Embrasser un garçon.

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Les écouteurs coincés dans les oreilles, un son de Columbine m'accompagne dans mon trajet tardif. Le bras replié contre la vitre du bus, mon regard se perd sur les immeubles et les bâtiments qui constitue notre ville. Le ciel d'une couleur rosée, j'crois que c'est à ce moment là de la journée que je le préfère.

Les nuages violets, le coucher du soleil jaune-orangé, ce mélange de teintes me donnent envie de fermer les yeux. Ce que je fais. Je m'autorise à rouvrir mes paupières à chaque fois que le car s'arrête, ce serait con si je rate mon arrêt.

Normalement c'est au prochain alors j'commence à m'étirer doucement, m'étant bien trop calé sur ce siège. Peu de personnes se trouvent dans le bus, n'étant peuplé que de quelques hommes et femmes qui souhaitent seulement rentrer chez eux. Je frotte doucement mes yeux, j'sens déjà la fatigue arriver. Romain, c'est pas le bon moment et tu le sais.

— Bonne soirée, je lâche en direction du vieux chauffeur.

Puis j'attends que le véhicule redémarre afin de passer de l'autre côté de la rue, mes jambes traversant tranquillement un grand passage piéton au feu rouge pour les voitures. Le fil de mes écouteurs volent à chacun de mes mouvements et mes doigts se resserrent autour de mon portable qui est coincé dans l'une des poches de ma veste.

Je me retiens de jurer face au froid hivernal qui commence à s'installer dans notre pays. Je déteste cette saison, je crois qu'on préfère tous l'été ou presque. Même si elle a ses inconvénients, je m'éclate et mon humeur est cent fois mieux quand il fait chaud.

Je relis son message, mes pas suivant le trajet que m'indique mon portable. Yanis habite près de cet arrêt de bus alors c'est plutôt cool, j'vais pas tarder à arriver. Je me rends pas compte de la situation jusqu'à que je sonne à sa porte. J'me retrouve chez lui comme ça, sur un coup de tête, d'ailleurs en y pensant...

Mes parents ont du trouver ça bizarre que je parte aussi soudainement de la maison. J'avoue que j'les préviens toujours de là où j'vais, puis actuellement ils doivent penser que je suis chez Kévin ou avec Léo.

J'attends, j'attends et j'attends.

Près d'une minute j'crois bien mais en même temps, je m'impatiente comme un débile là. En fait, j'suis à deux doigts d'appuyer de nouveau sur le petit bouton situé au milieu de la porte. J'arrive à entendre une voix féminine ainsi qu'un enfant s'exclamer à travers cette dernière et je présume que c'est la famille de Yanis. C'est drôle. C'est bizarre un peu mais tranquille.

J'espère quand même que je ne les dérange pas en pleine soirée. J'me sentirais bien con. Mon prénom s'échappe de l'unes des voix qui semble s'approcher de plus en plus de ma présence et là, tout est plus familier.

Yanis est planté devant moi et quand nos yeux se croisent, nous sourions comme deux cons en même temps. Je ne sais pas trop quoi dire alors je glisse une main dans mes cheveux, faisant tomber la capuche de mon gilet dans mon dos.

— Yanis !! Tu peux faire attention à ton frère deux minutes ? Il va encore renverser sa peinture partout !! s'écrie la voix féminine de tout à l'heure, présumant que c'est sa mère.
— Euh... Attends bah vas-y, rentre.

Le bronzé se décale pour me laisser passer, la porte s'ouvrant un peu plus suite à sa phrase.

Lorsque je rentre enfin dans sa maison, je ne peux m'empêcher de regarder les alentours, enlevant mes baskets automatiquement, par respect. Tout de suite, je suis plongé dans une ambiance familiale dont je suis le parfait intrus. J'comprends mieux pourquoi il ne voulait pas trop inviter les autres.

Je garde ma veste sur moi et les mains dans les poches, serrant doucement mon portable entre mes doigts. Face à moi se trouve le salon et directement, mes yeux se posent sur un gamin qui doit être à l'école primaire. Un sac à dos Spiderman est posé à côté de lui et le petit — qui ressemble vachement à Yanis — semble être concentré sur un dessin, un pinceau rempli de peinture jaune entre ses doigts. Ses légères boucles retombent sur son front et je parie qu'il ne voit presque rien, ses mèches cachant la moitié de ses yeux. Lorsque je m'approche de lui suivi de Yanis, il ne semble pas remarquer tout de suite ma présence. Contrairement à la mère de mon ami qui sort en trombe de la cuisine, dont émane une bonne odeur de nourriture.

ROMAIN y YANISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant