Divine Darkness, Tome 1 : Une...

By AnnaTriss

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Une offrande de chair et de sang destinée au plus dangereux des dieux... Danaé est la fougueuse princesse reb... More

Avant-propos et présentation de l'univers
Partie I : Le baiser du soleil
Prologue : Humeur massacrante 1/2
Chapitre 1 : Le Renard 1/2
Chapitre 1 : Le Renard 2/2
Chapitre 2 : Ténèbres intrusives
Chapitre 3 : Un souffle en perdition
Annonce importante : contrat d'édition
Cover reveal Divine Darkness + dates de sortie + résumé

Prologue : Humeur massacrante 2/2

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By AnnaTriss


En pianotant sur le garde-fou, je guettais les convives. Aucun d'eux ne prêtait attention à l'astre nocturne qui leur indiquait la conduite à tenir. S'ils n'avaient pas été sous le joug de sa Magie de Chair, ils auraient éprouvé une terreur sans nom. Les plus sagaces auraient aussi noté son index qui tapotait son accoudoir ainsi que la légère crispation de sa mâchoire, deux indices qui sortaient de l'ordinaire.

— Je ne comprends pas, m'avoua Amberly, désarçonnée, en glissant son bras sous le mien. Pourquoi est-il contrarié ?

— Je n'ai pas sélectionné ces invités au hasard. Il m'a transmis une liste de noms.

— C'est le cas à chaque orgie saisonnière. Alors, pourquoi...

— Profite du spectacle, beauté.

— Il ne présente rien d'attrayant, réfuta-t-elle avec un haussement d'épaules suffisant.

— Comment peux-tu l'affirmer ? Malgré les apparences, il n'a pas encore démarré.

Comme s'il nous avait entendus en dépit de la distance, Night releva la tête vers la loge afin de nous transpercer de son regard devenu aussi sanglant que la lune. J'opinai pour lui signaler que j'étais attentif et concentré sur ma tâche de sentinelle. Sa favorite lui sourit de tous ses crocs de vampyre en caressant le renflement de sa poitrine. Un éclair approbateur grésilla dans l'œil de Night, indécelable pour autrui, mais pas pour Amber et moi. Nous nous rengorgeâmes de fierté.

— Polytres, appela-t-il depuis son trône, d'une voix profonde et glaciale.

Un mot.

Un seul, et tous les yeux des invités, figés, obliquèrent vers lui pour l'écouter. Quelques-uns semblaient interloqués par la teinte menaçante et dangereuse de ses iris, mais le charme qui pesait sur eux neutralisait l'inquiétude qu'ils auraient pu ressentir s'ils avaient été dans leur état normal.

— Il est minuit, informa le Faedra en reposant sa tempe sur son poing. L'heure à laquelle sont nés Providence et Chaos, qui ont naguère engendré les Diessenciels, mon frère et moi. L'heure de chanter les ultimes prières, d'éteindre les cierges, d'expier vos péchés et d'embrasser l'obscurité. L'heure du jugement divin...

Les convives s'entre-regardèrent, confus. Ils ne voyaient pas où notre maître voulait en venir. Sa solennité lugubre était insolite. Un sourire infime recourba le coin des lèvres de Night. La respiration hachée, Amberly se nicha d'instinct contre mon corps. Elle pressentait que ce petit sourire carnassier augurait des perspectives encore plus sombres et féroces que son propriétaire.

— L'heure de votre mort, conclut le dieu des Ténèbres dans un murmure sépulcral.

Un rire caverneux fusa dans les airs. Entre deux statues de nymphes, au bord du bassin, un mâle vampyre à genoux derrière une elfe de nuit à quatre pattes brandit une main ouverte vers Night pour encenser son trait d'humour noir.

Sauf qu'il ne s'agissait pas d'une plaisanterie morbide.

Un ruban vaporeux rampa le long de son bras tatoué, posé sur un accoudoir, pour se couler au sol en serpentant. L'entité magique douée de vie tourbillonna autour du trône, dans l'attente du signal de son maître. Une peur hésitante commença enfin à enfler chez les nobles invités triés sur le volet. Ils réalisaient la gravité de la situation et le sérieux du Faedra en remarquant, avec des yeux ronds de sidération, la lune sanguinolente qui illustrait sa rage sourde. Des corps se dessoudèrent et s'animèrent avec d'infinies précautions.

Cependant, il était bien trop tard pour fuir.

Amberly et moi étions déjà conscients qu'ils étaient tous condamnés.

À la seconde où une rafale glaciale souffla simultanément les flammes de tous les cierges du Sanctuaire des Étoiles, les ténèbres divines se déchaînèrent avec une violence sans précédent au sein de ce lieu sacré. Sous le clair de lune rougeoyant, elles se divisèrent en branches ondulantes qui jaillirent du trône en obsidienne afin de créer une étoile noire géante dans la salle encombrée d'une odeur musquée de stupre et de sueur.

Un fouet voltigeant dans les airs trancha le bras levé et la tête du vampyre qui avait commis l'erreur fatale de rire à la dernière phrase de Night. Dans une gerbe de sang, son crâne d'écervelé atterrit sur la femme qu'il était en train de pilonner. Encore empalée sur lui, elle émit un hurlement d'horreur assourdissant... muselé par ce même fouet létal, qui s'entortilla autour de sa gorge pour lui briser les vertèbres cervicales d'un coup sec. Son cadavre bascula dans le bassin en même temps que celui de son amant décapité.

Cette double exécution stupéfiante déclencha un gigantesque élan de panique collective.

Un tentacule sombre souleva brusquement un elfe, puis s'enroula autour de ses poignets et de ses chevilles alors qu'il se débattait en mugissant. Le serpent-bourreau écartela sa victime suspendue. Ses quatre membres se séparèrent du tronc dans un craquement d'os et un déchirement de chair avant de chuter dans les eaux crasseuses de sang et de semence en éclaboussant les baigneurs. Ceux-ci foncèrent vers le bord du bassin pour s'en extraire au plus vite dans un concert de cris angoissés, comme si des requins prêts à les dévorer y nageaient. Ils se bousculèrent, se piétinèrent et se poussèrent dans une cohue aquatique hystérique pour sauver leur peau. Ils ne démontraient pas une once de solidarité dans l'adversité. C'étaient des enfants qui déguerpissaient face au courroux destructeur de leur père.

Leur instinct de conservation était ridicule. J'avais verrouillé au préalable les portes de la salle de l'extérieur sur les directives de Night. De toute manière, personne ne pouvait survivre à l'ire d'un des deux Diessenciels, pas même les autres Faedras qui les avaient autrefois défiés lors de la guerre.

Toujours installé sur son trône, son menton au creux de sa paume, mon seigneur se délectait du chaos de terreur qu'il générait avec sa sorcellerie meurtrière, l'extension de son organisme. Ses traits restaient certes impavides, mais ses yeux rouges se consumaient d'un feu éloquent. Ce genre de spectacle était l'un de ses péchés mignons. C'étaient pourtant des adeptes de longue date pour la plupart, qui avaient combattu en son nom durant l'insurrection des Faedras mineurs.

Voyez ce dont il était capable avec ses propres disciples.

Visualisez ce dont il était capable face à ses ennemis...

L'humeur massacrante du dieu se manifestait par un carnage. Des hurlements de frayeur, des râles de douleur et des gémissements d'agonie jalonnaient la nuit tandis que les Polytres couraient en tous sens pour s'évader ou se cacher. Quelques-uns s'ingéniaient à contrer les attaques avec leurs pouvoirs, à travers des champs de force, mais les tentacules ombrageux se muaient alors en lames acérées pour perforer les boucliers d'énergie, en adaptant leur forme à l'offensive. Dans un funeste ballet dont les notes morbides façonnaient une mélopée singulière, des membres amputés valsaient, des corps explosaient et des torrents pourpres ruisselaient sur les dalles jusqu'au bassin dont les eaux souillées se teintaient de traînées rouges.

Un lycanthrope se rua derrière Night, une dague en acier ignis au poing. Les griffes d'Amber se plantèrent dans mon bras et elle siffla entre ses crocs d'un air agressif. Je l'apaisai d'une caresse dans le creux des reins pour lui suggérer qu'une intervention protectrice était dispensable. Même s'il tournait le dos à son assaillant lupin, le seigneur l'avait repéré grâce à son odorat et son audition surdéveloppés.

Une seconde plus tard, le loup suicidaire fut scindé en deux tronçons au niveau de la taille. Son sang et ses entrailles éclaboussèrent l'arrière du trône ainsi que l'avant-bras veiné de Night, qui reposait avec désinvolture en travers de son accoudoir. Mes sourcils se froncèrent. Un long cyghare se distinguait entre son index et son majeur. Il venait de le matérialiser et de l'allumer.

— Il s'est remis à fumer, grognai-je, chiffonné. Peste et fléau ! J'ai passé deux siècles à lui faire arrêter cette sale manie ! Deux siècles, Amber !

La courtisane blottie contre moi ne me répondit pas, accaparée par la boucherie sans pitié. Des sentiments contradictoires miroitaient dans ses billes rubis. Elle était à la fois émoustillée par tout le sang qui giclait et désemparée par la fureur implacable de Night à l'encontre de vampyres qu'elle fréquentait au quotidien depuis des lustres.

Je secouai la tête avec désapprobation en voyant mon entêté de seigneur porter son cyghare à ses lèvres. Le bout du bâtonnet noir devint incandescent tandis qu'il inhalait une bouffée d'herbe elfique. Cette plante récoltée dans les Bois Brumeux avait tendance à le rendre plus impulsif et extrême lorsqu'il en consommait un peu trop. Il me fatiguait à n'en faire qu'à sa tête de Faedra ! Il n'échapperait pas à mon sermon en privé, cette fois... même s'il n'en aurait strictement rien à foutre, je supposais.

Interpellé par le soudain silence d'outre-tombe qui régnait, je regardai autour de Night, qui bâilla derrière le dos de sa main comme un félin paresseux. Ses ténèbres avaient regagné leur écrin de chair. Des cadavres en lambeaux gisaient maintenant partout dans le Sanctuaire des Étoiles, profané par la divinité qu'elle glorifiait. Les corps en charpie flottaient dans le bassin au milieu des nénuphars phosphorescents qui avaient absorbé la lumière rouge de la lune. Celle-ci était redevenue argentée au cours des dernières secondes, à l'instar des iris du Diessenciel.

Il n'avait pas fait dans la dentelle. Ni rescapés, ni blessés, ni moribonds. Le tact personnifié. Ils avaient tous péri. Cette exécution de quarante Polytres n'avait duré que trois minutes. Il avait battu son propre record d'extermination.

Un soupir de dépit surgit de ma gorge, que j'abreuvai d'une nouvelle rasade de vin à la mûre. Qui allait devoir se taper le ménage, à votre avis ? Que les Faedras soient loués, ma magie était là pour me seconder. Sinon, j'aurais démissionné !

— Elyn, Elyn... Tu menaces de démissionner chaque semaine depuis que tu es à mon service, cingla Night d'une voix sonore, sans se tourner vers nous, en exhalant de la fumée par les narines.

D'une pichenette tonique, dans un nuage de cendres et d'étincelles, il balança son moignon de cyghare sur la tête décapitée d'un elfe de nuit, au pied de son trône. Night avait beau dégouliner de sang, ça ne semblait pas le perturber outre mesure. Pour lui, c'était la routine.

— Vous ferez moins le malin la journuit* où je quitterai vraiment mon poste ! lui lançai-je, vexé par sa pique.

— Je demande à voir. Amber, viens, exigea-t-il en tendant une main vers la loge. J'ai changé d'avis. Je te veux ici et maintenant.

C'était pourtant à prévoir : le massacre l'avait excité, alors qu'il ne l'était pas devant l'orgie.

Ce type me désespérait !

Sans perdre de temps, la vampyre retroussa ses jupes et enjamba le parapet d'un bond leste. Elle atterrit avec une souplesse féline devant le cadavre éviscéré d'une femme qu'elle enjamba avec la grâce d'une danseuse. Ses adorables pieds nus décorés de bagues laissaient de petites empreintes de sang dans son sillage. En fredonnant un air mélodieux populaire à la Cour Obscure, la courtisane louvoya entre les dépouilles mutilées d'une démarche chaloupée.

Après avoir vidé ma coupe de vin, je toisai le dos d'Amber, qui venait de saisir la main de Night. Ce dernier l'attira sur ses genoux et insinua ses doigts sous sa robe sans cérémonie. Les bras noués autour de son cou, elle expira un soupir langoureux avant de lécher sa joue ensanglantée.

— Pourquoi les as-tu tués, maître ? Certains de ces Obscuris étaient mes amis, déplora-t-elle en passant une main dans sa crinière bouclée, comme elle l'avait fait avec la mienne quelques minutes plus tôt.

Sans cesser de la caresser adroitement entre les cuisses pour la préparer à le recevoir, le dieu murmura quelque chose que je connaissais déjà à l'oreille de sa favorite. Les sourcils d'Amber s'arquèrent de surprise en premier lieu, mais elle reprit vite contenance, fruit de son expérience séculaire à la cour des ténèbres nocturnes. La vampyre dodelina du chef avec docilité. J'ignorais si elle adhérait à cet assassinat ou renonçait à confronter celui qui en était l'instigateur. Parfois, il était compliqué d'interpréter ses pensées.

Les rubans sombres de Night se déployèrent pour tirer sur le bustier d'Amber, dévoilant ses ravissants seins aux mamelons percés de rubis qui me subjuguaient. En faisant rouler son bijou droit sous son pouce, le Faedra se remémora ma présence et leva la tête vers le balcon. Sa maîtresse m'adressa un doux sourire, les narines frémissantes. Ils avaient flairé mon désir pour elle.

— Si tu as finalement décidé de ne pas démissionner, souhaites-tu te joindre à nous ou nous admirer en t'accordant un plaisir solitaire ? me provoqua Night alors que la courtisane débouclait sa ceinture en se pourléchant les babines.

— Vous êtes trop tordus pour moi. Je ne fornique pas parmi les cadavres, pas plus que je ne suis sensible aux vertus « aphrodisiaques » du sang et de la violence. Contrairement à vous.

— Il y a un début à tout, chéri ! pouffa Amber. Allez, viens, tu en meurs d'envie. On ne te mordra pas, petit elfe de nuit !

Hilarant.

Night échangea une œillade de connivence narquoise avec la créature assise sur ses genoux. Son demi-rictus dévoilait ses canines encore plus longues et pointues que celles de la vampyre dont il pinçait les tétons érigés. Deux sourires en une soirée ? Il était d'excellente humeur, désormais ! Mes congénères se calmaient les nerfs avec des opiacées ou des traitements médicinaux. Night se payait un petit bain de sang revigorant.

Bref, tout allait bien dans le meilleur des mondes sur les Contrées Faedriques.

— Est-ce un ordre, maître ? maugréai-je avec circonspection, tendu dans tous les sens du terme.

— Veux-tu que c'en soit un ? riposta-t-il d'un ton suave, coutumier de mon état d'esprit.

Chaque fois qu'il me corrompait un peu plus, les remords m'envahissaient. Cependant, je culpabilisais moins et savourais davantage certains vices lorsqu'il me pliait à sa volonté supérieure. En fait, il me dédouanait et me sécurisait par ce procédé. Mes tourments indicibles se rendormaient grâce à lui.

Le plus ironique là-dedans, c'était qu'il ne m'imposait jamais rien, justement. J'étais toujours libre de dire non avec lui. Il nous laissait la possibilité de choisir, Amber et moi... car nous étions ses deux serviteurs les plus dévoués. Ce n'était pas le cas des autres Polytres, qui devaient lui obéir sans discuter... au risque de terminer comme ceux qui gisaient, en morceaux, dans le Sanctuaire des Étoiles et la Fontaine de Nuit.

Je hochai la tête. Amber parut enchantée par mon agrément. Je les avais déjà regardés coucher ensemble, mais nous n'avions encore jamais été aussi loin tous les trois. Allions-nous la posséder tous deux en même temps ? Le Diessenciel trancherait, de toute façon. C'était toujours lui qui dominait, commandait et décrochait le dernier mot. Cela me convenait. Je me damnerais pour mon seigneur.

Si mes frères elfes de nuit se révoltaient contre lui, je les décimerais un par un.

Tandis que la courtisane mordillait sa jugulaire telle une louve, le Faedra m'ordonna de venir en bas d'un ton impératif.

Soulagé d'un poids considérable, je me déshabillai sans pudeur sous la lumière opaline de la lune et des étoiles, qui veillaient sur le Royaume Obscur à l'image d'une nuée de gardiennes immortelles.




*Journuit = journée, dans le Royaume Obscur.

******************

Voilà pour votre première rencontre fracassante avec le héros de l'histoire...  

Alors, que pensez-vous de notre dieu des Ténèbres ? 

Et d'Elynrid et Amber, qui seront deux personnages secondaires importants ?

Et de cette orgie qui vire au massacre ?  *se frotte les mains d'un air machiavélique*

RDV mercredi prochain pour le premier chapitre, avec un changement de narrateur et de lieu. Ici, pour commencer, je tenais à vous présenter Night d'un point de vue extérieur.

P.S : Merci pour vos votes, vos commentaires et vos partages : ce sont des offrandes aux Faedras ! En faisant un petit geste pour agrandir la visibilité de Divine Darkness, vous vous attirerez leurs faveurs divines pour l'éternité.

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