Rose, la mère Noël par excellence

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— Mamie ? C'est moi, Amandine ! criai-je après avoir toqué. Je... J'entre !

Ma chaussure buta contre le bois de la porte d'entrée et un gros tas de neige s'effondra sur le paillasson. Je secouai mon pied tout en râlant puis posai la main sur la poignée. Comme toujours, Rose n'avait pas fermé à clé et ce fut sans faire de chichi que je m'engouffrai dans le couloir. La température était positive contrairement à l'extérieur et cela faisait du bien.

— C'est Amandine, répétai-je.

Ce matin, je m'étais réveillée assez tard (chose qui changeait de mes réveils habituels à 8h30 quand je ne travaillais pas). Ma grande discussion de la veille avec ma mère m'avait fait un bien fou et j'avais dormi comme un bébé.

Seulement, à peine étais-je debout que je m'étais empressée d'envoyer des messages à Roman. Je l'avais bombardé de SMS même, devrais-je dire, puis ensuite, j'avais annoncé à ma mère que j'allais voir Rose. Elle m'avait alors dit qu'elle était chez elle. Évidemment, cela m'aurait étonnée qu'elle accepte de finir ses derniers jours à l'hôpital... Elle aimait tellement sa maison qu'elle aurait été prête à tout pour rester dans cette dernière. Et quand je disais « tout », je pensais aussi à l'accueil, un fusil à la main pour faire déguerpir toute personne voulant l'arracher à son précieux logement.

J'avais pris la route en début d'après-midi. Ce qui était bien avec ma famille, c'était que tout le monde était sur place, enfin... presque. Ben habitait à Annecy donc on pouvait pratiquement le considérer comme un voisin (une heure de route, ce n'était pas énorme). Quant à Sandy, elle logeait en Suisse, à Genève. Elle était donc loin de pouvoir me battre avec mes huit heures de route. En ce qui concernait mes cousins et cousines, je ne savais pas vraiment où ils se trouvaient, sauf William (que je n'avais pas revu depuis l'adolescence) qui était à Lyon.

Grand-mère habite à quatre rues de là. Je m'étais donc dit que cela me ferait prendre l'air et que j'aurais vite atteint sa maison. Sauf qu'en passant cinq ans à Nantes, j'avais clairement perdu l'habitude des promenades dans la neige. Je m'étais souvenue de la météo consultée sur mon ordinateur portable (je n'étais pas fermée à la nouvelle technologie sur tous les points) et l'annonce de la semaine enneigée m'avait fait soupirer.

Au final, en plus d'avoir failli tomber à trois reprises, la première et deuxième fois à cause d'un trottoir bien évidemment caché et la dernière parce que j'avais tout simplement deux pieds gauches, j'avais bien cru que j'allais mourir de froid...

J'étais suis arrivée sur le seuil de la maison de Rose essoufflée comme si je venais de faire un marathon, les jambes flageolantes et frigorifiée car bien évidemment, je ne m'étais pas assez couverte.

Maintenant par contre, j'appréciai la chaleur qui circulait dans le couloir. J'appréciai l'odeur de pain d'épice contrairement à celle des cacahuètes qui me donnait des nausées. J'appréciai également le son de la télévision. Je me laissai guider par ce dernier pour rejoindre le salon et m'attendais à découvrir Rose dans le fauteuil, couverte par une grosse couverture, son infirmière personnelle à ses côtés. Sauf que ce ne fut pas une grand-mère mourante que je découvris mais une vieille dame faisant sa gymnastique en commentant (négativement et avec hargne) les consignes du coach sportif à la télé.

— Mamie ? m'étonnai-je en ouvrant grand les yeux.

Aux dernières nouvelles, on ne faisait pas de stretching lorsque l'on était sur le point de rendre l'âme, non ?

— Oh ma chérie ! s'écria Rose en abandonnant son sport pour se relever et accourir vers moi.

Voilà maintenant qu'elle trottinait ! De mieux en mieux.

Noël chez les Carlier (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant