Partie 68

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"Laissez-moi loin des hypocrites j'veux pas respirer le même air, ni les haïr avec le même cœur que j'utilise pour aimer ma mère"

Je les ai regardé à tour de rôle. Mon père,  et son air sévère, assis les bras croisé devant la table. Ma mère, occupée à essayer de stopper le sang qui coulait de ma blessure. Ahmed, les poings serrés et le regard noir, comme à son habitude. Ses yeux qui semblaient me lancer des éclairs, ses lèvres serrées, ses veines saillantes... Imane, le visage bienveillant et curieux. Nul doute qu'elle se pose actuellement 150 questions. Amine et son expression surprise vissée en permanence sur la gueule, comme s'il découvrait le monde.

Ils étaient tous là, face à moi. Ils ressentiment tous des sentiments différents à l'égard d'Issam : de la colère, de la curiosité, de la sympathie, de l'amour sûrement.

Mais tous ces sentiments étaient faux. Parce qu'aucun d'entre eux ne me connaissaient réellement.

Ça fait des mois que j'essaye de leur cacher la vérité, que je ne vis que pour ça. Pourtant au fond, je l'ai peut être toujours su. Mais ma volonté de ne pas les décevoir a toujours été plus forte que tout...

Et je sais que s'ils l'apprennent un jour, ils vont souffrir. Mais... Je sature. Je n'en peux plus. J'en ai marre.

J'ai commencé à pleurer, et ma mère a s'inquiéter.

Ma mère : Issam ? Il t'arrive quoi ?

Je les ai regardé une dernière fois. Ils semblaient tous choqués de me voir pleurer, même Ahmed. C'est vrai que chez moi, on se retient. Je crois que mise à part Imane, et ma mère, je n'avais jamais vu personne pleurer. Et ce sont des femmes...

Ma mère a pris mon visage entre ses mains, l'air désolé.

Ma mère : Qu'est-ce qu'il y'a, Issam ?

Moi : J'en ai marre Maman... J'en ai marre de vous mentir. J'en ai marre de vivre pour essayer de cacher c'que j'suis et mes erreurs à ceux que j'aime le plus... J'en ai marre... Je sature... J'en ai marre de cette pression permanente... Zakaria, ils l'ont fumé à cause de ça... Et ça a entraîné la mort de Youssef... Tout part d'une réputation... Tout ça pour une putain de réputation ! Pour préserver un honneur qu'est même pas le sien...

Mes larmes ont redoublé.

Ma mère : Issam... C'est qui Zakaria ? Et Youssef ?

Moi : Le frère de Kais. Il l'a tué, parce qu'il aimait un homme. Il aimait Youssef. Et You... Il s'est suicidé, à cause de tout ça. Il s'est immolé par le feu maman ! Il a pris feu, et personne a réussi à le sauver...

Mes explications ne semblaient pas convaincantes, puisque ma mère m'observait toujours l'air inquiet et curieux.

Mounir (l'air las) : Issam... Tais-toi.

Je me suis tourné vers lui. Je pense que c'était le seul, avec Ahmed, à comprendre ce que je disais.

Moi : Non. Pas cette fois, pas encore. Je m'en fous de mentir aux autres. Je m'en fous de me cacher des autres mais vous... Vous je peux plus. Vous êtes les personnes les plus importantes pour moi et... Vous mentir, ça me rend malade. Je peux plus...

Mon père s'est levé et m'a tenu l'épaule.

Mon père : Tu essayes de nous dire quoi, Issam ?

Je n'étais pas bien. L'ambiance dans l'appartement était devenue oppressante, mais il fallait que je parle. J'ai jeté mon regard sur mon père. Lui aussi, ne semblait pas au mieux de sa forme, comme s'il savait ce qui l'attendait...

Issam : Et si j'devenais ce que j'veux pas ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant