Sous la couette

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La rencontre entre ma famille et Roman se passa bien. Plutôt très bien même...

Maman fut aux anges de découvrir l'Étoile de Noël et passa une éternité à chercher l'emplacement idéal dans le salon pour cette dernière. Quant à grand-mère, fidèle à elle-même elle fit carrément passer un entretien à mon petit ami.

Mais peu importait car pas plus tard que le soir, lors du dîner, on aurait pu croire que Roman connaissait mes proches depuis toujours. C'était limite s'il n'en savait pas autant que moi sur chaque membre de la famille. C'en était même un peu perturbant.

Mon frère semblait avoir trouvé en Roman un nouvel ami ou potentiel meilleur ami aurais-je dû dire même. C'était limite si je n'étais pas jalouse qu'il se l'accapare de la sorte. Après tout, je n'avais pas vu Roman depuis une semaine et Lucien avait passé son temps à le questionner, si bien que je n'avais pas pu échanger ne serait-ce qu'un regard avec mon petit ami !

— Ils sont du genre épuisants dans ta famille, rigola Roman en me rejoignant au lit.

C'était une chance que le couchage soit un deux places. Si Roman avait dû dormir par terre, cela aurait presque été comme s'il était juste mon colocataire.

Tout en songeant à sa phrase précédente, j'étouffai un rire. Je ne le lui faisais pas dire ! Tout d'abord, il y avait eu Rose qui n'avait pas arrêté de lui poser des questions concernant son métier et les « midinettes » qu'il était amené à croiser tous les jours. Puis maman qui n'avait pas arrêté de raconter des anecdotes toutes plus honteuses les unes que les autres me concernant. Et enfin, Lucien qui avait déjà programmé une semaine entre mecs (sans oublier qu'il avait bien évidemment raconté l'incident du pipi à la maternelle...).

Autant dire que Roman n'avait plus su où donner de la tête. Et moi, bien évidemment, je n'avais pas pu en placer une.

— Et encore... dis-toi que c'était le soir donc il y avait la fatigue de la journée !

Le pire, c'était que je ne plaisantais pas.

— Eh bien !

C'était sûr que ça changeait de sa famille. Ces derniers n'étaient pas particulièrement bavards, ce qui était tout de même bizarre étant donné que Roman lui, aimait parler.

En y réfléchissant bien, peut-être qu'il y avait un sujet que je pourrais aborder à l'avenir avec ma belle-mère. Mais le problème était que je n'étais pas particulièrement fan des canaris qu'elle avait dans son salon, contrairement à elle. Élise me causerait, mais ce serait à mon tour d'être muette.

— Viens-là, murmura Roman en me faisant glisser vers lui.

La tête calée entre l'oreiller et son torse, je fermai les yeux. Je pouvais enfin apprécier son retour. Nous avions enfin un peu d'intimité, à moitié cachés par la grosse couette qui m'avait protégée de nombreuses nuits froides durant mon adolescence. Parce que, eh bien, chez les Carlier, cela avait toujours été pareil : nous préférions un bon manteau ou une bonne couverture à un chauffage allumé. Certes, nous avions la cheminée, mais le bois n'était pas illimité.

— Amandine ?

— Hum, répondis-je à demi-voix.

Cette bulle dans laquelle nous étions enfin, c'était le Paradis.

— Est-ce que tu es en colère parce que je suis là ?

Sa question me surprit tellement que je reculai et plongeai mon regard dans celui de Roman. Le pire, c'était qu'il était sincère. Je me demandai pourquoi il pensait que je faisais la tête.

— Pourquoi tu dis...

— Pendant le dîner je comprends que tu n'aies pas pu me parler, mais maintenant il n'y a ni ta mère, ni ta grand-mère, ni ton frère. Pourtant, tu ne dis toujours rien.

Noël chez les Carlier (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant