Coeur de pierre

By Zeebraaaa

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C'est bête, un homme. Ça cause sa perte tout seul. Dans un nouveau monde miné par la mort, la violence et la... More

Le premier coup
Un dernier espoir /1
Un dernier espoir /2
Le démon aux traits d'enfant /1
Le démon aux traits d'enfant /2
À l'aube /1
À l'aube /2
Une main secourable /1
Une main secourable /2
Chez les Briseurs /1
Chez les Briseurs /2
Facilité
Immunité
La voix de la raison /1
La voix de la raison /2
Évaluation /1
Évaluation /2
La mission de Kia /1
La mission de Kia /2
La nouvelle /1
La nouvelle /2
Prémices /1
Prémices /2
Première bataille /1
Première bataille /2
Résolution /1
Résolution /2
Bilan /1
Bilan /2
Conseil de guerre/1
Conseil de guerre /2
La requête de Kia /1
La requête de Kia /2
Un garçon singulier /1
Un garçon singulier /2
Un garçon singulier /3
Devant la mort
Une autre solution
Retour sur Terre /1
Retour sur Terre /2
Panser ses plaies /1
Panser ses plaies /2
Abandon /1
Abandon /2
Ce qu'il faut faire
Quelques nuages /1
Quelques nuages /2
Reprise /1
Reprise /2
Arrêter de tergiverser /1
Arrêter de tergiverser /2
À force de persévérance
Sentence /1
Sentence /2
La fin de Navinn
Les derniers pions /1
Les derniers pions /2
En quelques mots /1
En quelques mots /2
En quelques mots /3
Au pied du mur /1
Au pied du mur /2
Quand la raison ne vaut plus rien
Course poursuite
Victoire
Et le temps passe
Fin !

Retombées

43 8 48
By Zeebraaaa

Avant dernier chapitre, je vous conseille de vous accrocher... 😅

Le dernier chapitre devrait être publié demain, mais vous pouvez considérer que l'histoire s'arrête là. 

Sur-ce, je vous souhaite une bonne lecture !

☽☼☾

Glaëlle reste agenouillée au sol, les yeux perdus dans le vide. L'agonie de Kia était terrible à entendre. La rouquine ne s'est jamais sentie aussi impuissant qu'à la voir souffrir. Heureusement qu'Ombre s'est décidée à l'achever d'une balle, Glaëlle ne pouvait plus le supporter.

Quand le bourdonnement de la salle des machines a atteint son apogée, le corps de Kia a explosé. C'est une vision d'horreur qui s'est offerte à la rouquine. Elle a vomi, c'était plus fort qu'elle. Dire que Vrane vient de connaître le même sort... se morfond-t-elle. Elle a encore envie de vomir.

Il n'y a pas pire déchirement. Une partie d'elle est morte avec la vie de son frère, une plus grosse partie qu'elle ne pouvait le soupçonner. Elle ne le verra plus et elle en souffre atrocement. Son visage n'existe plus. Le fardeau se fait de plus en plus lourd sur son dos, tant qu'elle a du mal à respirer. Écrasée par ce poids, elle n'a plus la force de se relever.

Comment va-t-elle pouvoir continuer à vivre, maintenant qu'elle sait ce qu'il est advenu de son frère ? Ce qu'ont dû endurer tous ces gens. Elle voudrait l'oublier, mais il lui est impossible d'oublier les cris de Kia.

Glaëlle a mal. Un abîme s'ouvre dans sa poitrine, résultant des multiples fissures qui commençaient à fendre son cœur. Il est si béant qu'elle doute de ne jamais pouvoir le reboucher. C'est trop tard, il est trop grand. Elle ne sait plus comment fuir la douleur. Il lui vient seulement l'envie de pleurer, de vomir et encore de pleurer. C'est bien tout ce qu'il lui reste à faire, pleurer.

La rouquine ne comprend pas. Que ce soit Kia, Navinn, la mort, la vie, la maladie et la guerre, elle ne les comprend pas. Ce sont des choses qui lui échappent. Mais elle ne veut pas non plus chercher à les comprendre. Son frère, son avenir, ses espoirs et sa fierté, les combats lui ont pris beaucoup trop de choses pour qu'elle veuille encore y penser.

— Beurk, c'est dégoûtant !

L'autre soldat crache au sol. Il porte ses mains au visage pour se débarrasser du sang de Kia dans de larges gestes. Ombre n'attend pas qu'il finisse pour lui tirer dessus. Elle a tué sa chère amie et tue cet autre gars sans la moindre hésitation, comme si cela ne la touchait pas. En fait, ce n'est pas grand chose, de tuer, finit par se dire Glaëlle.

La jeune fille ferme les yeux, aussitôt répugnée par cette idée. Elle est déchirée en deux, elle ne veut pas penser de cette manière. Ils lui ont retourné le cerveau. Elle ne veut plus voir de morts, plus rien voir, elle veut s'arracher les yeux. Elle veut, elle veut...

La rouquine pose les mains au sol et entonne un puissant hurlement. Une complainte emplie de tristesse et de désespoir, si tragique qu'elle pourrait faire pleurer le ciel. Pourquoi, pourquoi a-t-elle dû être aussi lâche ? sanglote-t-elle. Pourquoi n'a-t-elle pas sauvé tous les malades, comme c'était son rôle ? Pourquoi doit-on lui infliger ce fardeau, pourquoi le ciel s'acharne-t-il sur elle ?

Glaëlle a perdu trop de choses en un an. Ce qui faisait sa vie d'étudiante, puis ce qui faisait sa vie tout court. Ce qui faisait d'elle ce qu'elle était, toutes les valeurs en lesquelles elle a toujours cru et qu'elle a toujours supportées. Le courage, l'altruisme, l'espoir, ces convictions qu'elle soignait et qui lui assuraient que tout finirait par s'arranger. Toutes ces belles paroles qu'elle a entendues des jours durant, toute la beauté de l'amour. Glaëlle a tout perdu ! Elle n'est plus qu'une coquille vide qui s'allonge au sol. Qu'une âme brisée, qu'une fillette qui ne veut plus entendre parler de rien. Elle veut juste oublier. Ce serait si simple, d'oublier.

— Glaëlle ?

Cette voix la tire de ses lamentations. La rouquine ne veut pas ouvrir les yeux, elle ne devrait pas en avoir le droit. Pour toutes les personnes qu'elle a privées de la vue aujourd'hui, la jeune fille ne devrait plus jamais pouvoir voir. Pourtant, elle ouvre quand même les yeux.

Elle regarde Ombre qui s'est penchée sur elle, une mine contrariée sur le visage. Des larmes s'échappent des yeux de Glaëlle. Elle grave chacun de ses traits dans sa mémoire, comme si elle était la plus belle chose qu'il lui ait été donné de voir. En réalité, elle avait atrocement besoin de la regarder.

L'ex-Briseuse s'agenouille à côté d'elle.

— Il est temps de partir, dit-elle à voix basse.

Glaëlle a un haut-le-cœur. Partir, se répète-t-elle. Oui, elle veut partir. Elle ferme les yeux et accepte de se lever. Puis, à elles deux, elles quittent la salle maudite.

Elles fuient leurs fautes, leurs responsabilités, leur jugement. Elles fuient la mort et la honte, oublient tous les reproches dont elles devraient s'accabler. Elles quittent la guerre pour le silence.

Elles ont tué les malades, ont bafoué les codes. Elles ont trahi sans compter, tout le monde comme n'importe qui, à commencer par elles-mêmes. Et elles fuient, encore. Car il y a des choses trop lourdes pour les porter, des choses qu'il vaut mieux oublier. Elles fuient et ne s'en sont jamais mieux portées.

☽☼☾

Solal lâche son arme qui s'écrase au sol. Il serre le poing plus fort.

Le jeune homme ne pleure pas, son grand-père lui a toujours dit de ne pas pleurer. Même dans les épreuves, et surtout dans les épreuves, il ne faut pas pleurer. Il faut aller de l'avant. Solal compte bien respecter son enseignement.

Profiter du paradis pour toi, c'est ça ? songe le jeune homme en baissant les yeux. Navinn ne croit donc pas au paradis pour lui ? Il savait que ce qu'il faisait était mal, comprend Solal. Il le savait, et n'a pourtant cessé de se battre. Comme s'il y avait plus grand derrière. Comme si les méthodes qu'il employait étaient nécessaires, qu'elles étaient insignifiantes par rapport au résultat final. Qu'il pouvait tout se permettre pour gagner. Avait-il raison ?

Le chef des Briseurs ne le croit pas, il ne veut pas y croire. Rien ne doit justifier le mal, même s'il a ses utilités. À force de se disculper, on court aux pires horreurs.

Solal soupire, il est bien tard pour réfléchir. Il ne sert plus à rien de chercher à comprendre Navinn. D'abord parce que ses plans resteront à jamais inexpliqués, que personne ne pourra jamais le cerner, et puis parce qu'il n'y a plus le moindre intérêt à s'en préoccuper. On ne peut pas changer ce qui est fait. Solal ne peut pas ressusciter les malades. Il doit serrer les dents et faire de son mieux pour la suite. Ce qui compte, c'est que Navinn a débarrassé le monde du Cœur de pierre. Après, c'est à lui de prendre le relais.

La tête de Claude sera exposée au monde pour qu'il voit la défaite de la dictature, à défaut de pouvoir utiliser celle de Navinn qui a explosé. Les Briseurs ont gagné le pouvoir et Solal fera tout pour s'en montrer digne. Peut-être que cela aussi, Navinn l'avait prévu ? songe-t-il dans un soupir.

Le chef des Briseurs tourne la tête vers la capitale s'étendant loin derrière les fenêtres du bureau de Navinn, songeant à tout le travail qui l'attend. Il a perdu des amis, sa famille, son aimée, sa victoire et tant d'autres choses, encore. Rien ne pourra remplir le vide qu'ils vont laisser. Mais Solal garde la tête haute, parce qu'il veut croire en l'avenir. Ce qui est perdu ne peut pas être retrouvé, mais ça n'empêche pas d'autres belles choses d'arriver.

Un Homme compose avec ses pertes pour tracer son chemin. Si Solal est resté en vie aujourd'hui, c'est qu'il a encore de la route à faire.

☽☼☾

Cela faisait longtemps qu'il y travaillait, il avait mis tout son cœur dans ses recherches. Qu'on le comprenne : tant se reposaient sur lui et sur son équipe qu'il ne pouvait pas faire autrement.

En cette fin d'après-midi, c'était un test spécial qu'il avait dû exécuter, l'agent chimique à évaluer était le plus prometteur qu'ils avaient réussi à élaborer. Il avait versé la solution dans une des deux fioles contenant du sang infecté et gardé l'autre sans traitement, comme il avait l'habitude de faire pour les autres tests. Puis il avait attendu, montage expérimental et montage témoin serrés dans chaque main —pour suivre l'expérimentation.

C'est alors que les murs s'étaient mis à trembler, c'était comme si un avion décollait dans la pièce d'à côté. Aussi soudainement que tombe la foudre, toutes les fioles contenant le sang des malades qui étaient stockées sur les murs avaient explosé. Le tube du montage témoin, qui contenait le sang avec du cœur de pierre sans traitement, avait fusé en mille morceaux. Le scientifique s'en était pris sur le visage et avait été projeté au sol par la violence du souffle. Reposant à terre, étourdi, il continue pourtant de garder les yeux grands ouverts sur ce qu'il ne pensait jamais pouvoir voir de sa vie.

Il regarde, abasourdi, les éclats de verre de l'autre fiole dispersés dans une flaque de sang. Ce tube, c'était l'expérimental, c'était celui qui mêlait le sang du malade avec leur préparation. Le résultat est parlant : c'est uniquement parce qu'il est tombé au sol qu'il s'est brisé. Le sang autour des éclats est intact, aussi limpide qu'il était auparavant, contrairement à tous les autres qui ont explosé.

L'homme regarde la flaque avec un nouveau sourire. Il n'y a pas de doute possible, aucun test n'aurait pu mieux le prouver. Leur solution a effacé l'infection : c'était un remède au Cœur de pierre.

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