Play with fire ( Tome 2 )

נכתב על ידי unxpetiteblonde

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Tout le monde pensait qu'ils avaient tourné la page. Ils s'étaient reconstruits chacun de leur côté, et vivai... עוד

before starting <3
NDA <3
prologue.
chapitre un.
chapitre deux.
chapitre trois.
chapitre quatre.
chapitre cinq.
chapitre six.
chapitre sept.
chapitre huit.
chapitre neuf.
chapitre dix.
chapitre onze.
chapitre douze.
chapitre treize.
chapitre quatorze.
chapitre quinze.
chapitre seize.
chapitre dix-sept ( prt 1 ).
chapitre dix-sept ( prt 2 ).
chapitre dix-huit.
chapitre dix-neuf.
chapitre vingt.
chapitre vingt et un.
chapitre vingt-deux.
chapitre vingt-trois.
chapitre vingt-quatre.
chapitre vingt-cinq.
chapitre vingt-six.
chapitre vingt-sept.
chapitre vingt-huit.
chapitre vingt-neuf.
chapitre trente.
chapitre trente et un.
chapitre trente-deux.
chapitre trente trois.
chapitre trente quatre.
chapitre trente cinq.
chapitre trente six.
chapitre trente sept.
Dear Nora ...
chapitre trente neuf.
chapitre quarante.
chapitre quarante et un.
chapitre quarante deux.
chapitre quarante trois.
chapitre quarante quatre.
chapitre quarante cinq.
chapitre quarante six.
chapitre quarante sept.
chapitre quarante huit.
chapitre quarante neuf.
chapitre cinquante.
chapitre cinquante et un.

chapitre trente huit.

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Le point de vue changera au cours du chapitre.





Point de vue Kilian Harris.





Flashback ; la veille du départ de Kilian ...

Mon cœur bat à une vitesse indescriptible alors que je reste planté devant la porte de chez les Swan, mes doigts serrés autour de l'enveloppe qui me procure autant d'angoisse.

Qu'est-ce que je m'apprête à faire ?

Je prends une grande inspiration et frappe sur la porte trois fois, avant de me reculer légèrement et d'essayer de reprendre mon assurance habituelle.

Durant de courtes secondes, je remets absolument tout en question, me demandant si ce que je m'apprête à faire est réellement le bon choix.

Mais en réalité, tout ne dépendra que d'elle. Un mot de sa part, et je serai prêt à rester. Cette lettre pourrait ne jamais être lue, et je pourrai simplement lui dire de vive voix ce que je ressens pour elle avant que nous n'essayions de reconstruire ce que nous avons perdu ensemble.

Perdu par ma faute.

Je ne suis qu'un sale con.

Soudain, la porte cède afin de laisser place au visage souriant d'Emily. Elle me fixe d'abord d'un visage surpris, avant de laisser un petit sourire triste dessiner ses lèvres.

- Kilian, quel plaisir de te revoir ... depuis tout ce temps. Me souffle t'elle de sa voix douce et bienveillante habituelle.

- Excusez-moi de vous déranger ... tentai-je un sourire dans sa direction. Est-ce que Nora est ici ?

- Oh ... tu viens de la rater. Elle passe la journée dehors avec son frère. Je te fais rentrer ?

Je hoche négativement la tête en ne pouvant empêcher un air déçu de gagner mon visage, et j'allais une nouvelle fois ouvrir la bouche quand une voix familière m'interrompt en apparaissant dans mon champ de vision.

- Kilian. S'élève la voix de la mère de Nora, froide et fermée comme à son habitude. Emily, laissez-nous.

Je perçois discrètement l'air agacée d'Emily, mais elle se contente de me sourire puis de tourner les talons, me laissant seul ici.

- Qu'est-ce que tu veux à ma fille ?

Ma fille. C'est marrant, cette manière qu'elle a de parler d'elle et de sembler réellement lui prêter de l'attention alors qu'en réalité, tout ce qui l'intéresse, c'est elle-même.

- J'aimerai lui parler.

- Elle n'est pas ici. Et je ne pense pas qu'elle ait bien envie de te voir. Me toise la femme en face de moi, les bras croisés sur sa poitrine dans un geste autoritaire.

Seigneur, donnez-moi la patience.

J'ai une folle envie de lui dire tout ce qu'elle mérite d'entendre dans les yeux, mais comme j'ai un minimum de respect et de self-control, je pense qu'il est mieux pour moi de ne rien faire.

- Alors, j'ai entendu dire que tu t'en allais ? Me demande t'elle soudain, alors que je laisse un souffle m'échapper.

- C'est exact. Mais certaines choses pourraient peut-être me faire changer d'avis.

- Tu devrais partir, Kilian. Crache t'elle d'une voix si tranchante que j'en ai presque des frissons. Qu'est-ce qui te retient ici ?

La réponse est si évidente et paraît pourtant si difficile à prononcer de vive voix.

Rien ne me retient ici, en réalité ...

Rien. Sauf elle.

Nora Swan. La seule personne qui m'empêche encore de partir de cette ville pour réaliser mon rêve.

- C'est elle qui t'empêche de partir ? Tu sais, elle ne voudra plus jamais t'approcher, Kilian. Et je pense même que ta présence dans sa vie l'empêche grandement de s'accomplir. Nora doit atteindre un point précis professionnellement parlant, et ton but à toi est différent du sien. Alors, si tu tiens à elle à ce point, tu devrais t'en aller. Pour toi, et pour elle.

Je déglutis difficilement alors que mon cœur tambourine fortement dans ma poitrine. Je sais qu'elle a raison. En fait, je n'avais pas besoin d'elle pour penser de cette manière. C'est très exactement en me répétant les mêmes mots en boucle dans ma tête que j'avais fini par vouloir partir de New-York.

Mais le fait de les entendre de quelqu'un d'autre semble appuyer ma décision.

- Sachez que je ne partirai pas parce que vous me le demandez. Je partirai parce que je l'aurai décidé, moi. Vous devriez vous rappeler que le monde n'est pas à vos pieds, Madame Swan.

Elle fronce légèrement les sourcils alors que son visage devient plus dur et plus autoritaire, et son agacement ne semble que plus palpable.

Je déteste cette femme. Et j'espère qu'un jour, Nora trouvera le courage nécessaire pour lui dire Adieu, une fois pour toutes, et s'épanouir loin d'elle et de l'environnement malsain dans lequel elle la force à vivre.

- Est-ce qu'au moins, vous pourrez lui donner cette enveloppe de ma part ? Lui demandais-je finalement en baissant les yeux sur l'objet en question. C'est la dernière chose que je vous demanderai. Et dîtes bien à Nora que je reviendrais.

La femme devant moi baisse un instant les yeux sur l'enveloppe que je maintiens contre moi, avant de reposer son regard sur moi. Puis, elle hoche la tête positivement alors que je la lui tends, le souffle court et mon angoisse étant à son paroxysme.

- Je lui donnerai. Tu as ma parole.

J'avais sa parole.

Mais il y a bien une question que je ne pouvais m'empêcher de me poser, et que je ne cesserai sûrement jamais de me demander ...

Est-ce que sa parole valait sincèrement quelque chose ?





Fin du flashback ; retour dans le présent.




Mes yeux ne se détachent pas de Nora ne serait-ce qu'une seconde, alors que j'appréhende sa réaction face à la nouvelle que je viens de lui annoncer.

Je lui ai écris une lettre.

Et je ne voulais pas le lui dire. Simplement parce que la situation entre elle et moi ne pouvait pas être pire qu'elle ne l'était déjà. En revanche, la relation déjà conflictuelle qu'elle entretient avec sa mère ne pourra qu'être plus chaotique maintenant que je lui ai annoncé à quel point sa mère est une femme mauvaise et sans cœur.

- Tu ... non tu mens. Laisse t'elle échapper d'une voix tremblante. C'est n'importe quoi, ma mère n'aurait pas pu ... je ne te crois pas.

Je ne te crois pas.

Elle ne me croit pas.

- C'est la vérité ... je te promets que c'est la vérité. Murmurais-je d'une voix brisée.

L'éclat brisé perceptible dans ses yeux me donne envie de la serrer fort dans mes bras, en espérant que ce simple contact pourrait avoir le pouvoir de réparer son cœur et de cesser toute la torture que lui fait subir son esprit.

Je pense que Nora s'est toujours empêché d'être triste et de s'apitoyer sur son sort, simplement parce qu'elle pense qu'il y'a de pires douleurs dans ce monde que les siennes.

Cependant, je pense qu'il est impossible d'établir une hiérarchie des causes qui font souffrir une personne. Une petite peine peut être ressentie si immensément par une personne qu'elle aura l'impression que le monde s'écroule sous ses pieds.

Et je pense que l'accumulation des trahisons qu'a subit Nora, mais aussi le fait d'avoir été forte trop longtemps fait d'elle une personne fragilisée à l'heure où je la regarde.

J'aimerai pouvoir prendre toute sa douleur, si cela peut permettre de la soulager et de la voir s'épanouir pleinement.

Mais je sais que c'est impossible. Alors, je me contente d'être là, d'essayer de la soutenir et de me promettre silencieusement de ne jamais plus la lâcher.

Si elle tombe ... je tombe avec elle.

- Non. Lâche t'elle subitement en se levant aussitôt. Tu mens. Ma mère est mauvaise mais ... elle est humaine et ... je suis sa fille. Je suis sa fille, putain. Et elle m'aime. Elle doit m'aimer un tout petit peu.

En prononçant ces paroles, je l'observe poser ses mains sur son visage et dégager les mèches de ses cheveux, tirant sur ceux-ci en faisant les cent pas comme si elle devenait totalement folle à liée.

- Elle m'aime. C'est obligé. D'accord elle se conduit comme si je n'étais qu'un trophée pour elle mais ... c'est ma maman. Dis-moi que tu mens, parce que je ne te le pardonnerai jamais.

À cet instant, je ne reconnaissais plus du tout Nora. J'avais l'impression de voir une toute nouvelle facette d'elle.

Malheureusement, elle était pleinement consciente du fait que sa mère ne l'aimait pas. Mais je pense que son craquage face à moi était si difficile et ses émotions si contradictoires se disputaient tellement entre elles qu'elle pétait littéralement les plombs.

Comme si elle était dans un déni total de la situation.

Pourtant, je sais qu'elle sait. Elle sait que ce que je dis n'est que le reflet de la réalité. Elle sait que je ne lui mens pas.

Alors, je me lève à mon tour et l'observe encore répéter les mêmes mots en faisant des allers et retours dans le rayon de la bibliothèque, avant de déposer fermement mes deux mains sur ses épaules, la forçant ainsi à stopper tout mouvement.

- Nora. Dis-je d'une voix à la fois douce mais ferme. Regardes-moi ... s'il te plaît.

Elle retire ses mains de son visage et pose ses yeux rougis par les larmes sur moi, et mon cœur se brise instantanément face à une vision d'elle si déchirée et si tourmentée.

Nora mérite ce qu'il y'a de plus beau en ce monde. Et pourtant, en la regardant, j'ai comme l'impression que le monde s'acharne contre elle.

- Tu ... tu sais que je dis la vérité. Tu le sais, n'est-ce pas ? Lui demandais-je alors d'une voix si faible qu'elle se casse à la fin de ma phrase.

Elle me fixe silencieusement durant un long instant, avant de hocher la tête et de laisser ses larmes dévaler le long de ses joues, avant de retomber lentement contre les étagères.

- Je sais ... souffle t'elle en passant ses mains sur ses joues mouillées. Je suis désolée, Kilian. C'est juste que ... je pensais juste que ... que ma mère ...

- Qu'elle te considérait un minimum, je sais. La coupais-je en constatant qu'elle n'arriverait pas à terminer sa phrase.

Je l'observe silencieusement respirer rapidement en fermant les yeux, prise de violents sanglots qui semblent lui déchirer le cœur un peu plus à chaque fois.

- Pourquoi elle ne m'aime pas ? S'élève soudain sa voix, blessée. Qu'est-ce que j'ai fais pour qu'elle me déteste autant ?

J'avale difficilement ma salive alors qu'elle ne pose pas une seule fois son regard sur moi, comme si elle n'osait pas m'affronter.

- Je ne pense pas qu'elle te déteste ... finis-je par souffler. Elle se conduit juste comme ... n'importe quelle mère de ce monde.

Je l'entends pouffer alors qu'elle secoue la tête, comme pour riposter silencieusement face à mon argument.

- Kilian. Ma mère ne m'aime pas.

- Nora ... essayais-je de parler, avant qu'elle ne me coupe de nouveau la parole.

- Arrêtes. Crache-t-elle d'une voix tranchante. Rien ne sert de se voiler la face. Toi comme moi connaissons la vérité. Je ne lui ai jamais suffit. Elle a toujours voulu que je sois plus. Que je sois trop. Je n'ai jamais été assez. Et elle me déteste.

L'entendre tenir un tel discours sur elle-même me tord l'estomac, mais je ne dis rien et la laisse vider son sac comme elle semble avoir besoin de le faire.

- Ma mère est juste ... la pire personne au monde. Souffle la blonde en posant enfin ses yeux rougis sur moi.

Je l'aperçoit essuyer les dernières larmes qui perlent sur ses joues, avant qu'elle ne se déplace sous mes sourcils froncés pour s'asseoir en face de moi, son dos s'appuyant contre l'étagère de livre en face de la mienne.

Nos jambes se frôlent, alors qu'elle affronte mon regard dans un silence lourd de sens, me laissant triturer mes doigts, soudain pris d'une angoisse que je ne me connaissais pas encore.

Mon cœur palpite. Mon estomac me fait mal. Le noeud dans ma gorge est puissant. J'ai l'impression d'être une autre personne. De ressentir des émotions totalement nouvelles.

Et c'est effrayant.

Je m'effraie. Mes émotions m'effraient. Tout ce que je ressens m'effraie.

C'est pour ça ... c'est pour ça que je prends la fuite constamment.

- Alors ? Me demande subitement Nora après un long silence.

Le faible sourire qui étire ses lèvres contraste avec son visage non-cicatrisé de toutes les larmes qu'elle vient de verser. Ses yeux sont rouges, ses joues également et ses cheveux sont décoiffés et en bataille.

Elle sourit et pourtant, ses yeux semblent avoir accumulés toutes les peines du monde.

Je l'interroge du regard, ne comprenant pas ce que je suis censé lui dire maintenant.

- Qu'est-ce que tu me disais ... dans ta lettre ? Me demande-t-elle finalement.

Sa phrase sonne comme un poignard que l'on me plante en plein dans le cœur, alors que Nora me force à me confronter aux faits, à la réalité, devant elle, pour de vrai.

Si j'avais écris cette lettre, c'est avant tout parce que je n'osais pas faire réellement face à mes émotions. Je n'arrivais pas à mettre des mots sur ce que je ressentais, sur les sentiments qui s'emparaient constamment de moi.

Sur notre histoire.

Alors, j'avais écris. Je pense qu'une lettre est une chose encore plus significative que des mots.

Parce que les mots sont éphémères. Mais les écrits sont intemporels. Ils sont Éternels.

- Je ... je disais ... commençais-je à bafouiller, totalement incertain. Je te disais que j'étais totalement effrayé ... et que j'avais peur. Que j'ai peur.

Nora hoche simplement et doucement la tête comme réponse, comme si elle ne semblait absolument pas surprise de mes mots.

L'avait-elle déjà compris ?

- Pourquoi as-tu peur, Kilian ? Pourquoi est-ce qu'aimer t'effraie autant ?

Sa voix douce, mêlée à sa respiration encore irrégulière et à ses sanglots qui se dissipent petit à petit semble vouloir m'encourager, sans chercher à se moquer de moi. Ni-même à me faire culpabiliser de mes actes.

Pourtant, elle le devrait ...

- Parce que ... je pense que tomber amoureux, c'est tomber quand-même.

Un sourire étire ses lèvres à l'entente de ma phrase, et je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour, quand nos regards rentrent en collision.

Cette phrase. C'est celle que je lui avais déballé lorsqu'elle me massait au début de notre pari. Et je sais qu'elle s'en souvient parfaitement.

- Je ne sais pas aimer. Je ne sais que faire souffrir les autres. C'est le seul modèle auquel j'ai eu droit. Et je crois que mon cœur réagissait beaucoup trop à ton contact ... c'était puissant ... et terrifiant.

Je perçois de nouvelles larmes perler aux yeux de Nora, mais elle semble les ravaler aussitôt comme si elle s'interdisait de pleurer une fois encore. Comme si elle ne voulait plus être faible.

Pourtant, je pense que pleurer ne fait pas d'un être humain quelqu'un de faible.

- Je comprends. Lâche-t-elle aussitôt. Même Kilian Harris a le droit d'avoir peur. Mais ça ne t'autorisais pas à m'humilier d'une telle sorte. J'aurai préféré que tu me rejette une fois mes sentiments avoués.

J'approuve d'un hochement de tête, totalement en accord avec ses paroles, mais surtout étonné qu'elle arrive à conserver autant de calme face à la situation.

Est-ce seulement une façade ?

Est-ce que son cœur bat aussi rapidement que le mien ?

Est-ce que son esprit la torture autant que le mien ?

Est-ce que tout son être semble lui faire mal autant que le mien ?

- Je pense que l'amour est une chose qui s'apprend. Souffle-t-elle soudainement. Et tu sais, on aurait réussi.

On aurait réussi ...

On aurait réussi. On aurait réussi à s'aimer.

On se serait aimé comme deux adolescents, on se serait découverts et on aurait tout surmonté ensemble ... c'était la belle fin que nous méritions.

Parce que Nora et moi méritions une fin heureuse.

- Et je pense qu'avoir peur d'aimer, c'est se condamner.

- Comment se fait-il que ... qu'après tout ce que t'as vécu, toi tu n'ai pas peur ? Lui demandais-je aussitôt d'une petite voix.

Elle plonge son regard dans le mien et verrouille nos iris pour un long échange auquel je n'arrive pas à mettre fin, comme hypnotisé par son regard à la fois vide d'émotion, à la fois si triste que l'on pourrait voir son cœur brisé à travers ses yeux.

- J'ai peur. M'avoue-t-elle sans difficulté. Mais je pense que dans la vie, qui ne tente rien à rien. Et j'ai toujours préféré vivre avec des remords qu'avec des regrets.

Elle baisse un instant les yeux sur ses doigts qu'elle triture depuis quelques minutes, pendant que je demeure silencieux et me sens atrocement faible face à elle.

- Toutes les fins sont différentes. Je sais qu'un jour, j'aurai le droit à ma fin heureuse. Et je ne veux pas passé à côté. Parce que je mérite ce putain de bonheur. On le mérite tous. Et tu le mérite aussi.

Elle m'adresse un léger sourire, si fin et pourtant si important qu'il semble réchauffer instantanément mon cœur fragile.

Putain. Nora a un pouvoir incommensurable sur ma personne.

C'est comme si je dépendais entièrement d'elle. Mon humeur et mon bien-être ne dépendent que de cette petite tête blonde, de ces yeux bleus et de cette petite peste arrogante et prétentieuse qui semble toujours surmonter les obstacles qui se dressent devant elle.

- Alors, tu ne penses pas que je suis une mauvaise personne ?

Elle lâche un très léger rire dans un souffle et hoche négativement la tête.

- Je pense simplement que tu es une bonne personne qui prend des mauvaises décisions.

Bonne personne. Mauvaises décisions.

- De toutes les mauvaises décisions que j'ai pris, saches que te laisser t'en aller a été la plus difficile d'entre elles.

Le petit sourire qu'elle tente semble être un total échec, alors elle laisse échapper un profond souffle en gardant cette fois-ci son regard posé sur moi sans jamais délier nos yeux.

- Alors pourquoi est-ce que tu l'as fait ?

Je passe rapidement ma main dans mes cheveux en bataille alors que dans mon cerveau, il semble qu'une bataille acharnée ait lieu entre mes pensées et mes sentiments.

Laisser partir Nora avait réellement été la décision la plus difficile qu'il m'a été donné de prendre dans ma vie.

Mais en réalité, j'avais réellement compris que je l'aimais, dès l'instant où je l'ai laissé partir, en comprenant que ma présence était nocive pour elle et contribuait à son malheur, à ses larmes et à son chagrin. Alors que la sienne était bénéfique à moi et à mon bonheur.

Et comme je pense qu'on apprécie le soleil que lorsqu'il commence à neiger, que la lumière nous manque que lorsqu'elle brille faiblement ...

On sait qu'on aime une personne uniquement lorsqu'on la laisse partir.

- Je pense qu'aimer, c'est aussi savoir laisser partir. C'est aussi accepter de savoir la personne heureuse ailleurs.

Je pense que laisser partir la personne qu'on aime est la plus belle preuve d'amour qui puisse exister en ce monde.

Et j'aimais tellement Nora que je préférais la savoir heureuse loin de moi, que malheureuse avec moi.

Parce que je ne méritais absolument pas de la rendre malheureuse.

Mais je crois que c'est la preuve d'amour la plus belle, et la plus douloureuse. Parce qu'il faut une force indescriptible pour laisser partir quelqu'un que l'on aime plus que soi-même.

C'est parfois atrocement douloureux d'apprendre à laisser partir la personne qui fait battre notre cœur aussi vite et aussi fort.

Je fixais souvent le plafond dans l'obscurité, ce même sentiment de vide dans mon cœur quand je réalisais que je l'avais bel et bien laissé partir. Et j'avais fini par comprendre que l'amour peut arriver lentement et pourtant s'en aller bien trop rapidement.

- Ton départ à été l'épreuve la plus difficile que j'ai eu à traverser. Tous les espoirs que je misais encore sur toi jusqu'alors se sont brisés comme un miroir qu'on fracasse sur le mur.

Je me plonge dans un silence lourd et pesant alors que la culpabilité me ronge de plus en plus, ouvrant de nouveau les cicatrices non soignées de mon cœur, et du sien.

- Parfois, il faut accepter que l'on peut aimer quelqu'un, sans être prêt à vivre une histoire d'amour. Et j'aurai été prête à le concevoir, si t'avais agis autrement.

Elle a raison. Je sais que ce qu'elle dit est totalement réel. Pourtant, je sais aussi que j'aimais tellement Nora que j'aurai été prêt à vivre une histoire d'amour avec elle.

Parce que c'était elle et moi. Personne d'autre. Si je n'étais pas prêt à franchir cette étape avec elle, alors avec qui d'autre aurai-je réussi à le faire ?

- Est-ce que tu me déteste ? Finis-je enfin par lui demander dans un bref murmure.

Elle incline légèrement la tête sur le côté, puis un léger sourire incurve le coin de ses lèvres pendant que je me contente de la fixer, des étoiles dans les yeux, admiratif de sa force et du courage qui émane d'elle, pour encore réussir à sourire malgré tout ce qu'elle a vécu.

- Je crois que ... non.

Soudain, mon regard se transforme pour ne laisser transparaître que de la surprise, mêlée à une envie de pleurer.

Elle ne me déteste pas.

Elle ne me déteste pas.

Mais alors, pourquoi est-ce que je me déteste ?

- Tu devrais ... soufflais-je alors, si faiblement que je doute qu'elle m'ait entendue. Parce que moi, je me déteste. Je déteste le fait d'avoir déchiré mon cœur en brisant le tien. Et je me haïrai toujours pour avoir osé faire couler des larmes de tes yeux.

Nora, son regard à la fois doux et brisé posé sur moi, se contente de secouer négativement la tête comme pour me contredire.

- Je pense que je préfère garder en mémoire les bons souvenirs, parce qu'ils l'emporteront toujours sur la haine et la rancoeur que j'ai pu ressentir à ton égard. Et tu devrais apprendre à faire de même. La culpabilité que tu ressens ne nous fera jamais revenir en arrière.

Je me contente de la regarder, encore et encore, alors que de nouvelles larmes lui montent aux yeux, des larmes qu'elle semble ravaler bien vite sans jamais rompre notre contact visuel.

- Je suis vraiment désolé, Nora. Et j'espère qu'un jour tu arriveras à me pardonner.

La sincérité qui transparaît dans ma voix semble la toucher plus que nécessaire, puis elle se contente d'afficher un léger sourire qui ne la rend que plus belle, ses yeux bleus ancrés dans les miens alors que je prie pour qu'elle ne détourne jamais le regard.

- Je l'espère aussi.

J'allais de nouveau ouvrir la bouche lorsqu'un bruit se laisse entendre, comme si quelqu'un ouvrait une porte d'entrée et marchait dans la bibliothèque.

Et je n'avais même pas remarqué qu'elle était dès à présent totalement vide, devant sans doute être fermée et que même le jour a laissé place à un ciel sombre à l'extérieur.

Nous avons du rester ici un long moment. Un instant bien trop long mais qui, pourtant, m'a semblé durer trop peu de temps.

Je me relève aussitôt et Nora imite mon geste lorsqu'une silhouette apparaît dans notre champ de vision, se plantant en face de nous. Je reconnais aussitôt l'un des agents de sécurité de notre Université, qui nous regarde d'un air fermé et sévère, très peu aimable.

- Je peux savoir ce que vous faites ici ? S'élève sa voix grave et autoritaire.

Je lance un rapide coup d'œil à Nora qui, ses livres dans ses mains, se contente de lui montrer d'un coup de menton.

- À vrai dire, je songeais à faire une partie de Tennis.

Elle roule des yeux et je m'empêche de rire face à son insolence qui m'agaçait plus que nécessaire il y'a encore quelques années, mais l'homme en face de nous ne semble pas trouver la situation marrante puisque son regard s'assombrit d'autant plus.

- Vos noms. Tout de suite.

Nora me lance un nouveau regard, à la fois agacée, amusée et totalement blasée. Alors, je me contente d'afficher un sourire amusé sur mes lèvres et de reposer mes yeux sur l'agent en face de nous.

- Est-ce réellement important ? Lâchais-je alors, en essayant de conserver mon sérieux comme je le peux encore.

Son air agacé provoque un gloussement chez Nora alors que je me mords la lèvre inférieure pour empêcher un rire de quitter mes lèvres.

- Évidemment ! S'agace-t-il soudain. Vous ne devez pas être ici à une heure pareille.

- D'accord, mais nous n'avons commis aucune infraction. Continuais-je d'un air trop détendu pour le sérieux de la situation. Il n'est écrit nul part que nous devons quitter la bibliothèque à la tombée de la nuit.

Aussitôt, l'agent de sécurité pointe son doigt en direction du mur face à nous, qui indique les horaires de fermetures de la bibliothèque. Cette fois, je ne peux empêcher un rire de quitter mes lèvres, alors je me racle exagérément la gorge pour garder le peu de crédibilité qu'il nous reste.

- Vous vous fichez de moi ? Nous demande soudainement l'agent de sécurité. Prenez un rendez-vous chez un ophtalmologue. Par ailleurs, je vous rappelle qu'il vous est strictement interdit d'être ici tous seuls.

- D'accord, souffle Nora après s'être éclaircit la gorge. Mais vous considérez bien que nous ne sommes pas tous seuls ... puisqu'on est tous les deux.

L'homme en face de nous écarquille les yeux et ouvre de nouveau la bouche pour lui répondre quand des bruits dans la bibliothèque semblent attirer notre attention et faire détourner le regard de l'agent de sécurité.

- Putain, ces étudiants finiront vraiment pas me faire perdre la tête. Souffle-t-il pour lui-même avant de reposer ses yeux sur nous. Vous deux, ne bougez pas d'ici.

- Compris chef. Souris-je alors qu'il me lance un regard sombre avant de tourner les talons.

Il disparaît rapidement de notre champ de vision, et je m'empare aussitôt de la main de Nora qui me lance un regard surpris quand j'entremêle nos doigts et commence à marcher rapidement pour sortir de la bibliothèque.

Je l'aperçoit déposer ses livres sur une table et me suivre sans un mot, ce qui fait naître un sourire à la commissure de mes lèvres. Une fois assuré que plus personne ne soit capable de nous voir, je commence à courir en tirant Nora avec moi, alors qu'elle se retient de rire jusqu'à ce que nous quittions la grande salle des livres.

Nos pieds nous conduisent directement jusqu'à l'extérieur, et le vent frais s'abat sur nos corps aussitôt la porte franchit. Soudain, Nora lâche ma main et je me contente de lui lancer un regard qui, je l'espère, se veut indifférent.

Elle commence à se diriger vers le parking alors que je fronce les sourcils, puis je l'interpelle afin qu'elle se retourne une dernière fois vers moi.

- Qu'est-ce que tu fais ? Les chambres, c'est pas ici. L'informais-je alors qu'elle roule des yeux.

- Je rentre chez moi. J'ai quelques soucis familiaux à régler, je crois.

Sa voix tranchante laisse rapidement place au sourire naissant au coin de ses lèvres, et je ne peux m'empêcher de lui sourire en retour avant de hocher la tête en comprenant son objectif.

- Qu'est-ce que tu comptes faire, alors ? Lui demandais-je, en fourrant mes mains dans les poches de mon jogging.

Elle hausse les épaules sans jamais me lâcher du regard, alors que je plonge une nouvelle fois dans ses yeux et ne détourne pas une seconde la tête comme si je voulais garder pour toujours son visage en mémoire.

Alors que je le connais par cœur.

Mais je crois que le fait de pouvoir la contempler et l'admirer d'une telle sorte m'avait atrocement manqué.

- Ce que je fais le mieux ; être une garce.




***





Point de vue Nora Swan.






Je me regarde une dernière fois dans le miroir en face de moi, admire mon chignon parfaitement réalisé, relève la tête, puis affiche le sourire le plus fier et le plus arrogant qui m'ait été donné de montrer un jour.

Ce matin, j'ai entendu mes parents passer le pas de cette porte.

Et ce matin, après avoir songé toute la nuit à ma discussion avec Kilian, je me suis réveillée plus déterminée que jamais.

C'est comme si avoir cette conversation avec lui, en plus de m'avoir totalement déchiré le cœur une fois de plus, avait réussi à raviver en moi un courage que je croyais mort.

C'est comme si j'avais réussi à franchir une étape que je pensais insurmontable jusqu'alors, j'avais compris beaucoup de choses et j'avais délivré toutes les émotions que j'avais emprisonné à l'intérieur de moi, sans jamais les extérioriser.

Sans jamais réussir à mettre de mots sur ce que je ressentais.

Et face à Kilian, j'avais réussi. J'avais réussi à lui dire haut et fort qu'il m'avait brisé le cœur. Et j'avais réussi à l'écouter me dire combien son cœur à lui, aussi, était salement abîmé.

Je pense que maintenant, je suis prête à avancer. Parce que je refuse de m'apitoyer sur mon sort jusqu'à la fin de mes jours, ni-meme de laisser des personnes faire de moi ce que je refuse d'être ; une marionnette.

Alors, je descends lentement les marches de mes escaliers tout en écoutant les voix de mes parents, de mes cousines et de mon frère qui proviennent du salon dans lequel ils semblent déjà tous attablés.

Mes yeux se posent rapidement sur eux, alors qu'ils détournent le regard vers moi. Je croise d'abord les yeux clairs et heureux de mes cousines, puis le regard blasé de mon frère, celui totalement neutre de mon père et enfin, les yeux froids, autoritaires et sans pitié de ma mère.

Je m'attable à la dernière place encore libre puis, je croise les bras en face de moi avant de planter mes yeux dans ceux de ma mère qui me fixe encore et encore dans un silence de marbre.

- Nora, s'élève la voix de mon père. Comment tu vas ? Tes études se passent bien ?

- Très bien. Me contentais-je de répondre sans quitter ma mère du regard. Je réussis haut la main. Et j'ai rencontré des personnes formidables.

- Ah oui ? M'interroge cette fois ma mère, ce même air fier et hautain sur le visage.

Je souris légèrement à Emily qui dépose notre repas sur notre table, puis elle me lance un regard doux et bienveillant qui me réchauffe le cœur avant de s'éclipser dans la cuisine.

- Matt Hernandez est quelqu'un de très sympathique. Enfin, il l'était, quand il avait encore oublié de me préciser que vous aviez prévu de me faire finir ma vie avec lui. Ça change la donne, finalement.

Le visage de mon père se décompose totalement alors que ma mère se contente de me fixer d'un visage totalement neutre, comme si elle se fichait du fait que j'ai été mise au courant de toutes ses manigances.

- Je t'en prie, maman, expliques-moi. Et n'oublies surtout pas tous les détails qui font de toi une mère horrible et une femme aussi mauvaise que la peste.

Mes cousines ainsi que mon frère se contentent de se lancer des regards que je ne traduis pas, alors qu'ils sont parfaitement au courant de tout : j'avais pris soin de leur en parler et la surprise sur leurs visages était perceptible.

- Nora, s'élève la voix de mon père. Je conçois que tu ne sois pas en accord avec nos choix, mais ta mère n'a fait que ce qu'elle semblait être juste pour toi.

Mes sourcils se froncent subitement alors que je pose un regard froid sur lui, auquel je mêle une certaine colère et peut-être même une immense peine de savoir que mon père n'a jamais valu mieux que ma mère.

- Ce qui est juste ? Lui demandais-je alors. Est-ce que vous savez au moins jusqu'où est allé Matt pour vos stupides projets ?

Je laisse mon regard balancer entre mes deux parents, les yeux de mon père interrogateurs et ceux de ma mère, totalement indifférents.

Et c'est là que je comprends.

Et son regard qui restera pour toujours graver dans mon esprit est interprété comme un putain de poignard pour mon cœur.

Elle savait.

- T'étais au courant ... soufflais-je alors d'une faible voix, totalement sous le choc.

Putain. Elle était au courant.

- De quoi est-ce que tu parles ? M'interroge soudain mon père.

- Oui, Nora, de quoi est-ce que tu parles ?

La voix innocente de ma mère, mêlée à une insolence abjecte me donne envie de pleurer et de me jeter sur elle.

Mais, contre toute attente, je me ressaisis, empêche une moindre larme de quitter mes yeux puis repose mes yeux sur mon père qui semble totalement perdu.

- Elle ne t'a rien dit ? Lui demandais-je d'une voix qui feint l'ignorance. Honnêtement, maman, laisser un mec me droguer alors que je suis au milieu d'une centaine d'inconnus, c'était très petit. Même venant de toi.

Soudain, les yeux de mon père s'écarquillent alors que ma mère hausse les épaules en trempant ses lèvres dans son verre de vin.

- C'est une plaisanterie ? Souffle soudain mon père. Attends, il n'a jamais été question de mettre Nora en danger.

- Tout ce qui a été fait était jugé nécessaire. Je n'ai aucune justification à devoir à qui que ce soit. Ce qui est en jeu est bien plus important.

Plus important ...

Plus important que ma santé ? Que ma sécurité ? Que ma vie ?

- Tu peux être certaine que Matt n'aura plus l'occasion de s'approcher de moi. Sifflais-je catégoriquement. Et j'espère que vous allez tous couler pendant que moi, je brillerai, et que vous pleurerez à mes pieds quand moi, je vous cracherai dessus.

J'avais bel et bien dépassé un point de non retour, et la haine que je ressentais envers ma mère était si grande que même le respect que je devais concevoir à son égard s'était envolé.

- Nora, tu ne comprends pas ... souffle de nouveau mon père. Je suis conscient que tu es blessée, mais ton avenir est déjà tracé, et tu vas devoir y mettre un peu du tien. Tu peux faire des études si c'est ce qui te plaît, mais ta place se trouve à nos côtés.

Mes sourcils se froncent davantage alors que mon regard semble transpercer mon père qui essaie de ne pas délier ses yeux des miens.

S'il y'a bien une dernière personne en laquelle je pensais pouvoir placer un minimum d'espoir, c'était lui.

Mais le fait est qu'il ne vaut pas mieux que ma mère.

Il n'a jamais valu mieux qu'elle. Alors, dans ce cas, j'étais seule. Seule contre elle. Seule contre lui. Seule contre eux.

- Au final, tu ne vaux pas mieux qu'elle. Et tu es même pire. Crachais-je dans sa direction. Tu sais pourquoi ? Parce que maman n'a pas honte de me montrer l'affreuse femme qu'elle est. Mais toi, toi tu fais semblant de vouloir mon bien alors qu'en réalité, tout ce que tu veux, c'est que je me plie à tous vos projets.

Ma mère est une femme horrible. Mais elle ne me l'avait jamais caché. Je sais, depuis longtemps, quelle genre de personne elle est, le mauvais fond qu'elle possède et tous les plans qu'elle a prévu pour moi.

Mais mon père est la définition même du vice. Il m'assure vouloir mon bien, mon bonheur et ne pas avoir les mêmes idées qu'elle alors qu'en réalité, son discours me prouve tout le contraire.

- Vous n'avez plus de Matt. Plus de plan. Plus de manières de me faire capituler. Alors, dans ce cas, vous êtes finis. Leur lançais-je froidement. Mettez en place tous les plans tordus qui vous passent par la tête, je ne céderais jamais.

Puis, je me tourne de nouveau vers ma mère qui me fixe toujours, son visage fier ne semblant pas la quitter une seconde.

- Et tu as plutôt intérêt à me donner la lettre que Kilian t'avait confié, parce qu'à partir de maintenant, je ne rigole plus du tout.

Soudain, une lueur surprise passe dans le regard de ma mère avant que son air hautain ne s'empare de nouveau d'elle, puis elle me toise pendant qu'un sourire naît à la commissure de ses lèvres.

- Alors il a fini par te le dire ...

- La lettre, maman. Tout de suite.

J'avais passé des mois entiers à accabler Kilian de reproches et de mauvaises accusation. Et même si une simple lettre n'aurait jamais suffit à réparer ses erreurs, cela aurait peut-être réussi à changer énormément de choses.

À réparer un peu plus vite et un peu plus fort mon cœur brisé.

Et j'aurai peut-être réussi à tourner la page sans ressentir une telle rancoeur envers Kilian.

- Je ne l'ai pas. Se contente de me dire ma mère. Je l'ai jeté. Brûlée. Effacée.

Soudain, j'ai l'impression que mon cœur s'arrête de battre le temps d'un instant qui me semble pourtant interminable, et malgré mon visage indifférent et froid, mon esprit et mon cœur ressentent trop d'émotions pour que je ne puisse toutes les supporter.

Jeté. Brûlé. Effacé.

- Tu mens. Sifflais-je sèchement. Tu ne jettes jamais rien. Je le répètes, ou est cette putain de lettre ?

Je me lève brutalement en terminant ma phrase pendant que ma mère me toise encore une fois, ce même sourire insolent et arrogant scotché sur ses lèvres.

- Nora. Je pense que tu devrais te calmer. M'intime Jason, d'un regard se voulant rassurant.

Je lui lance un rapide regard et soupire longuement, avant de laisser un sourire mauvais incurver le coin de mes lèvres.

Je sais qu'il ne veut pas que je m'énerve de trop devant ma mère. Parce que je suis capable d'être plus intelligente qu'elle. Et cela sans même lui montrer qu'elle réussit à m'atteindre plus que de raison.

- Très bien. Soufflais-je en reposant mes yeux sur ma mère. Je me fiche de cette lettre. Mais ne te mêles plus jamais de ma vie privée. Parce que je te promets que tu finiras par le regretter.

- Est-ce un avertissement ? M'interroge ma mère en penchant légèrement la tête.

- Non, maman. C'est une menace.

Son regard s'assombrit légèrement alors qu'elle perd petit à petit son sourire trop certain et trop hautain à mon goût. Et à ce moment précis, je comprends que j'aurais le dernier mot.

- Tu te vante tellement de m'avoir éduqué à ton image ... tu ne serais donc pas surprise de constater que je suis capable d'être aussi odieuse que toi.

Sur ces derniers mots, je quitte définitivement la table et contourne celle-ci afin de regagner ma chambre. Cependant, quand je passe devant la table basse devant le canapé, mes yeux se posent sur un dossier que je reconnais aussitôt comme étant celui de Selena.

Alors, je m'en empare sans hésitation et regagne rapidement la table, sous les regards de ma famille qui semblent s'interroger quant à ce geste.

- J'avais oublié une chose. Lâchais-je avant de déposer le dossier face à elle. Tu vas appeler Selena et lui dire que tu acceptes sa demande de stage. Et tu vas très bien te conduire avec elle.

Ma mère lâche un rire mauvais en posant un regard presque écœuré sur la paperasse.

- Et pourquoi est-ce que je ferai une chose pareille ? Une fille de Brooklyn n'aurait rien à faire chez moi.

Je roule des yeux avant de poser un regard blasé sur elle, totalement agacée de ses discours réducteurs et totalement dénués de sens.

- Parce que ... commençais-je en laissant planer un certain suspens, un faux sourire aux lèvres. Je pourrai malencontreusement laisser échapper devant tes amis le fait que tu ai laissé ta fille se faire droguer sans pitié. Et ... entre nous, ton image en prendrait un coup non négligeable.

Je perçois une lueur apeurée dans son regard, très rapidement remplacée par son air indifférent habituel. Mais je sais qu'elle a parfaitement conscience de ma capacité à crier haut et fort au monde à quel point elle est ignoble.

- Tu n'oserai pas ?

- Tu crois ? Lui demandais-je alors. Ne me donnes jamais l'occasion de te prouver le contraire.

Elle affronte encore mon regard durant de longues secondes avant de soupirer légèrement puis de poser sa main sur le dossier de Selena.

Et à ce moment précis, je comprends que j'ai gagné. Et je sais qu'à partir de maintenant, je gagnerai toujours.

Je tourne de nouveau les talons afin de partir, définitivement cette fois, lorsque sa voix s'élève une nouvelle fois dans mon dos.

- On a prévu de te faire venir au gala avec Matt, dans quinze jours. Tu as intérêt à ne pas me faire de coup foireux, Nora.

Je laisse un rire jaune m'échapper puis je roule des yeux sans même qu'elle ne puisse me voir, avant de lui adresser une dernière phrase et de quitter la pièce sans même me retourner.

- Comptes sur moi, maman.

Pour te faire un coup foireux, évidemment.




***




Emmitouflée dans ma grosse écharpe, j'observe le ciel nuageux au dessus de ma tête alors que seul le bruit du vent s'abattant sur les arbres autour de moi se laisse entendre.

J'étais installée ici depuis une heure. À cet endroit, au milieu des arbres, en face d'une grande cascade d'eau magnifique lorsqu'il fait beau.

L'endroit que Kilian m'avait fait découvrir il y'a déjà une année.

Et je n'étais jamais revenu. Parce que je pensais que mettre les pieds ici me déchirerait le cœur, et je ne voulais pas m'infliger plus de peine que celle qui me rongeait déjà chaque jour.

Mais je crois que je ne me suis que rarement senti aussi bien. C'est un endroit calme, apaisant, loin de tout et loin du monde.

- On dirait que t'as envie de crever. S'élève soudain une voix dans mon dos.

Je sursaute de surprise et me retourne afin de faire face à Kilian qui s'avance dans ma direction, le regard amusé et son éternel sourire au coin des lèvres.

- Maintenant que t'es là, oui j'ai envie de crever.

Kilian lève les yeux au ciel pendant que je laisse échapper un rire nasal, puis il s'installe sans un mot à mes côtés pendant qu'on long silence apaisant s'installe entre nous.

Son odeur m'enveloppe aussitôt alors que son parfum enivre mes narines, et je ne peux pas empêcher un sourire de naître sur mes lèvres alors que je continue d'admirer le ciel sombre.

- Oh regardes, un nuage en forme de cœur. Lâchais-je soudainement, les yeux rivés sur celui-ci.

Kilian semble suivre mon regard, puis je l'aperçois incliner la tête avant de froncer les sourcils, puis il plisse les yeux en semblant être dans une totale réflexion.

- N'importe quoi, c'est un lapin.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Vas chez un opticien, tu vois bien que c'est un cœur. De toute façon, c'est plus beau un cœur.

Kilian pouffe légèrement avant de me lancer un regard amusé.

- T'es trop romantique comme fille. Lâche Kilian en mimant une fausse grimace de dégoût qui me fait franchement rire. Pourtant, je suis sûr que tu accepterais de te marier au milieu d'un McDo.

- Tant que ce n'est pas avec toi, je me marierai n'importe où.

Kilian pose une main sur son cœur et j'éclate de rire quand je constate qu'il s'est trompé de côté, ce qui accentue son visage exagérément outré.

- Tu ne te marieras jamais avec un autre homme que moi. M'assure Kilian.

- Ah oui ? Sinon quoi ?

Son sourire s'élargit davantage pendant qu'il rapproche son visage du mien, enroule son doigt autour d'une de mes mèche de cheveux et laisse un instant de silence entre nous.

Son souffle s'écrase contre mes lèvres et je vois ses yeux faire des allers et retours entre mon regard et ma bouche.

- Je m'opposerai au mariage. Je te kidnapperai et je t'enfermerai dans ma cave.

J'éclate soudain de rire face à son air sérieux, en secouant la tête et en m'éloignant de lui.

- T'es qu'un psychopathe, Kilian.

- Possible, oui.

Je calme mon rire puis repose mes yeux sur la cascade en face de moi, lorsqu'un coup de vent me provoque une longue série de frissons incontrôlés.

Soudain, je sens le bras de Kilian passer autour de mes épaules, puis me rapprocher de lui alors que je me laisse faire et mon cœur s'emballant plus que de raison.

Je dépose ma tête sur son épaule, alors qu'il laisse la sienne retomber sur la mienne. Je sens l'une de ses mains chaudes se refermer sur les miennes, et le contraste entre sa peau brûlante et ma peau gelée me fait frémir, alors qu'il sourit contre moi.

- Je suis vraiment content ... d'être revenu ... pour toi. C'était la meilleure décision de ma vie. S'élève soudain sa voix dans un murmure faible et doux.

Mon cœur bat à la chamade et tambourine si fort dans ma poitrine que j'ai l'impression qu'il s'apprête à exploser, pendant que ma respiration s'accélère légèrement.

Les mots de Kilian ont un effet indescriptible sur moi, et ce, peut-importe le temps passé entre nous.

Alors, j'entrouvre à peine les lèvres pour laisser les mots m'échapper, si faiblement qu'il m'entend sans doute à peine.

- Je suis contente aussi ... tu m'avais manqué.





***




HELLOOO !!! 💞💞

J'ai écris ce chapitre en mode express, parce que je voulais absolument vous publier quelque chose le jour de mon birthdayyy pour vous faire un petit cadeauuu ( ouais ouais ici on inverse les traditions ) 💃💃💃

Je ne sais pas trop quoi penser de ce chapitre j'angoisse bahah mais bon, j'espère qu'il vous a plu et j'ai vraiment trop hâte d'écrire la suite !

Alors, on se retrouve bientôt, j'espère, peut-être après mes examens mes stars ! <33

Merci pour tout,
À bientôt,

Lots Of Love 🤍





( Instagram : _unxpetiteblonde_ )

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