Partie 78

1.2K 95 112
                                    


« Il n'y a pas d'au revoir pour nous. Peu importe où tu es, tu seras toujours dans mon cœur. »

C'était encore plus dur que ce que je pensais.

Quand je suis sorti de la salle, il n'y avait plus personne. Ils étaient partis. Mes parents avaient quitté le Palais de Justice une fois leur devoir citoyen accompli, sans penser à m'attendre, sans chercher à échanger quelques mots avec moi...

Ce soir-là, je suis rentré chez moi le coeur lourd. Ma famille me manquait... Terriblement. Je pensais avoir tourné la page, avoir accepté leur absence mais finalement, je ne pense pas que ce soit possible.

On souffre, et on apprend à vivre avec cette douleur. Mais elle est toujours là, en moi. Quand je me lève, quand je mange, quand je m'endors... A tous les moments de la journée. De partout.

Et elle serait là à jamais. Oui, j'ai appris à vivre avec, mais jamais elle ne disparaîtra.


Le procès de mes frères avaient duré une semaine. Du lundi au vendredi.

J'avais dû témoigner. Et ça avait été bien plus dur que ce que j'imaginais. J'avais été neutre, en me concentrant sur les faits, et même parfois en dédramatisant la situation. Cela avait énervé mon avocate, qui avait tout fait pour mettre en avant le caractère bouleversant des événements.

Quand le Président m'avait demandé pourquoi j'avais eu peur en voyant mes frères, je lui ai simplement relaté les événements ayant eu lieu de le jour de mon Coming-Out. Rien du tout sur la séquestration dont j'avais été victime. Ça, personne ne le savait, même pas mon avocate. Je sais très bien que portée par son esprit de compétition et son sens de la justice, elle aurait lancé une pique à Ahmed et Mounir en ce sens. Alors j'ai tu l'existence de cet événement.

Je m'étais néanmoins confié à la Cour concernant la difficulté de la rééducation, et sur mon souhait de voir Mounir s'en sortir, tout en blâmant Ahmed. Il n'avait pas réagi, comme si tout ce procès n'avait aucune espèce d'importance pour lui... J'espérais que l'accabler l'énerverait, qu'il m'insulterait pour avoir osé le balancer. Je voulais créer une réaction chez lui, lui prouver que tout allait bien pour moi en lui riant au nez quand il peterait un câble. Mais rien. Même pas un regard.

J'en avais été déçu, mais finalement... Ce n'était pas plus mal. J'avais dit ce que j'avais à dire, et il l'avait entendu.

Le délibéré devait être rendu aujourd'hui, en ce dernier jour de la semaine.

Ce matin, l'avocat général avait fait ses réquisitions.

Nos avocats avaient plaidé. La mienne avait été époustouflante. Avec aisance, elle avait rappelé les faits. Avec émotion, elle avait souligné mes séquelles et les conséquences sur ma vie qu'avait eu cette tentative de meurtre.

Puis ça avait été au tour des avocats de mes frères. Si celui de Mounir avait été neutre, se contentant de sous-entendre que son client avait été naïf, celui d'Ahmed fut bien plus dur à entendre.

Il mettait en avant les traumatismes qu'avaient soit disant vécu mon frère pour justifier ses agissements. Il le rendait humain, et même attachant.

C'était un grand orateur, et j'avais l'impression que beaucoup dans l'assemblée buvait ses paroles. Même Yanis qui était de mon côté, le regardait avec beaucoup d'admiration. Ça me faisait peur. Vraiment.

Après sa plaidoirie, l'audience fut levée en attente du délibéré.

Je me suis lourdement relevé, suivi par Safia, Samia, Estelle, Yanis et Sam.

Issam : Et si j'devenais ce que j'veux pas ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant