#11 - le réveil

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inconnu

Je me réveil péniblement, je n'arrive pas à ouvrir les yeux mais mon cerveau est en éveil. J'entends des voix autour de moi. J'entend des gens qui parlent mais je ne sais pas qui ni pourquoi. J'entends aussi le bip de certaines machines, un bip incessant, un bip strident, un bip aigu, un bip que je n'avais jamais entendu. J'entends des gens s'affairer autour de moi, je ne comprends pas ce qu'il se passe mais je me sens mal. J'ai l'impression de tomber dans un puit sans fond et pourtant, une corde est à côté de moi, je n'ai qu'à tendre le bras pour me sortir de là. Ce n'est qu'une image mais j'espère que tu comprends, je ne saurais t'expliquer autrement. Je devrais peut-être en parler à la personne du carnet ? Non ! Je me ressaisis. Elle n'a pas à savoir que je me meurs en étant incapable de réagir.
Pourquoi le sais-je ? Car je sent le désinfectant hospitalier, le bip est celui des machines cardiaques donc les personnes sont sûrement des infirmiers. Mais je continue de me sentir sombrer. Je n'arrive pas à me raccrocher à la corde. J'essaye, je te jure que j'essaye, mais je n'y arrive pas. Je ne sais même pas pourquoi je suis là. Je me souviens d'avoir trouvé le carnet, d'avoir entendu quelqu'un s'approcher, d'être retourné chez moi par je ne sais quel moyen puisque j'étais ailleurs, puis je suis rentré, et enfin, j'ai retrouvé mon père, enfin, mon paternel...
Et puis c'est le noir, le noir total, le noir complet. Je ne me souviens de rien, rien du tout.  J'essaye de m'accrocher à quelque chose, ma main rencontre le froid. J'entends les gens se presser autour de moi.
Ça y est, je me souviens, j'ai écrit dans le carnet. Mon père m'avait tellement frappé qu'il  m'avait laissé pour mort. J'ai repris connaissance dix minutes plus tard, je suis monté dans ma chambre et j'ai écrit. J'ai écrit jusqu'à en avoir mal à la main. J'ai pris ce que je ressentais et je l'ai balancé sur du papier. Je ne sais pas comment le prendra la personne qui me lira. Mais j'ai demandé à une fille de le reposer dans le buissons. Cette fille, c'est ma seule vraie amie. Pas l'une de ces taupes qui n'en veulent qu'à ma popularité. Non, elle, elle me voit et accepte mes défauts. Par contre je ne lui parle pas de mes souffrances. "C'est une faiblesse" dirait mon père. Je m'en veux de penser à lui en ce moment. D'ailleurs pourquoi ma mère ne réagit-elle jamais ? J'espère que le carnet est arrivé à destination. Sinon... Ben en fait je ne sais pas.

— Il semble se réveiller, dit une voix qui vient de loin.

— Ses paupières se plissent regardez madame.

— C'est bon signe. Continuez de lui parler.

Et à nouveau les voix s'estompent pour devenir que des murmures. Je me perd en moi même. J'essaye d'ouvrir les yeux mais je n'y arrive pas. Je me met à paniquer. J'entends les bipes incessants des machines s'accélérer et les gens s'affairer autour de moi. Puis je tombe dans une nuit sans rêve.

***

Je me réveil, j'ouvre les yeux et je tombe face à un mur entièrement blanc, enfin... un plafond, vu que je suis allongé. Les machines sont toujours là et prennent mon pou. J'ai un masque respiratoire sur le visage et des perfusions sont reliées à mon corps. J'ai une douleur dans tout l'abdomen, mes côtes me tirent et ma gorge est sèche. Il y a un bouton rouge à côté de moi. Je tend la main dans un douloureux effort et appuie dessus en espérant que quelqu'un vienne dans ma chambre d'hôpital pour me donner des explications.

Une femme d'une trentaine d'année toque à la porte de la chambre que j'occupe. Je ne comprends pas pourquoi elle le fait puisqu'elle rentre sans attendre ma réponse. Comme si j'avais le choix...

— Bonjour jeune homme.

— Bonjour, la saluais-je péniblement.

— Comment te sens-tu ?

— C'est une vrai question ? je réponds sèchement sans vraiment réfléchir.

Elle me regarde avec un air excédé qui veut, je pense, tout dire.

Lui, moi et ce carnet (EDITÉ)Where stories live. Discover now