Trois Mille Euros Net.

Av loudepeyrac

52.1K 5K 1.2K

Oh, comme c'était intéressant. Le majordome les observait en doux spectateur silencieux et se délectait vérit... Mer

Prologue.
Chapitre 1 : Qui est la brute qui a ruiné ton make-up à ce point ?
Chapitre 2 : C'est joli votre accent. C'est quoi ? Polonais ?
Chapitre 3 : C'est la femme de ma vie et je ne la reverrai plus jamais.
Chapitre 4 : Un bain, un scotch, une cigarette.
Chapitre 5 : C'était d'une telle ironie qu'elle aurait pu en rire...
Chapitre 6 : Faîtes l'effort de ressembler à autre chose qu'à une fille de joie
Chapitre 7 : Sa femme veut la voir belle, et le ciel est sa limite.
Chapitre 8 : Oh pardon, est-ce-que j'ai interrompu quelque chose ?
Chapitre 9 : Je sais que vous avez adoré ça. Avouez que c'était drôle...
Chapitre 10 : Elle n'osait juste pas, rien de plus, rien de moins...
Chapitre 11 : Je n'ai pas assez bu pour parler de ça avec vous.
Chapitre 12 : C'est le jeu, ceux qu'on chérit ont le pouvoir de nous décevoir.
Chapitre 13 : Vous avez oublié mon speculoos ce matin.
Chapitre 14 : Allons, tu as déjà survécu à tellement pire...
Chapitre 15 : Vous avé mangé aujourdui ?
Chapitre 16 : Où est-elle ?!
Chapitre 17 : Vous allez me virer, n'est-ce-pas ?
Chapitre 18 : Jamais trois sonneries.
Chapitre 19 : Vous voulez que tout s'arrête ?
Chapitre 20 : Que le jeu commence...
Chapitre 21 : Depuis quelques temps, vous êtes détestable.
Chapitre 22 : On partage ce que vous voudrez...
Chapitre 23 : J'ai réservé une table dans un restaurant que j'affectionne.
Chapitre 24 : N'oubliez pas de respirer, Miss Volkov.
Chapitre 25 : Deux places pour La vie est belle, je vous prie.
Chapitre 26 : Tu sais jouer aux échecs ?
Chapitre 27 : Je m'étais pourtant dit que c'était une belle journée...
Chapitre 28 : N'était-ce pas un peu coupe-gorge ?
Chapitre 29 : Marque-moi...
Chapitre 31 : Tu danses, bébé ?
Chapitre 32 : Parce que les bêtes blessées se cachent pour mourir.
Chapitre 33 : Vir De G.Del Vecchio
Chapitre 34 : L'âme ravagée, le coeur épileptique.
Chapitre 35 : Ok, coupez. On la garde.
Epilogue.
Trois mille euros net sur vos étagères ?

Chapitre 30 : Et si je me prends les pieds dans ma robe ?

1.7K 135 38
Av loudepeyrac


Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien. 

Chapitre de transition aujourd'hui, vous savez à quel point je déteste ça, mais enfin j'imagine que c'est nécessaire et j'espère qu'il vous plaira malgré tout. 

Sachez que je suis doucement mais sûrement en train d'écrire le dernier chapitre. Ainsi je peux vous dire que l'histoire comportera 35 ou 36 chapitres à peu près et comme toujours un épilogue. 

Aussi, j'envisage une suite. Mais alors c'est encore très flou pour moi parce que comme je l'ai déjà dit à certains, je ne suis pas sûre que le retournement de situation que j'imagine vous plaira, je pense même au contraire qu'il pourrait vous faire râler dans un premier temps. C'est donc vraiment à réfléchir. Si je devais vous donner un indice, je vous dirai que tout devrait bien se passer si vous savez compter jusqu'à trois ;) 

Enfin, je vous remercie de continuer à me lire et surtout pour tous vos adorables messages en ce qui concerne les ventes de Ce bleu te va si bien. C'est merveilleux et ça me touche énormément, alors un immense merci :) Je vous laisse découvrir ce nouveau chapitre, prenez soin de vous. Tendrement, Lou De Peyrac.

---

Dans le silence de la chambre, seule la lune éclairait les draps. Ceux-là ne couvraient plus grand chose des deux corps allongés. Le dos de la russe était à nu, ses longues boucles rousses cachant peut-être seulement une épaule. Il faisait chaud cette nuit-là et ouvrir une fenêtre serait sans doute une idée judicieuse. Pourtant, personne n'en fit rien. Les deux êtres restaient amorphes au milieu du lit, s'empilant l'un sur l'autre. Seules les respirations étaient perceptibles. Régulières et sereines alors que si extatiques une seconde plus tôt. L'oreille contre la poitrine de la brune, Magda se laissait bercer par les battements rythmés de son cœur. Un cœur puissant et solide qui cognait fort au fond de la cage thoracique. Giulia, les yeux fermés, n'agitait paresseusement qu'une main faiblarde qui partait de la nuque de la russe, courait le long de son dos, l'effleurant du bout des ongles et remontait avant d'atteindre les fesses couvertes du drap. De manière absolument exquise, elle sentait les seins de la plus jeune se presser contre son ventre, le poids lourd de son corps détendu sur elle, l'une de ses cuisses entre les siennes alors qu'elle avait même laissé une main posée tendrement sur son entrejambe. Par moment, ses cheveux lui chatouillaient le nez mais elle en faisait fi. Ici, en cette seconde d'après l'orgasme, il n'y avait qu'elles et cette main qui apaisait la folie d'un peu plus tôt comme un mouvement de balancier hypnotisant. Elle percevait quelques frissons agiter le corps de la belle sorcière quand son geste était trop insistant et s'en amusait. Peu à peu elle apprivoisait ce grand corps, mémorisant ses zones les plus sensibles, comme près de l'aine, l'os de la hanche, la peau de la jugulaire. Après quelques secondes supplémentaires de temps de pause totalement hors des heures qui défilent, elle ouvrit les yeux et observa à la sauvette le corps qu'on aurait pu croire mort sur le sien. La carrure solide et athlétique semblait détendue, lui offrant une vision parfaite sur la croupe juvénile, le dos dénué de tout défaut. Elle perçut une nouvelle fois la taille de guêpe et découvrit même un minuscule grain de beauté juste au-dessus de la fesse gauche qu'elle trouva si adorable qu'il lui arracha un sourire. D'ici, elle ne pouvait voir le visage, mais l'imagina tout à fait dépourvu de tourment, sans doute les traits fins et lisses.

Distraitement, elle passa un doigt sur ce même grain de beauté et trouva finalement l'ensemble du corps si harmonieux qu'elle pensa à voix haute :

- Le destin est un idiot de ne jamais t'avoir offert de carrière de mannequin.

- Je préfère être ta gouvernante, murmura le corps qu'elle avait pourtant juré endormi.

Cette réponse la fit sourire plus encore parce qu'elle traduisait autre chose derrière son allure formelle. Je préfère être à toi, il était évident qu'elle aimait ce qu'elle entendait. Parce qu'encore une fois, peut-être par des idéaux tordus et machistes, elle aimait qu'on lui appartienne. Mais elle se fit la réflexion - non moins tordue, se dit - elle - qu'elle avait autant aimé lui appartenir. Elle avait apprécié se retrouver bloquée sous ce grand corps, comme ça, capable de rien, attendant impatiemment une délivrance qui avait trop tardé à venir certes, mais qu'on lui avait finalement accordée. Et voilà qu'à présent, elle se retrouvait avec une orpheline qui paraissait si petite, si inoffensive parce que si sereine dans ses bras. Magda avait rendu les armes, rentré les griffes. Toutes deux en vérité avaient cédé à l'abandon et c'était tant mieux.

Après de longues secondes de silence supplémentaire, Magda releva légèrement la tête et observa la brune. Elle apprécia son profil, la ligne marquée mais délicate de sa mâchoire, ses lèvres dont le maquillage s'était effacé tant elle l'avait embrassé. Elle plissa les yeux et d'une voix déformée par la fatigue, demanda :

- Niveau angoisse, sur une échelle de un à dix, on est à combien ?

Giulia ouvrit la bouche, déjà prête à nier, mais comprit que sa belle sorcière l'avait percée à jour plus vite qu'elle-même et un rire nerveux s'échappa alors de ses lèvres.

- Bonne question, admit-elle sans jamais cesser ses caresses envoûtantes sur le grand corps. Pour le moment, je suis saturée d'endorphines, il m'est difficile de répondre avec justesse, murmura-t-elle.

- J'ai donc réussi ma mission, sourit la rousse, satisfaite, en se réinstallant confortablement sur la poitrine de l'italienne.

- Ta mission ? Me faire crier ?

- Te détendre, rectifia-t-elle. Cesse de me croire aussi lubrique. Disons que t'entendre crier était seulement un bonus, avoua-t-elle en riant un peu.

- Je ne t'imaginais pas silencieuse, affirma la dame.

- Ça veut dire que tu m'imaginais ?

- Comme si tu ne le savais pas... soupira-t-elle, faussement exaspérée.

- Tu avoueras que traiter quelqu'un de putain à longueur de journée, il y a mieux comme technique de drague, rappela la gouvernante en haussant les épaules. Excuse-moi d'avoir douté de tes attentions à mon égard.

- Une très jolie putain si ça peut te rassurer, rit la dame en laissant l'une de ses mains sur poser sur les fesses de la rousse.

- Votre capacité à parler aux filles est exaspérante, Madame Del Vecchio, râla Magda.

Giulia s'autorisa un nouveau rire, mais reprit bien vite et contre toute attente un air relativement sérieux. Sans se presser, elle perdit l'autre main dans les cheveux roux, et sans jamais quitter le plafond des yeux, avoua :

- J'ai eu envie de toi à la minute où tu es entrée dans mon bureau la première fois.

- Oh ? s'étonna Magda en relevant de nouveau la tête, observant attentivement la brune, posant son menton sur l'os de son buste. Même avec la mini-jupe ?

- Surtout avec cette effroyable jupe.

Giulia n'en dit pas plus, et Magda sut qu'elle devrait se contenter de ça. Pour autant, elle savait aussi que c'était déjà énorme de la part de quelqu'un comme Giulia Del Vecchio. Alors elle sourit parce que ses mots parvinrent à atteindre leur cible et demanda simplement :

- Je peux rester ici cette nuit ?

Pour la première fois, Giulia baissa les yeux sur son visage d'ange et fut conquise en la voyant ainsi. Sans maquillage, les cheveux en bataille, l'air un peu fatigué d'avoir trop ressenti. Définitivement la plus belle vision qu'elle avait eu d'elle.

- Viens, murmura-t-elle en lui offrant un bras chaleureux et accueillant.

Magda ne se fit pas prier, craignant bien trop qu'elle ne change d'avis, et se décala de manière à poser sa tête dans le creux de son épaule. Elle voulait lui dire tout un tas de choses. En vérité, elle aurait pu lui parler pendant des heures cette nuit-là, lui répéter à quel point elle avait rêvé de ce moment, à quel point elle avait aimé le partager avec elle, ou encore tous les autres moments qu'elle voulait lui offrir. Pourtant, elle comprit qu'il était encore trop tôt pour ça, que ce n'était pas parce qu'elle était nue dans ses bras qu'elle avait tous les droits.

Alors elle ferma les yeux, posa une main douce entre ses seins, et sourit même quand elle sentit le bras de Giulia s'enrouler de manière délicieusement possessive autour de ses hanches.

- Bonne nuit, ma belle dame, murmura-t-elle déjà dans un demi-sommeil.

Sommeil qui l'emporta juste après qu'elle ait sentit les lèvres de sa patronne sur son front.

***

Giulia fronça légèrement les sourcils alors que la lumière tentait de se frayer un chemin à travers ses paupières. Elle n'ouvrit pas les yeux, du moins pas tout de suite, consciente qu'elle risquerait d'y perdre une rétine. Elle reprit lentement possession de son corps alors qu'elle peinait à sortir des bras d'un sommeil de plomb. Allongée sur le dos, elle se sentait ancrée dans le matelas, les muscles détendus, comme un poids mort libéré de toutes tensions. Comme tous les matins, elle attendait que son réveil sonne alors que les premiers rayons du soleil éclairaient la ville. Doucement, elle reprit une respiration normale même si elle sentait vaguement qu'une pression sur sa poitrine l'empêchait d'inspirer correctement. Pas forcément quelque chose de désagréable, mais de non habituel. Peut-être devrait-elle songer à arrêter de fumer.

Alors qu'elle revenait doucement d'entre les morts, elle se rendit compte qu'elle ne se souvenait pas s'être déjà sentit si reposée. C'était un peu comme si elle ne sentait plus son corps, ou alors comme si au contraire, elle le sentait trop. Parfaitement échouée en elle-même, complètement à sa place, intensément vivante puisqu'elle se sentait lourde et légère à la fois. Elle leva un bras chancelant et se frotta les yeux. Tiens, elle se n'était pas démaquillée, pensa-t-elle en sentant des restes de mascara sous ses doigts. Elle grogna en réalisant qu'il faisait bien trop chaud ce matin-là, que si le soleil cognait si fort à 6h, cette maudite canicule allait finir par la tuer, elle, qui était pourtant habituée au soleil italien. Et pour accentuer encore un peu plus sa mauvaise humeur, son téléphone se mit à sonner d'une mélodie qu'elle n'attendait pas puisqu'elle ne reconnut pas celle de son réveil. Un appel si tôt le matin ? Elle se fit la rapide promesse d'envoyer balader l'audacieux qui osait la réveiller à moins qu'un de ses acteurs soit en danger de mort.

- Allô ? articula-t-elle d'une voix rendue caverneuse par le sommeil.

- Tout va bien, Madame ? demanda une voix qu'elle reconnut tout de suite.

- Ça allait mieux avant que vous ne me réveilliez. Qu'est-ce qui se passe, Bob ? Sachez que je n'accepterai comme excuse qu'une attaque nucléaire, débita-t-elle, clairement énervée, ne prenant même pas la peine d'ouvrir les yeux.

Elle entendit le majordome se racler la gorge, apparemment mal à l'aise.

- Toutes mes excuses, Madame. Je suis passé à St Jean ce matin, mais puisque vous n'y étiez pas, j'ai pensé que vous étiez déjà à l'agence. Et comme il est déjà 10h et que je ne vous voyais pas arriver, je commençais à m'inquiéter.

Giulia écarquilla les yeux, comme prévu, le soleil lui brûla la rétine si bien qu'elle grimaça. Prenant subitement conscience de son environnement, elle comprit pourquoi il faisait si chaud ce matin-là, et pourquoi elle avait tant de mal à respirer quand elle baissa les yeux pour trouver le corps de sa gouvernante allongé de tout son long sur elle. La tête de la belle endormie reposait sur sa poitrine, ses jambes étaient entremêlées aux siennes et l'une de ses mains couvrait l'un de ses seins. Oh mon dieu... elle rougit du menton à la naissance de ses cheveux et se remercia d'avoir toujours eu la capacité de réfléchir très vite.

- Pardonnez-moi, Bob. Une migraine m'a empêché de dormir toute la nuit.

- Pas de problème. Préférez-vous travailler à St Jean aujourd'hui ?

- Non, non. J'ai plusieurs rendez-vous. Je serai à l'agence aujourd'hui, assura-t-elle.

- Bien, dois-je annuler votre présence au gala de charité de ce soir ?

- J'avais oublié ce foutu gala... soupira-t-elle en se frottant les yeux. Rappelez-moi pour quelle cause est-il organisé ?

- Récolter des fonds pour offrir des fauteuils roulants mieux équipés à des enfants tétraplégiques, Madame.

- Enfants tétraplégiques, rien que ça... soupira-t-elle. Je serai une personne bien cruelle de ne pas participer.

- Assurément, Madame, confirma Bob en essayant maladroitement de ne pas rire de la mauvaise humeur de sa patronne qui parfois perdait toute morale.

- Soit, j'y ferai une apparition. Pourriez-vous être un amour de majordome et faire en sorte que je trouve un café sur mon bureau en arrivant à l'agence ? Un double de préférence.

- Ça serait fait, promit le jeune homme. Voulez-vous que je vienne vous chercher ?

- Ce ne sera pas nécessaire. A plus tard, mon cher majordome, merci.

- A votre service, mon cher employeur, sourit Bob avant de raccrocher.

La dame soupira en laissant son téléphone tomber sur le lit, refusant de s'y intéresser pour le moment, imaginant déjà le nombre de mails sans doute incalculable qu'elle avait en attente. Elle ne se souvenait même pas avoir éteint son réveil, et voilà qu'il était 10h du matin, qu'elle s'était offert ce qui s'apparentait à un coma et qu'elle était déjà en retard.

Pourtant, elle ne put s'empêcher un sourire quand ses yeux tombèrent sur la jeune rousse qui bougeait légèrement au creux de ses bras, probablement réveillée par son appel avec Bob.

- Alors comme ça, tu me compares à une migraine ? Je pourrais me vexer, grogna une voix grave contre la peau de sa poitrine.

- Une migraine absolument délicieuse, rectifia la brune en passant une main paresseuse dans la masse de cheveux roux qui couvraient son buste.

Magda releva péniblement la tête, encore engourdie et posa son premier regard sur le visage d'une Del Vecchio absolument sublime comme ça, le maquillage ayant coulé, les cheveux quelque peu décoiffés, mais l'air serein. Et elle se dit même qu'elle tomba encore un peu plus amoureuse d'elle à ce moment-là.

- Charmeuse, sourit-elle en plissant les yeux.

- Charmée, rétorqua Giulia. Bien dormi ?

- Sur toi ? Mieux que jamais.

- Il va falloir que j'aille travailler.

- C'est toi le patron, ils peuvent bien se passer de toi une journée, grogna la plus jeune qui rêvait déjà de garder le corps de l'italienne près d'elle le plus longtemps possible.

- C'est moi le patron, raison pour laquelle justement ils ne peuvent pas se passer de moi.

- Moi non plus je ne peux pas me passer de toi, renchérit Magda en laissant l'une de ses mains courir le long de la cuisse de Giulia.

- Je ne te pensais pas si romantique au réveil. Range cette main, ordonna-t-elle d'une voix faussement sévère.

Magda haussa les épaules pour seule réponse. Elle n'avait pas l'impression d'être romantique, elle disait seulement ce qui lui passait par le cœur parce que quand elle la regardait ce matin, elle comprenait qu'elle ne pensait plus avec sa tête. Retrouvant pourtant une certaine sagesse, elle fit taire son envie de la kidnapper pour la journée, et roula sur le côté, lui accordant le droit de se lever. Giulia se redressa et s'étira après s'être assise au bord du lit, se doutant que sa gouvernante mangeait son dos des yeux.

- Je suis obligée d'aller à un gala de charité ce soir, reprit la dame plus sérieusement en passant une main dans ses cheveux. Le genre de soirée auquel je m'ennuie terriblement d'ordinaire. Je me dis que si tu acceptais de m'accompagner, je m'ennuierai peut-être moins.

Allongée sur le ventre, les bras repliés sous sa tête alors que le drap ne la couvrait que peu, Magda plissa les yeux.

- Tu veux que moi, la gouvernante, je t'accompagne à une soirée officielle ?

- Eh bien, oui... j'imagine que c'est ce que je viens de dire, répondit Giulia en cherchant ses vêtements du regard.

Magda serra les dents en remarquant que sa belle dame ne contredisait pas ce qualificatif de "gouvernante" qui continuait à lui coller à la peau comme un fardeau. Pour autant, elle se dit qu'il était probablement trop tôt pour qu'elle la qualifie autrement.

- Et qu'est-ce qu'on y fait à ce genre de soirée ?

- Il y a généralement pas mal de monde. On boit, on discute, on danse parfois, et on fait des chèques, mais ça, ça ne te concerne pas.

- Hm, ringard, commenta la gouvernante.

- Élégant, rectifia la dame en s'habillant rapidement. Cela dit, le champagne y est souvent très bon. L'un de mes plus proches amis y sera, j'aimerai te le présenter.

Pourquoi t'est-il si difficile de dire que tu veux seulement passer du temps avec moi ? pensa Magda avec une pointe d'amertume dans le cœur.

Et comme si elle avait lu dans ses pensées, la dame ajouta :

- Et j'aimerais t'avoir belle à mes côtés.

Magda sourit à ce dernier argument et, se tournant légèrement, s'allongea sur le côté. Habillée, Giulia se retourna pour faire face au lit et fut une seconde subjuguée par la vision de cette jeune sorcière étendue au milieu d'un lit alors que le drap ne couvrait que le bas de son corps.

- Comment dois-je m'habiller ?

- Je suis tentée de te dire d'y aller ainsi mais ça ne serait pas correct, plaisanta Giulia en la dévorant des yeux.

- Tu ne supporterais pas que d'autres me voient comme tu me vois maintenant, rappela Magda en se redressant sur un coude dans une pose nonchalamment séduisante.

- Il est vrai que j'aime assez avoir l'exclusivité dans ce domaine, admit Giulia en se penchant au-dessus d'elle.

Magda rit en passant des bras autour de son cou, se retenant de la renverser sur le lit.

- Je m'occupe de ta tenue. Je crains que tu ne choisisses quelque chose de trop vulgaire, plaisanta Giulia en se laissant étreindre.

- Ringard, commenta de nouveau la gouvernante qui, effectivement, avait sans doute pensé à quelque chose de trop vulgaire pour ce genre de soirée.

- Élégant, rectifia encore la brune.

- Alors tu t'occupes de tout et je ne m'occupe de rien ?

Del Vecchio sourit, cette perspective lui plaisait. Les lèvres de l'autre étaient si proches des siennes qu'elle y succomba. Elle l'embrassa d'abord chastement puis le baiser devint bien vite plus intense et cela va de soi, plus dangereux. La langue de la plus jeune força la barrière de ses lèvres et la dame sentit une main clandestine descendre le long de son corps et remonter audacieusement sa jupe. Insatiable, pensa-t-elle avec amusement. Elle sourit contre ses lèvres et mordit même légèrement l'une d'elles. Enfin, refusant de lui succomber pour la seule raison qu'elle n'en avait pas le temps, elle se recula. Magda grogna alors que Giulia remarquait une marque pourpre au creux de cou de porcelaine, marque que la sorcière lui avait réclamé la veille. La brune attrapa alors son menton entre ses doigts, l'obligeant à lui montrer la preuve de leurs ébats.

- Je te ferai livrer ta robe dans la journée, murmura-t-elle. Je passerai te prendre à 20h.

- Me prendre comme tu m'as prise hier soir ? taquina la rousse qui s'attira un sourcil accusateur de sa patronne.

- A mon retour, j'espère vraiment que tu seras habillée, et que tu auras caché ça, réprimanda la dame, faussement sévère avant de déposer un rapide baiser sur son front et de se redresser.

- Et si ce n'est pas le cas ? tenta la plus jeune, parce qu'elle avait toujours aimé la contredire.

- Tu en payeras les conséquences. Il est vrai que ça pourrait te plaire, mais tu ne le sauras qu'une fois le gala terminé. Alors sois sage, et obéis moi, pour une fois, sourit Giulia en ayant parfaitement conscience de la décharge électrique qu'elle venait de lui envoyer dans le ventre.

Magda resta complètement stupide, déjà échaudée par ces derniers mots et cru mourir de désir en la voyant s'éclipser, jurant même que sa belle dame avait onduler des hanches plus que d'ordinaire en sortant de sa chambre.

***

Magda inspira en se regardant dans le miroir. Ses yeux passaient de son maquillage - elle effaça une trace de rouge à lèvre du bout des doigts - à l'horloge accrochée au mur. Une angoisse certaine commençait à monter en elle. Quelque chose d'à peine perceptible au départ mais qui prenait de plus en plus de place au fond de sa poitrine. 19h55, lut-elle alors qu'elle appréhendait au rythme de cette trotteuse qui n'en finissait pas de courir, la narguant à coup de tic et de tac. A vrai dire, elle avait pratiquement passé la totalité de sa journée à se faire belle, exigeante, se désirant parfaite pour elle. Elle s'était rendormie quelques heures, parce qu'elle avait dû être honnête et avouer que Giulia l'avait littéralement épuisée. Elle avait tout de même pris le temps de s'offrir un café et un spéculoos parce que c'était un rituel qu'elle peinait à délaisser. Mais bien vite, elle avait pris plaisir à prendre soin d'elle et uniquement d'elle. Elle avait alors testé un nombre colossal de masque pour la peau. Exfoliant, gommage, crème, elle n'avait pas lésiné sur les moyens. Elle avait fait subir le même traitement à ses cheveux. Les recouvrant d'un mélange d'huile d'olive et de jus de citron. Si Giulia l'avait vu, elle se serait sans doute moquée d'elle en la comparant à une vinaigrette.

Elle n'avait eu aucune nouvelle de sa belle dame. Seul Bob lui avait envoyé un message dans la matinée.

De Bob :

Del Vecchio est radieuse ce matin, et d'une bonne humeur peu commune pour quelqu'un souffrant d'une migraine. Que lui as-tu fais ?

De Magda :

Je lui est conseyé un trètement.

De Bob :

Un traitement qui s'appelle Magda Volkov ?

De Magda :

Ça, ce n'est pas un traitement, ces une drogue.

De Bob :

Alors je crois qu'elle est déjà accro.

Elle avait souri à ce dernier message et n'avait même pas pris la peine de répondre, consciente que Bob comprendrait tout seul. Elle s'était alors contentée de se vernir les ongles, espérant se détendre un peu. Comme promis, en début d'après-midi, un livreur avait sonné à l'appartement pour lui livrer une belle boîte cartonnée. Comprenant un peu mieux les ficelles de ce milieu, elle lui avait glissé un pourboire et avait découvert une robe qu'elle avait étendue sur son lit. La pièce était plus belle que tout ce qu'elle n'avait jamais vu. Elle n'aurait même jamais pensé qu'une telle robe existait. Del Vecchio avait raison : elle n'aurait jamais choisi de porter quelque chose de cette qualité. La pièce était, semble-t-il, signée Zuhair Murad si elle en croyait l'inscription sur la boîte, puisqu'encore une fois, elle ne connaissait absolument pas ce type qui pourtant aujourd'hui l'habillait. Elle avait avec extrêmement de soin, sortit l'objet de son emballage et avait blêmit en voyant la finesse des coutures.

- Putain, mais je ne rentrerai jamais là-dedans... avait-elle soufflé.

Et comme si Giulia, encore et toujours soucieuse du détail et à jamais prévoyante avait deviné sa réaction, Magda avait trouvé une note au fond de la boîte. Une écriture fine et élégante qu'elle aurait reconnue entre mille.

Tu es une taille mannequin, cette robe sera parfaite sur toi jusqu'à ce que je te l'enlève.

Elle avait souri en lisant ces mots, et ce ne fut finalement qu'en début de soirée qu'elle avait enfilé cette merveille, craignant bien trop de l'abîmer.

Et c'est ainsi qu'elle se retrouvait à présent face à elle-même. La robe était uniquement noire. En vérité, même si elle ne sombrait dans aucune sorte de vulgarité, la seule partie du corps qu'elle couvrait était les hanches, l'entrejambe, le haut des cuisses de Magda par un tissu opaque. Le reste du vêtement était entièrement en dentelle. Aussi bien les pans - la robe étant longue et traînant même un peu au sol - que la seule manche qui recouvrait un bras ainsi que ce qui couvrait la poitrine, laissant beaucoup de peau visible à travers le tissu transparent. Les seins étaient cachés par des arabesques noirs qui avaient été ajoutés à la dentelle pour protéger une certaine féminité. En somme, Magda habillait autant la robe que la robe l'habillait elle-même puisque sa peau blanche contrastait drastiquement avec les motifs qui décoraient le tissu diaphane qui avait servi de base. L'une et l'autre se sublimaient, l'une n'allait pas sans l'autre. La gouvernante se dit d'ailleurs que c'était sans doute une des raisons pour laquelle Giulia l'avait choisie. Comme la dame l'avait deviné, la taille était parfaite, comme si elle avait les mensurations de la plus jeune en tête, et c'était peut-être le cas.

Et en se voyant ainsi, Magda devait avouer qu'elle ne s'était jamais trouvée aussi belle. Giulia la voyait-elle ainsi pour lui offrir une telle splendeur ? Elle aimait le penser.

***

A 20h tapantes, elle entendit le ding de l'ascenseur au rez-de-chaussée. Sans surprise, Giulia était ponctuelle. Alors elle se lança un dernier regard dans le miroir, confrontant son reflet qui, malgré le fait qu'elle avait l'impression de croiser une étrangère, lui plaisait. Elle se fit même la réflexion qu'il n'y avait à présent plus rien d'étranger en elle, seulement des facettes qu'elle ne connaissait pas. Elle réajusta rapidement ses cheveux qu'elle avait laissé détachés, puis souffla un bon coup et fit demi-tour pour sortir de sa chambre. Quand elle ouvrit la porte, elle tomba sur Giulia Del Vecchio, la main en l'air qui semblait à une seconde de toquer contre le bois.

La brune ne bougea pas durant une seconde en la découvrant, sa main restant en suspend et son visage totalement statique porteur d'une expression quasiment indéchiffrable. Magda ne bougea pas non plus, incertaine de ce que la dame trouvait en elle sur le moment pour la regarder ainsi.

- Vous...vous êtes ravissante, parvint à articuler Giulia en un souffle fragile.

Magda respira enfin à ces mots, se détendit et s'appuyant contre le chambranle de la porte, répondit :

- Tellement ravissante que tu te remets à me vouvoyer ?

Giulia secoua légèrement la tête en luttant pour ne pas la renverser sur le lit immédiatement et sourit, quelque peu mal à l'aise en l'observant mieux.

Comme elle l'avait prévu, la robe était très près du corps, se confondant avec une seconde peau puisque presque totalement translucide. Elle fut ravie de son choix en se disant même qu'elle ne savait qui, de Magda ou de la robe, embellissait l'autre. La gouvernante portait bien le costume de femme mondaine. Il y a de ça presque un mois, Giulia avait reçu un carton d'invitation en papier crème à l'écriture dorée. Le thème de la soirée était clair : Tout de noir vêtu. Consigne qui avait guidé son choix pour la robe de son invitée. Fait amusant cependant, Magda avait revêtu le foulard qu'elle lui avait offert, parant sa tenue de cette seule note de couleur. Et puisque le foulard en question était un savant stratagème pour cacher la marque de son cou, Giulia n'allait sûrement pas l'en priver.

- Laisse-moi le temps de me changer, et je suis à toi, fut seulement capable d'articuler la femme d'affaire.

Et Magda hocha la tête en souriant, se retenant de préciser qu'elle était déjà à elle.

***

Ensemble, elles prirent un taxi pour se rendre à l'adresse désirée. Magda comprit qu'une grande salle de réception avait été louée pour l'occasion. Un lieu assez grand pour pouvoir accueillir plus d'une centaine de personnes, détail qui ne la rassura pas vraiment. Sur la banquette arrière du taxi, la pauvre gouvernante ne pouvait s'empêcher de triturer ses doigts en jetant des regards incertains par la fenêtre, priant presque pour ne jamais arriver à destination. Durant le trajet, la pauvre gouvernante avait été si tourmentée qu'elle avait par réflexe allumé une cigarette. Ce à quoi le chauffeur de taxi s'était exclamé :

- Pas de clope dans ma voiture !

Et sans lui laisser le loisir d'argumenter davantage, Giulia avait soupiré et lui avait glissé un billet de cent euros en le priant de se taire. L'homme avait quelque peu grogné, mais s'était finalement concentré sur la route sans la moindre objection en fourrant le billet dans sa poche.

Magda avait remercié la brune d'un regard. Elle regrettait tant l'absence de Bob. Au moins, si le majordome avait été à ses côtés, il aurait pu la guider un tant soit peu dans ce monde qui n'était pas le sien.

- Tout va très bien se passer, ne sois pas si nerveuse, entendit-elle alors qu'elle sentait qu'on lui attrapait la main.

Elle tourna la tête et rencontra un regard doux, convaincant même qui aurait pu la rassurer si elle n'était pas si angoissée. Comment faire bonne figure, tenir le rôle qu'on lui avait donné alors qu'elle n'avait eu droit à aucune répétition ? Ce soir, elle portait une fragilité semblable à une tempête à l'âme. Invisible de l'extérieur ou alors seulement pour celui qui la connaît sur le bout des ongles. Comment pouvait-on se sentir si vulnérable dans une si belle robe ? Qu'allait-on penser d'elle ? Depuis quand s'inquiétait-elle du qu'en dira-t-on ? Depuis sans doute qu'elle risquait de ternir l'image de Giulia Del Vecchio. Sa patronne était folle ou bien inconsciente de l'emmener à ce genre de soirée. La riche femme d'affaire accompagnée de sa gouvernante...n'importe qui aurait pu en rire.

- Et si je me prends les pieds dans ma robe ? demanda-t-elle parce que c'était absolument la première crainte qui lui vint à l'esprit.

- Ça n'arrivera pas, assura la dame en se retenant de rire à cette question pour le moins inattendue.

- Oui, mais si ça arrive.

- La première fois que je t'ai vu, tu marchais avec des talons si branlants qu'on aurait pu croire qu'ils étaient victimes de parkinson, alors je t'assure que ça n'arrivera pas.

Magda inspira en hochant la tête, tentant de reprendre une certaine raison.

- Je suis là, tu n'es pas seule, ajouta Giulia en serrant un peu plus la main dans la sienne.

La gouvernante sourit légèrement à ces mots qu'elle n'avait que trop peu entendus sur toute la longueur de sa courte vie. Il était tellement difficile d'assimiler cet état de fait. D'entendre, une bonne fois, et d'y croire surtout, de se convaincre en dedans qu'on ne sera plus jamais seule pour affronter ne serait-même qu'une simple soirée en grandes pompes.

- Et s'il y a des mots que je ne comprends pas ? demanda-t-elle, peinant à se défaire de ses vieilles inquiétudes.

- Je te les traduirai.

- Et s'il y a des gens que je ne connais pas ?

- Je te les présenterai.

- Et s'ils ne m'aiment pas ?

- Je t'en présenterai d'autres.

- Et si j'ai envie d'aller aux toilettes ? Inenvisageable dans cette tenue.

- Mon dieu, Magda, rit cette fois l'italienne en attrapant le visage de la plus jeune pour coller son front au sien comme elles le faisaient maintenant si souvent. Je reste avec toi, et s'il le faut je t'accompagnerai aux toilettes, sourit-elle en haussant les épaules. Je ne te laisserai pas seule une infime seconde, suis-je claire ?

La boule de nerf de gouvernante ferma les yeux en soufflant, essayant de retrouver un rythme cardiaque décent, puis enfin hocha la tête en comprenant que sa belle dame, en grande planificatrice qu'elle était, avait probablement déjà paré toutes éventualités.

Une demi-seconde plus tard, la voiture s'arrêta et elles comprirent qu'elles étaient arrivées. Giulia tendit un billet au chauffeur et sortit la première avant de contourner la voiture et d'ouvrir la portière de sa gouvernante en un geste élégant. Magda posa un premier talon sur le béton et son angoisse monta encore d'un cran. Cependant, alors que la voiture s'éloignait, un bras s'enroula autour de ses hanches. Elle tourna la tête et croisa le regard confiant et rassurant de la belle brune.

- Niveau angoisse, sur une échelle de un à dix, on est à combien ? demanda cette dernière.

- Onze, minimum.

- Dois-je craindre un arrêt cardiaque ? s'amusa-t-elle en se postant face à sa gouvernante.

- Oh non, mon cœur bat bien trop vite pour toi. A vrai dire, ça s'apparente davantage à de la tachycardie, j'imagine que ce n'est pas sain pour autant mais je fais avec... c'est pas comme si j'avais le choix après tout, débita la jeune russe.

- Tu es bavarde quand tu es nerveuse, c'est vrai, se souvint Giulia en se remémorant leurs premiers entretiens. Et apparemment charmeuse, remarqua-t-elle.

Magda afficha une moue désolée pour seule réponse et baissa les yeux. La dame passa un doigt sous son menton.

- Tiens-toi droite, et reste près de moi, ordonna-t-elle en un murmure en lui offrant son bras. Rassure-toi, comme toujours, tu es délicieuse, ma belle sorcière, assura-t-elle en lui emboîtant le pas.

Fortsätt läs

Du kommer också att gilla

6.9K 429 31
Je ne sais plus courir, ou plutôt, je ne peux plus, mais c'est pareil l'un fait l'autre. Et puis ça n'a pas d'importance, puisque les autres eux, le...
9.5K 473 31
Ylena, étudiante en anthropologie, a enfin l'occasion d'échanger quelques mots avec l'intrigante Maple qui ne la laisse pas indifférente. Maple trava...
18.1K 1K 48
David et Blanche-Neige sont les héritiers du trône de la Forêt Enchantée leur royaume. Si Blanche-Neige est résignée a accepter son sort ce n'est pas...
1.5K 269 36
Kristy Watters vient tout juste d'avoir 21 ans et est plébiscitée par les plus grands réalisateurs. C'est l'une des meilleures actrices de sa générat...