Meurtres en story (Wattys2022)

By DaRio98

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Le lycée Paul Eluard est un établissement plutôt calme habituellement. Pourtant, ce matin les élèves sont tou... More

Présentation
Chapitre 1
Cher journal - interlude 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5
Cher journal - Interlude 2
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Cher journal - interlude 3
Chapitre 11
Chapitre 12
Cher journal - interlude 4
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Cher journal - interlude 5
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Interlude 6
Epilogue

Chapitre 4

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By DaRio98

De manière générale, Déborah n'aimait guère se réveiller au son de son réveil. Son père, lui avait un jour raconter qu'à son époque, choisir la sonnerie qui le tirait de son sommeil était impossible. Il avait, tout comme sa mère semblait-il, passé une bonne partie de sa jeunesse à se réveiller au son horrible d'un buzzer. Plus tard, il avait eu « la chance » de pouvoir se réveiller au son de la radio. Là encore, une fois sur deux, c'était une publicité pour de la lessive ou un bulletin météo qui le tirait de ses rêves.

Si cela avait beaucoup fait rire Déborah, cela ne changeait rien à son rapport au réveil. Ce matin, pourtant, avant même son réveil, le vibreur de son téléphone l'avait évacué en urgence d'un rêve plus qu'étrange dans lequel elle se prélassait au soleil d'une plage paradisiaque avec Léa avant d'être abordée par une version zombie de Lenny.

Lorsqu'elle tendit le bras vers son smartphone, Déborah découvrit un message de Léa. Sept, en réalité. À six heures quarante-deux, c'était forcément important. Peut-être que M. Judan était absent ? Cette pensée aida la jeune fille à émerger totalement. L'idée d'un mercredi matin tranquille à la maison avait de quoi la revigorer, quelle que soit son affliction.

T'es réveillée ?
Hey ! Je te parle, la marmotte !
Bon, y a urgence, c'est à propos de ton ex
Y a du nouveau !
Bon on dirait que tu dors pour de bon
Une nouvelle théorie se répand sur Insta askip il est pas mort par accident
Mais sérieux tu te lèves à quelle heure ???

La tête lui tourna une seconde. D'abord à cause de l'avalanche de message, mais surtout à cause du sujet : Lenny. Depuis cinq semaines, ce prénom déclenchait chez elle une sorte de réaction allergique. Elle avait des palpitations et ses mains se mettaient à trembler. L'annonce de sa mort, la veille, n'avait pas arrangé les choses, loin de là. Et maintenant, Léa la réveillait avec ça !


Comment ça il est pas mort par accident ??

Ah ça y est, tu te réveilles enfin la belle au bois dormant XD

Sérieux Léa, je rigole pas !
Il a été filmé en direct, comment on peut dire que c'était pas un accident ?

Une théorie sur le compte Youtube de Valentin

C'est qui Valentin ?

Un gars en terminal que je suis sur TikTok

Déborah leva les yeux au ciel dans la pénombre de sa chambre. Léa suivait quasiment tout le monde sur absolument tous les réseaux sociaux.

Selon lui, le chat tombe pas comme il faut pour que ce soit un accident.

Attends je t'envoie le lien de la vidéo, il explique ça super bien !

Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas voir ça, Léa !
Y a pas moyen que je regarde la mort de quelqu'un en direct
NO FUCKING WAY !!

OK ! Monte pas sur tes grandes licornes, ma belle

Mais ça va pas être facile de t'expliquer sans une illustration

Disons, que selon l'angle d'approche du chat, Valentin pense qu'on l'a lancé

N'importe quoi !

Il dit ça pour avoir plus d'abonnés, c'est tout

Crois moi si je te dis qu'il a pas besoin de ça 😉

Mais on verra ça au lycée, si tu veux, je te ferai un dessin

Ouais si tu y tiens... -_-,

Déborah reposa son téléphone portable et tendit les mains devant elle. Une feuille dans le vent d'hiver aurait subi moins de secousses. Elle s'apprêtait à se lever, lorsque quelqu'un toqua à sa porte. Sa mère passa d'abord une tête, puis entra doucement.

— Salut, ma chérie, chuchota-t-elle. Il n'y avait pas de lumière, alors je me demandais si tu étais réveillée.

— Oui, c'est bon, Léa m'a envoyé des messages, du coup on a discuté cinq minutes.

Linda Schuller ouvrit la porte plus grand et alluma la lumière avant de s'avancer dans la chambre. Comme à son habitude, elle était déjà prête pour partir au travail. Son tailleur jupe parfaitement repassé et ses cheveux tirés en arrière ne lui rendait pas justice, pensait Déborah tous les matins. Sa mère était une très belle femme qui faisait de son mieux pour ne pas le montrer. Elle aurait probablement dû continuer sa carrière de mannequin plutôt que de se lancer dans la communication. Elle disait aimer son métier et tout portait à croire que c'était vrai. Déborah ne pouvait cependant s'empêcher de penser qu'elle aurait pu briller sur des podiums aux côtés de stars comme Kendall Jenner ou peut-être plutôt Miranda Kerr. Elle avait toujours cette distinction qui lui donnait un air royal, même dans cette tenue de femme d'affaires.

— Comment tu te sens, ce matin ?

Déborah hésita. Elle voulait répondre qu'elle allait bien, mais sa mère qui s'asseyait sur son lit avec un regard encourageant connaissait déjà la vérité.

— J'ai eu du mal à m'endormir, en fait, répondit-elle.

Ce n'était pas un mensonge, mais ça n'était pas toute la vérité non plus. Madame Schuller tendit une main pour lui caresser la joue doucement.

— J'imagine que c'est normal, souffla-t-elle d'un air désolé. Un de tes amis est mort, ce n'est pas rien.

— C'était pas mon ami, m'man, grinça-t-elle. Il m'a trompée, je te rappelle.

— C'est inutile, je le sais, ma chérie, répliqua-t-elle d'une voix douce. Mais quel que soit ce qu'il t'a fait et à quel point tu lui en veux, tu as eu des sentiments pour lui à un moment de ton existence. Des sentiments forts, si je ne m'abuse ?

Déborah ne répondit pas et préféra contracter la mâchoire à la place. Sa gorge se serrait et elle ne savait même pas si c'était à cause de la colère ou de la tristesse. Ce sale type ne méritait pas son chagrin, voilà ce qu'elle pensait. Et pourtant, les larmes étaient de retour, comme hier soir au coucher. Sauf qu'à présent sa mère était là et elle ne voulait pas pleurer devant elle. Pas pour Lenny. Hors de question !

— Je ne vais pas t'embêter avec ça maintenant, mais en tout cas, si tu veux en parler, je suis là, d'accord ?

Déborah savait que répondre ouvrirait les vannes, mais elle ne put s'en empêcher.

— Tout le monde arrête pas de nous dire ça, lâcha-t-elle, la voix brisée et des larmes coulant sur ses joues. Vous êtes marrants, vous ! Qu'est-ce qu'on est censés dire, hein ? J'en sais rien du tout, moi ! Mais si un jour je sais, j'aurais plus que le choix sur à qui parler.

Elle s'arrêta. Le visage surpris de sa mère en face d'elle lui renvoya le ton sur lequel elle venait de lui parler. Elle s'essuya les joues du revers de la main et tenta de soutenir son regard. Ça ne dura pas plus de deux secondes.

— Excuse-moi, déclara madame Schuller. Je ne veux te pousser à rien et surtout pas te mettre plus mal à l'aise que tu ne l'es déjà, OK ? Je t'aime, je m'inquiète un peu pour toi et je ne veux que ton bien, tu sais.

À présent, Déborah se sentait complètement ridicule. Elle renifla un bon coup avant de répondre avec une voix presque maîtrisée.

— Je sais, m'man. Pardon. Je te rappelle que j'ai pas bien dormi aussi. Je suis désolée.

Sa mère ne répondit rien et se contenta de se pencher pour la prendre dans ses bras. Elles restèrent ainsi en silence, pendant quelques secondes, avant que Linda Schuller ne se redresse. Elle déposa ensuite un baiser sur le front de sa fille et lui rappela qu'elle pouvait la solliciter quand elle voulait. Puis elle la laissa se préparer pour aller en cours en lui souhaitant une bonne journée, comme chaque matin.

Je t'attends à droite du sas, à l'extérieur.

Si t'as moyen de te pointer au moins dix minutes avant les cours ça serait parfait :p

Pour être dix minutes en avance, sachant qu'elle s'était finalement levée en retard, Déborah avait dû sauter le petit déjeuner. Pour être tout à fait exact, elle l'avait pris à emporter.

Pour éviter l'haleine de chacal, elle s'était tout de même lavée les dents avant de partir. Maintenant, elle devait avoir une haleine chocolatée, mais elle estimait que c'était mieux. Ou moins pire, en tout cas.

Comme prévu, Léa attendait près du bâtiment administratif du lycée. Elle était accompagnée d'Iris qui avait encore changé de coupe de cheveux. Aujourd'hui, elle portait des tresses mêlées à des fils de laine ou des bouts de tissus colorés. Déborah se demanda quand elle avait pu trouver le temps de se faire une telle coiffure, puis se rappela que sa mère était coiffeuse. Elle faisait littéralement des tresses à longueur de journée pour gagner sa vie.

— C'est pas trop tôt ! soupira Léa.

— Ouais, bonjour à toi aussi, Léa.

Iris sourit et fit un signe de main à Déborah pendant qu'elle embrassait son amie. La métisse n'aimait pas les contacts physiques. Elle ne faisait la bise à personne et n'acceptait que les checks du poing.

— C'est quoi cette histoire de non- accident, alors ? demanda Déborah tandis que le trio s'éloignait des fenêtres pour rester discrètes.

— Comme je t'ai dit, c'est Valentin qui a posté une vidéo dans laquelle il explique que le chat arrive suivant un angle qui ne correspond pas du tout à un saut.

— Et ça correspond à quoi alors ?

— On lui a jeter le chat dessus ! intervint Iris avec des yeux exaltés.

— Hein ?

Le cœur de Déborah accéléra un bon coup et elle dévisagea ses copines. Étaient-elles sérieuses ?

— Regarde, reprit la métisse en sortant son smartphone.

— Non, je regarde pas ! l'arrêta Déborah. Je regarde pas des gens qui meurt. Je ne veux pas. C'est niet !

— Eh bah, attends que je t'explique.

Puis, à base de mime et de trajectoires reconstituées avec des branches mortes, Iris montra la différence entre les paraboles suivies par un chat qui saute et un autre qu'on lance. Léa insista, elle qui avait vu et revu la vidéo, la trajectoire du chat correspondait à la seconde catégorie.

— Mais !

Déborah chercha une suite, mais les mots se télescopaient tant dans son esprit que dans sa gorge.

— Tu veux dire qu'on l'a tué ? Je veux dire, il y a eu un assassinat d'un élève du lycée ?

— C'est exactement ce que Valentin veut dire, en tout cas, confirma Léa.

— J'en suis sûre, moi, compléta Iris.

— Mais... qui ? Et pourquoi ?

Iris fit une grimace qui signifiait que la réponse était évidente. L'espace d'une seconde bien plus longue que la normale, Déborah eut peur d'être mise sur la sellette.

— Ambre, souffla enfin Iris.

— Ambre ? répéta Déborah qui n'en croyait décidément pas ses oreilles. Qu'est-ce qui te fait croire ça ? C'est Valentin qui dit ça aussi ?

— Non, ça, c'est moi, sourit Iris avec fierté.

Elle exposa son avis avec concision. Ambre était absente depuis la veille, comme par hasard. Pour l'instant, il était encore trop tôt pour savoir si elle était là ou non, mais Iris n'avait aucun doute sur la question : elle était absente. Par ailleurs, Lenny avait beau avoir trompé Déborah avec Ambre, la rumeur prétendait qu'il avait été assez odieux avec elle aussi.

— Il y a plusieurs histoires qui circulent, du coup je ne sais pas trop laquelle est la bonne, mais aucune n'est agréable à entendre, précisa Iris.

— Ouais, j'ai entendu parler de ça, mentit Déborah.

La vérité était que chaque fois que le prénom de son ex petit ami était mentionné, elle s'éloignait et refusait d'entendre ce qu'il y avait à dire. Elle ignorait donc totalement les ragots le concernant et Léa le savait très bien.

— Moi par contre, je ne suis pas trop au courant, intervint Léa avec un regard appuyé pour son amie.

— Je suis pas sûre que Déborah a vraiment envie que je te mette au courant devant elle, en fait.

Iris était vraiment prévenante. C'était une fille bien. D'un autre côté, Léa ne fréquentait que des gens bien, réalisa Déborah.

— Ça va, je te dis, insista-t-elle tout de même un peu curieuse de savoir ce que Ambre avait bien pu subir qui lui donnerait envie de tuer un élève, selon Iris.

La métisse lui lança un long regard. Un de ceux qui disaient « c'est ta dernière chance de dire non, après il sera trop tard. » Déborah fit mine de ne pas changer d'avis même si son cœur faisait des sauts d'antilope dans sa poitrine. La vérité était qu'elle ignorait à quoi elle s'exposait, mais elle voulait être courageuse et découvrir le fin mot de cette histoire.

— L'histoire qui revient le plus souvent et qui a donc le plus de chance d'être vraie tourne autour du sexe.

Iris marqua une pause comme un ultime avertissement pour Déborah. Pourtant, cette dernière déclaration la rassura un tant soit peu. En effet, elle soupçonnait depuis le début que l'une des raisons qui avait poussé Lenny à aller voir ailleurs était qu'elle refusait de coucher avec lui. Elle ne pensait pas se réserver pour le mariage, malgré ce qu'en avait pensé Lenny. Cependant, elle ne se sentait pas non plus prête à passer cette étape. Léa l'avait toujours soutenue sur ce sujet. Rien ne l'obligeait à avoir un rapport sexuel avec qui que ce soit, avait-elle déclaré. Le soutien de sa meilleure amie avait bien sûr aidé Déborah à ne pas céder sous les insistances de Lenny. Et il avait fini par la tromper.

Ce n'était probablement pas la seule raison, mais si Ambre avait accepté de coucher avec lui...

— J'ai pas les détails, tu te doutes, mais il parait qu'Ambre et lui ont fait l'amour plus d'une fois et que finalement, elle a regretté.

— Ça ne suffit pas pour avoir des envies de meurtres et passer à l'acte, je te signale, contra Déborah.

— Ça, c'est parce que t'es pas au courant qu'il y a aussi une histoire de caméra dans tout ça.

— Sérieux ? s'étonnèrent Déborah et Léa de concert.

Déborah porta les deux mains à sa bouche, horrifiée par la situation. Ensuite, elle se rappela que tout cela n'était que des racontars. Lenny pouvait tout à fait avoir inventé cette histoire pour se faire mousser devant ses copains. Il en était capable.

— Mais c'est quand même pas le genre d'Ambre de faire ça, contra enfin Léa. Je veux dire, c'est clairement pas une sainte, mais de là à aller le buter quand même.

— C'est la meilleure candidate, selon moi.

— Et pourquoi ça ne serait pas un gars qui a fait le coup ? demanda soudain Déborah.

Iris la dévisagea un instant comme si elle débarquait d'une autre planète.

— C'est vrai que t'as pas vue la vidéo de Valentin, réalisa-t-elle ensuite en soupirant. En gros, il fait un gros plan sur un coin de la vidéo d'origine et on voit une main de fille.

Déborah déglutit péniblement.

— Je croyais que le compte de Lenny avait été fermé et qu'on ne pouvait plus voir la story ? s'étonna-t-elle.

— Je sais, mais il y a des gens qui ont dû l'enregistrer avant que le compte ferme, répliqua Léa. Maintenant elle est sur Youtube et a été reprise sur plein de comptes. Elle est pas près de disparaître, crois-moi. Même Albane a fait un live sur cette affaire.

— Sur le fait que c'est Ambre, s'étouffa Déborah.

— Mais non, tête d'œuf, t'es malade ou quoi ? s'esclaffa Léa. Non, elle valide qu'il y a bien une main.

Déborah rigola à son tour avec un regard complice pour Iris.

— Albane est peut-être une experte en maquillage, mais c'est pas Enola Holmes. Qu'est-ce que son avis peut nous faire dans cette histoire ? Elle est pas experte en vidéo. Si ça se trouve, on pourrait lui mettre un extrait de Jurrassic World en story et elle croirait que c'est vrai.

Léa pouffa et Iris admit tout de même qu'en effet, l'avis d'Albane, même s'il allait dans son sens, n'avait rien de concluant en soi.

C'est alors que Léa remarqua qu'il n'y avait plus personne dans les parages et qu'il était donc plus que temps d'aller en classe. Iris s'éclipsa en quatrième vitesse et les deux autres rejoignirent au plus vite leur salle, elles aussi.

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Ca vous dit deux chapitres par semaine ?

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