmour ! Fini ! Que je ne revoie plus jamais votre face de rat ! Mes avocats vous convoqueront !

Puis le directeur du club de golf repart d'un pas furieux vers le préfabriqué, dont la porte claque.

Les agents de l'OFB se dispersent sur le terrain, rabattant employés du club et ouvriers du chantier vers la sortie. Marie et ses collègues rassemblent leur matériel et repartent en silence, abasourdis par l'orage inexplicable qui vient de leur tomber dessus.

Intérieurement, Marie rayonne.

À l'extérieur, poker face.

De retour devant le Coccimarket, Marie n'y tient plus et déboule devant la caisse, où Ahmed écoute tranquillement sa radio. Elle lui explique toute son aventure depuis la veille, et celui-ci ouvre de grands yeux étonnés. Marie étouffe presque de rire, mais le commerçant demeure grave et la regarde avec tristesse.

— Qu'y a-t-il, Ahmed ? Tu ne trouves pas ça drôle ?

— Cheffe, c'est pas bien, ce que tu as fait.

— Comment ça ? s'étonne Marie. J'ai sauvé une espèce protégée !

— Ça, c'est la conséquence de ce que tu as fait, mais pas ce que tu as fait.

Elle le regarde, interdite.

— Tu n'as pas agi pour sauver cette bête, cheffe, mais pour te venger de ton patron et de tes collègues. Ce sont de mauvais hommes qui méritent peut-être que la vie les punisse, mais tu as agi par traîtrise, et tu mets leurs familles en danger. Tu as aussi agi par lâcheté, puisque tu ne les as pas affrontés mais piégés. Enfin, ils ne sont pas punis pour leurs mauvaises actions mais privés de travail à cause d'un insecte et de défenseurs de la nature. Comment crois-tu qu'ils vont évoluer ? Penses-tu que c'est une bonne leçon que tu leur as donnée ?

Aussitôt, les épaules de Marie s'effondrent, et elle se sent mal. En effet, elle n'est pas une justicière sauveuse de la nature, mais bien un être mesquin et lâche. Et sa bravoure de collabo dessert la cause écologique en nourrissant la rancœur de ceux qui ne comprennent pas que protéger les écosystèmes revient à se protéger soi-même.

Le pas traînant, elle rentre chez elle et s'abat sur le canapé.

— Qu'y a-t-il, ma chérie ? lui murmure Lucie en la prenant dans ses bras.

Marie se musse contre elle et ne répond rien, au bord des larmes.

Lucie la berce un moment en lui caressant les cheveux, et Marie finit par se confier, lui faisant part des doutes instillés par Ahmed.

— Il a raison, et tu le sais, conclut Lucie. C'est pour ça que tu te sens mal, d'ailleurs : parce que tu es d'accord.

Marie acquiesce en reniflant.

— Tu sais quoi, ma puce ? lui demande soudain Lucie.

Elle lui relève le visage d'un doigt sous son menton pour que Marie se redresse malgré son accablement et se force à plonger ses yeux rouges dans les siens. Lucie lui sourit et déclare avec entrain :

— Ma chérie, pour l'heure, vous n'avez perdu qu'un client, et c'était pour la bonne cause. Alors tu vas faire ce que tu aurais dû faire depuis le début : affronter ces crétins sans cervelle et leur faire ravaler leurs roustons pour qu'ils retrouvent l'usage de leurs petites cervelles de pines d'huîtres ! OK ?

Marie éclate de rire en reniflant.

— N'empêche, poursuit sa compagne, il va falloir leur tenir tête, à ces boulets. Pose donc ta grosse paire d'ovaires sur la table, toi aussi !

Marie hoche la tête, pleurant autant de rire que de chagrin.

— De toute façon, tu voulais te barrer, non ? Alors, quitte à les planter, autant que ce soit avec la bonne graine ! Et tant mieux si tu en émascules un ou deux au passage, non ?

Toutes deux pouffent de nouveau et vont se coucher. Demain sera une dure journée.

Pendant la nuit, Marie fait des rêves étranges. Elle se voit poussant une gigantesque sphère constituée d'un amas obscène de jambes et de bras d'hommes, de pénis turgescents de toutes tailles et de toutes les couleurs. Elle sue, et la peau collante de tous ces membres répugnants glisse sous ses doigts tant elle a chaud. Elle se voit montant cette énormité vers le sommet d'une colline où un pas de tir l'attend, prêt à envoyer sur orbite cette planète de chair maudite. Mais, quand Marie atteint le sommet et l'aire de lancement, l'énorme boule bascule de l'autre côté et prend de la vitesse en redescendant. Bientôt, des cris retentissent, et Marie se précipite vers le rebord de la pente pour constater la scène de cauchemar : les corps démembrés des hommes roulent de plus en plus vite dans la descente, et des troupeaux entiers de femmes se lamentent en signe d'impuissance et de souffrance devant ce bulldozer de chair qui les poursuit et les écrase. Marie a beau crier, la sphère immonde ne s'arrête pas. Marie se précipite à sa suite, esquivant les corps écrabouillés de ses victimes, afin de retourner chercher cette abomination pour l'envoyer dans l'espace, mais, à chaque fois qu'elle touche au but, son terrible fardeau roule de côté et redégringole la pente pour faire de nouvelles victimes.

Elle s'éveille trempée dans les bras de son épouse, qui la serre contre elle en la berçant le temps qu'elle se remette de ses émotions. Quand elle a repris pied dans le réel de leur appartement douillet, dans le nid tendre des bras de Lucie, Marie raconte. Sa compagne l'écoute jusqu'au bout, pouffant de rire devant le grotesque de la situation, mais ouvrant des yeux horrifiés au récit des scènes glauques de ce cauchemar saugrenu. Enfin, le silence recouvre de ses ailes les deux femmes pour arrêter le temps afin qu'elles puissent réfléchir et comprendre. Se remettre, aussi.

Au bout d'un moment, Lucie dissipe cet instant suspendu :

— Tu as compris ce que ça veut dire, ma puce ?

Marie hausse un sourcil.

— Parce que ça veut dire quelque chose, ce délire dégueulasse ?

Lucie sourit et l'embrasse sur les lèvres.

— Toi, je t'adore !

— Parce que je comprends rien ? se renfrogne Marie.

— Non, banane bleue ! Parce que tu ne cesses de défier la vie !

Perplexe, Marie ne répond pas de suite, mais elle finit par rétorquer :

— Tu veux dire que je suis le défi que la vie t'a lancé ?

— T'es bête ! T'es pas un défi, mais un bain de jouvence !

Elles s'enlacent et s'embrassent tendrement, seulement heureuses de se sentir complètes et comblées par la présence de l'autre.

— Bon, tu la craches, ta valda ? finit par susurrer Marie dans l'oreille de Lucie, haletante.

— Le scarabée, c'est toi, Marie !

— Je préférais quand tu m'appelais ton chaton...

Lucie fait mine de lui donner un coup en pouffant, et elle poursuit :

— Toute cette histoire t'a travaillée, et tu t'es identifiée au scarabée. Dans ton rêve, c'est toi qui pousses ton ballot de merde, que ce soient tes espoirs ou tes craintes.

— Apparemment, je rêve d'orgies nécrophages, c'est ça ?

Lucie ne peut s'empêcher de pouffer devant le ton faussement bougon de Marie.

— Je pense pas, non. Les gars, à ton travail, t'as pas déjà eu envie de les frapper ?

— Mmh...

— De les tabasser ?

— Mmh...

— De les massacrer ?

— Mmh...

— De les...

— Oui ! s'écrie enfin Marie, contenant à grand-peine un fou rire. Oui, j'avoue ! J'ai déjà eu envie de leur rouler dessus avec leur putain de tondeuse autoportée ! Oui, je le reconnais, Madame la Juge, j'ai déjà cent fois rêvé de les émasculer au taille-haie ! Je plaide coupable, Votre Honneur ! Oui, j'ai déjà envisagé de les découper à la tronçonneuse pour les évacuer au fond des sacs de déchets verts !

Marie tend ses deux poignets aux menottes invisibles d'un agent de police imaginaire, et Lucie imite très mal une sirène de pompiers.

C'est pas bientôt fini, c'bordel, les gouinasses ?! Y'en a qui veulent dormir !

La voix suave de leur sympathique voisin du dessous les fait sursauter, et elles se mettent à ricaner comme des gamines en se tombant dans les bras l'une de l'autre. Contenant dificilement leurs esclaffements, elles reprennent progressivement souffle et calme.

— Bon, hoquette Marie quand elle a recouvré sa dignité. Admettons que je suis un scarabée et que je n'ai pas peur des emmerdes. Comment t'expliques la boucherie féminicide et ce putain de pas de tir ?

Lucie fait mine de réfléchir en se tapotant la lèvre inférieure de son index. Dans la pénombre de la chambre, sur le lit, son profil à peine éclairé par la lampe tamisée sur sa table de chevet, Marie la trouve trop belle pour résister au désir de l'embrasser. Lucie lui rend son baiser, lui sourit et répond enfin :

— Et si ton rêve te montrait que tu veux affronter ce panier de crabes pour toi et toutes les femmes qui croisent le chemin de beaufs dans leur genre, ne peut-on pas interpréter la boucherie comme ta peur de l'échec et de ses conséquences éventuelles ?

Marie prend le temps d'y réfléchir, mais le regard pénétrant de Lucie l'empêche de rester pleinement concentrée sur autre chose que ses yeux, sa bouche et son corps. Avec un frisson, elle coupe court à ses fantasmes et rétorque :

— Soit. J'avoue que ton interprétation est convaincante. Mais la fusée, dans tout ça ?

Lucie hoche la tête avec gravité, se lève soudainement et commence à faire les cent pas autour du lit d'une démarche martiale tout en se lissant dans le vide barbe et moustaches.

— C'est l'élément le plus délicat de l'équation, en effet, marmonne-t-elle avec une imitation risible de vieil aristocrate britannique pensif. Le plus évident est que ce pas de tir symbolise ta réussite : si tu es efficace, ce gros tas de blaireaux va partir se réchauffer les couilles dans le cœur en fusion d'une étoile lointaine.

Marie pouffe de nouveau, mais Lucie ne quitte pas son rôle et se met à fumer une pipe imaginaire, se grattant par instants le crâne en soulevant un chapeau imaginaire.

— Voyez-vous, mon cher Watson, il est également envisageable que cette vision de l'avenir que vous propose votre inconscient comprenne plusieurs niveaux de lecture, plusieurs scénarios alternatifs, en somme, voyez-vous ?

Lucie lui souffle au visage un nuage de fumée invisible, et Watson-Marie fait mine de tousser en chassant le brouillard irritant.

— Ainsi, il est tout à fait possible qu'après avoir passé des années à entretenir les infernaux jardins du machisme ordinaire vous ambitionniez d'ailler tailler quelques haies au paradis des lesbiennes.

N'y tenant plus, Marie éclate bruyamment de rire en roulant sur le canapé pour se tenir les côtes, déclenchant une nouvelle salve d'injures homophobes et misogynes venue du sol. Les deux femmes n'y prennent pas garde, occupées qu'elles sont l'une à recouvrer son souffle et l'autre à s'empêcher de sombrer dans le fou rire.

— Il existe une dernière hypothèse, mon cher Watson, reprend Lucie, les larmes aux yeux à force de se contenir. Voyez-vous, une fusée est un objet dessiné par des hommes afin d'atteindre des cibles décidées par des hommes, et, si chaque astre est rond comme un ovule, la fusée, elle, ressemblerait plutôt à... une bite ! Peut-être que ton inconscient te souffle un désir refoulé ?

Poussant un cri de guerre factice, Marie se jette sur Lucie et la renverse sur le lit, où elles s'abattent toutes deux entremêlées, leurs gémissements de plaisir montant en crescendo dans les imprécations haineuses de leur voisin du dessous.

Le lendemain matin, Marie est moins rayonnante. Elle se sent cernée, et pas que des yeux. L'estomac noué, elle se prépare. Elle avale du bout des lèvres un café fumant qui ne la réchauffe pas. Elle a le trac comme pour un jour d'examen. Lucie est déjà partie travailler, mais elle lui a laissé un petit mot d'encouragement — et une promesse de réconfort, pour son retour à la maison, ce soir. Marie sourit brièvement, crispée.

Un coup d'œil à la pendule lui fait brusquement prendre conscience qu'elle est en retard, et elle se précipite dans l'entrée. Agacée, elle découvre que Lucie est partie avec ses bottes — elle doit en effet s'occuper du potager de l'EPHAD où elle travaille et lui en avait parlé, mais Marie avait oublié. En désespoir de cause, elle se rabat sur les bottes de sa compagne, plus courtes et moins confortables — et surtout un peu trop petites. Invectivant les chaussures, elle tire sur les bords, mais son pied ne passe pas. Avisant un chausse-pied qui fait aussi gratte-dos, elle l'empoigne et commence à le glisser entre son talon et l'arrière de la botte pour faciliter le passage, mais l'ensemble résiste encore. Poussant un cri de rage, elle pousse un grand coup du bras et du pied, et tout d'un coup glissent au fond de la botte son talon et le chausse-pied.

Une nouvelle salve d'injures lui échappe. Pas le temps de retirer le chausse-pied de là pour l'instant. Elle verra dans l'ascenseur. Attrapant sa veste d'une main, elle se propulse sur le palier, renversant brutalement son voisin du dessous, qui se retrouve projeté contre le mur où il s'assomme à moitié en l'injuriant au passage. Pressée, Marie s'excuse à peine et bondit dans l'ascenseur en appuyant violemment sur le bouton du rez-de-chaussée, douze étages plus bas. Aussitôt, elle se baisse sur sa botte pour tirer sur le chausse-pied dont l'extrémité en forme de main minuscule semble l'appeler à l'aide, mais ses doigts énervés glissent sur la tige dure qui demeure coincée.

Dans son dos, tandis que les portes de l'ascenseur commencent à se refermer, elle entend son voisin se mettre à l'invectiver, et elle redouble d'efforts pour décoincer l'objet, mais celui-ci lui échappe soudainement lors du plus gros de la traction, et son bas part vivement en arrière, son coude rencontrant quelque chose de dur qui part à la renverse en hurlant de douleur.

— Mon nez, salope ! Tu m'as pété le nez !

Galvanisée par le stress, Marie hurle dans l'escalier qui porte loin l'écho de sa voix, autant animée par la fureur que par la terreur :

— La prochaine fois que vous posez vos sales pattes sur moi, je porte plainte pour tentative viol, espèce de pervers !

Le gros type jaune et rouge ouvre grand la bouche et les yeux dans une mimique qui transpire la stupidité, et Marie doit se retenir de rire.

Quand l'ascenseur arrive en bas de l'immeuble, elle s'empresse de claudiquer jusqu'au bord du trottoir, où le camion de Zem l'attend déjà. Tout souriant, il tapote la banquette à côté de lui, tandis que leurs collègues ricanent grassement sur les banquettes arrière. Elle ne sait pas si elle aura le courage de leur dire leurs vérités, mais elle est fermement décidée à démissionner avant la fin de la journée !

— T'as l'air fatiguée, ma belle ! T'as fait des folies de ton corps avec ta copine, cette nuit ?

Agacée, Marie ne peut contenir une remarque acerbe :

— Sûr que c'est pas avec des beaufs dans votre genre qu'une femme doit prendre du plaisir ! Plutôt simuler pour en finir vite que de supporter ça trop longtemps !

Aussitôt, elle prend conscience de la portée de ses propos et se sent rougir. Elle plonge du regard entre ses jambes et s'absorbe dans sa lutte contre le chausse-pied. Derrière, les gars sont hystériques, poussant des cris gutturaux entre acclamations et lazzis. Ils sont à la fois euphoriques devant l'humiliation de leur chef et indignés qu'une femelle lui tienne tête.

Sous le tableau de bord, Marie tire toujours, ahanant et pestant intérieurement tout en forçant.

— Dis donc, ma jolie, réplique enfin son patron avec une voix grondante, c'est pas comme ça qu'on parle à son boss ! Faudrait voir à te montrer un peu plus mignonne que ça, si tu veux que ça se passe bien...

Sa voix est aussi insinuante que sa main qui se glisse le long de sa cuisse. Surprise, Marie lâche le chausse-pied, et son bras vient donner brutalement dans le nez de Zem, dont la tête heurte le carreau opposé en venant imprimer un motif sanglant. La camionnette fait une embardée, et tous les occupants du véhicule poussent des cris d'orfraie.

Après une manœuvre hasardeuse qui tient plus à la chance qu'au talent de conducteur de son patron, le véhicule s'arrête le long d'une voiture de patrouille de la police. Tandis que Zem s'éponge le nez avec un mouchoir tout en l'insultant copieusement, un policier frappe à la porte de Marie, qui se précipite dehors pour se mettre à couvert de l'agent, à qui elle déclare, essoufflée et paniquée :

— C'est mon patron ! Il m'a fait des attouchements. Il s'est permis de me caresser l'intérieur de la cuisse pendant qu'il conduisait tout en me faisant chanter pour que je me laisse faire ! Tous les autres sont témoins !

Zem est devenu blanc autour du volcan vermeil de son nez : un drapeau japonais figé dans le vent. Derrière lui, les autres gars sont mutiques et gardent la tête baissée.

— Et pourquoi le conducteur a le nez en sang ? demande le policier à Marie.

— Je l'ai frappé quand il m'a touchée. Je me suis sentie agressée, alors je n'ai pas réfléchi...

Le policier toise avec curiosité la petite Marie et le grand Zem, et elle croit voir luire le regard de l'agent d'un éclat amusé.

— Bien. Nous allons devoir emmener tout ce petit monde au poste pour éclaircir les faits. Descendez du véhicule, messieurs. Nous allons vous conduire nous-mêmes au poste tout en discutant avec vous, messieurs, de l'attitude correcte à observer envers les femmes...

Quelques semaines plus tard, Marie a trouvé un nouvel emploi qui lui convient bien mieux. Afin de couper court à toute procédure judiciaire, Zem et ses subordonnés se sont tous soumis à la décision du juge des comparutions immédiates : prime de départ et lettre de recommandation pour Marie, stage de rééducation antisexiste pour le reste de l'équipe. De son côté, le voisin ne s'est plus manifesté, lorsqu'il arrive que Lucie et Marie fassent un peu de bruit. Après tout, quand on vit en collectivité, il faut un peu de tout pour faire un joli monde !

En ce qui concerne Marie, elle a enfin compris ce que signifiait son rêve. Embauchée dans le parc France Miniatures, elle a carte blanche pour entretenir tous les espaces verts, et c'est avec beaucoup de plaisir qu'elle s'emploie à cette mission au milieu des cris d'enthousiasme des petits visiteurs. En particulier, elle soigne tout spécialement la végétation de l'une des scénographies en mêlant des essences tropicales qu'elle veille avec un soin jaloux. Il s'agit d'une reconstitution de la forêt guyanaise autour de la base de Kourou, et ce n'est pas rare de retrouver Marie en train d'admirer la maquette de la fusée Ariane qui brille de mille feux dans le couchant ou le levant, dès que le soleil la frappe de ses rayons d'or.

Pour ce qui est du précieux chausse-pied, elle est parvenue à l'ôter de la botte une fois de retour chez elle, mais elle a dû pour cela employer une solide paire de ciseaux. Désormais, elle garde dans la poche de sa veste le talisman par lequel elle s'est libérée de ses peurs, sorte de sceptre symbole de son pouvoir et dont la main de justice lui rappelle qu'elle peut agir sur le monde et se gratter le dos comme elle l'entend, et elle le touche donc régulièrement en cas de besoin pour se donner le courage d'oser viser ses étoiles.

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