Ch13: Lancer un paris

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Chapitre 13 : Lancer un paris.


Jour 8 de l'accord.

Je passai de l'eau fraîche sur mon visage. Lentement, je reposai mes bras sur le bord du lavabo et inspirai profondément, des gouttes d'eau ruisselant de mes cheveux. Je n'avais pas du tout envie de sortir de cette salle de bain. Je n'avais pas du tout envie d'affronter cette journée même.

Des flashs de ce que mon clone avait fait durant mon sommeil me revenaient en mémoire et je fronçai les sourcils dans une grimace de douleur. J'avais honte de m'être montré ainsi devant le marimo. Qu'est-ce qu'il pouvait bien penser de moi maintenant ? Moi, qui cherchais toujours tant bien que mal à garder la face à côté de cette bête de puissance et de virilité. Moi, qui mettais un point d'honneur à garder une attitude digne d'un bras gauche d'équipage à côté de ces deux monstres.

Je m'étais – enfin, moi, on se comprend – montré sous une facette si vulnérable et pathétique. Oui, pathétique ! Le mot est rude mais cette attitude allait totalement à l'encontre de mon comportement envers l'algue que je ne voyais pas d'autre analyse.

Ça me faisait chier, voilà. Sale guignol de merde à aller batifoler dans mon dos. Mon ego prend trop cher car je refuse de lui montrer mes faiblesses.

Je pris lentement une serviette qui était accrochée sur le côté du lavabo et commençai à essuyer lentement mes cheveux. Lentement, je me regardai dans la glace pour me donner la motivation de sortir de ma cachette. Lentement, j'ajustai une troisième fois ma cravate. Et lentement, je du me résigner à aller m'occuper du petit-déjeuner.

* * * * * * * * * * * * * *

La journée s'entama à son rythme. Une fois de plus suite à une nuit de garde du Marimo, j'étais tranquille jusqu'au milieu d'après-midi. Plus les heures passaient, plus je me faisais à l'idée de ce qui s'était passé.

J'avais terriblement honte, mais à quoi bon ? J'ai fait croire à Zoro que ces pulsions étaient incontrôlables et vitales. Ce n'est pas comme s'il allait croire que je l'avais voulu. Ou alors, il serait devenu aussi timbré que mon clone. 

Un nouveau flash de moi lui posant un baisé sur la joue surgit dans mon esprit. Haaa bordel ! Mais qu'est-ce qui lui a pris ?!

Mes joues se tintèrent de rouges et je me mis à secouer violemment la tête pour chasser cette image. Pourquoi fallait-il que mes visions soient aussi claires alors que je n'étais même pas là ? Ce clone a le potentiel de me torturer !

Je perdis ma concentration et je 'me' revis passer mon doigts le long de son bras, sur sa peau ferme et légèrement rugueuse. Instinctivement, je passai mon doigt sur mon avant bras, refaisant le même mouvement. Le sien était beaucoup plus marqué et musclé.

« Cook. »

Je bondis. Mon sang se glaça tandis qu'un affreux frisson me parcouru la colonne vertébrale. Une fois sorti de mes divagations grâce/à cause de sa voix rauque je me retournai brusquement vers lui.

Il me toisait de haut en bas avec un regard de dédain. Je remarquai que son regard s'attardait au niveau de mon avant bras et je baissai les yeux à mon tour. Mais putain pourquoi je suis en train de me tâter le bras moi ?!

Un silence régna. Le rouge de mes joues passa au pourpre et je lâchai précipitamment mon bras.

« Ne me dis pas que tu es en train de te remémorer des choses Ero-cook ?

- Mais non pas du tout ! Ça n'a rien à voir, je me massais le bras !

- Ah donc tu t'en souviens cette fois !

- Hein quoi ?! Je..

- Pervers. » termina-t-il avec un air indéchiffrable.

Je ne m'attendais pas du tout à une telle ouverture de dialogue sur la chose venant de lui. Il fixait maintenant mon visage, qui était probablement toujours rouge foncé, et esquissa un léger sourire.

« Si ça te mets dans des états pareils, faut pas venir m'aguicher pour commencer.

- Ah recommence pas Marimo ! Je t'ai déjà dit que c'était totalement contre ma volonté. »

Mon énervement montant me permis de retrouver un teint correct et j'en profitai pour rapidement changer de sujet.

« Je suppose que tu viens prendre ton repas ? Il est là-bas, sur la table à manger.

- Hn. »

Il tourna le regard vers son assiette et se dirigea vers la table. Je me mis à lui apporter de quoi boire lorsque je vis qu'il ne s'asseyait pas mais au contraire, soulevait son plat. Il vit mon regard interrogateur.

« T'as cru que j'allais rester près de toi ? Je compte pas te laisser la chance de me coller pendant que je mange. »

Son air méprisant était de retour, ce qui fit apparaître une veine de rage sur ma tempe.

Il est vrai que c'était l'opportunité parfaite. Nous étions seuls dans la cuisine et nous n'aurions probablement plus l'occasion avant la fin de la journée étant donné l'heure avancée.

Totalement à contre cœur je m'approchai rapidement de lui, le verre d'eau toujours dans ma main. Je le claquai sur le table, à coté de lui et postai mon regard plein de haine en face de lui.

« Hmmmmm ? Alors comme ça tu t'enfuis ? C'est vrai que je pourrais... »

Zoro afficha un regard extrêmement menaçant et ne bougea pas d'un yota face à ma provocation.

« Et qu'est-ce que tu comptes faire cette fois ? Tâter mes abdos ?

- Me dégoûte pas.

- Tâter mes épaules ?

- Arrête de croire que j'ai envie de tâter ton corps répugnant.

- En tout cas t'es moins barge qu'hier.

- Déçu ?

- Déconne pas. »

Nous nous défiions, tels deux chiens de voisinages attachés à leurs laisses respectives. Zoro fini par tourner les talons pour s'en aller avec son plat. Il fallait quand même que je fasse quelque chose, même si le tâter était hors de question.

Je le rattrapai, en tenant le verre d'eau dans ma main droite, et m'emparai de son bras de l'autre . Pendant que je recevais son indétrônable regard assassin, je m'appuyai légèrement sur lui pour l'enlacer et plaçai le verre devant lui.

« N'oublie pas ta boisson, Zoro-kun. » Dis-je, d'un grand sourire forcé.

Une hésitation s'empara de son corps puis il se décida à prendre le verre avant de disparaître.

* * * * * * * * * * * * * * *

« Hé Sanji, tu veux bien tenir ça deux secondes pour moi ? » me demanda un Ussop à moitié penché sur une entremêlement de tubes en me tendant une corde.

Je m'exécutai, même si la raison de ma venue dans la cale n'avait rien à voir avec lui.

« Qu'est-ce que c'est que ça encore ?

- C'est un système de canne à pèche automatique qui va utiliser l'énergie des impacts-dials ! Lorsqu'un poisson de taille suffisante se prendra dans le filet de corde, ça va venir tirer ici, et le dial s'activera. L'air propulsé va passer dans ce tube-là, ce sui va faire tourner celui là, et ça va venir refermer ça ici...

- Ok je vois. » l'interrompis-je.

Le canonnier me repris la corde des mains et je me faufilai rapidement dans les sanitaires pour échapper à son cours improvisé. Une fois la porte fermée, je marquai une pause. Je sentis une présence à côté de moi.

« Hey. »

Mon corps bougea avant que je ne pu réfléchir, faisant sortir toute ma rage emmagasinée depuis la veille au soir.

« Espèce d'enfoiré ! » criai-je.

Je frappai violemment en direction de mon guignol de clone. Celui-ci évita non sans mal mon coup de pieds. Dans mon élan, je décidai d'improviser contre moi-même et lui lançai un coup de coude dans la jugulaire. Pris de surprise, il se cogna violemment contre la porte en bois dans un bruit sourd. Je sécurisai sa position en plaquant mes mains sur ses épaules et le regardai reprendre doucement ses esprits.

« Sa...Sanji ? Tout va bien ?

- Oui oui, t'en fais pas Ussop. »

Mon clone ouvrit péniblement ses yeux et me fusilla du regard.

« Enflure. Si tu hausse la voix, je t'en remets une. Chuchotai-je.

- Est-ce que tu t'es blessé ? Insista Ussop.

- Non, y'avait juste une sale bestiole à l'intérieur.

- Ah... d'accord. »

Mon clone repris enfin possession de ses esprits et me lança un regard noir. Je ne l'avais encore jamais vu montrer une telle expression. Il est donc aussi capable de s'emporter.

« De quel droit tu te permets de m'agresser ainsi ? Je n'ai rien fait de mal. Dit-il à voix basse d'un ton calme qui contrastait avec sa colère.

- Tu trouves pas que t'as un peu exagérer ?!

- Comme tu me l'as bien fait remarquer, je suis un gars d'honneur. J'ai respecté le deal. Si tu ne fais rien de la journée, j'ai le champs li-bre. »

Il avait bien insisté sur le dernier mot. Je dois le reconnaître, il avait raison. J'ai pris son deal au pied de la lettre pour pouvoir faire à ma sauce, j'avais le devoir d'en faire autant pour lui.

Tout en tentant tant bien que mal de ravaler ma rage envers lui, je le libérai de mon emprise pour ensuite me diriger vers la petite baignoire afin de m'éloigner au maximum des oreilles d'Ussop. Mon clone me suivit en rajustant sa cravate et en recoiffant ses cheveux avec élégance.

« Que me vaut ta venue sinon ?

- As-tu vraiment encore besoin de me poser la question ? » Me lança-t-il avec une légère impatience.

Je levai un sourcil de questionnement. Il vint ensuite s'asseoir sur le bord de la baignoire avant de poursuivre.

« Je m'ennuie. Tes approches sont fades et sans goût. Dit-il en écartant les bras en signe de dépit.

- Ne vient pas me faire la morale alors que tu viens de me rappeler les règles de notre deal.

- Je sais bien, ne t'en fais pas. En fait, je viens te proposer quelque chose.

- Ah ? »

Avec quoi allait-il encore venir ce clown ?! Il faut s'attendre au pire avec lui.

« Que dis-tu d'un pari ? Lança-t-il en affichant un grand sourire.

- Un pari ?!

- Oui, un pari. Si tu gagnes, je te laisse 2 jours de répits, par contre... »

Cet abruti marqua volontairement une pose pour accentuer son pseudo suspense et capter mon attention. Bon d'accord, ça marchait. Pour qu'il me laisse 2 jours, ça risque de pas me plaire.

« ...si je gagne, tu seras obligé de faire une approche que j'aurai MOI-MÊME choisie. Termina-t-il, avec fierté.

- Hein ?! Et tu as quoi en tête exactement ?!

- Tu ne veux pas garder la surprise ?

- Hors de question. Je dois savoir dans quoi je m'embarque avec toi.

- Très bien... »

Il marqua une nouvelle pose, mais cette fois-ci, elle n'avait pas l'air voulue. Non mais je rêve, pourquoi il rougit et prend cette pose timide tout à coup ?!

- Alors, je te demanderai de ... l'embrasser... » dit-il en plaçant sa main devant son visage pour masquer son embarras.

- QUOIII ?! MAI... »

Je plaqua à mon tour ma main devant ma bouche, me rappelant la présence proche du sniper de l'équipage.

J'en reviens pas. J'avais envie de le secouer de toutes mes forces pour lui faire reprendre la raison. Par quelle sorcellerie ce type sort de mon corps ?!

« Sanji ? Il y a une autre bête qui t'ennuie ?

- LA FERME USSOP ! J'aimerais avoir un peu d'intimité ici ! Si tu veux bien aller bricoler ailleurs ?!

- Oula... d'accord, d'accord, pas besoin de s'énerver... »

J'attendis un peu et j'entendis qu'il ramassait ses nombreux tuyaux.

« Si tu as un soucis en particulier, je peux appeler Chopper pour toi... ça fait quand même un certain temps que tu es là dedans...

- VAS T'EN ! »

Cette fois, j'entendis ses pas précipités monter les quelques marches et refermer la porte.

« T'es complètement malade ? C'est beaucoup trop risqué comme pari ! M'emportai-je.

- Mais non, tu n'as qu'à gagner.

- Mais quel est le pari ? Faut que je sois sûr de gagner pour accepter un truc pareil.

- Je n'y ai pas encore réfléchi pour ne pas tricher. Par contre, je veux que ça concerne Zoro, évidemment. » Sourit-il.

Je pris deux secondes pour envisager la chose. Ça pourrait être intéressant pour moi de gagner deux jours de repos. Ça serait même encore plus génial si le fruit pouvait en profiter pour cesser de faire effet entre temps. S'il y a bien un sujet pour lequel je suis assez sûr de moi, c'est le non intérêt qu'à le Marimo envers moi. Il me suffit de trouver quelque chose relié à ça.

« Très bien, que penses-tu de quelque chose du genre : 'Je fais mine de me blesser... si cette idiote d'algue vole à mon secours, tu gagnes, s'il s'en fiche ou se moque, je gagne' ? »

Mon double plissa les yeux de réflexion et pris quelques secondes avant de me répondre.

« Pour être honnête, je ne me vois pas du tout gagner dans ces conditions.

- Ah voilà enfin une analyse objective de la situation ! Incroyable !

- Mais... si je peux un peu modifier ton énoncer, je suis partant.

- Comment ?

- 'S'il s'inquiète, je gagne, s'il s'en fiche, tu gagnes.'

- C'est carrément plus facile pour toi là !

- Tu as peur ?! »

Une minute, bien sûr que non voyons ! Depuis quand l'algue s'inquiéterait pour moi ?! L'enjeu du pari m'a fait perdre mes idées claires. Les voilà mes deux jours de tranquillités facilement gagnés ! Mon clone me toisa et vit un sourire vainqueur s'afficher sur mon visage.

« Deal alors ?

- Ok deal ! En te remerciant déjà pour ta future absence ! »

Nous nous serrâmes la main, tous les deux souriants.

* * * * * * * * * * * * * * * *

La fin de journée s'était maintenant profilée, et la nuit commençait à nous envelopper sur le pont du bateau. En accord avec notre petite mise en scène décidée avec mon alter ego, je sortis de ma cuisine en tenant un plateau sur lequel trônaient fièrement 2 breuvages pour mes ravissantes mellorines.

Avant de m'avancer, je scrutai rapidement les lieux afin de vérifier que tout était en place.

Tout le monde était dehors, mes nakamas s'agglutinant tous avec un degré différent d'intérêt et de joie autour du canonnier et de son œuvre de la journée. Seul Zoro était, comme à son habitude, légèrement à l'écart du groupe car allongé contre un mur du bateau en train de se reposer.

Je me dirigeai donc vers le haut des marches et m'annonçai clairement pour attirer l'attention de tout le monde. Oui, Tout Le Monde.

« Nami-swaan, Robin-chwaaan ! Je vous ai fait une infusion aux fruits pour vous aider à trouver le sommeil durant cette douce soirée ! »

Tout le monde tourna machinalement la tête, même s'ils étaient tous habitués par mon 'léger' traitement de faveurs envers mes déesses.

Je commençai à descendre les marches, en faisant mines de ne pas faire pleinement attention à la positions de mes pieds. Il faut que je sorte mon meilleur jeu d'acteur pour leur faire croire à une légère entorse qui ne m'handicaperait pas en combat. Tel est le prix à payer pour gagner deux jours paisibles.

« Je les ai faites grâce à certains fruits de l'île automnale que j'avais préalablement séchés pour. »

Je décidai d'avancer mon pied droit un peu plus loin que prévu afin de glisser d'une marche. Cependant, je me trompai visiblement dans mes calculs.

Mon pieds se retrouva totalement dans le vide, je perdis l'équilibre et me retrouvai deux marches plus bas. La force de l'impact imprévu me fit lâcher prise sur mon plateau que je vis commencer à basculer.

Bravo Sanji, te voilà pris à ton propre jeu d'acteur. Honte à toi.

Je tentai de rattraper le plateau qui s'éloignait à vitesse grand V de ma portée. Dans ma démarche afin de le poursuivre, je ratai une marche de plus et perdis totalement l'équilibre. Je vis le plancher se rapprocher précipitamment de mon visage et me percuter sans aucune grâce. Je m'attendis à entendre le fracas du plateau, mais rien ne vint.

« SANJI ! » s'écrièrent mes camarades.

Je m'étais lamentablement étalé de tout mon long par terre, il me fallut donc quelques secondes avant de lever le regard, à la recherche de mes boissons perdues.

« Bah alors cook, on tente de gâcher de la nourriture maintenant ? »

J'écarquillai les yeux de stupeurs, comme le reste de mes nakamas. Le marimo était accroupi à 1 mètre de moi et tenait le plateau dans sa main droite, mes deux verres complètement intactes.

« Rien de cassé au moins ? »

BORDEL.

* * * * * * * * * * * * * * * *

Fin du chapitre 13~

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